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jeudi 15 avril 2010

3287

JOURNAL DES DÉBATS DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE

39e législature, 1re session

(début : 13 janvier 2009)

Le mardi 13 avril 2010 –

Vol. 41 N° 103

http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/assemblee-nationale/39-1/journal-debats/20100413/14563.html

(…)

Le Vice-Président (M. Chagnon): Merci, M. le ministre. J'inviterais maintenant M. le député de Saint-Hyacinthe à prendre la parole.

M. Émilien Pelletier

M. Pelletier (Saint-Hyacinthe): Merci, M. le Président. Alors, pour moi, c'est... je suis très heureux de prendre la parole ici aujourd'hui pour être critique sur le budget qui a été déposé il y a déjà quelques semaines.

C'est un budget qui, pour moi, est désolant, est régressif, qui fait en sorte que ce gouvernement a perdu toute crédibilité aux yeux de la population du Québec: promesses non tenues suite à l'élection de 2008; pas de hausse de taxes, qu'on disait; pas de déficit; pas de problème à la Caisse de dépôt et placement — ça, il fallait le faire; plus d'attente dans les réseaux de santé. Alors, c'étaient toutes des promesses qui étaient faites à l'élection de décembre 2008. Quelques mois plus tard, le scénario a changé: déficit caché, découvert par le Vérificateur général. Aujourd'hui, on a déposé un budget avec augmentation de tarifs, augmentation de taxes, et ça, jusqu'en 2018-2019. Alors, on voit loin, ce gouvernement voit loin sur la taxation. Ces quatre dernières années, ce même gouvernement n'a pas été capable de respecter ou d'atteindre les cibles qu'il s'était données, qu'il avait ciblées, toujours dépassées de 1 %, 2 %, 3 %.

L'augmentation de la dette. Ces deux dernières années, l'augmentation de la dette, ça va être 20 milliards de dollars pour les deux années, 20 milliards qui vont s'ajouter sur la dette. Depuis l'élection du gouvernement en 2003, c'est 42 milliards de plus, un vrai champion, depuis que ce gouvernement a pris le pouvoir. Une chance qu'ils étaient prêts en 2003. Il ne faut pas se surprendre aujourd'hui de la réprobation et du cynisme de la population en général vis-à-vis le gouvernement libéral et surtout de la classe politique.

On parlait d'éducation. L'avenir du Québec dépend du niveau d'instruction de nos enfants. Notre devenir collectif, c'est le développement, le développement des jeunes et des générations qui vont nous suivre, de nos cerveaux, de nos compétences, de nos connaissances, qui vont faire en sorte que le Québec va rayonner sur le monde. Dans le dernier budget, l'éducation reçoit 2,2 % d'augmentation, ce qui ne couvre même pas les augmentations du coût du système. Alors, quand il y a eu l'élection en 2008, le décrochage scolaire, je pense qu'il était déjà connu, c'était une priorité gouvernementale, et on devait mettre l'accent davantage sur la persévérance aussi, la persévérance scolaire, le décrochage, et tout ça, c'était la priorité numéro un. Augmenter le taux de diplomation, valoriser l'enseignement, le travail des enseignants et enseignantes et toutes les personnes qui y travaillent, c'étaient des objectifs à atteindre. Selon tous les experts qui sont venus en commission parlementaire sur l'éducation pour traiter du sujet, ils ont bien... ils ont clairement indiqué qu'il fallait cibler les priorités quand on veut intervenir sur le dérochage scolaire ou intervenir sur le milieu étudiant, sur les facilités d'apprentissage, l'importance du ratio élève-enfant, ce que je ne reconnais pas dans le budget qui a été présenté.

Est-ce que le ratio élève-enfant va être diminué de beaucoup pour permettre que les élèves ou les étudiants puissent recevoir un enseignement de qualité? Rien de prévu dans ce budget. Quand on a une classe où est-ce que la moitié des élèves sont en difficulté, et l'autre moitié, c'est des élèves qui sont capables d'oeuvrer, on peut dire, seuls... et, à ce moment-là, avec l'appui de l'enseignante ou de l'éducatrice, bien ça prend des appuis, ça prend du personnel d'appui pour venir aider l'enseignante. Et, dans le budget présenté, avec 2,2 % d'augmentation, ce qui ne couvre pas les frais du système, je ne pense pas qu'il y ait une grosse amélioration à ce niveau-là.
Pour l'accès aux études universitaires, bien on en repassera... on en reparlera. L'accroissement des frais, qui est prévu dans le budget, bien je pense bien que ça va faire en sorte qu'on va diminuer l'accès. Surtout pour les personnes qui vivent en région éloignée, ça va être de plus en plus difficile.

Si on parle maintenant des groupes communautaires qui se sont fait entendre depuis le dépôt du budget la semaine dernière, plusieurs groupes communautaires nous ont approchés pour nous dire que c'était un budget régressif et inacceptable. Le gouvernement a sonné le glas de la justice et de la solidarité sociales, faisant délibérément le choix d'ignorer les inégalités socioéconomiques toujours plus grandissantes et refusant de s'attaquer à la pauvreté. Ça, c'est un courriel que j'avais reçu d'ATTAC-Québec. C'est une coalition opposée à la tarification et à la privatisation.

Un autre communiqué que j'ai reçu: Un budget d'indignation!«Quand j'entends les commentateurs oser dire qu'il s'agit d'un budget faisant preuve de courage politique, j'ai envie de crier qu'au contraire il s'agit d'un budget qui fait preuve de lâcheté politique, un budget qui ne touche pas aux impôts des plus riches, un budget qui installe les taxes et les tarifications uniformes pour tout le monde, peu importent les revenus des citoyennes... moi, j'appelle ça de l'injustice, du mépris, de la violence économique à l'égard des plus démunis de notre société!» Alors, c'était un communiqué qui venait d'un organisme communautaire.

Un budget régressif et inacceptable!, la coalition pour la pauvreté.

Collectif d'action populaire Richelieu-Yamaska: Renflouer les caisses de l'État québécois. Encore là, on suggérait des pistes de solution, c'était de taxer davantage... pas de taxer davantage, mais d'imposer aux particuliers qui ont de l'argent, qui ont les moyens de payer parce que ce sont toutes des mesures qu'eux préconisaient.

Puis, quand on a entendu le discours du premier ministre puis des intervenants qui nous disent que les familles québécoises qui sont les moins bien nanties aujourd'hui sont plus... sont mieux... sont moins pauvres qu'avant, mais ce qu'ils ne nous mentionnent pas, par exemple, c'est que, dans les calculs que le premier ministre a mentionnés ici, c'est qu'on ne tient pas compte de l'inflation puis on ne tient pas compte de l'augmentation des tarifs d'électricité quand on fait les comparaisons, qu'on nous arrive avec les chiffres.

•(17 heures)•

Alors, il faudrait peut-être réviser leurs façons de faire et arriver avec des choses qui se tiennent. Les taxes sont régressives pour les plus démunis de l'augmentation des tarifs d'électricité quand on fait les comparaisons, qu'on nous arrive avec les chiffres. Alors, il faudrait peut-être réviser leurs façons de faire et arriver avec des choses qui se tiennent. Les taxes sont régressives pour les plus démunis de notre société, et ça, c'est grave.

Au niveau des garderies, on a... on sait qu'avec l'accroissement des naissances qu'il y a au Québec depuis quelques années, on a un manque de places. Et c'est déjà criant un peu partout. Je regarde juste dans ma circonscription, on parle de 1 000 places manquantes au niveau des services de garde. Alors, rien dans ce budget pour les 15 000 places annoncées pour les places subventionnées dans les CPE. Il n'y a rien de prévu dans le budget. On dit qu'il va avoir 15 000 places, mais est-ce qu'il y a de l'argent additionnel pour les CPE? On ne le sait pas.

Alors, qu'est-ce qu'on dit? Place aux garderies privées non subventionnées, avec contributions au Parti libéral du Québec. C'est probablement ça que le budget veut nous présenter. Ici, moi, j'ai la réaction de l'Association québécoise des CPE: Vive déception pour les familles du Québec devant l'absence des 15 000 nouvelles places promises en services de garde éducatifs. Ça, c'est l'Association québécoise des CPE du Québec, qui est déçue du budget actuellement, qui a été présenté.

Au niveau de l'agriculture, je veux juste soulever quelques points sur l'agriculture. Je veux juste soulever que l'augmentation des tarifs d'électricité de 0,01 $ le kilowattheure seulement, c'est 4 à 5 millions par année pour l'agriculture au Québec. Et ça, c'est sans compter les augmentations de la Régie de l'énergie qu'on ne connaît pas actuellement. Ces augmentations-là sont déjà de beaucoup dépassées. Quand on pense qu'avec l'ASRA actuellement, avec la classe agricole qui souffre actuellement, le danger de perdre toute notre classe agricole, je veux juste vous mentionner: il y a eu un fonds, un fonds qui a été investi pour la relève agricole, c'est marqué 75 millions sur cinq ans ici, dans le discours sur le budget. Puis ici, dans l'autre cahier, c'est marqué 75 millions, mais sur 15 ans. Alors, qui dit vrai? Est-ce celui-là ou l'autre? On le saura. Il y a une différence... une bonne différence entre 5 millions par année pour la relève agricole et 15 millions.

Sur ce, je voudrais terminer mon allocution sur le budget en disant ceci: Pour moi et pour tous les députés de l'opposition officielle, le développement de tout le potentiel humain du Québec, de ses ressources matérielles, ressources naturelles, autrement dit, la maîtrise et la croissance de notre économie sous toutes ses formes passent par la souveraineté du Québec. Je voterai contre le budget régressif et injuste pour la population. Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Chagnon): Merci, M. le député de Saint-Hyacinthe. J'inviterais maintenant M. le député de Charlesbourg à prendre la parole.