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vendredi 30 novembre 2012

6061. COMMENT PENSER. ÉTAPE 1.

«Rien ne dessèche tant l’esprit que sa répugnance à concevoir des idées obscures».


C’est un esprit plein d’idées obscures qui le dit et c’est Cioran, ce penseur solitaire franco-roumain dont la vie entière a été dédiée justement à la pensée.

Une pensée livrée en fragments dont «l’atrophie du verbe» en a fait souvent des cris de révolte et d’humour ramassés en autant d’aphorismes telluriques, décapant et chutant comme des rochers précipités d’une haute falaise.

Il a écrit des choses très courtes dans un monde où la pensée se veut verbeuse et absconse, alors que le verbe se prend pour une pensée profonde.

«Ne cultivent l’aphorisme, prévient Cioran en connaissance de cause, que ceux qui ont connu la peur au milieu des mots, cette peur de crouler avec tous les mots».

On nous a quelquefois fait remarquer qu’écrire sur ce type de sujets dans la presse d’aujourd’hui, c’est comme si l’on pissait dans un violon.

J’adore cette expression française qui allie un instrument de musique aussi noble et délicat à un besoin naturel, certes, mais bien vulgaire à tout point de vue.

Sauf qu’une chronique hebdomadaire, même d’humeurs et, si j’ose, d’idées, se doit de coller à l’actualité de la semaine.

Et cette semaine, une très infime minorité de l’humanité a célébré jeudi dernier la Journée mondiale de la philosophie.

Pas de quoi ameuter les foules, nous diriez-vous, notamment dans nos contrées où un professeur de philo est encore associé par certains illuminés à un mécréant voué aux enfers. Mais de cela nous avons déjà parlé récemment lors d’une autre actualité relevant quasiment du fait divers.

Comme quoi la philo fait encore l’actualité et c’est heureux.

La Journée mondiale de la philo, donc, est une création bien entendu de cette bonne vieille Unesco qui, dans son infinie générosité culturelle et dans un calendrier surbooké des célébrations, a trouvé une date pour les choses de l’esprit.

C’est, depuis 2005, tous les mois de novembre et plus exactement le troisième jeudi.

Pourquoi le troisième jeudi ?

Les philosophes, pourtant curieux de tout, n’ont pas cherché à savoir, ni ne se sont penchés sur la question, bien heureux déjà qu’une journée leur soit consacrée. [Ici, on utilise l’expression la semaine des 4 jeudis pour dire que la promesse qu’on vient de faire a peu de chance de se voir réaliser. Ou ce sera précisément dans l’année où il y aura une semaine avec 4 jeudis. Expression qu'il faudrait appliquer à  toute promesse électorale de politicien.]

(…)

Najib Refaïf

15 novembre 2012

LA VIEéco

http://www.lavieeco.com/news/debat-et-chroniques/la-philo-en-fete-a-fes-23913.html