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samedi 14 novembre 2009

1293. TOUT N'EST QUE VOCABULAIRE

Il y a de bonnes guerres et des mauvaises.

On vient de fêter la fête du souvenir. On a eu quelques larmes pour les vétérans qui avaient donné leur vie pour sauver leur pays. Tout ceci était très émouvant. On avait presque envie de prendre ça au sérieux.

Dans une guerre, il y a les ennemis - les méchants- (un peu comme au hockey) et les bons. Nous.

Les méchants sont capables de tout. Par exemple, ils en rêvent que de nous envahir. Parfois, ils réussissent et c'est alors le rôle de notre armée de les «repousser». De les renvoyer chez eux. Parfois, on va jusque chez-eux pour leur donner une bonne leçon et les décourager de recommencer. Comme on fait pour les prisonniers qui vont en prison après un crime. Ensuite, ils seront réhabilités.

Mots importants: ennemis, méchants, envahisseurs.

Il y a des statues dans les capitales pour guarder en mémoire les faits d'armes des nôtres qui ont défendu notre patrie, nos femmes et notre liberté.

Grâce à eux, notre pays est devenu libre. Ou l'est resté. Selon le cas.

On fête la Victoire. Et la défaite des envahisseurs.

Tout ceci est très clair mais méritait d'être aligné en rang.

Mais parfois, ça devient flou.

Il arrive qu'un pays soit envahi sans qu'il ait rien fait pour provoquer la colère des envahisseurs. Et contre toute morale, il arrive que les envahisseurs gagnent. Et restent.

Il arrive que ceux qui essayaient au péril de leur vie de repousser les envahisseurs perdent et meurent.

Ils sont vaincus.

On peut alors devenir confus si on n'a pas recours au vocabulaire.

Une fois sur place, définitivement, les envahisseurs vont alors renouveler le vocabulaire. En commençant par celui des enfants.

Tout ceci est bien compliqué, ce qui explique qu'on a préféré souvent tuer tout le monde.

Ou aller plus lentement et réduire la population en esclavage et la tuer au travail.

Ensuite, on fait venir des esclaves d'Afrique dans des pays envahis (et vaincus) précédemment.

Mais on suppose qu'on n'a pas tué tout le monde. D'où le recours au vocabulaire.

Les envahisseurs deviendront les bons. Ils le diront. On le répétera assez souvent pour que tout le monde s'en souvienne. Une fois que la génération des survivants de ceux qui les auront combattus seront morts de vieillesse, ce sera encore plus facile pour les générations suivantes qui n'auront rien vu et auront eu pour seul enseignement celui des envahisseurs.

Les vaincus pourront même être accusés de trahison pour avoir voulu défendre leur propre pays (qui n'est plus le leur) et renverser le gouvernement (ennemi) qui a pris le pouvoir à la place de leur gouvernement légitime.

On inventera alors un nouveau mot utile: «sédition».

Ainsi, les vaincus pourront même fêter leur ancien ennemi sans y voir quelques problèmes logiques.

Malgré tout, le sujet étant délicat, on évitera de trop préciser cette période historique dans les manuels destinées aux élèves. Ils pourraient avoir des émotions et être influencés de la mauvaise façon.

Dans toute règle de grammaire il y des exceptions qui n'empêcheront pas que s'applique la règle générale. Cela fait simplement plus joli.

La règle générale, étant que l'armée nationale (ici, celle des envahisseurs auxquels se sont ajoutés les petits enfants des vaincus qui ont tout oublié) combattent les mauvais et les envahisseurs. Là-bas. Et qu'on fête cette victoire contre les mauvais. Et le sacrifice des vaillants soldats.

Il y a toujours des gens dont il faut se méfier: les allemands, par exemple.

Par exemple, lorsque l'Allemagne a envahit la France. Ce qui était mal.