DOUTEUR ET UNE PAGE INTÉRESSANTE

mercredi 24 juin 2009

603. JEAN MONTY

Northern Telecom, qui venat de fêter, en 1995, son centenaire, profite de l'occasion pour changer de nom en NORTEL.

Le nom de Nortel est l’exemple idéal du gonflement et de l'éclatement inévitable de la bulle spéculative des nouvelles technologies de l'information, au tournant du 21e siècle. Et on l’oublie de la «nouvelle économie» où les préceptes ternes du passé : actif-passif-dépense-perte-profit. n’avaient plus court. On a déjà tout oublié. Enfants, va! Pourtant, jour après jours, tous les sages du moment le répétaient dans tous les journaux.

Jusqu’à ce que la lourdeur du passé et de la lente réalité vous rattrape.

Et Jean Monty qui venait d’arriver à bord du vieux navire pensait que s’occuper de téléphone et de communication était ennuyant. La finance était bien plus amusante. Il n’avait pas tort.

Début de la fameuse « bulle spéculative de l'Internet ».1995. Nortel comme bien d’autres est prise d’une frénésie d’achat. De 1997 et 2000 Broadband Networks pour plus d'un demi-milliard de dollars, Bay Networks pour 6,9 milliards de dollars, Clarify pour 2,1 milliards de dollars, Qtera pour 3,25 milliards de dollars et Alteon WebSystems pour 7,8 milliards de dollars.

En septembre 2000, l'action de Nortel valait 124 $ et la capitalisation boursière de l'entreprise, était évaluée à plus de 398 milliards de dollars.

Deux ans plus tard, en août 2002, la même action ne trouvait preneur que pour 0,47 $. La capitalisation de Nortel, au même moment, avait pour sa part fondu jusqu'à un maigre 5 milliards de dollars.

Sa capitalisation boursière, qui s'établissait à 366 milliards de dollars à son sommet, en 2000, n'atteint plus que 192 millions de dollars aujourd'hui

On évalue donc qu'entre 2000 et 2002, les investisseurs, dont un grand nombre de gestionnaires de fonds de pension canadiens, ont perdu près de 400 milliards de dollars dans l'aventure.

Et ce n’est pas fini. À l'automne 2008, une perte monumentale de 3,4 milliards de dollars est rapportée par la direction. Et l'entreprise ne trouvait pas l’$ pour payer des intérêts de 107 millions de dollars sur sa dette de 4,5 milliards.

Le titre se négociait à 39 ¢. En tenant compte du fractionnement inverse, procédé qui a permis à l'entreprise de regrouper 10 actions en une, la valeur d'une action qui valait autrefois 123 $ n'est plus que de 4 ¢.

Quelque 497 millions d'actions sont toujours en circulation.

Si ENRON a eu un comportement criminel du point de vue légaliste, NORTEL (ou la CAISSE DE DÉPÔT ET PLACEMENTS DU QUÉBEC) ne l’a pas (encore) été. On parlera poétiquement d’enthousiasme excessif, d’imagination débridée, au plus, d’aventurisme financier. Qui peut leur lancer la première pierre?

Du point de vue légal, on est à la limite. Du point de vue de la patience des actionnaires c’est autre chose. Tout leur $ qui s’est envolé a été bien perdu pour eux.

Mais pas pour tout le monde.

Ceci dans le cas de NORTEL. Dans le cas de la CDP, ce sont les économies forcées et obligatoires des citoyens. Qui n’ont pas non plus été perdue pour tout le monde.

L’$ ne se dissous pas dans l’eau comme le sucre. Il est plutôt comme le fer pour un aimant.

Une série de PDG dynamique et inventifs se succèdent : Jean Monty , John Roth qui firent preuve d’un esprit d’initiative similaire à des maniacos-dépressifs en high sur la coke. Frank Dunn essaya de recoller les pots cassés et, finalement, Mike Zafirovski fermera la boutique.

Aux dernières nouvelles, l’actuel PDG comparaissait devant le comité des finances de la Chambre des communes pour défendre sa décision de verser des primes de plusieurs millions de dollars à différents employés de la compagnie (lui-même et des cadres), tout en refusant de verser des indemnités de départ à des centaines d'employés mis à pied et en diminuant les pensions versées aux retraités.

Aux dernières nouvelles plus récentes, il mettait la compagnie – ou ce qui en restait- en vente.