TIRER LES ÉLUS AU SORT
http://www.fakirpresse.info/On-a-assiste-a-une-dispersion-des.html
Les Grecs, c’est le « berceau de la démocratie ».
Et pourtant, rappelle Patrick Lehingue dans son livre, eux-mêmes se méfiaient du vote…
« La fraction dite ‘démocratique’ considérait au contraire que cette technologie sociale devait absolument rester subsidiaire.
C’étaient, à l’inverse, et durant deux siècles, les vieilles familles nobles d’Athènes qui plaidaient pour la généralisation de l’élection à l’ensemble des charges de magistrats.
Leur notoriété, leur fortune, leur réseau d’obligés semblent alors suffisants pour que la désignation élective leur assure un quasi-monopole de représentation.
Sur quelques 1200 postes de ‘magistrats’ disponibles, à peine une centaine étaient pourvus par voie élective,
les autres étant tirés au sort,
procédure considérée alors comme la plus radicalement égalitaire.
SYSTÈME ABSURDE ?
L’argument est souvent avancé par les ‘aristocrates’ partisans de la généralisation de l’élection et sera repris plus tard par les premiers hellénistes…
Mais le mandat était à la fois unique (on ne pouvait occuper deux fonctions en même temps) ; très court (un an) ; révocable (procédures de mise en accusation en cours de fonction) ; non immédiatement renouvelable ;
autant de clauses dont on conçoit à peine qu’elles puissent être mises en œuvre de nos jours.
À travers ces dispositifs, tout semble avoir été conçu pour conjurer l’apparition des formes ultérieures de spécialisation politique,
de division du travail entre amateurs et professionnels
et, partant, de dépossession des premiers au bénéfice des seconds.
Par le tirage au sort, chacun est donc amené à occuper, même temporairement, une responsabilité politique.
De fait, Moses Finley a pu calculer que, parmi les 30 000 à 60 000 citoyens âgés de plus de 30 ans, un sur deux serait, au cours de sa vie, au moins une fois membre de la Boulé (la magistrature la plus haute).
Et il écrit :
‘Athènes fournit donc un exemple valable de coexistence réussie entre direction politique et participation populaire sans cette apathie et cette ignorance dont parlent les experts en opinion publique, ni non plus ce spectre de l’extrémisme qui hante les théoriciens élitistes’.
Et un autre, Bertrand Manin renchérit :
‘Les démocrates avaient l’intuition que, pour des raisons obscures, l’élection n’assurait pas la même égalité.’ »
Plus que jamais, cette réflexion s’avère pertinente :
Parmi les candidats à la présidentielle,
tous – sauf Philippe Poutou (NPA) – détiennent au minimum un bac +3 (contre 11,8 % des Français).
Les classes supérieures monopolisent 90 % des sièges de députés - contre 15 % dans la population.
Et inversement : les 62,5 % de citoyens « populaires » sont représentés par 1,3 % de parlementaires.
C’est encore pire côté journalistes, sondeurs, experts : sur les plateaux télés, les anciens camarades de Sciences-Po discutent entre eux.
Et on aimerait qu’ils affichent à l’écran leurs revenus :
sans doute sont-ils à l’égal du peuple à qui, si souvent, ils réclament en chœur des sacrifices…
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Le Vote, de Patrick Lehingue, éditions La Découverte (23 €).
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STOCHOCRATIE
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Stochocratie
La stochocratie, du grec kratein, « diriger, gouverner » et stokhastikos « conjectural, aléatoire », terme inventé en 1998, désigne le tirage au sort des gouvernants au niveau national ou local selon certaines formes de la démocratie athénienne.
Le concept est parfois appelé « lotocratie » (au Québec)
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