DOUTEUR ET UNE PAGE INTÉRESSANTE

vendredi 16 avril 2010

3335

Le Vice-Président (M. Gendron): (....) Et, pour la poursuite du débat, M. le député d'Ungava, je vous indique qu'il vous reste 9 min 30 s, et ça terminera les temps impartis de part et d'autre pour le discours du budget. 9 min 30 s. À vous, M. le député d'Ungava.

M. Luc Ferland

M. Ferland: Merci. Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de pouvoir me prononcer sur le budget qui vient d'être déposé il y a à peine une semaine ou deux semaines. J'ai entendu, bien sûr, M. le Président, tous les commentaires de mes collègues ici, en Chambre. Du côté de l'opposition, bien sûr, on entend. Oui, j'ai entendu les commentaires de mes collègues sur l'ensemble des secteurs touchés par le dépôt du budget, mais j'ai aussi entendu, M. le Président, et je ne suis pas le seul... J'aurais aimé par contre que le gouvernement en face entende les mêmes choses que, nous, on a entendues de la part de la population en général, les commentaires, les nombreux commentaires sur les budgets, en passant par les manifestations, dont celle... la dernière, celle d'en fin de semaine ici, à Québec, et partout ailleurs au Québec. Et dans tous les médias, que ce soient les médias écrits, les médias électroniques, allez sur n'importe quel site, les commentaires sont tous négatifs. Les gens sont en colère, les gens sont outrés, les gens sont déçus, les gens s'attendaient à un budget avec beaucoup plus d'ouverture, avec beaucoup plus de possibilités qu'on a présenté à l'heure actuelle. On n'a qu'à mentionner, juste, là, au niveau du secteur de la santé, les tickets modérateurs, les taxes imposées à l'utilisation des services de la santé, aux 25 $ pour cette année, 100 $ et 200 $.

Donc, encore une fois, M. le Président, la classe moyenne va écoper, et le gouvernement, ce gouvernement-là, ne s'est pas gêné, encore une fois, d'aller fouiller dans les poches de tous les citoyens et citoyennes du Québec.

Et même chose dans le domaine de l'éducation, alors qu'on prône le décrochage scolaire, alors que partout au Québec... Et c'est encore plus vrai, M. le Président, dans une région et dans un comté comme lequel je représente, le Nord-du-Québec, où on sait qu'il y a un taux de décrochage beaucoup plus élevé. Alors, si on n'a pas... on ne s'est pas donné les moyens financiers, les moyens suffisants pour contraindre, entraver, éliminer le décrochage scolaire, alors ce sera encore beaucoup plus difficile dans des régions nordiques en même temps, M. le Président, où on parle de développer cet immense territoire-là. J'y reviendrai un peu... un petit peu plus tard.

Mais il reste un fait que, s'il y a une ligne conductrice, s'il y a un point où ce budget-là fait l'unanimité, c'est qu'il a semé la colère et l'indignation de l'ensemble de la population au Québec. Alors, ce que la population, M. le Président, s'attend, ce que la population, M. le Président, s'attend, c'est de la franchise, c'est de la transparence, c'est de l'honnêteté et c'est de la rigueur de la part de ce gouvernement-là. Alors, ce n'est pas du tout, M. le Président, ce que l'on retrouve à l'intérieur du budget qui vient d'être présenté à l'ensemble des Québécois et des Québécoises.

M. le Président, ce même gouvernement en 2003, on se le rappelle — certains de mes collègues l'ont soulevé — on se le rappellera, en 2003, le 14 avril et durant la campagne électorale de 2003, ce même gouvernement-là, avec le premier ministre qui est ici aujourd'hui encore, promettait mer et monde et promettait l'élimination des listes d'attente dans le domaine de la santé, promettait mer et monde dans le domaine de l'éducation, au niveau de l'économie, au niveau des régions. Ce gouvernement-là, M. le Président, après sept ans, et même avant, on constate malheureusement qu'il n'a pas tenu ses engagements, n'a pas tenu ses promesses.

Et alors on arrive en 2010 avec un dépôt de budget, et ce même gouvernement-là, M. le Président, dit à l'ensemble des Québécois — il faut le faire, là, il faut le faire, M. le Président — dit à l'ensemble des Québécois: En 2003, je n'ai pas tenu mes bretelles... mes promesses, je vous ai menti. Aujourd'hui, je dépose un budget. Je vous demande de me croire. Je vous demande de me suivre et de suivre mon ministre des Finances partout. Et il a l'odieux de dire — il faut pousser, là, hein: Regardez-nous aller. On le regarde aller, ce gouvernement-là, M. le Président, depuis 2003. C'est vraiment épatant, c'est exceptionnel, alors que malheureusement on devra le regarder encore aller pendant quelques années.

•(16 h 10)•

Je dis «malheureusement»; il y a quand même des bonnes nouvelles: il y aura un rendez-vous dans quelques années. On est convaincus, nous, de l'opposition officielle, que la population du Québec en a assez, est tannée et s'est prononcée. Il faut... Dans la rue en fin de semaine, quand on parle de 50 000 personnes, des citoyens et des citoyennes de toutes les origines, de toutes les allégeances, sont venus dire au gouvernement: Écoutez, on ne vous croit pas; vous nous avez déposé un budget... Et, quand on est obligés de sortir son artillerie lourde, entre guillemets, ou on demande à sa vice-première ministre d'aller partout au Québec, dans les régions, de faire de la pédagogie et de présenter, d'expliquer le budget, lorsqu'on est obligés de l'expliquer, M. le Président, bien, c'est parce que je pense qu'on a déposé quelque chose qui n'est pas clair, qui n'est pas bien reçu par l'ensemble de la population.

Alors, je pense, M. le Président, qu'encore une fois la population de Québec, et je le répète, a besoin... qu'est-ce qu'elle a besoin? La population, au Québec, a besoin d'un gouvernement transparent, d'un gouvernement qui fait l'objet... avec de la rigueur, un gouvernement qui fait l'objet d'honnêteté, de franchise envers sa population, envers ses contribuables, ses payeurs de taxes.

Alors, M. le Président, on voit encore une fois la grogne, et malheureusement, malheureusement, malheureusement, je le dis, c'est loin d'être terminé. Ça continue à chaque jour. À chaque jour, dans les médias, partout dans les commentaires, les gens s'expriment de différentes façons, par des manifestations, par des sorties publiques, contre ce budget-là. Alors, nous, de l'opposition officielle... Et la population du Québec en général a compris, alors je pense que le gouvernement actuel devrait comprendre le message qui est lancé par l'ensemble de la population. Et, à chaque jour, M. le Président, ici, en Chambre, lors des périodes de questions, en commission parlementaire... On ira, tout à l'heure, en... l'analyse des crédits, on aura l'occasion de questionner de façon plus pointue, plus précise, sur les budgets détaillés du dernier budget déposé par le gouvernement du Québec. Alors, M. le Président, je pense que la population, aujourd'hui, au moment où je parle, s'est prononcée, a dit haut et fort au gouvernement du Québec que ce budget-là est inacceptable, manque de transparence, manque de rigueur, manque d'honnêteté et, encore une fois, vient piger dans la poche de la classe moyenne, des petits payeurs, des petits contribuables.

Et ce gouvernement-là fait la sourde oreille, ferme les yeux et continue à rouler comme il roule depuis 2003. Alors, M. le Président, je pense qu'un comportement comme celui-là est inacceptable, et il y aura un rendez-vous un jour où la population saura s'exprimer, dira au gouvernement: Écoutez, c'est assez, nous, c'est du changement qu'on veut. Et d'ici, du côté de l'opposition, on fait preuve de changement, on fait preuve d'honnêteté, on fait preuve de rigueur, on fait preuve de transparence. On va le démontrer. On l'a démontré lors des périodes de questions où on demande constamment, à répétition, des commissions parlementaires sur la construction, sur le financement du Parti libéral, du financement de l'ensemble des partis, alors... où on a accepté, sur le bout des lèvres, uniquement, dernièrement, aujourd'hui, une commission parlementaire, sur quoi? Uniquement sur un sujet: sur les allégations d'un ancien ministre.

Alors, M. le Président, je termine là-dessus, et je vais le répéter en terminant, je pense, c'est important, pour l'ensemble des Québécois, des Québécoises qui nous écoutent, on demande, au nom de la population du Québec, à ce gouvernement-là de faire preuve de transparence, de rigueur, d'honnêteté et de franchise envers l'ensemble de la population du Québec et des payeurs de taxes, et surtout de la classe moyenne. Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Gendron): Alors, je vous remercie, M. le député d'Ungava.

Et cette dernière intervention met fin à la première étape de 13 h 30 min qui était prévue.

Poursuite du débat en commission parlementaire

Je vous avise que, conformément aux dispositions de l'article 275 du règlement, le débat sur le discours sur le budget est suspendu à l'Assemblée nationale mais se poursuivra à la Commission des finances publiques, M. le ministre des Finances étant membre de cette commission pour la durée du mandat, et il y a déjà eu une motion qui a été annoncée à cet effet.

Avant de passer aux affaires inscrites par le député de l'opposition, puisque c'est mercredi, je vais suspendre les travaux quelques minutes afin de réunir les leaders pour établir la répartition des temps impartis — compte tenu qu'il va falloir terminer quand même à 6 heures — pour le débat de la motion du mercredi qui suivra dans quelques minutes. Les travaux sont suspendus pour quelques minutes.

(Suspension de la séance à 16 h 15

*

JOURNAL DES DÉBATS DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE

39e législature, 1re session
(début : 13 janvier 2009)

Le mercredi 14 avril 2010
http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/assemblee-nationale/39-1/journal-debats/20100414/14735.html

- Vol. 41 N° 104