POINT DE PRESSE DE M. GÉRARD DELTELL, CHEF DU DEUXIÈME GROUPE D'OPPOSITION
Le mercredi 12 mai 2010, 13 h 15
http://www.assnat.qc.ca/fr/actualites-salle-presse/conferences-points-presse/ConferencePointPresse-5171.html
Salle Bernard-Lalonde (1.131), Hôtel du Parlement
(Treize heures huit minutes)
M. Deltell: Très bien, messieurs dames. Alors, bonjour et bienvenue. Merci bien d'être là à notre point de presse concernant nos réactions par rapport au rapport du Vérificateur général.
Bien, écoutez, la grande conclusion qu'on tire du rapport du Vérificateur général, c'est que les constats du Vérificateur sont les mêmes que nous, à l'ADQ, faisons depuis des années concernant les commissions scolaires et concernant également l'immigration ,de même que le Dossier santé Québec.
Concernant les commissions scolaires, ça fait des années que, nous, on estime qu'il y a mauvaise gestion des fonds publics dans ce dossier-là, et le Vérificateur conclut également aux mêmes situations, à la même situation. Il parle d'économies d'échelle qui pourraient être réalisées, il parle d'une meilleure coordination qu'il pourrait y avoir entre les commissions scolaires et il parle d'un effort qui devrait être supplémentaire dans ce dossier-là, et ce n'est pas fait, et des économies qui peuvent être quand même assez substantielles, quand on pense, entre autres, à une commission scolaire, qui est d'ailleurs dans ma circonscription, des Premières-Seigneuries où on pourrait économiser 23 % si les efforts étaient faits pour avoir une meilleure gestion. Bien, nous estimons que c'est dans la ligne directe que ce que, nous, nous préconisons depuis des années, c'est qu'il y a énormément de pertes d'argent dans la gestion des commissions scolaires et que c'est... les Québécois seraient mieux servis si on donnait davantage de services directs aux élèves plutôt que d'engranger et de grossir une structure qui est déjà très lourde.
Concernant l'immigration, le constat du Vérificateur est assez sévère, mais, malheureusement, le constat est le même que nous, à l'ADQ, faisons depuis des années, c'est-à-dire que nous souhaitons une immigration, mais, pour réussir l'immigration au Québec, il faut qu'à la base la sélection soit juste et honnête et dire exactement l'heure juste aux immigrants potentiels et, une fois que les immigrants sont ici, au Québec, pouvoir les accueillir comme il se doit.
Or, dans les deux cas, le Vérificateur constate qu'il y a des lacunes. Ce qui donc nous amène à la conclusion que nous souhaitons une immigration, et, pour réussir une immigration réussie au Québec, et nous la souhaitons, il faut que les gens soient, à la base, bien informés, que la sélection des immigrants se fasse correctement et, une fois que les gens sont ici, au Québec, qu'on puisse les accueillir convenablement, qu'on leur offre les services auxquels ils ont droit pour que cette intégration... que cette immigration soit réussie.
M. Ouellet (Martin): M. Deltell, il y a 55 000... on attend 55 000 immigrants cette année. Est-ce qu'il y en a trop?
M. Deltell: Ce n'est pas une question qu'il y en a trop, c'est une question qu'on doit les accueillir comme il se doit. Et le Vérificateur...
M. Ouellet (Martin): Donc...
M. Deltell: Voilà. Et le Vérificateur général affirme, constate que la sélection n'est pas à la hauteur des attentes et qu'une fois qu'ils sont ici les services qu'on leur offre ne sont pas non plus à la hauteur des attentes. Alors, nous, ce que nous disons, c'est qu'il faut réussir l'immigration au Québec. Nous voulons qu'il y ait des immigrants au Québec, nous le souhaitons ardemment, mais encore faut-il les accueillir comme il se doit. Et le constat que nous faisons depuis des années et le constat que fait aujourd'hui le Vérificateur, c'est que, malheureusement, au Québec on n'a pas... on n'est pas à la hauteur des attentes concernant l'immigration. Nous souhaitons qu'on les accueille correctement, mais pour ça il faut avoir les moyens, et actuellement nous n'avons pas ces moyens-là.
M. Chartrand (Yves): Donc, vous autres, vous souhaitez que, si on n'a pas les moyens de les accueillir... qu'en attendant qu'on ait ces moyens-là il faut y aller avec la pédale douce.
M. Deltell: Absolument, et la raison est la suivante: c'est qu'il n'y a personne qui gagne dans ces cas-là, le Québec ne gagne pas, et les immigrants surtout ne gagnent pas. Ces gens-là deviennent des victimes de notre système, et il n'y a personne qui gagne lorsqu'on accueille quelqu'un puis qu'on lui dit: Ah! Bien, regarde, finalement on n'a pas les moyens de t'accueillir, mais ce n'est pas grave.
M. Ouellet (Martin): Non, mais soyons pragmatiques, M. Deltell, là. Le VG l'a dit, bon, il y a 17 % de chômage chez les immigrants et qu'on... il n'y a aucune façon de mesurer la capacité du Québec de les intégrer dans le marché du travail. À ce moment-là, est-ce qu'il ne faudrait pas revoir les taux justement pour savoir combien le Québec est capable d'accueillir, combien on est capables collectivement d'intégrer tous ces gens-là?
M. Deltell: Bon, souvenons-nous qu'il y a quelques années, lorsque le débat a fait... a été soulevé, on parlait de 45 000 immigrants au Québec. Nous estimons que c'est un chiffre qui devrait être maintenu. Bien sûr qu'on souhaiterait qu'il y en ait davantage, mais, actuellement, notre société n'est pas en mesure d'accueillir tous ces gens-là comme il se doit, et, tant et aussi longtemps qu'on se fait des accroires entre nous autres, il n'y a personne qui gagne, le Québec ne gagne pas, et surtout les immigrants ne gagnent pas. Quand on les accueille puis on leur fait dire: Oui, oui, vous allez voir, ça va bien aller, et finalement la francisation ne se fait pas comme il se doit, l'accueil pour l'emploi ne se fait pas non plus, et les familles ne sont pas bien accueillies comme il se doit, c'est... les premières victimes, ce sont les immigrants, et on ne gagne pas du tout.
M. Moalla (Taïeb): J'ai bien compris qu'il faudrait idéalement ramener à cible de 55 00 à... revenir à 45 000 ou j'ai mal compris?
M. Deltell: Notre position est celle-là, c'est à dire qu'il faut les accueillir comme il se doit. À l'époque où le débat faisait rage, il était... a été lancé, plutôt, il était à 45 000. Nous estimons que c'est une cible qui doit être... qui est réalisable, mais le constat est cruel et brutal, est qu'actuellement, 55 000, on n'a pas les moyens d'accueillir ces gens-là comme il se doit, et c'est nous que nous pénalisons mais, d'abord et avant tout, les immigrants, et c'est ça qui est triste. On génère des attentes et on crée des déceptions, et il n'y a personne qui gagne là-dedans.
M. Moalla (Taïeb): Est-ce possible que le problème de fond demeure le fait que le Vérificateur général dit: «Absence de critères socioéconomiques ou des choses... des balises bien claires pour savoir comment ils viennent»? Donc, que ce soit 55 000, 45 000 ou 30 000, là, dans tous les cas, le problème de base serait d'avoir des critères plus objectifs.
M. Deltell: C'est à la racine même du cas, du problème qui est généré actuellement avec ça. C'est-à-dire que si, à la base, on disait aux gens qui veulent immigrer au Québec: Ah oui, vous allez voir, la terre d'accueil et ci, et ça, c'est bien beau, mais, si la réalité n'est pas celle-là, on crée des déceptions. Alors, le Vérificateur constate deux choses: constate un problème à la base, c'est-à-dire pour l'arrivée des immigrants, et constate un autre problème une fois que les immigrants sont ici. Dans les deux cas, ce sont des signaux d'alarme que, nous, à l'ADQ, avons identifiés et avons sonnés depuis des années, et là le Vérificateur, malheureusement, nous donne raison.
M. Grant (John): When you talk about the problems you bring up, how much of the problems you talk about could be solved if there was a real link between the needs of the labor market in Québec and the choice of immigrants?
M. Deltell: Well, the point is that we have to tell the truth to the people. If we don't tell the truth, well, the reality will be very strong and very difficult for them. First of all, we have to tell exactly what is the situation here, in the Province of Québec, when someone would like to immigrate here. If we have some big difficulties with... unemployed, with «francisation», well, we have to tell them. We have to be clear with them. We have to tell the truth. If we don't, people will arrive here and will face big difficulties, and then they will create problems. The problem is that if we receive too much people and we can't welcome them as good as we have to, well, we have problems here for «Québécois» and we have problems for immigrants. And the real problem is that immigrants will not be happy here, so that we'll not be... no one will win with that. The immigrants will not win, and us, we'll not win neither.
M. Grant (John): ...Québec chooses. So, shouldn't they say: OK, we need 10 structural engineers, two architects, three doctors and then go out and find them rather than go out and say: OK, we need, you know, a bunch of people who speak French and...
M. Deltell: Well, I don't think that we have to identify clearly or exactly, numerically speaking, what kind of people we need, but, most of all, we have to tell them the truth. And, yes, we would like to welcome high-educated people, people who have a lot of money with themselves, big families and all that stuff, you know, for sure, we would like to have that, but the point is that we have to be clear with them. We have to tell them the truth. We have to be honest with them because the situation now is that we welcome them, saying everything, and sometimes that's not true. And we create difficulties, we create problems with them. And so it's not fair for them.
M. Duboyce (Tim): ...seems to be indicating that Québec sort of trades in the supremacy or the primacy of work qualifications in order to take into account knowledge of French and other social factors. Essentially, we're passing by otherwise qualified immigrants in order to insure a quota of people who speak a bit of French. Is that reasonable?
M. Deltell: Well, as we know, we are a French society. As we know, people here have to speak French, to be 100% powerful or... I mean, «efficaces»...
Une voix: ...
M. Deltell: ...empowered. Thank you. As you know, I'm not bilingual, so... but hopefully I can speak French. But it's a French society, and we have to tell them the truth about that. But we have to offer them the tools to be ready to achieve the life here, in the province of Québec, in French. And, for that, we need more French courses. But if we receive them, if we welcome them, and they are right here, and we don't have any structural situation to help them to learn French, well, we disserve them. And we create problems. We create problems. It's not them who have... who are the problems. We are the problem because we cannot receive them as good as we have to.
Une voix: ...
M. Deltell: Sorry, madam, but, first of all...
Une voix : Same question...
M. Deltell: OK. Thank you.
Mme Plante (Caroline): Why say you want to reduce or bring down the number of immigrants when, in fact, the problem seems to be that there's a lack of criteria?
M. Deltell: Well, because we are not as good as we have to. For sure, we want to welcome everybody here. For sure, we have manworker problems in the future, for sure we have to welcome, as much... as many as we can, immigrants, but the point is that we don't have here the facilities to welcome them as good as we have to. And we create more problems than we have to, and no one will win with that. The Québec society will not win, but, most of all, the immigrants will not win because they will arrive here and they will not achieve their personal goal. And, let me be clear with you, my parents are immigrants, I'm an immigrant's son, and I know what it is when you arrive in a new society. Well, the point is that it's a hard work, but you come here with your heart, but if the society cannot welcome you as you want, you create problems.
Mme Plante (Caroline): So, the solution is to bring it down, bring that number down to about 45 000?
M. Deltell: This is where we stand for... this is where we stand because right now we are... we cannot welcome them as good as we have to. We create more problems for them. They are the first victims of our situation now.
Mme Montgomery (Angelica): When the Minister says that we have fewer qualified candidates to choose from because we're looking for Francophones, you don't see that as the problem?
M. Deltell: Well, what I see is that if those people cannot speak French, we have to welcome them with French courses. And if we cannot offer them French courses, well, see you next year. We have to be honest with them. If we don't tell them the truth, that it's a French society, you have to live in French, we have to work in French, but for that we will give you a hand, we will give you French courses... that's great. But if we cannot give them the tools, well, we create problems.
Le Modérateur: Robert Plouffe.
M. Plouffe (Robert): Oui. Si vous me permettez...
M. Deltell: Oui.
M. Plouffe (Robert): ...sur un autre sujet, l'affaire Coretti, est-ce que, selon vous, c'est terminé? Est-ce qu'on a fait le tour du jardin?
M. Deltell: Bien, le problème, c'est qu'on ne le sait pas encore. Vous avez vu ce que, moi, j'ai parlé tout à l'heure, de la vérité au compte-gouttes. C'est clair que ce gouvernement-là se distingue avec une vérité évolutive. Les jours se passent, et la vérité éclate au grand jour. C'est la vérité au compte-gouttes. Jour après jour, on apprend des nouvelles choses, jour après jour, le gouvernement nous dit: Bon, c'est beau, c'est fini, puis, pouf, le lendemain, il arrive autre chose. Alors, est-ce que c'est la fin? On ne le sait pas parce que malheureusement ce gouvernement-là se distingue en disant une chose puis le lendemain il dit le contraire.
M. Plouffe (Robert): Maintenant, vous avez... vous semblez douter de la réponse de Mme Boulet. Est-ce que la réponse de M. Dupuis sur le fait qu'on ait nommé M. Duchesneau, un homme qui était contre les commissions d'enquête... en faveur d'une commission d'enquête publique... Est-ce que vous pensez que la réponse de M. Dupuis vous a contenté, vous a rassuré?
M. Deltell: C'est sûr que non, bien entendu. Je veux dire, il n'y a rien de mieux que la vérité qui éclate au grand jour, lorsqu'on surprend quelqu'un avec une question. Et, quand hier, justement à TVA, j'ai vu Mme Boulet se faire poser une question somme toute fort simple : Est-ce que c'est là pour le taire?, la réponse évidente, si c'était réellement le cas, c'est de dire: Bien, non, voyons donc. Au contraire, elle a laissé traîner un long silence douloureux pour elle. Mais la vérité lui permet d'éclater au grand jour. Alors, c'est clair, à sa face même, que M. Duchesneau a été nommé pour se taire. Il faut remarquer que M. Duchesneau a été un des premiers porte-parole, très forts d'ailleurs, à souligner qu'en effet il fallait une commission d'enquête publique dans le domaine de la construction. Et voilà qu'il est nommé dans ce dossier-là et, hop, ça y est, il dit: Ah, non, finalement ce n'est pas si pire que ça. Comment après ça on peut poser des questions sur le cynisme en politique? En voilà un autre exemple.
M. Plouffe (Robert): Et sur ce qui est sorti sur la FTQ-Construction, encore une fois, est-ce que c'est un élément supplémentaire pour réclamer cette commission d'enquête là?
M. Deltell: C'est clair qu'encore une fois les pierres s'accumulent les unes par-dessus les autres. Et, encore une fois, on voit que l'étau se resserre vers deux groupes, qui refusent obstinément la tenue d'une enquête publique, à savoir le Parti libéral et la FTQ-Construction. C'est clair que, là, ils sont vraiment isolés. Et, jour après jour, il y a des cas qui s'accumulent, il y a des pierres que s'imbriquent les unes par-dessus les autres mais qui édifient de façon très éclatante ce que les Québécois veulent, une commission d'enquête publique sur la construction.
(Fin à 13 h 22)
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POINT DE PRESSE DE M. GÉRARD DELTELL, CHEF DU DEUXIÈME GROUPE D'OPPOSITION
Le mardi 11 mai 2010, 10 h 30
http://www.assnat.qc.ca/fr/actualites-salle-presse/conferences-points-presse/ConferencePointPresse-5157.html
Salle Bernard-Lalonde (1.131), Hôtel du Parlement
(Dix heures trente-cinq minutes)
M. Deltell: Alors, mesdames messieurs, bonjour. Écoutez, nous sommes devant une situation de manque flagrant de jugement dans l'exercice des fonctions politiques versus le judiciaire.
Nous, à l'ADQ, nous estimons qu'il est primordial d'avoir une distinction très forte entre le politique et le système policier. Dans le cas présent, il y a eu une ingérence directe qui nous apparaît inacceptable, et Jacques Dupuis, le ministre de la Sécurité publique, a fait preuve d'un manque de jugement très grave, et ce, à deux reprises, dans le cas qui nous intéresse.
Tout d'abord, en acceptant de rencontrer à son bureau de circonscription un citoyen qui était... qui se disait maltraité concernant une situation de port d'armes. À sa face même, il n'aurait pas dû accepter cette rencontre-là. Pourquoi? Parce que la question du port d'armes est une question purement technique qui relève exclusivement du monde judiciaire, du monde policier. Ça appartient aux policiers à juger si, oui ou non, quelqu'un peut avoir le port d'armes. Le politique n'a strictement rien à voir à ça. Donc, que M. Dupuis savait que c'était le point qui voulait être débattu, il a accepté ça, c'est d'abord une erreur de jugement.
Mais, pire, il a mandaté un membre de son cabinet pour faire un appel à la Sûreté du Québec. Alors là, c'est une deuxième erreur, c'est encore plus grave parce que non seulement il accepte d'accueillir une situation semblable à son bureau mais, en plus, il mandate des gens de son bureau pour faire des démarches auprès de la Sûreté du Québec. C'est de l'ingérence pure entre le politique et le policier, et, dans notre système, pour nous, c'est tout à fait inacceptable.
C'est pour ça qu'on estime que M. Dupuis a fait preuve d'un manque de jugement très grave, qui entache sa réputation, qui entache notre processus policier et qui donc commande une action sévère de la part du premier ministre. Il faut absolument que le premier ministre fasse la lumière là-dessus, demande des comptes à son ministre. Et je tiens à vous rappeler qu'en d'autres temps Jean Charest a déjà quitté le Conseil des ministres fédéral pour avoir appelé un juge. Alors, quand on constate que le ministre de la Sécurité publique s'ingère directement dans un processus de port d'armes, d'un permis de port d'armes, c'est une ingérence directe dans le monde policier, je crois que le premier ministre a des comptes à demander à M. Dupuis.
M. Chartrand (Yves): ...M. Deltell, il y a une autre facette à ça qu'il faut voir, c'est... Il y a un processus rigoureux qui est en place pour accorder un port d'armes. Comment ce processus-là peut-il être... Là ce que vous dites, c'est que l'intervention de M. Dupuis a eu clairement un impact sur la décision, puisqu'il avait été refusé une première fois et que, dans une seconde tentative, après avoir rencontré le ministre, il l'a obtenu. Comment le processus peut être aussi fragile par rapport à ça? Est-ce qu'effectivement vous croyez que, parce qu'il y a eu un coup de téléphone du bureau... un coup de téléphone ou un contact avec le bureau du ministre, que c'est ça qui a fait que la décision a été renversée?
M. Deltell: J'espère que non, mais la question doit être posée et la réponse doit être donnée par les autorités de la Sûreté du Québec et aussi par M. Dupuis, parce que M. Dupuis a accepté à deux reprises d'intervenir directement dans une question qui relève essentiellement du monde policier. La question du port d'armes, je m'excuse, là, ce n'est pas un cas de comté, là. Moi, comme député, j'en reçois à tous les jours, des citoyens qui m'amènent un cas de comté. La question d'un port d'armes, ce n'est pas un cas de comté, là, ce n'est pas quelqu'un qui a une difficulté avec un organisme public. On parle du port d'armes. C'est policier pur, ça relève uniquement du policier. Et, que le ministre de la Sécurité publique qui accepte d'accueillir dans son bureau quelqu'un qui a un problème avec son permis de port d'armes, c'est un manque de jugement colossal. Et, pire que ça, il demande à quelqu'un de son cabinet d'appeler la Sûreté du Québec, c'est double ingérence tout à fait inacceptable. M. Dupuis a fait preuve d'un manque de jugement terrible dans cette situation-là, et il faut qu'il en paie le prix.
M. Chartrand (Yves): Vous avez parlé de la démission de M. Charest lorsqu'il avait appelé un juge. Est-ce que vous dites que, dans le cas de Dupuis, ça devrait être la même chose?
M. Deltell: Honnêtement, je ne vois pas comment on pourrait faire autrement, puis la raison est fort simple. Je veux dire, c'est une ingérence directe du politique dans le monde policier. Souvenez-vous que M. Charest, il y a 25 ans, à titre de ministre, avait... était intervenu dans le monde judiciaire, avait appelé un juge. Et la condamnation était venue immédiatement: Dehors, un ministre ne peut pas faire ça. Dans le cas présent, nous devons préserver, nous devons sauvegarder l'immunité entre le politique et le policier. Le jour où le politique s'insère dans le policier, malheureusement les règles sont brisées et la confiance est amochée.
M. Chartrand (Yves): Est-ce qu'on peut en déduire que vous allez demander sa démission en Chambre?
M. Deltell: Ça appartient au premier ministre; ça, c'est clair. Mais le premier ministre a une...
M. Chartrand (Yves): Est-ce que vous allez l'exiger?
M. Deltell: Bien, regardez, les faits, les faits malheureusement conduisent à ça. Est-ce qu'il y a d'autres explications qui méritent d'être connues? La réponse appartient au premier ministre. C'est le premier ministre qui, lui, en son âme et conscience, peut voir si, en effet, il estime qu'il y a eu une intervention ─ nous, on estime que oui ─ qui est tout à fait inacceptable. Et, dans le cas présent, le premier ministre n'aura pas d'autre choix que de demander le départ de son ministre de la Sécurité publique parce que, je vous le répète, c'est une ingérence directe entre le politique et le policier, et, dans notre État, on ne peut pas accepter ça.
M. Chartrand (Yves): Des questions sur d'autres sujets, est-ce que je peux ou... Oui? Je voudrais savoir, avoir une réaction de votre part, M. Deltell, concernant justement encore M. Dupuis et le premier ministre, qui ont fait des contributions à la Fondation Garnierkids.com, qui appartient à Joe Borsellino, qui est un constructeur qui a eu des contrats dans la construction de garderies, qui a été mêlé à quelques histoires un peu douteuses, notamment, à Montréal, il avait invité un M. Marcil en Italie, qu'il a fallu qu'il démissionne.
Comment vous réagissez à des... au premier ministre puis à M. Dupuis qui se sert de son budget discrétionnaire pour donner à cette fondation-là qui, elle, accorde des... donne de l'argent à des hôpitaux reliés à des causes pour les enfants, au lieu de donner l'argent directement aux hôpitaux, donc?
M. Deltell: Bon. C'est un cas qui est très délicat, puis je pense que le premier ministre a été clair aussi là-dessus, concernant M. Dupuis. Puis, moi, je vais vous dire, parce que M. Dupuis, bon, on sait son histoire avec son enfant, et tout ça, puis je veux être très, très prudent dans cette affaire-là, monsieur... parce que... M. Chartrand, parce que, moi le premier, dans ma circonscription, je reçois souvent des demandes comme ça, des gens qui aimeraient qu'on donne un coup de main à une fondation. Puis, nous, on évalue toujours ça en fonction de la fondation, en fonction des objectifs qui sont recherchés là-dedans. Et, dans le cas présent, nous estimons que la fondation a des objectifs nobles.
Que le premier ministre, que M. Dupuis aient décidé eux-mêmes, en leur âme et conscience, d'aider cette fondation-là parce que ça rejoignait leurs préoccupations et ils estimaient que c'était une bonne cause, ça leur appartient, et je respecte ça. Maintenant, est-ce qu'ils auraient pu faire ça, donner directement à une fondation d'hôpital? Ça, je vous dirais que, moi, comme député, je reçois souvent des demandes comme ça et je laisse au bon jugement, aux gens à faire ce qu'ils veulent faire avec ça, mais, moi, comme élu, ce que je regarde, c'est: Est-ce que l'intérêt public, l'intérêt commun est préservé dans ça? Ça peut aller d'un coup de main à un organisme caritatif comme les Chevaliers de Colomb, un organisme qui s'occupe des jeunes comme la maison des jeunes, ou des scouts, ou tout ça. Et ça, ça appartient vraiment au jugement du cas-par-cas. Dans le cas présent, je ne voudrais pas aller plus loin que ça, eu égard à ce que vous savez.
Mme Montgomery (Angelica): Mr. Deltell, I think a lot of people will say... or I expect the natural response from the Government would be: It's normal for people in our riding to come to us and ask us for help for various things. So how will you respond to that when it comes to the...
M. Deltell: Well, because this is not an usual case. The point is: it's about a weapon. We ask a license to have a weapon with us, to carry a weapon... Is that the right sentence in English, «a license to carry a weapon»? O.K. So it's not the same thing of someone who would ask to have a hand for CSST, or something else, you know.
When we talk about weapon, we talk about police, so we're not talking about politics. There is a huge difference between politics and the police. There is a huge difference, there is a wall between the Sûreté du Québec and the politics. And, when the Cabinet Minister, receiving at his...in his own office, in his office a person who would like to ask for a review of a decision of la Sûreté du Québec concerning a license, a license to carry a weapon, well, it's a bad judgment.
And, after that, what he has done, Mr. Dupuis asked one of his Cabinet Members to call the Sûreté du Québec to have a response to the situation, which is a second mistake. So, in my personal... in my point of view, in our point of view, in two times, Jacques Dupuis failed in his obligation to have a wall between the politics and the Sûreté du Québec. So he failed in this situation twice.
And so this is why I think, when we remember that Jean Charest had to quit the Cabinet, the Federal Cabinet because he called a judge, I think it's the same situation there, because Mr. Dupuis had a lack of judgement in this situation. He had to respect the wall between the politics and the Sûreté du Québec, but unfortunately he failed to recognize that wall, and he intervened two times.
Mme Montgomery (Angelica): How does this affect his legitimacy as Minister of Public Security?
M. Deltell: Well, in our State, we have... we shall respect the difference between each power. And, in this case, he interfered directly in the process of the Sûreté du Québec. And, when we're talking about weapon, we're not talking about anything, you know, it's something very special.
Mme Montgomery (Angelica): And should he resign?
M. Deltell: Well, I think the decision is to Premier Charest. But, when we remember, 23 years ago, Premier Charest resigned because he made just a phone call to a judge. In that case, the Cabinet is directly, at the direct intervention in the Sûreté du Québec, which is not good.
Mme Montgomery (Angelica): Does this affect his legitimacy as Leader of the Government of the National Assembly?
M. Deltell: Well, I always thought that he was not the right guy at the right place. I think that Mr. Charest, maybe, one day, will recognize the fact that Jacques Dupuis disserves him more than he can contribute to his success.
Mme Montgomery (Angelica): What do you mean?
M. Deltell: I mean that Jacques Dupuis is not at the right place as a leader in the Government, you know. He's always in a confrontation style. We can see that every day at the period of questions. I listen to my constituents, in the week-end, talking a lot about this guy always in confrontation with the Opposition. That's not a good attitude to have in the House. We have to remember Jean-Marc Fournier, who was more on the dialogue aspect on the... He was more conciliated with the Opposition. But Mr. Dupuis, in his own style, is always arrogant with the Opposition, so I think he is not good as a leader. But that's the decision of Premier Charest.
Mme Montgomery (Angelica): Now, when it comes to... and you're probably aware of the story of festivals and the heads of festivals giving donations to the Liberal Party. What do you make of that?
M. Deltell: Well, I think it's another... another situation where the bagmen of the Liberal Party have an obligation to... in their... You know, they have a lot of influence in the business of the Government, and we condemn that. In that case, what we see, is that a «retour d'ascenseur»... I don't know. How do you say that in English? Kickback or...
Mme Montgomery (Angelica): Yes, kickback.
M. Deltell: Kickback. O.K. I was not sure of that. O.K. So what we see now is a guy saying: O.K. I receive a hand from my MNA, tough, so I will give a kickback to the Liberal Party, which is all wrong, because the MNA gave the money from the people, not from the Liberal Party. It was not the Liberal Party who helped this guy, it was the constituent... the MNA with the money of the people, not the Liberal Party money. So this is why he had to give a kickback to someone, it's to the Government not to the Liberal Party. But that's another demonstration that there is an emergency here to have a public inquiry about the influence of the Liberal Party fund-raiser in the administration of this Government.
Thank you. Merci beaucoup.
(Fin à 10 h 47)