DOUTEUR ET UNE PAGE INTÉRESSANTE

mardi 9 février 2010

2175

Image. http://actua.unitariennes.over-blog.com/categorie-10376959.html

Heureux qui comme Abraham sacrifia (ou presque) son fils bien aîmé !
Dès qu’on parle de sacré, de tradition, de religion, de Dieu qui a dit que, Dame Raison est priée de s’éclipser et l’esprit critique de baisser la garde, si bien que tout est permis aux envoyés de Dieu ! Dans ces conditions, la surenchère aidant (en religion comme en politique), des dévots bornés en intelligence des textes mais malins dans la manipulation des âmes connaissent le succès avec des discours aberrants, anachroniques, fanatiques (à commencer par le niveau de l’oral).

Il est également de bon ton, à l’heure de l’œcuménisme et de l’inter religieux de respecter les fêtes, les us et coutumes des autres corpus religieux. Comme par exemple en ce moment, la fête du mouton des musulmans.

Or de quoi s’agit-il précisément ?

Le sacrifice d'Abraham (version chrétienne)

Muhammad a récupéré de la Bible cette histoire d’Abraham où celui-ci, ayant entendu l’injonction divine d’aller sacrifier son fils unique n’hésite pas une seconde à passer aux actes (eh oui ! ne doit-on pas offrir les prémices à Dieu). Le Coran accentue la " soumission " en faisant du fils une victime consentante.

Le père : " Mon enfant je me suis vu en rêve t’égorger. Examine quel parti prendre "

Le fils : " Père, faites ce dont vous avez reçu commandement. Vous me trouverez, si Dieu veut, patient entre tous "

" Ayant ainsi tous deux manifesté leur soumission, il le jeta à terre sur la tempe " (sourate XXXVII, 102-103).

En droit moderne, cela s’appelle ni plus ni moins un appel au meurtre de la part de Dieu, un passage à l’acte pour Abraham (mais qui bénéficiera peut-être, après examen par les psychiatres, d’une non-responsabilité du fait de délire religieux), et un abus de confiance vis-à-vis d’un fils benêt qui est encore sous influence de ses parents.

En fait, l’histoire – biblique dans ses origines (Genèse, 22, 1-18) – est tout simplement un récit mythique, tiré des traditions hébraïques de la région d’Hébron, qui fonde l’interdiction pour les nomades Hébreux qui sont en cours de sédentarisation dans les villages cananéens d’imiter ces citadins qui pratiquaient les sacrifices humains. Yahvé, au dernier moment, désigne un bélier qui s’était empêtré les cornes dans un buisson … C’est un bel happy end.

Désormais, il nous faut sacrifier nos amis les bêtes et non plus nos frères humains ! La leçon est claire et nette.

Mais nos braves dévots des religions abrahamiques lisent le récit au premier degré, comme si Dieu parlait en direct aux hommes, ou du moins à certains d’entre eux, comme si Abraham était une figure historique ayant réellement existée, comme si les genres littéraires de la Bible s’uniformisaient tous en devenant autant de " paroles de Dieu ", comme si les exégètes modernes avaient salivé en vain.

Car c’est ainsi que la grande majorité des croyants apprennent à lire leurs écritures dites sacrées et que les clergés, même lorsqu’ils ont fait des études modernes, continuent d’enseigner afin que leurs ouailles, argumentent-ils avec une bonne dose d'hypocrisie, ne perdent pas la foi. Comme quoi tous les moyens sont bons pour entretenir la crédulité (la " soumission ") des fidèles.

Comment peut-on célébrer un Dieu pervers qui ne cesse d’asticoter * ses créatures en leur envoyant des épidémies, des catastrophes climatiques, des hordes d’ennemies pour les massacrer ? Comment peut-on parler de foi à propos d’un meurtre (ou du moins, en terme juridique car l’intention y était, d’une tentative de), d’un infanticide, d’un acte de fanatisme religieux ?

* en langage religieux bcbg on dit " éprouver " " sonder les cœurs et les reins " ; le Dieu révélé par le Coran précise à propos de l’histoire précédente " Ce n’était là qu’épreuve d’élucidation ", (traduction Jacques Berque, sourate citée, verset 106). Grand merci au Dieu pédagogue des monothéismes de prendre la patience de nous rectifier ainsi !

Ne célébrons pas n’importe quoi ! que ce soit pour nos fêtes traditionnelles, religieuses ou politiques. Exigeons que ces fêtes aient du sens, fassent sens au sein de nos sociétés démocratiques où le partage entre identités et la contribution à l’universel sont encouragés.