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jeudi 11 mars 2010

3140. LA VIE DES MAÎTRES DU MONDE

MAFIA

FTQ-Construction

ALLÉGATIONS DE TAXAGE ET DE TRAFIC DE DROGUE

D'après un reportage de Christian Latreille

Mise à jour le mercredi 10 mars 2010 à 20 h 30
http://www.radio-canada.ca/regions/est-quebec/2010/03/10/010-ftq-cote-nord-taxage.shtml

Les gestes d'intimidation, de discrimination et les menaces de la part de la FTQ-Construction dont se sont dits victimes des dizaines d'ouvriers, comme le rapportait Radio-Canada mardi, ne seraient pas le seul problème sur les chantiers de la Côte-Nord.

Une équipe de l'émission Enquête qui a sillonné la région a également rencontré des travailleurs qui affirment se faire demander de l'argent par leur syndicat de façon à garder leur emploi.

Ainsi, des travailleurs ont raconté des dizaines de fois avoir été victimes de taxage par des syndicats affiliés à la FTQ-construction.

«C'est un système de taxage qui est installé qui est en-dessous de tout ça.» — Harold Richard, aujourd'hui syndiqué à la CSN

« C'est un protectionnisme qui s'installe à la longue. C'est toujours les mêmes travailleurs qui rentrent au début »,

affirme Harold Richard, un ancien membre du local 791 des opérateurs de machinerie lourde, aujourd'hui syndiqué à la CSN.

Il affirme hors de tout doute que certains de ses collègues de travail ont payé la FTQ pour travailler. Il a porté plainte à la Commission de la construction du Québec (CCQ) pour discrimination. La CCQ mène une enquête.

« Il y a des travailleurs qui nous rapportent qu'ils se sont faits demander de l'argent pour travailler sur certains chantiers, affirme de son côté Aldo Paolinelli, président de la CSN-Construction. Il y en a d'autres qui se sont fait demander de l'argent pour rester. »

Sous le couvert de l'anonymat, un autre travailleur qui a quitté la FTQ-Construction dit avoir vite compris que s'il voulait réintégrer le syndicat, il devait payer :

«Il tapait sur sa cuisse, le délégué, sur le côté de sa poche en voulant dire : "paye, pis tu vas rembarquer dans le bateau; ferme ta gueule, suis-nous, pis tu vas travailler tout le temps".»

Adoptée en 2005, la loi 135 (Loi modifiant la Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction), interdit pourtant toute forme de menaces ou contraintes basées sur l'allégeance syndicale.

ALLÉGATIONS DE TRAFIC DE DROGUE

D'autres travailleurs de la Côte-Nord se plaignent du trafic de stupéfiants au local AMI, l'Association des manoeuvres interprovinciaux, affilié à la FTQ-Construction. Des sources ont identifié le représentant du local AMI à Sept-Îles, Michel Bezeau, comme un revendeur de drogue.

Un travailleur qui a requis l'anonymat a déclaré qu'il connaissait des personnes qui ont vendu de la drogue pour lui. « Je peux vous dire même que j'ai été impliqué là-dedans pour subvenir à mes besoins », a-t-il ajouté.

De son côté, Michel Bezeau nie avoir déjà vendu de la drogue et affirme que son local n'est « aucunement » impliqué dans le trafic de drogue.

Plusieurs sources confirment que le grand patron du local AMI à Montréal, Rénald Grondin, est au courant des agissements de Michel Bezeau. Il refuse d'intervenir même si plusieurs syndiqués se plaignent.

PAS DE COMMENTAIRES

Interrogé par une équipe de Radio-Canada munie d'une caméra cachée, Rénald Grondin s'est empressé de fermer sa porte de garage et de se réfugier à l'intérieur.

Richard Goyette, le directeur général de la FTQ-Construction, n'a pas voulu réagir aux reportages.

Michel Arsenault, le grand patron de la FTQ, a pour l'instant lui aussi refusé de commenter.

DES TÉMOIGNAGES PERCUTANTS

Dans le premier d'une série de reportages, Christian Latreille présente des témoignages de travailleurs de la construction de la Côte-Nord qui disent avoir été victimes d'intimidation et de menaces. Le comportement du représentant du puissant local 791 des opérateurs de machinerie lourde à Sept-Îles est visé particulièrement.

À la suite de la diffusion de ce reportage, le gouvernement Charest a demandé à la Sûreté du Québec d'enquêter sur ces allégations criminelles.