DOUTEUR ET UNE PAGE INTÉRESSANTE

vendredi 11 décembre 2009

1700. ON NE DEMANDE JAMAIS LE POINT DE VUE DES INDIENS


BIEN DES PEUREUX, QUELQUES COURAGEUX ET COMBIEN DE BRAVES?

Raymond Cyr

Ki-twoghk (Métis Mig' Mag Malécites ... et autres)
AAQ, Mamlawbagak (Communauté 081 de Sherbrooke»

http://www.autochtones.ca/portal/fr/ArticleView.php?article_id=51

Chez les Autochtones, du côté des Hommes, l'on apprenait jeune à endurer stoïquement les sévices du climat et maints autres défis qu'imposait incontournablement la nature. L'on se formait en s'adonnant volontairement à toutes sortes d'épreuves.

La raison en est fort simple. Comment, avec une jambe brisée et au coeur de l'hiver, sans nourriture, loin de son campement un chasseur aurait-il rejoint les siens s'il était resté là à s'apitoyer sur son sort?

Il fallait savoir abnéguer la douleur, la faim, la fatigue... bref, dépasser sa condition et aller au delà de soi. Le courage forgeait l'Homme.

Et il y avait des hommes de valeur différente, va-t-il sans dire. Ce n'était pas une manifestation religieuse mais un trait culturel fort.

Au poteau des tortures, seuls les Braves faisaient montre d'un tel niveau de dépassement que même la perspective de la mort ne pouvait les abattre. S'élevant au niveau des esprits, ils entretenaient leurs tortionnaires.

Et seul un autre Brave pouvait il ressentir la force intérieure d'un Brave. Cette force était plus vivante chez lui que chez l'Homme courageux.

La capacité de percevoir par l'esprit cette force tient du "sixième sens".

Qui n’a pas déjà ressenti l’humeur d’un groupe en s'y mêlant de façon impromptue?

Parfois, ne dirait-on pas que cette humeur est palpable? Tant sont capables de ressentir l’état d’âme d’une personne chère en s’approchant d’elle : tristesse, joie, crainte, peur…

Il peut arriver qu'on se sente observé et qu'en se retournant l'on constate que quelqu'un, parfois loin, nous fixe du regard.

Nous savons qu’une capacité subtile permet à l’humain de ressentir au-delà de ses cinq sens premiers : ouïe, vue, odorat, goûter et toucher.

Il s'agit d'un « sixième sens » qui s’apparente à un indéfinissable instinct.

La bête peut nous ressentir et nous de même. Et le chasseur saisonnier s’étonne si facilement que les chevreuils fuient leurs propres territoires en temps de chasse! L’on dirait qu’ils nous sentent, disent-ils.

Oui, ces bêtes vous sentent et le ‘chasseur’ de tradition autochtone ressent aussi les humains dans ses émotions, au-delà des cinq sens. Cette faculté est chez lui très aiguisée. Elle lui servait, entre autres, à mesurer en mode pratique et courant la valeur d'un Homme, autrefois.

Au poteau des tortures, n'était épargné que le Brave.

La littérature chrétienne dit que le Père Brébeuf eut le cœur arraché vif et sitôt mangé par ses bourreaux qui voulaient ainsi s’abreuver à sa vaillance.

Par ailleurs, ceux qui connaissent encore la culture de guerre autochtone savent qu’un supplicié qui démontrait un courage supérieur devant ses tortionnaires, était libéré.

Qui donc de ces martyrs fut libéré?

Assouplissons la question. Il y a trois catégories de prisonniers au poteau des tortures.

Le pleutre se tord et se lamente des douleurs infligées. Il est laissé aux longs supplices des peureux qui eux, ne vont pas à la guerre.

Le courageux ne fléchit pas devant la souffrance infligée et a le cœur arraché vif par les courageux qui ressentent sa force.

Et le Brave qui affiche un total mépris des douleurs et de la mort.

Dominant de haut ses cinq sens, il entretient ses tortionnaires (qui le travaillent) par des chants et des histoires.

Son élévation spirituelle est telle que les injures, la vue des mutilation, l’odeur de ses chairs carbonisées, la douleur, le goût de sa propre chair porté à sa bouche, rien ne le fait se replier sur lui-même.

Il ressent d'instinct le Brave qui le torture, il fait son éloge, soutient le courageux dans ses tentatives de le soumettre et méprise ouvertement les lâches qui s'agitent autour de lui.

Au chapitre de l'abnégation face aux pires souffrances infligées et de la capacité de reconnaître instinctivement la valeur de ses ennemis, que pourrait dire un Autochtone (non acculturé) des Saints Martyrs lorsqu'ils eurent à souffrir l'épreuve ultime qui faisait démarquer le Brave du courageux et le courageux du peureux?

Voyons d'abord succinctement quel était le niveau de respect porté aux Autochtones par l'un d'eux.

Le Père Brébeuf écrit à propos des Autochtones : Si vous les allez trouver dans leurs cabanes, vous y trouverez une petite image de l’enfer, n’y voyant pour l’ordinaire que feu et fumée et des corps nus de çà et de là, noirs et à demi rôtis, pêle-mêle avec des chiens qui sont aussi chéris que les enfants de la maison, dans une communauté de lit, de plat et de nourriture avec leurs maîtres.

Ce texte témoigne d'un mépris évident pour l'Autochtone, sa culture et ses valeurs.

Il n'a certes pas fait d'éloges aux Braves.

Toujours en est-il qu’au nombre de ces sept saints canadiens, si l’un fut très longuement torturé par des pleutres et un autre eut le cœur arraché par des Hommes de courage, aucun ne fut libéré (par respect dû aux Braves).

Et chez-nous, Métis, l'on boit encore le sang cru de l'orignal, courageux animal abattu, à même son cœur.

Bref, la reconnaissance du vrai dépassement ne fut reconnue chez les Autochtones que par les Autochtones valeureux.

Nous n'avions que faire de la volonté de martyr menant à la sanctification.

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