DOUTEUR ET UNE PAGE INTÉRESSANTE

dimanche 26 septembre 2010

4588. QUELQU'UN VIENT DE MENTIR. MENTIR SOUS SERMENT. SE PARJURER. QUELQU'UN DEVRA ALLER EN PRISON.


Le premier ministre Jean Charest a nié en bloc, très catégoriquement, toutes les informations que son ministre de la Justice d’alors, Marc Bellemare, lui aurait données en 2003-2004 sur des pressions indues qu’il aurait subies de la part de collecteurs de fonds en faveur de candidats à des postes de juges.

Jean Charest était extrêmement bien préparé. En plus des habituelles rencontres préparatoires avec ses procureurs, il avait visionné l’intégrale de l’interrogatoire et des contre-interrogatoires de Marc Bellemare devant la commission.

Il a témoigné sobrement, mais avec beaucoup de fermeté pour démontrer que M. Bellemare aurait fabriqué de toutes pièces tout ce qu’il lui attribue à ce sujet.

Il en a profité pour glisser des commentaires peu flatteurs sur sa personnalité et sur les dégâts qu’il a causés à la direction du ministère de la Justice au cours de la seule année qu’il y a passée.

On retient du portrait fait par M. Charest que Marc Bellemare était en quelque sorte un homme égaré en politique, incapable de travailler en équipe et instable.

M. Charest a parlé de ses « crises », de « jours sombres » et autres références suggestives sur l’équilibre psychologique de son ministre.

Les versions sont si radicalement opposées que l’un ou l’autre a menti honteusement, sous serment, et à la face de tout le Québec.

Le procureur de Me Bellemare, Me Jean-François Bertrand, aura une tâche titanesque aujourd’hui pour rétablir les allégations de son client.

Quand l’un affirme qu’il a informé son premier ministre au cours d’une rencontre qu’il subissait des pressions et que l’autre jure que cette rencontre n’a même jamais eu lieu, c’est irréconciliable.

UN PM DÉTENDU

M. Charest a fait son entrée à la commission comme s’il s’agissait d’une rencontre sociale.

Il a serré les mains des procureurs de toutes les parties, taquiné Me Jean-François Bertrand sur son plaisir de le retrouver (Me Bertrand l’a interrogé dans le cadre de la poursuite civile contre Me Bellemare) et il est demeuré très détendu tout au long de son témoignage.

Il a commencé celui-ci en racontant avoir voulu devenir avocat en suivant la télésérie Perry Mason lorsqu’il était enfant.

Le premier ministre a par ailleurs été si catégorique dans ses négations en série qu’il est devenu convaincant.

[?]

POIDS PLUMES

M. Charest a aussi banalisé ses relations personnelles avec Franco Fava et Charles Rondeau.

Il ne leur a concédé aucune influence politique réelle découlant de leur travail de collecteur de fonds.

Charles Rondeau aurait simplement donné un coup de main à Chantal Landry dans sa tâche énorme dans les mois suivant la victoire électorale de 2003.

Un gouvernement procède à quelque 800 nominations au cours d’une année régulière, mais le nombre a grimpé à 1 300 après cette élection, entre autres en raison de la formation des cabinets ministériels.

Le premier a expliqué ne les rencontrer qu’une couple de fois par année et il a nié en bloc tous les propos de M. Bellemare sur des échanges Charest-Fava au sujet des nominations de juges.

À la fin de l’interrogatoire mené par Me Giuseppe Battista, il ne restait plus rien de toutes les prétentions de Me Marc Bellemare sur les pressions qu’il aurait subies.

Me Jean-François Bertrand a le défi de reconstruire l’édifice en entier, devant un commissaire maintenant très peu tolérant à son endroit et contre une brochette de procureurs qui chercheront à le menotter.

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Photo. http://www.nationalpost.com/news/2995201.bin?size=620x465