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mardi 20 octobre 2009

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Soudan

COUPS DE FOUET

03/08/2009

Par : Marwane Ben Yahmed

http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2534p004-005.xml0/-justice-journaliste-condition-feminine-femme-Coups-de-fouet.html

Pendant que les députés français s’emparent du « péril » que représenteraient les quelques centaines de femmes (367 exactement) qui portent la burqa dans l’Hexagone, au Soudan d’Omar el-Béchir, on s’intéresse aux femmes qui… mettent des pantalons !

Loubna Ahmed al-Hussein, journaliste soudanaise réputée critique à l’égard du régime – quel hasard – et par ailleurs employée des Nations unies à Khartoum, est poursuivie par la justice de son pays pour atteinte à la pudeur publique, en vertu de l’article 152 du code pénal…

Comme des milliers de femmes, à Alger, Tunis, Rabat, Djakarta ou Damas, Loubna porte le hidjab mais aussi un jean, pudiquement recouvert d’une chemise longue.

Pas de minijupe ni de string qui dépasse d’un taille-basse, encore moins de décolleté. Bref, rien de franchement provoquant.

Le 3 juillet dernier, lors d’une soirée d’anniversaire dans un restaurant de la capitale à laquelle elle participe avec des amies, les trois cents invités assistent médusés à une descente de police. Loubna est conduite au commissariat ainsi que douze autres femmes en pantalon.

Dix seront convoquées quelques jours plus tard et se verront infliger dix coups de fouet chacune, pour « tenue non conforme ».

Loubna et deux autres « prévenues », elles, risquent quarante coups de fouet et une amende de 250 livres (environ 73 euros).

Leur jean devait sûrement arborer un ourlet un peu trop affriolant…

Loubna est une femme de caractère et une militante. Elle aurait pu facilement échapper à la justice soudanaise en invoquant l’immunité que lui confèrent ses fonctions au sein de la mission des Nations unies au Soudan (Unmis). Elle a préféré affronter ses juges et transformer ce procès en tribune internationale.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, la France et nombre d’organisations de défense des droits de l’homme s’insurgent et mettent la pression sur Khartoum, qui a repoussé le procès au 4 août.

En revanche, on attend toujours qu’une voix – masculine si possible – s’élève au sein du monde arabo-musulman pour condamner ces pratiques d’un autre âge et cette pantalonnade soudanaise qui donne, encore une fois, une image rétrograde de l’islam et de (mauvais) arguments à ceux qui le combattent.