DOUTEUR ET UNE PAGE INTÉRESSANTE

lundi 9 mars 2009

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En ce moment, il semble devenu normal ou compréhensible d’avouer ou de révéler qu’on a eu des problèmes mentaux. Dépression, maniaco-dépression (remplaçée par troubles bi-polaires, ce qui fait plus savant. Polaire renvoie à la blancheur et pureté de l’Artique, aux ours polaires qui sont si blancs et si mignons. Parce que blancs. Anciennement, on parlait de cyclothymique. Pour expliquer l’effet de cycle. Un coup, je vais, l’autre coup, je vais plus du tout.

Il y a des choses avouables. Bien sûr, on n’est pas prêts à pardonner à Marc Lépine ou au jeune comédien de Vrak-Tv qui vient d’être arrêter pour vente de matériel pornographique juvénile qui pourraient ou aurait pu, dans le cas de Marc Lépine, évoquer des soucis personnels.
L’important est d’être une vedette. Ne pas l’oublier. On se fout qu’un mandiant est des problèmes mentaux même si c’est le plus souvent le cas. Ce sont des loosers.

Ce sera vu comme un des épreuves que doivent affronter les grands hommes pour parvenir à la gloire. Comme d’avoir une épouse irascible qui jette vos manuscrits. De votre vivant ou à votre mort. Ou une nièce qui vous ruine. Ou un amant qui vous tire dessus.

On apprend que le fils de Guy Lafleur aurait une maladie bizarre. La Tourette. Les victimes de cette manie poussaient occasionnellement des cris bizarres ou des mots vilains ou faisaient des grimaces inappropriées. Ce qui fait qu’ils sont peu appréciés dans les lieux publics. Parmi les symptômes, jusqu’à présent, on n’incluait pas le fait d’agresser des femmes. Ce que le procès révèle. Mais il est le fils d’un homme célèbre, riche et glorieux. On peut bien étirer la sauce de la maladie. Autrefois, on aurait dit que c’est le fils d’une famille riche qui répand son surplus d’énergie sur les filles du peuple. Tant mieux pour lui et tant pis pour elle. Elles n’avaient qu’à ne pas sortir toutes écourtichées après 7 heures du soir.

Varda, jolie animatrice noire que l’on voit irrégulièrement à la tv, lance un livre bien nommé : Maudite Foolle. Avec plusieurs O. On ne sait pas ce qui lui prend. Sans doute le chômage. Mais elle ne semble pas à plaindre sauf les gens qui l’ont côtoyée dans le passé. Elle aurait, elle-aussi, des troubles bi-polaires. Mais une variété bien personnelle. On en connaît, humoristes ou agent d’artistes, qui font du yoyo entre la dépression et les sommets des dépenses absurdes. Ce qui est plutôt amusant, si on n’est pas leurs épouses.

Varda nous apprend qu’elle était plutôt destructrices et emmerdeuses. Allant jusqu’à, dans une crise de jalousie imaginaire, sortir de chez-elle en pyjama et détruire l’auto de son chum pour ensuite l’engueuler en pleine réunion puis finir par dépenser 40,000$ en guenilles dans un magasin chic pour s’effondrer de retour chez-elle au milieu de tous ses sacs en se demandant ce qui lui a pris. D’autant plus qu’elle avait ravagé son appartement avant de sortir.

Le reste du temps, elle va des idées suicidaires à faire renvoyer des collègues de travail qu’elle n’aime pas et qui ne font pas béni ouioui. Ayant la chance d’être la maîtresse du patron de la chaîne de tv pour laquelle elle travaille. Le type à l’auto.

C’est le côté destructeur et malfaisant qui est intéressant et qui ne fait pas parti, généralement, de ce que racontent les autres malades. En plus, elle entend des voix. La sienne entre autre qui lui dit de se suicider. Entendre des voix ne fait pas parti de la dépression ou de la maniaco-dépression mais de la psychose. Ou de la schizophrénie. Mais ce sont des maladies qui sont encore mal vues. Souvent celles des tueurs en série. Hannibal le cannibale dans le Silence des Agneax. On évitera donc d’en parler ou de les nommer.

Et ce sont des noms compliqués auxquels le public n’est pas encore familiés. Il n’y a pas encore de regroupement ou de fondation pour venir en aide au caporal Lortie.

On comprend qu’il vaut mieux éviter cette personne. Ou ce genre de personne. Encore plus si on n’a pas besoin de se fier à la description parce qu’on en a connu personnellement. Contrairement à ce qu’on dit généralement, le suicide n’est pas toujours une mauvaise solution. Pour les autres.
La variante malfaisante est tellement, comment dire « humaine ».

Un dépressif est peut-être fatiguant mais rarement dangereux, sauf pour lui-même. Si pour beaucoup de gens, ça vous donne probablement un air de looser, le fait que des personnes connues en parlent et que, probablement, la moitié des artistes en soient atteints, avec des complications diverses, aide aussi. Si on ajoute des gens riches comme Péladeau. Ou des morts célèbres comme Churhill. On se sent en bonne compagnie.

Ce qui permet aussi une excuse toute nouvelle. Comme ce policier jaloux qui poursuivait l’auto de sa femme avec sa femme dedans et qui leur a tiré dessus. Et qui invoque, au procès, comme circonstance atténuante, la dépression. C’était une victime, lui-aussi.

Pour simplifier les choses : un dépressif en crise, pleure dans son sous-sol en faisant des nœuds dans des amarres, il n’a certainement pas l’énergie de faire des courses d’auto ou de tirer au pistolet. Et quand on n’a pas la force d’aller chercher le journal et qu’on met 3 jours à laver un verre, on ne met pas un appartement à l’envers. Anciennement, quand on avait plus de vocabulaires, on aurait parlé de possédées.

Les mentalités changent ce qui est une bonne chose. On n’est plus à l’époque où les gens biens allaient à l’asile comme on va au zoo pour assister à des crises de cinglés. Mais les mentalités ne changent pas tellement non plus et les malfaisants qui se font prendre ou qui deviennent finalement des parias recourent aux vieilles excuses du petit gars pris en faute et qui a été surpris en train de casser la vitre du voisin. Ce n’est pas ma faute! Quand il ne peut plus dire : Ce n’est pas moi! Quelqu’un lui aura donné cette idée.

Ce sont des problèmes humains dont les cerveaux fragiles déraillent régulièrement. Pas surprenant quand on sait de quoi c'est fait.

40 B

Mais rien de surprenant non plus quand on découvre que leur créateur en souffrait. Avec un grand C. Dieu, lui-même, Yavyé, Jéhovah, en personne. Avec des grands D, Y, J. On va même jusqu’à écrire G***D. Ou D***. Un nom bien, tout ce qu'il a de comme il faut mais maniaque fini quand même.

Comme il n’est plus de mode de lire la Bible, sauf pour les gens qui la survolent et y voient plein d’enseignements qui ne s’y trouvent pas ou cherchent les secrets cachés dans les lettres. Talmud, Torah et tout ça.

Comme c’est une vedette, une personne importante, on passe sur ses petits défauts. Mais comme c’est justement un personnage important, ses petits défauts qui ne sont pas si petits que ça font des dégâts souvent monstrueux.

Il commence par mettre Adam et Ève au Paradis Terrestre. En leur permettant de tout manger sauf d’un fruit. Connaissant les humains, on peut tout de suite imaginer que ce sera celui qui semblera le plus savoureux. Des enfants avec un pot de biscuits. Surtout, gronde maman, ne touchez pas ceux aux pépites de chocolat, c’est pour la visite.

On sait ça et on n’est même pas dieu en minuscule. On a mangé tout le pot à en être malade. Pas capable de s’arrêter. Pas besoin d’un serpent bavard ou d’une femme tentatrices, les chiennes, pour sortir l’homme juste du droit chemin. En punition, Dieu condamne le serpent à ramper, la femme à souffrir. Bien mérité. L’homme aussi. Triste! Il a eu beau dire qu’il a été tenté par une femme nue qui sont comme les pots de biscuits. On ne le plaint donc pas tout à fait.

Ça ne s’arrête pas là. Les fils du couple, Abel et Caïn, pas paresseux, font leur boulot. L’un est éleveur, l’autre agriculteur. Ils croient en Dieu, bien obligé après ce qu’Il a fait à leurs parents. C’est comme le gens de Sorel qui croient aux Hells Angels. Ils lui offre des présents pour sa protection. Comme on fait avec la Mafia.

L’un offre un bétail, l’autre des grains. Dieu aime mieux l’odeur de la graisse qui brûle. Le grain le laisse indifférent. Ou il a les poumons fragile. Ça le fait tousser. Abel et Caïn ne sont ni meilleur ni pire l’un que l’autre, on ne sait rien d’eux. On n’en saura pas plus. Parce que la vie d’Abel va s’arrêter là. Et que celle de Caïn va devenir vague.

On sait seulement que Dieu préfère l’agneau rôti et son cuisinier Abel et lui fait des bontés et est froid et distant envers Caïn. C’est là que ça se gâte. Et de là vient la mauvaise réputation de Caïn comme celle de Judas plus tard pour d’autres raisons.

Caïn, jaloux (et sans-doute maniaco-dépressif), tue son frère puis se cache. Dieu qui est Dieu, faut pas l’oublier, ne le trouve pas. On ne s’en rappelle jamais assez. Comme il cherchait sans les trouver Adam et Ève dans les buissons. Finalement, il le trouve.

Caïn qui porte maintenant une tache nouvelle, une marque d’infamie, pour qu’on le reconnaisse facilement, dit que tout le monde va le frapper. Dieu aurait pu le tuer pour le punir, il se contente de le condamner à l'exil. Curieux. On apprend aussi, c’est Caïn qui le dit, qu’il y a plein de monde en plus d’Adam, Ève et Caïn et on les nomme, des peuples entiers ou, au moins, des tribus mais personne ne nous dit d’où ils viennent. Ève n’a certainement pas enfanté tous ces gens! Pauvre femme. On comprend qu'il faut qu'elle souffre mais il y a des limites. Non?

Puis Dieu n’est plus fâché et promet à Caïn d’engendrer tout un peuple. On ne sait pas encore avec quelle femme.

Et ça continue. À chaque fois que Dieu voit quelqu’un, il lui promet toutes les félicités. Son nom demeurera à jamais. Et des tas d'enfants. Il fait un pacte. Parlez-en à Abraham. Il lui fait même changer son nom. En plus de le faire cironcire. C’est un Dieu qui aime les petits détails de la vie.

Parle d’alliance pour la postérité. Puis, un moment, plus tard, il se fâche contre le même ou d’autres. Parfois, il y a pas 10 lignes entre les bons mots et la malédiction. Comme si le poète qui a inventé tout ça ou la secrétaire de D*** qui a tout noté en sténo s'est mêlé dans ses feuilles.

Non que ses humains ne les méritent pas mais il arrive qu'on pas voit vraiment pas la raison. C'est comme certains hommes, ils filent pas, il faut qu'il cogne. C'est comme les bouilloire et les presto. Ou si c'est une femme, c'est le petit qui prend sa volée. Ou elle coupe au ciseau tous les vêtements du bonhomme comme la folle d'en haut.

C’est le Déluge. Ou c'est la tour de Babel. Il dit ensuite qu’il ne fera plus jamais ça et c’est Sodome. Bref, c’est un type pas très rassurant. On préfère se tenir loin. Si on devait choisir un Dieu, ce n’est pas ça qui manque, faudrait regarder ailleurs.

C’est surprenant comme personne ne lit vraiment. La Bible est un livre saint. Le Livre. Mon cul. C’est un recueil d’histoire juives où tout le monde se vole, se trahit, encore mieux si c’est son frère, ou se tue. Pas un pour racheter les autres. Si on dit que c’est le livre préféré des juifs, il y a de quoi se méfier. Si on dit que c’est une description des hommes, on n’est pas non plus surpris. Rien n'a changé en quelques milliers de petites années.

Il y a un joli style ronronnant. Si on écoute, ça peut vous hypnotiser. Mais si on lit, on se dit : mais c’est quoi ça ! Et on nous donne ça comme modèle. Si l’humanité l’a pris pour modèle depuis 2000 ans (après les juifs) rien de ce qui s’est passé n’est surprenant.

Si on est gentil et veut croire encore un peu, on pense que le Nouveau Testament est mieux. Et que Jésus fait un Dieu tout à fait convenable bien mieux que son père hargneux et pas fréquentable. Probablement alcoolique avec des dommages irréparables au cerveau et au foie.
Et que l’Église ait tué des tas de gens en prenant ce livre comme recette de savoir vivre n’a rien de surprenant. C’est tout à fait humain. Après tout, notre ancêtre est un tueur!

Et quand l’Église, il y a peu, s’excuse de ses « erreurs » passées, il faut résister à l’envie poétique des gens sensibles de la « comprendre ». Surtout si le Pape est plus ou moins sympathique ou très vieux.

Et ceux qui auraient pu "pardonner" sont morts.

Quand on brûle vivante une femme attachée par des chaînes à un poteau, à cheval sur un clou de fer pour que le squelette ne tombe pas en morceaux trop vite et que le métal rougisse au feu tout en lui écartant les jambes pour y placer de la poudre, du goudron, du souffre et du foin pour que ça brûle bien et longtemps et que ça fasse vraiment mal. Après lui avoir brisé les pieds et les jambes pour lui faire avouer ses péchés. Ou que ceux qui font ça aient au moins cette opinion. Et que les spectateurs à une époque où on n'avait pas la tv soient contents.

On n’est plus dans l’erreur. On est dans autre chose. Il faut le nommer. Ce qui est innommable n’est pas suffisant. Les excuses un brin tardives sont peut-être bien légères. Et, encore là, ceux et celles qui pouvaient pardonner sont morts.

Tant de malfaisances, si détaillées, si subtiles ou grossières, si longuement dans le temps, ça a un nom.

Puisqu’on est dans la religion, il y a des mots pour ça ce qui est bien puisque tout est prévu et on en discutera plus tard.