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vendredi 18 juin 2010

3919. TÉLÉ VROUM. LA TÉLÉVISION DES AVENTURIERS

Photo. http://tubeaessai.blogs.nouvelobs.com/images/medium_LaitRats.jpg

LE TUBE À ESSAIS. SCIENCE, MÉDECINE ET CIE.
Fabien Gruhier

26.04.2007

Ne le dites surtout pas à José Bové: les animaux OGM sont désormais cotés en bourse

Ce 25 avril dernier, hier donc, on apprenait l’introduction en bourse d’une petite société lyonnaise de biotechnologies, GenOway – ce qui devrait lui permettre au passage de «lever» 5 millions d’euros. Créée en 1999, employant 49 personnes (sans doute pour ne pas devoir s’encombrer d’un comité d’entreprise, mais ce n’est pas notre sujet du jour), cette société fabrique des souris et des rats… transgéniques.

De mignons mammifères OGM destinés aux laboratoires de recherche, et créés sur mesures, avec tel ou tel gène en moins, ou en plus. Il s’agit certainement d’un énorme progrès. Naguère, pour leurs provisions de rats et autres cobayes, les laboratoires se fournissaient n’importe où, et se montraient parfois peu regardants sur les conditions de l’élevage à l’ancienne pratiqué par leurs fournisseurs d’animaux naturels – livrés aussi crottés que les carottes bio sur les marchés pour bobos... Il était grand temps que des sociétés sérieuses s’en mêlent, et fournissent enfin du rat standardisé, muni d’un certificat de traçabilité.

D’un autre côté il ne faut pas tout mélanger: les trop jolis rats blancs de GenOway ne sont adaptés qu’à la vraie vie civilisée. C'est-à-dire la vie en cages et sur les paillasses des labos. Il ne leur viendrait pas à l’idée de s’échapper. De toute façon, on ne miserait pas cher sur leur survie s’ils étaient lâchés par erreur dans la nature ordinaire, pour laquelle ils ne sont pas faits: il pourrait leur arriver des bricoles.

Néanmoins il s’agit bel et bien d’OGM, transgéniques à fond la caisse. Des OGM sur pattes, capables d’aller déambuler n’importe où – pas comme les pieds de maïs. Des OGM animaux, des mammifères en l’occurrence – donc beaucoup plus proches de nous qu’un germe de soja. Et pourtant, là, les écolos anti-OGM, même les plus farouches gardiens du temple chromosomique, ceux ne supportant pas qu’on touche un seul cheveu au génome de la patate, eh bien, bizarrement, ils restent cois!

Pourtant, d’innombrables firmes s’emploient à tripoter les gènes de nos cousins sur pattes. A l’Inra, Louis-Marie Houdebine - via sa société Bioprotein Technologies - a créé des lapines OGM dont le lait contient un vaccin contre la gastro-entérite. En Ecosse, au Roslin Institute qui vit naître la brebis clonée Dolly, des poules - porteuses de certains gènes humains – secrètent dans leur blanc d’œuf de précieux médicaments, comme de l’interféron ou des anticorps monoclonaux. Ailleurs encore, à coups de gènes incorporés artificiellement, on s’efforce de créer des cochons «humanisés», dont les organes pourraient nous être greffés.

Déjà, un anticoagulant humain produit dans du lait de chèvre a reçu son autorisation de mise sur le marché. Tandis que d’autres chèvres au génome également manipulé – mais cette fois avec des gènes d’araignées – donnent un lait riche en «soie d’araignée». Un lait qu’on ne gaspillera pas à la fabrication de fromages – d’ailleurs qui voudrait d’un fromage bourré de toiles d’araignées? Ultra légère, cette substance est infiniment plus résistante que le kevlar et même que l’acier: le nouveau lait servira donc à la fabrication de… gilets pare-balles. Les gendarmes, qui pourchassent les faucheurs d’OGM végétaux, en seront peut-être revêtus.

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SON

CONCERT DE GRENOUILLES