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lundi 29 août 2011

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Photo AFP. EPA

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VACANCES ROMAINES POUR KADHAFI

RAPPROCHEMENT

Scellant la réconciliation historique entre son pays et l’Italie, le chef de l’Etat libyen a commencé, hier, une visite officielle de trois jours dans la Ville éternelle. Polémiques et coups d’éclat garantis.

Sous le regard attentif d’une de ses célèbres gardes du corps, le chef de l’Etat libyen Mouammar Kadhafi a été accueilli en grande pompe, hier à Rome, par Silvio Berlusconi. Le Cavaliere est à l’origine de cette rencontre.

Bernard Bridel

11.06.2009
http://www.24heures.ch/actu/monde/vacances-romaines-kadhafi-2009-06-10

Entamant hier sa première visite officielle en Italie depuis son accession au pouvoir, en 1969, Mouammar Kadhafi n’a pas attendu longtemps pour lancer une des provocations dont il a le secret. A peine était-il descendu de son avion que tous les regards se sont fixés sur le plastron de son uniforme d’apparat. Là, aux côtés d’une rangée de décorations, le colonel avait épinglé une photo historique: celle de l’arrestation par les troupes fascistes, en 1931, d’Omar al-Mokhtar, dit le Lion du Désert. Ce héros de la résistance libyenne tint tête durant près de dix ans aux troupes coloniales italiennes.

Comme début d’une visite destinée à sceller la réconciliation historique entre la Libye et son ancienne puissance coloniale, on aurait pu trouver mieux...

Et si Kadhafi assurait que «la page du passé colonial était tournée», son accueil en grande pompe a suscité la polémique jusque dans les rangs de la majorité.

Mais la Realpolitik a vite repris le dessus et le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, n’a pas bronché.

COMPTES SOLDÉS

Il faut dire que le Cavaliere est à l’origine de ce rapprochement historique entre les deux pays riverains de la Méditerranée, dont l’un est le principal fournisseur d’hydrocarbures de l’autre.

C’est en août de l’an dernier que les deux hommes ont signé, en Libye, un traité soldant les comptes de la colonisation italienne qui, de 1911 à 1942, coûta tout de même la vie à plus de 100 000 Libyens.

Silvio Berlusconi avait alors présenté les excuses de son pays au peuple libyen et s’était engagé à verser l’équivalent de 5 milliards de dollars de dédommagement sous forme d’investissements en Libye sur les vingt-cinq prochaines années.

En échange, Tripoli s’engageait à lutter plus efficacement contre l’immigration clandestine, qui voit des milliers de migrants venus d’Afrique partir de ses côtes pour rejoindre l’Italie.

Résultat: début mai, la Libye a accepté pour la première fois de reprendre 500 immigrés, interceptés dans les eaux internationales par la marine italienne.

«C’est un développement très inquiétant»,

commente Jean-Philippe Chauzy, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM, à Genève).

«Il aura pour principal résultat de péjorer [?] encore la situation des migrants en Libye et poussera les responsables des filières à s’adapter pour contourner les obstacles placés sur leur chemin par Rome et Tripoli.»

LA MAJORITÉ GROGNE

Cet aspect du traité d’amitié italo-libyen a été vivement critiqué par les organisations de défense des droits de l’homme, le HCR et l’Eglise catholique.

Mais, hier, c’est le discours que Kadhafi doit prononcer, aujourd’hui au Sénat, en tant que président de l’Union africaine, qui provoquait la grogne jusque dans les rangs de la majorité.

Enfin, la rencontre prévue demain entre le colonel et plusieurs centaines de femmes du monde des affaires, de la politique et de la culture, ne devrait pas calmer les polémiques.