DOUTEUR ET UNE PAGE INTÉRESSANTE

mercredi 18 mars 2009

116. VU À LA TV

Moment d’humour.

Non que le sujet soit amusant, au contraire, mais il est toujours amusant d’assister à un moment où on prend délibérément les gens pour de cons. Et que même le porteur de nouvelles ne se rend pas compte qu’il fait parti du lot.

Reportage de RadioCan. Il y a 15 jours.

On nous parle longuement et plusieurs jours durant d’une enquête se déroulant au Liban au sujet d’assassinat de l’ancien premier ministre (il était à la retraite à ce moment) Rafid Hariri. Le 14 février 2005, il est explosé avec 20 personnes.

On nous montre des photos d’un mystérieux camion bourré d’explosif (dit-on) qui aurait fait sauter le convoi de Hariri qui ne se déplaçait jamais sans sa garde privée. Lui-même était dans une auto blindée.

Les photos du carnage vu à la tv ne montrent pas grand-chose d’autre que du métal tordu.

On nous raconte qu’un tribunal spécial de l’ONU pour le Liban a été créé dans les jours suivants l’attentat. Et la raison pour laquelle on parle tant et encore ici est qu’il y a des canadiens et même des québécois impliqués dans l’enquête (et non dans l’assassinat bien sûr.)

Un québécois la dirige avec des enquêteurs de la GRC. Pourquoi pas des Libanais? Personne ne pose la question. Surtout pas l’employé de RC. Je ne parle pas de journaliste ici. Ici, on ne fait pas de journalisme. On fait autre chose. Mais quoi? On le découvrira par la suite. En alignant tout ce qu’on ne nous dit pas.

On nous dit et nous répétera sans cesse que la Syrie a été soupçonnée dès lendemain de l’attentat. Et encore aujourd’hui. Preuve = monsieur Hariri était un ennemi de la Syrie.

Ce qu’on ne nous a pas dit. La Syrie occupait le pays depuis la sortie des Israéliens. Lors de l’anciennes guerre du Liban. Suite au massacre des réfugiés Palestiens perpétré par des Libanais supposé chrétiens avec la complicité du gros cochon de Sharon. Suite, au scandale et devant la menace d’invasion de la Syrie, les Israéliens ont foutu le camp.

On ne parlera jamais de ceux-là mais ils sont toujours là, en sous-texte. Il faut se souvenir que la Syrie a toujours considéré le Liban comme faisant parti de son pays. Et Israël dans son plan post-biblique de Grand Israël le considère aussi comme son terrain de chasse. Mais on ne parlera que de la Syrie.

Suite à l’attentat, les soldats syriens quittent le Liban. Bien des gens sont contents. Film de foule contente et dansant de joie. Film de gens pas content et présenté comme possiblement complice de l’attentat et probablement terroriste.

Comme on reste dans le vague. Le spectateur se demande pourquoi. Quel intérêt avait la Syrie d’assassiner publiquement tout en restant anonyme un adversaire politique. Les services secrets Syriens sont bien connus pour n’avoir pas ce genre de ménagement envers leurs ennemis.

Si on connaît le futur, on peut prévoir le passé. Ce que j’appelle toujours ma théorie de l’éléphant. Qui croit que les choses importantes sont toujours plus simples qu’on ne le croit.

C’était tout simplement nécessaire pour la suite du plan, l’invasion du Liban par Israël.

Comme bien des gens faisaient des plans – on ne dira pas des complots, il n’y a que les terroristes qui font des complots- l’invasion de la Syrie, Iran, Irak faisait parti de la reconstruction du Nouveau Moyen-Orient tel qu’imaginé par le clan Bush. On avait envahi l’Irak. Les voyeurs bavaient en attendant la suite.

Pour envahir le Liban, il fallait que la Syrie parte. Pour fournir un prétexte à une invasion mondiale (type Irak no. 1 avec Bush père) il fallait discréditer la Syrie. L’attentat contre un ennemi déclaré était idéal.

Des témoins de l’époque, on raconté le jour de l’attentat que celui-ci était souterrain. D’où l’énorme cratère qu’explique mal le camion. Des gens auraient creusé sous la route. Ces gens savaient quand et où allait passer le convoi de Hariri. Tout de suite, on a pointé les Israéliens.

On ne nous dit rien de tout ça mais on nous parle des tracas de la commission et de son commissaire. En 4 ans d’existence, on a fait 1000 interrogatoires, réuni 10,000 pièces à conviction. On nous montre les caisses et les caisses de papier.

Seul problème, la scène de crime n’a pas été protégé le jour de l’attentat ni ensuite (comme les ruines des tours du World Trade Center). Il a plu par la suite pendant 3 semaines. Mais on passe sur cette info visiblement sans importance.

Donc il n’y a plus de preuve. On fait donc une enquête avec quoi? Mais on continue et ça a déjà coûté des millions. Et on en prévoit un tas d’autres. Si tout se passe bien, on en a encore pour 10 ans.

Le reportage nous dit que craignant pour leur vie, on a déménagé la commission au Pays-Bas.
La commission qui grossit et grossit est devenue un tribunal d’enquête. Le commissaire (un policier) est devenu le procureur du tribunal. Il va de soi que ces méthodes sont tout à fait suffisante pour un pays du tiers-monde. Un policier qui devient avocat, juge ? Mais on est au Liban.

On cherche encore le commanditaire du crime. Mais nous dit le reportage tout pointe vers la Syrie. Dommage, rien ne pointe ailleurs. On ne voit vraiment pas.

Mais personne ne parlera de l’invasion du Liban qui a suivi quelques temps après. Sans doute que l’employé de RC ne s’en rappelle plus. Quant aux spectateurs, trop de Loft Story amollissent le cerveau.

Le Liban envahit par qui? Voyons. Le petit doigt me chatouille. Israël.

Résumé. On enquête sur l’assassinat d’un personnage local important et de 20 gardes et passants. Mais on n’enquête pas sur l’invasion du Liban par Israël qui est bien plus facile à prouver. Qui a fait 100,000 morts, des milliards de $ de dégâts lorsqu’on a délibérément détruit toutes les infrastructures modernes de la ville pour plonger sa population dans la terre. Et la faire revivre à l’âge de pierre. Pourtant, les coupables sont connus, les complices, connus aussi se comptent par milliers. Les témoins se comptent par millions.

Pas une fois le mot Israël ne sera prononcé en plusieurs jours de reportage par l’employé de RC.

C’était un moment d’humour gratuit.