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dimanche 13 décembre 2009

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AFGHANISTAN

TRANSFERT DE PRISONNIERS AFGHANS

DES AMBASSADEURS CANADIENS DÉFENDENT COLVIN

Mise à jour le mercredi 9 décembre 2009 à 8 h 34
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2009/12/08/001-colvin_lettre_mackay.shtml

Les attaques du gouvernement conservateur de Stephen Harper à l'endroit du diplomate Richard Colvin soulèvent l'indignation de diplomates canadiens, qui se portent à la défense de leur collègue.

Dans une lettre envoyée à des médias canadiens, plus d'une vingtaine d'entre eux soulignent que cette façon de faire met en jeu l'intégrité des représentants du Canada à l'étranger.

Ils soutiennent que l'approche préconisée par le gouvernement Harper pourrait inciter des membres du corps diplomatique à dire ce que les responsables politiques veulent entendre plutôt que de rapporter fidèlement ce qu'ils ont compris ou observé, comme cela doit être le cas.

Il est extrêmement rare que des diplomates canadiens fassent une sortie publique contre le gouvernement. Le corps diplomatique se dit au service du pays et non d'un parti, ce qui l'incite à rester loin de tout débat partisan, particulièrement en public.

M. Colvin est ce diplomate qui a récemment témoigné devant le comité parlementaire spécial sur l'Afghanistan, et qui a soutenu que tous les prisonniers remis aux autorités afghanes par l'armée canadienne entre le printemps 2006 et l'automne 2007 ont vraisemblablement été torturés, et ce, même s'ils étaient innocents.

Il a fait état de coups de fouet administrés avec des câbles électriques, de décharges électriques, de privations de sommeil, d'exposition à des températures extrêmes, de blessures à l'arme blanche, de sévices sexuels et de viols.

Le diplomate a déclaré qu'il avait prévenu Ottawa des risques encourus par les prisonniers dans plus d'une quinzaine de notes diplomatiques. Le gouvernement conservateur maintient qu'il n'a jamais reçu d'informations crédibles à ce sujet et a attaqué M. Colvin.

Les commentaires formulés par le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Peter MacKay, sont particulièrement critiqués.

Le ministre MacKay « l'a démoli et ridiculisé en public » s'indigne Paul Durand, un ancien ambassadeur canadien au Chili et au Costa Rica, dans une entrevue au quotidien Globe and Mail. « Ce n'est pas une façon de traiter quelqu'un qui a fait son travail. Ce n'est pas un dénonciateur. Il a comparu devant un comité parlementaire et devait dire la vérité. »

« Je ne me prononce pas sur la question des prisonniers, à savoir s'ils ont été torturés ou non. Mais je dis que quiconque pensait que les gens n'étaient pas maltraités et torturés dans une prison afghane est désespérément naïf. Et je ne crois pas que [les conservateurs] le sont », poursuit M. Durand.

Le 19 novembre, M. MacKay a laissé entendre à la Chambre des communes que M. Colvin était à la solde des talibans. « On nous demande d'accepter un témoignage venant de gens qui lancent de l'acide aux visages d'écoliers et qui font exploser des autobus de civils dans leur propre pays », a-t-il lancé devant les parlementaires. Le chef d'état-major de l'époque, le général Rick Hillier, a estimé que les dires de M. Colvin étaient « risibles ».

«Bien que les critiques concernant son témoignage étaient parfaitement légitimes, les allégations sur son intégrité personnelle ne l'étaient pas.» — Extrait de la lettre

Les ambassadeurs soutiennent que le gouvernement doit être prêt à entendre des choses qui lui déplaisent. « Il est attendu d'un officier du corps diplomatique qu'il ou elle fasse rapport sur une situation en fonction de ce qu'il ou elle observe ou comprend », peut-on lire dans la lettre.

« Ce n'est que de cette façon que le gouvernement peut tirer des conclusions en toute connaissance de cause et prendre une décision éclairée », indiquent les ambassadeurs.

LE NPD RÉCLAME LA TÊTE DE MCKAY

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) exige la démission du ministre de la Défense, Peter MacKay, qu'il juge incohérent et trompeur.

Les néo-démocrates disent avoir relevé au moins neuf contradictions dans les propos du ministre Mckay, la dernière ayant été relevée dans un événement qui remonte à juin 2006 et rapportée par le Globe and Mail dans sa livraison de lundi.

D'après le journal, des soldats canadiens avaient dû prendre en charge un taliban présumé battu par la police afghane et qui aurait subi un traitement qui était en violation de la Convention de Genève. Le brigadier général de l'époque, Joseph Deschamps, avait approuvé un rapport selon lequel ce prisonnier avait bel et bien été capturé et transféré par les Forces canadiennes.

Or, dans son témoignage devant le comité parlementaire, mardi, le chef d'état-major, le général Walt Natynczyk, a toutefois indiqué que ce taliban avait été arrêté par la police afghane après avoir été relâché par les soldats canadiens, ce qui corrobore la version du ministre McKay.

Radio-Canada.ca avec The Globe and Mail et Le Devoir