DOUTEUR ET UNE PAGE INTÉRESSANTE

lundi 5 octobre 2009

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Attend bouge pas j ai un mail d orel j te rappel
Ce soir j suis rentré de la taffe plus tôt que d habitude
Je suis passé chez toi pour te faire une surprise
Quand j suis arrive tu était dans ton hall avec l autre type qui est en cours avec toi

(On remarquera que l’élève éprouve des difficultés avec ses accents et les apostrophes qui sont les ornements de la phrase. Le pluriel des noms et l’accord des verbes posent problème également. Petit conseil : Il ne faudrait pas oublier les virgules. Une phrase doit respirer. Et une phrase se termine presque toujours par un point.)

(Le sens de la première strophe est peu clair mais si on se réfère au film amateur sur Yutube, il s’agit d’une jeune fille qui reçoit un message. Probablement sa soeur car elle semble trop jeune pour être sa mère. Et la chanson qui suit à partir de la deuxième strophe constitue le dit-message (ici une chanson) par lequelle le poète s’exprime.)

Attend (ne) bouge pas; j’ai un mail (anglicisme) d’Orel ( je) te rappel(le)

Ce soir je suis rentré de la taffe (francisme) (établissement scolaire) plus tôt que d’habitude
Je suis passé chez toi pour te faire une surprise
Quand je suis arrivé tu étais dans ton hall avec l’autre type qui est en cours avec toi

(on ne dit pas «l’autre type» pour désigner un jeune homme qui peut être le fils d’un collègue de son père. Si sa jeune amie est une dévergondée comme il semble le souligner, on doute qu'elle se laisse aller en plus à une mésalliance en choisissant un jeune homme en-dessous de sa condition. On présume donc qu'il s'agit d'un jeune homme bien. Étant donné qu'elle était -provoisoirement- l'amie de coeur du jeune poète. Et qu'ils n'ont pu tous se rencontrer que dans des endroits honorables. Et qu'on ne peut imaginer qu'il a jeté son dévolu sur une fille des classes inférieures. Ou une de ces mauvaises filles qui pullulent et troublent notre jeunesse. Puisqu'un jeune homme bien ne saurait aller dans ces lieux malsains. Bien sûr, l'amour rend fou! Mais comme on dit, ce n'est pas une raison. Et, souvenons-nous de l'avertissement immémorial d'un poète plus célèbre: souvent femme varie, bien fol qui s'y fie! Et si l'esprit d'une femme est un manège inquiétant que dire de celui de la jeune fille? À moins que celui-ci n'ait aucun goût et aucun instinct dans l'ordre du féminin ce qui présage une longue vie de douleurs et d'épreuves. Et pour parfaire son malheur, il aurait été jusqu'à déchoir en allant s'abaisser jusqu'à visiter les lieux mal famés où vivent les familles ouvrières surpeuplées. Pire, peut-être immigrantes. Qui sait, de couleurs? Que de mauvaises fréquentations, de maladies et de dangers peut-on cotoyer en ces lieux. On présume donc que par étourderie la jeune femme s'est laissée contée fleurette par un autre jeune homme bien de type caucasien et, peut-être, malheureusement pour notre poète inconnu, mieux que lui. Compte tenu du texte de la composition qui suit, l'instinct féminin a peut être pour cette fois heureusement prévalu sur la raison. Exercice généralement funeste. Et on comprend que celui-ci pourrait suivre des cours ou avoir le même curriculum que sa consoeur et son nouveau prétendant. Et le hall n’est évidemment pas à la jeune fille. Et en cours avec toi est tout sauf français. Mauvais point. Ne pas imiter.)