DOUTEUR ET UNE PAGE INTÉRESSANTE

mardi 13 avril 2010

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ARMÉE CANADIENNE

SUR LA RÉCURRENCE DU SUICIDE CHEZ LES MILITAIRES

13 avril 2010
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2010/04/13/004-armee_etude_suicide.shtml#commentaires

Le suicide est la troisième cause de décès recensée chez les membres des Forces canadiennes qui ont perdu la vie entre 1983 et 2007.

C'est ce que conclut l'étude Preventing Deaths in the Canadian Military, publiée dans l'American Journal of Preventative Medecine, qui porte sur les 1889 militaires décédés au cours de cette période.

Une cause de décès officielle a été déterminée pour 1710 d'entre eux.

Il ressort ainsi que les accidents de la route (384 morts) et les cancers (374) sont les deux principales causes de décès.

Viennent ensuite les suicides (289 morts) et les maladies cardiovasculaires (285).

L'étude ajoute que seuls 5 % des décès sont attribuables à des situations de combat.

Une situation qui n'est pas particulièrement étonnante étant donné que l'armée n'a participé à aucune une mission de combat pendant les 20 premières années sur lesquelles porte l'étude.

Les causes de décès ont été établies à partir de rapports d'autopsie, de certificats de décès, de dossiers médicaux provenant des hôpitaux et de rapports d'enquêtes militaires. Les résultats tiennent aussi compte des examens médicaux auxquels les membres des Forces doivent se soumettre.

« Environ un quart de tous les décès de militaires peuvent être attribués à des comportements individuels, dont le suicide, la consommation d'alcool et l'usage du tabac »,

soulignent les auteurs.

Ces résultats, disent-ils, militent en faveur de plus de programmes de prévention des maladies et de meilleurs soins de santé mentale.

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Documentation

Le suicide dans les Forces canadiennes

BG–10.004 -

le 2 mars 2010
http://www.forces.gc.ca/site/news-nouvelles/news-nouvelles-fra.asp?cat=03&id=3288

Les besoins en matière de santé des militaires, y compris les besoins en santé mentale, sont une priorité pour les Forces canadiennes (FC) et le gouvernement du Canada. La prévention du suicide fait partie de l’éventail de services et d’initiatives des FC en matière de santé mentale.

La perte d’un seul militaire des FC par suicide en est une de trop. Les FC ont mis en place un vaste programme de prévention du suicide, qui comporte des programmes de prévention primaire, d’intervention clinique et non clinique et d’éducation en santé mentale. Des efforts considérables sont déployés pour identifier ceux qui sont sujets à développer des troubles de santé mentale et pour leur apporter l’aide dont ils ont besoin.

Le suicide est une préoccupation pour tous les Canadiens. Selon l’Association canadienne pour la santé mentale, le suicide est la deuxième principale cause de décès chez les jeunes, après les accidents de la route (http://www.cmha.ca, 2009). Les taux de suicide chez les militaires des FC sont cependant inférieurs à ceux de la population générale. Ce résultat n’est pas surprenant compte tenu du fait que le personnel des FC est un effectif présélectionné.

À long terme, le taux de suicide dans la Force régulière a généralement diminué. Mesuré par tranches de cinq ans, le taux de suicide parmi les hommes militaires de la Force régulière a diminué depuis 1995 (consulter le Tableau A).

Les taux de suicide

Les FC recueillent des renseignements sur les décès hâtifs, qui incluent le suicide, auprès de trois groupes distincts : le Directeur - Protection de la santé de la Force (DPSF), le Directeur - Soutien aux blessés et administration (DSBA) et la Police militaire.1

Dans leur calcul des taux de suicide, les FC n’incluent pas les décès de civils sur la propriété du ministère de la Défense nationale (MDN), d’employés du MDN ou de membres des Rangers canadiens.

Les chiffres présentés dans le tableau A proviennent du DPSF. Ces données n’incluent que les hommes de la Force régulière. Les taux qui apparaissent dans le tableau A sont calculés, comme ceux de Statistique Canada, par 100 000.

Tableau A

Taux de suicide chez les hommes servant dans la Force régulière de 1995 à 2009

Année

Nombre d’hommes dans les FC

Nombre de suicides chez les hommes servant dans les FC

Taux de suicide chez les hommes servant dans les FC par 100 000

Le taux de suicide parmi les femmes servant dans les FC étant extrêmement faible, il est plus pertinent de faire état des données suivantes : il n’y a eu aucun suicide chez les femmes militaires entre 1995 et 2001; il y en a eu un en 2002, deux en 2003, aucun en 2004 et en 2005, un en 2006, un en 2007, un en 2008 et deux en 2009.

Les chiffres présentés dans le tableau B proviennent du DSBA. Ces chiffres incluent les suicides commis par les militaires de la Force régulière et par les réservistes de « classe B » et de « classe C ». Les réservistes de « classe B » servent à temps plein au Canada tandis que les réservistes de « classe C » sont déployés dans le cadre d’opérations. Les réservistes de « classe A » ne sont pas inclus dans ces chiffres du Tableau B parce que les données que possèdent les FC à ce chapitre sont insuffisantes.

Il est difficile d’effectuer un suivi du nombre de suicides parmi les réservistes, étant donné la mobilité de cette population. Les données relatives aux réservistes de « classe A » sont les plus difficiles à obtenir. Les réservistes de « classe A » servent à temps partiel le soir et les fins de semaines. Cependant, les suicides chez les réservistes de « classe A » qui n’étaient pas en service au moment de leur décès peuvent ne pas être inclus à moins que les circonstances entourant leur décès aient été portées à l’attention de l’armée par les autorités civiles.

Les FC se sont efforcées, au cours des dernières années, d’améliorer la tenue des dossiers relatifs à cette question. Des plans sont mis en œuvre pour établir un lien entre les noms de tous les militaires des FC de 1972 jusqu’à aujourd’hui et la base de données sur la mortalité de Statistique Canada ce qui permettra d’avoir une connaissance plus complète des décès hâtifs, incluant les suicides, au Canada.

Les militaires déployés

Aucun lien cohérent n’a été établi entre le déploiement et le risque accru de suicide. Néanmoins, un processus de dépistage des problèmes de santé mentale préalable au déploiement est en place pour les militaires des FC, et ceux-ci sont préparés de diverses façons à faire face à de possibles traumatismes à l’étranger.

Pour le personnel déployé dans le cadre d’opérations et de missions stressantes, une bonne préparation de la mission et une bonne formation sont essentielles. Celles-ci comprennent une formation sur l’adaptation au stress, la cohésion de l’unité et le soutien social ainsi que sur la connaissance des effets potentiels du stress. La formation est réaliste et est conçue pour améliorer la confiance à la fois envers les capacités individuelles et celles de l’équipe.

Les militaires des FC déployés ont accès en théâtre à des fournisseurs de soins en santé mentale, qui font partie de l’équipe déployée des Services de santé.

Les soldats canadiens qui s’apprêtent à revenir au Canada après une longue mission passent par un arrêt de décompression (fréquemment appelé décompression dans un tiers lieu, ou DTL) de cinq jours sur le chemin du retour. Au cours de cette DTL, chaque militaire a l’occasion de discuter en privé avec un professionnel de la santé mentale et de lui faire part de ses préoccupations. Le personnel a reçu de la formation sur le SSPT et les BSO. L’équipe de santé mentale donne aux militaires des renseignements sur leur vie familiale, professionnelle et communautaire au Canada pour rendre la réintégration moins stressante.

À leur retour au Canada, les militaires des FC ont accès à un éventail complet de programmes et de services en matière de santé mentale.

En outre, les militaires des FC qui reviennent d’une opération internationale d’une durée d’au moins 60 jours passent par un processus amélioré de dépistage postdéploiement. Ce processus a lieu de 3 à six mois après leur retour au Canada, mais rien n’empêche une personne qui a des préoccupations de se manifester et de chercher de l’aide plus tôt. Le dépistage postdéploiement vise à mieux identifier les personnes qui ont des problèmes liés au déploiement, particulièrement des problèmes psychologiques. Le militaire des FC remplit un questionnaire détaillé sur la santé et passe une entrevue avec un professionnel de la santé mentale. Si l’intervieweur est préoccupé par l’état du militaire, celui-ci sera dirigé vers un médecin qui l’évaluera et lui prodiguera les soins requis.

De plus, les FC procèdent régulièrement à des évaluations de santé périodiques de leurs militaires au cours desquels des problèmes de santé mentale peuvent être diagnostiqués et traités. Les militaires des FC subissent un examen médical périodique (EMP) tous les 5 ans jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de 40 ans, après quoi ils sont examinés tous les deux ans. Le questionnaire qui fait partie de l’EMP comporte des questions sur la santé mentale et les dépendances.

Les programmes et services

Les FC ont mis en place un solide programme de prévention du suicide. La communauté militaire est éduquée sur les problèmes de santé mentale. Les militaires sont formés pour être en mesure de composer avec les effets qu’a le stress sur eux-mêmes et sur les autres. Ils sont évalués avant et après une mission dont le niveau de stress est élevé. Les FC travaillent assidument pour s’assurer que les militaires en détresse et leurs proches obtiennent l’aide dont ils ont besoin.

Les soins destinés à ceux qui sont éprouvés par des problèmes de santé mentale sont interdisciplinaires et collaboratifs. Ils réunissent les connaissances spécialisées de psychiatres, de psychologues, d’infirmières spécialisées en santé mentale, de travailleurs sociaux et de conseillers en service social, de spécialistes en toxicomanie et d’aumôniers agréés.

La prévention

En juin 2009, le Chef d’état-major de la Défense a lancé la Campagne de sensibilisation des Forces canadiennes envers la santé mentale, dont le double objectif consiste à sensibiliser les militaires des FC aux problèmes de santé mentale et à créer parmi eux une culture de compréhension. Le slogan de la campagne, « Soyez la différence », traduit l’idée selon laquelle tous les militaires peuvent poser un geste significatif pour ceux qui font face à des problèmes de santé mentale.

La campagne de sensibilisation a braqué les projecteurs sur le Bureau des conférenciers conjoint des FC sur la santé mentale et les traumatismes liés au stress opérationnel, une collaboration entre le Conseiller spécial en matière de blessures de stress opérationnel et les Services de santé des FC, qui a élaboré une campagne nationale d’éducation visant à accroître les connaissances générales des militaires des FC, tous grades confondus, en matière de santé mentale, et à éliminer les obstacles sociaux au traitement. À ce jour, on estime à environ 8 000 les militaires des FC qui ont reçu de la formation et de l’éducation dans le cadre de cette campagne.

Les FC offrent toute une gamme de cours utiles, dont un atelier de formation appliquée sur les techniques de prévention du suicide (FATIS) d’une durée de deux jours, de même que de courtes séances de sensibilisation portant les façons de déceler les signes et symptômes associés aux troubles de santé mentale ainsi que les ressources disponibles pour les aider. Cette formation se donne dans le cadre du grand projet des FC visant à promouvoir un mode de vie sain et à prévenir les blessures et les maladies grâce à l’élaboration de programmes d’auto-assistance. Des ateliers semblables sensibilisent les militaires des FC à la maîtrise de la colère, à la dépendance et à la prévention, à la gestion du stress, ainsi qu’à la prévention de la violence familiale.

Les soins

Pour un militaire des FC qui a des problèmes de santé mentale, le premier point de contact sera probablement le médecin de premier recours de l’une des cliniques des FC, même s’il a été dirigé vers la clinique par un copain, un aumônier, un technicien médical ou un travailleur social de première ligne, ou par la chaîne de commandement. Ce médecin lui fournira l’aide requise ou dirigera le militaire vers la ressource la plus appropriée.

En cas d’urgence, les militaires des FC peuvent consulter un médecin en tout temps durant les heures d’ouverture normales de l’une des cliniques des FC ou se présenter à un centre de santé civil en dehors des heures de travail. Ils peuvent également le composer le 1-800-268-7708 pour joindre le Programme d’aide aux membres, et ce, 24 heures sur 24, où qu’ils soient dans le monde, et être dirigés en toute confidentialité vers quelqu’un qui pourra les aider.

Des programmes de santé mentale et desservices spécialisés en matière de santé mentale sont offerts dans les plus grandes bases des FC. Certains éléments de ces programmes sont offerts dans les plus petites bases selon l’importance de la population et la disponibilité des ressources locales. Les équipes multidisciplinaires des programmes de santé mentale peuvent compter sur la contribution de psychiatres, de psychologues, de travailleurs sociaux, d’infirmières en santé mentale, de conseillers en dépendance et d’aumôniers des Services de santé.

Les Centres de soutien pour trauma et stress opérationnels(CSTSO), situés un peu partout au Canada, ont un effectif à la fois militaire et civil composé de psychiatres, de psychologues, de travailleurs sociaux, d’infirmières en santé mentale et d’aumôniers. Les CSTSO utilisent un modèle de traitement multidisciplinaire en vue fournir des évaluations et des soins et de faire de la sensibilisation et de la recherche. En plus de fournir des services directement aux militaires des FC, le personnel de ces Centres consulte également d'autres établissements de traitement dans le monde entier et étudie la documentation spécialisée sur les traumatismes, sur le stress, sur le SSPT et sur les BSO. On compte actuellement cinq CSTSO : à Halifax (Nouvelle-Écosse), à Valcartier (Québec), à Ottawa (Ontario), à Edmonton (Alberta) et à Esquimalt (Colombie-Britannique).

Anciens combattants Canada (AAC) assure le fonctionnement de neuf cliniques de traitement des blessures de stress opérationnel pour répondre en premier lieu aux besoins des anciens combattants et des anciens officiers de la GRC qui souffrent d’une BSO découlant de leur service. Ces cliniques peuvent également venir en aide aux militaires actifs des FC. Les différentes cliniques sont situées à Fredericton (N.-B.), à Montréal, à Québec (Qc), à Ottawa, à London (Ont.), à Winnipeg (Man.), à Edmonton et à Calgary (Alb.), ainsi qu’à Vancouver (C.-B.). Une clinique de traitement en établissement (le patient réside à la clinique) est maintenant ouverte à l’hôpital Ste-Anne de Sainte-Anne-de-Bellevue (Qc).

Le soutien

Dans le cadre du Programme d’aide aux membres des Forces canadiennes, les militaires et les membres de leur famille qui en ressentent le besoin peuvent composer le 1-800-268-7708 pour consulter en toute confidentialité une personne en mesure de les aider, et ce, 24 heures sur 24, où qu’ils soient dans le monde. Le programme offre des services de consultation externe à court terme aux militaires des FC qui cherchent à obtenir de l’aide autre que celle offerte par les services de santé militaires. Le personnel de la Force de réserve et leur famille y ont aussi accès. Il s’agit d’un programme civil, car il fait intervenir des conseillers professionnels fournis par le Service d'aide aux employés de Santé Canada.

Le Programme de soutien social aux victimes de stress opérationnel (SSVSO) consiste en un réseau qui permet d’offrir des services de soutien par les pairs, de consultation familiale et de soutien en cas de deuil à l’échelle du pays. Le réseau est accessible au moyen d’une carte interactive, que vous pouvez consulter au http://www.osiss.ca. Ce sont d’anciens combattants qui sont à l’origine de ce programme très réussi, une initiative conjointe des FC et d’ACC.

Parmi les services et les programmes des FC et d’ACC auxquels les familles des militaires qui ont des problèmes de santé mentale ont accès, notons les services de consultation offerts dans le cadre du Programme d’aide aux membres et du programme SSVSO, les services d’intervention en situation de crise dans le cadre du Programme d’action pastorale à l’intention des anciens combattants et les services d’orientation offerts par plus de 40 centres de ressources pour les familles des militaires (CRFM) situés dans les installations des FC partout au pays, aux États-Unis et en Europe.

La voie à suivre

Les FC s’efforcent de consolider leur programme de prévention du suicide et elles continueront de le faire.

Par exemple, en septembre 2009, les FC ont accueilli un comité d’experts sur la prévention du suicide réunissant des représentants civils et militaires venus des quatre coins du globe pour étudier la documentation et les meilleures pratiques sur cette question. Les Services de santé des FC ont depuis longtemps adopté un modèle collaboratif en matière prestation des soins, entretenant d’étroites relations avec les services de soins médicaux de leurs partenaires militaires ainsi qu’avec les fournisseurs de soins civils afin de s’assurer que les militaires malades ou blessés des FC reçoivent les meilleurs soins possible de la part de l’ensemble de la communauté.

Le comité fera rapport de ses conclusions au Médecin-chef des FC plus tard cette année. Les recommandations contenues dans le rapport contribueront à améliorer l’ensemble des programmes et initiatives actuellement en place au sein des FC en matière de prévention du suicide.

1 Il faut noter que la Police militaire regroupe dans son registre toutes les enquêtes portant sur les « décès hâtifs », qu’ils se révèlent être des suicides, des morts accidentelles ou des morts naturelles. Il être vigilant pour éviter de mal interpréter les données.