DOUTEUR ET UNE PAGE INTÉRESSANTE

vendredi 16 juillet 2010

4115. THÉORIE DU COMPLOT. UTILISATION MONDAINE DU TERME. LA PERRUCHE 11 SEPTEMBRE EST OUTRÉE.

LE SIÈCLE DES FOUS (ET DES THÉORIES DU COMPLOT)

Le Blog de Patrick Lagacé

23 octobre 2008
http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/2008/10/23/le-siecle-des-fous-et-des-theories-du-complot/

Ma chronique du jour porte sur un sujet fascinant, à mon avis : l’accès à la place publique des gens qui voient des complots partout.

Il fut une époque où les journalistes écoutaient les gens qui avaient des histoires à raconter. Ils faisaient des vérifications. Puis, ils décidaient de publier, ou pas. Et s’ils décidaient de ne pas publier, l’histoire mourait.

Je ne dis pas que c’est une bonne chose, forcément.

Probablement que la civilisation occidentale a ainsi été privée de révélations formidables.

Mais quand l’histoire n’avait ni queue ni tête, elle mourait, tout simplement.

Plus aujourd’hui ; aujourd’hui, les coucous peuvent se tourner vers le web pour publier et diffuser leurs théories, leurs liens vaseux et leur fabulations.

Et le web sert d’incubateur à ces histoires, qui développent ensuite de nouvelles jambes et, ce faisant, une nouvelle vie.

Ainsi, les théories du complot sur les « vrais » terroristes de septembre 2001 ont su rallier des communautés entières d’internautes, au point de soudainement s’immiscer dans la culture populaire…

J’ai eu ma petite expérience avec une dame particulièrement acharnée, il y a quelques mois. Elle m’a présenté ses « faits », décrits dans cette chronique. J’ai fait des vérifications. Ça ne collait pas. Ce qu’elle décrivait comme des faits étaient, bien souvent, au mieux, des extrapolations hautement spéculatives. Rien qui puisse servir de base comme Watergate made in Quebec. J’ai décidé de ne pas aller plus loin. La dame m’a envoyé des courriels injurieux me traitant de tous les noms, remettant en cause mon professionnalisme, évoquant ma paresse, ma peur et mon «congédiement » (imaginaire) du Journal de Montréal (j’ai démissionné, thank you very much).

Merci, Madame, ai-je répondu (pas très gentiment j’en conviens), et bonne vie.

Fin de l’histoire ? Oh, non !

Après, j’ai su qu’elle avait tenté de vendre son histoire partout en ville. Même un collègue de La Presse, André Noël, enquêteur émérite, s’est penché sur ses histoires, fouillant longuement. Et il a décidé qu’il n’y avait pas là le socle d’une histoire qui puisse tenir debout. Pas mêlant : elle a approché tous les médias en ville. Même des journalistes couvrant la politique à Ottawa l’ont écoutée. Et PERSONNE n’a pu prouver ses dires. Mais bon, quand on croit aux complots, ce genre de refus ne nous décourage pas, au contraire, il nous galvanise, n’est-ce pas, il nous pousse à aller plus loin…

Depuis quelques semaines, je recevais donc sans cesse des hyperliens vers les prouesses de «Ginette » sur Internet, où elle raconte les fabuleuses histoires secrètes des gens riches, puissants et célèbres qui ont croisé son chemin. On me dit, chaque semaine, donc : vous devriez enquêter là-dessus !

C’est ce qui m’a poussé à écrire cette chronique. La formidable résilience d’une histoire folle qui ne veut pas mourir. La naissance d’une théorie du complot, en ce début de 21e siècle.

Là, tantôt, « Ginette » m’écrit. Pour me dire que même en l’appelant Ginette, en cachant son identité, ma chronique représente de la diffamation. Surréaliste : elle m’écrit sous un faux nom (qui n’est pas Ginette). Elle va poursuivre, promet-elle. Courriels à mon boss, appel à sa secrétaire. Plainte formelle au Conseil de presse. Copies conformes d’échanges avec son avocat à mon sujet. Envoi de la couverture de son livre, à paraître, qui révèlera tout, tout, tout ce que les médias ne veulent pas dire.

Ce livre révélera même l’enregistrement de notre conversation, lors de notre rencontre (apparemment, Ginette a secrètement enregistré notre discussion).

Voilà. Quel monde formidable.

En attendant la suite, voici un site qui explique TOUS les liens qu’on veut vous cacher…

240 commentaires

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http://www.seyfried-berlin.de/

Bd en allemand.

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LE SIÈCLE DES FOUS

Patrick Lagacé

23 octobre 2008

La Presse
http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/patrick-lagace/200810/23/01-32044-le-siecle-des-fous.php

Appelons-la Ginette. Elle a un peu plus de 40 ans. Et elle a des histoires absolument sidérantes à raconter, voyez-vous.

Ginette n'est pas avocate. Mais elle a fait son droit. Elle donne des services de quasi-avocate, remarquez. En immigration.

Ginette sortait d'un long, d'un très long procès pour fraude, quand elle s'est retrouvée devant moi, dans un café près de La Presse, il y a quelques mois. D'anciens clients avaient porté plainte contre elle. Le juge lui a accordé le bénéfice du doute et l'a acquittée. Il semble bien que les flics ont fait leur enquête tout croche.

Pour Ginette, ce n'était pas la fin du cauchemar. C'était seulement une autre étape dans une grande machination qu'elle avait découverte.

Une histoire sidérante, comme je vous dis, impliquant (tenez-vous bien) un ancien ministre, un ancien ambassadeur américain au Moyen-Orient acoquiné avec les deux clients qui avaient porté plainte contre elle, un réseau de prostitution fait d'immigrantes d'Europe de l'Est, une intrigante ultramédiatisée et l'ex-gouverneur de l'État de New York, Eliot Spitzer.

Je sais que ça semble tiré par les cheveux. Mais Ginette est désarmante de sincérité.

Et Ginette avait des documents, des courriels, des reçus, des fax: un tas de «preuves» de ce qu'elle avançait avec une certitude convaincante.

J'ai promis de fouiller et de la rappeler.

J'ai donc fait les vérifications. Rien ne collait. Cul-de-sac. Ce que Ginette estimait être des faits relevait bien souvent de l'opinion, de l'extrapolation, du hasard, du fantasme.

Avec ce que j'avais comme «preuves», disons que je ne me serais pas senti gros dans mes boxers, devant un juge, dans le cadre d'une poursuite en diffamation.

Puis, j'ai fait des vérifications sur Ginette elle-même. C'est là que j'ai lâché le morceau. Une quérulente, toujours dans le trouble; toujours en train de poursuivre ou de se faire poursuivre. Comme par magie, Ginette a le don de se retrouver dans la ligne de mire du Barreau, de la police ou de clients fâchés.

Un jour, elle s'est fait coller une amende de 50$ pour avoir fumé dans son bureau. Eh bien, elle a contesté l'amende, tentant de faire passer son bureau pour un... fumoir. Ce genre de chipoteuse.

Peut-être que Ginette est simplement malchanceuse, remarquez. Mais pour moi, la relation s'arrêtait ici; l'histoire formidable impliquant de mystérieuses prostituées, un ancien ministre canadien et Eliot Spitzer n'allait pas être révélée à l'univers sous ma plume.

Comme m'a résumé un collègue, qui a aussi écouté les fabulations de Ginette:

«À un moment donné, quand TOUS les éléments de l'actualité sont supposément reliés à l'histoire de Ginette, tu décroches.»

Ce que je ne savais pas, l'été passé, c'est que Ginette avait aussi tenté de vendre son histoire partout en ville. À TVA. À Paul Arcand. Au Journal de Montréal. Au Devoir. À Tout le monde en parle. À moi.

À la fin, personne n'a mordu.

Enfin, presque personne. Une station de radio a mordu. On lui a donné le crachoir, de façon un peu consternante. Ginette en a rajouté, impliquant alors un autre ministre, en poste celui-là, en plus de faire planer un doute sur un commentateur bien connu de l'actualité...

Preuves? Zéro. La même bouillabaisse vaseuse.

Mise en demeure de se rétracter par un type sali par Ginette, la station de radio l'a fait sans tarder.

Ginette, procédurière comme elle sait l'être, a donc envoyé à son tour une mise en demeure à la station. Motif: la rétractation en question salissait sa réputation!

Chipoteuse, la Ginette?

Un jour, j'ai répondu à un de ses courriels injurieux, en lui disant qu'elle était mythomane et quérulente. Un courriel privé. Ginette a copié mon courriel, l'a publié elle-même sur un forum de discussion. Et a menacé de me poursuivre en diffamation!

Cette histoire serait morte de sa belle mort si nous étions quelque part autour de 1995 ou de 1975. Des histoires du genre, il en circule depuis des siècles.

Mais nous sommes au XXIe siècle. Ginette a trouvé des oreilles favorables sur le web. Ginette a raconté son histoire sur YouTube, dans une communauté qui croit dur comme fer à toutes les théories du complot.

Depuis, il ne se passe pas une semaine sans que des gens bien intentionnés m'envoient un lien vers les délires de Ginette.

«Regardez ça, M. Lagacé, il me semble que vous devriez enquêter là-dessus...»

Écoutez, je ne sais pas comment dire ça sans paraître fendant. Mais allons-y: des fois, quand c'est trop beau pour être vrai, c'est que c'est pas vrai. Des fois, quand c'est pas dans le journal, le truc incroyable qu'on vous refile par courriel, c'est qu'il y a une raison. Probablement reliée au fait que c'est invérifiable et fort probablement pas ... vrai.

Plate, hein? Désolé, la vie n'est pas un épisode des X-Files.

Mais comme je disais, nous sommes au XXIe siècle. Et n'importe quel fou peut, désormais, émettre n'importe quelle sornette, n'importe quelle fumisterie, n'importe quelle théorie du complot. Et trouver des gens pour le croire.

Bien sûr, les gens visés peuvent poursuivre. Ce faisant, ils donnent une formidable tribune aux fous. Alors ils se taisent. C'est ce qu'a fait l'ex-ministre. Ce silence, en revanche, nourrit la paranoïa des conspirateurs.

Et, petit à petit, comme un virus, des gens croient dur comme fer qu'un ancien ministre canadien fréquentait vraiment les mêmes putes qu'Eliot Spitzer, dans une conspiration aux ramifications internationales tolérées au plus haut niveau de l'État.

Autre preuve du complot? Les journalistes se taisent, eux aussi, pas un mot.

Et, autre preuve du complot, vont dire les fous, le gars de La Presse a écrit une chronique pour discréditer Ginette! Ça sent la commande! Y a pas de fumée sans feu! Y a anguille sous roche! Ça se protège, ce monde-là!

Bref, on en est là. Je ne sais pas si c'est un problème d'éducation à l'information ou, tout simplement, tout bêtement, de pharmacologie.

*

D2008-10-027 MARIE-CLAUDE MONTPETIT, JEAN-PAUL MASSIE ET CLAUDE TALBOT C. PATRICK LAGACÉ, CHRONIQUEUR, LE QUOTIDIEN LA PRESSE ET LE PORTAIL CYBERPRESSE

http://www.conseildepresse.qc.ca/index.php?option=com_content&task=view&id=364&Itemid=142&POSTBACK=b3B0aW9uPWNvbV9jb250ZW50JnRhc2s9Y2F0ZWdvcnkmc2VjdGlvbmlkPTQmaWQ9MTMmSXRlbWlkPTE0MiZsYW5nPWZyJmxpbWl0PTEwJmxpbWl0c3RhcnQ9MTAmZmlsdGVyPQ==

PATRICK LAGACÉ POUVAIT PRÉSENTER SON POINT DE VUE SUR LES THÉORIES DU COMPLOT

Les plaignants portaient plainte contre Patrick Lagacé, chroniqueur pour le quotidien La Presse, à la suite de la parution de l’article intitulé « Le siècle des fous » ainsi qu’un article paru sur le blogue de Cyberpresse, sous le titre « Le siècle des fous (et des théories du complot) », publiés tous deux en date du 23 octobre 2008.

Mme Montpetit reprochait à ces articles leur caractère insultant, diffamatoire, inexact et partial, en spécifiant un certain acharnement envers sa personne.

M. Massie et Mme Talbot appuyaient les prétentions de la plaignante.

Pour Mmes Montpetit et Talbot, le chroniqueur aurait fait état, dans son article, de propos discriminatoires envers la personne désignée sous le pseudonyme de « Ginette ».

Elles soutiennent qu’il aurait outrepassé sa fonction journalistique en diagnostiquant Mme Montpetit « comme folle » et en faisant allusion à « un problème de pharmacologie ».

De son côté, le Conseil estime que la discrimination se rapporte à des individus ou à des groupes clairement identifiés, que l’on prive de droits.

Bien que les propos dénoncés aient pu choquer les plaignantes, ils ne rencontrent pas les critères impliqués dans le concept de discrimination, voulant que les professionnels de l’information évitent d’utiliser des termes pouvant heurter la dignité d’une personne en raison d’un motif discriminatoire.

Le grief fut rejeté.

Selon Mme Talbot, le journaliste n’a pas su faire preuve d’équité, en ne traitant pas de manière équilibrée les éléments et les parties en opposition, ce qui aurait mérité que la personne dénommée « Ginette » puisse se défendre et faire part de ses arguments.

Le Conseil considère cependant que M. Lagacé, en relatant dans la première partie de son article l’histoire de Mme Montpetit, a répondu aux principes d’équité en présentant de façon neutre la version de la plaignante.

Après avoir relaté les vérifications qu’il a effectuées, le chroniqueur remet en cause la véracité des propos de cette dernière et exprime alors son opinion, ce qui est le propre de toute chronique. Le grief a été rejeté.

Le Conseil a rejeté les plaintes de Mmes Marie-Claude Montpetit et Claude Talbot ainsi que de M. Jean-Paul Massie à l’encontre du journaliste, M. Patrick Lagacé, du quotidien La Presse et du portail Cyberpresse.

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Homo Politicus Parce que l'Humain est un être politique

LE COMBAT DE MARIE-CLAUDE MONTPETIT

Jimmy St-Gelais

août 8, 2008
http://pourquedemainsoit.wordpress.com/2008/08/08/le-combat-de-marie-claude-montpetit/

La juriste Marie-Claude Montpetit en a vu de toutes les couleurs dans ses démêlées avec Denis Coderre, Immigration Canada et le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Elle ne se gêne pas aussi pour évoquer le rôle de Julie Couillard dans toute cette histoire reliée aux « danseuses exotiques » et à la prostitution institutionnalisée! Ouf!

Boudée par les médias ne voulant pas se mouiller dans un dossier aussi chaud, elle fait elle-même état de la vérité dans une récente entrevue sur You Tube via le site

http://www.mtl911truth.org/

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MARIE-CLAUDE MONTPETIT CONTRE-ATTAQUE!


Jimmy St-Gelais

mai 10, 2009
http://pourquedemainsoit.wordpress.com/2009/05/10/marie-claude-montpetit-contre-attaque/

La sortie officielle du livre de Marie-Claude Montpetit fera sûrement jaser.

Le titre « STRIPPERGATE : LA FILIÈRE CANADIENNE DES TRAVAILLEUSES DU SEXE »

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marie-claude montpetit blogue officiel
Blogue traitant de politique et d'immigration

http://marie-claudemontpetit-blogofficiel.monblogue.branchez-vous.com/

MOT DE BIENVENUE

Bienvenue aux blogueurs!

Bienvuenue à mon espace blogue.

Cet espace a été mis en ligne pour aider à la réalisation des objectifs suivants:

Offrir un forum libre de discussion relativement à l'immigration et aux politiques qui y sont liées;
Publiciser une saga judiciaire impliquant Denis Coderre et Marie-Claude Montpetit;
inviter les blogueurs à l'Agora politique de Marie-Claude Montpetit, où vous pourrez prendre connaissance de son intention de se porter candidate indépendante lors de la prochaine élection fédérale à être tenue dans le comté de Bourassa, et, offrir votre collaboration à sa campagne électorale contre Denis Coderre;

Faire bénéficier les candidats immigrants de conseils et moyens permettant de faciliter leur immigration et intégration au Canada.

[le Blog date de 2008 et ensuite?]

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http://www.cnw.ca/fr/releases/archive/May2009/19/c5189.html?view=print

Conseil de presse du Québec - Comité des plaintes et de l'éthique de l'information - Décision - Numéro de dossier: D2008-10-018

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Numéro de dossier: D2008-10-018

Plaignante Mme Marie-Claude Montpetit

et

Mis-en-cause M. Claude Poirier, journaliste et animateur


M. Martin Cloutier, directeur général
L'émission "Le vrai négociateur"
Le Groupe TVA-LCN
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MONTREAL, le 19 mai /CNW Telbec/ -

RESUME DE LA PLAINTE

Mme Marie-Claude Montpetit porte plainte contre M. Claude Poirier et la
chaîne télévisée LCN.

Lors de l'émission "Le vrai négociateur" du 1er octobre 2008, l'animateur aurait qualifié une personne de "chien sale".

La plaignante lui reproche d'avoir tenu des propos discriminatoires, transmis de
l'information inexacte et usé de sensationnalisme.

GRIEFS DE LA PLAIGNANTE

1. Mme Marie-Claude Montpetit rapporte que lors de l'édition du 1er octobre 2008, de l'émission "Le vrai négociateur", dans le cadre d'une émission conduite avec Me Marc Bellemare et sa cliente, Mme Céline Moisan, l'animateur Claude Poirier a traité une troisième
personne liée au sujet de cette entrevue de "chien sale".


2. Ce faisant, M. Poirier aurait prononcé des propos discriminatoires, transmis de l'information inexacte et usé de sensationnalisme.

COMMENTAIRES DES MIS-EN-CAUSE

Commentaires de MeVéronique Dubois, conseillère juridique
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3. La conseillère juridique précise d'abord le contexte dans lequel l'expression contestée a été utilisée, soit celui de l'émission "Le vrai négociateur" :

"M. Poirier, dans le cadre de cette émission, a réalisé une entrevue avec Me Bellemare, l'avocat de Madame Céline Moisan, qui a été victime d'une agression sexuelle violente en 2001 et dont l'agresseur a été trouvé coupable et emprisonné.

Mme Moisan se bat maintenant pour empêcher que son agresseur soit libéré
conditionnellement."

4. Me Dubois poursuit : "Madame Moisan a décrit les sévices dont elle a été victime, notamment des agressions sexuelles à plus de cinq reprises, lesquelles ont laissé de graves séquelles.

Elle a ainsi expliqué qu'elle avait maintenant une invalidité à 85 %, des vertèbres endommagées et qu'elle souffrait toujours d'un choc post-traumatique.

Dans ce contexte, monsieur Poirier a alors effectivement utilisé le terme "chien sale" lorsque madame a fini de décrire toutes les séquelles dont elle a été victime.

Il a ainsi mentionné sous forme de question "à cause de ce chien sale? "".

5. La conseillère juridique admet "que M. Poirier a effectivement utilisé un langage coloré, lequel caractérise cependant le style de M. Poirier qui ponctue ses propos d'expression imagée et parfois populiste".

6. Me Dubois ajoute que, dans le cadre de l'émission "Le vrai négociateur", M. Poirier exerce un journalisme de type "commentaires", lequel, selon le guide des Droits et responsabilités
de la presse du Conseil de presse, accorde aux journalistes une grande latitude dans l'expression de points de vue, commentaires et critiques. Ainsi, selon elle, les commentaires de M. Poirier ne
contreviendraient pas, dans ce contexte, aux principes énoncés dans le guide du Conseil.

REPLIQUE DE LA PLAIGNANTE

7. Mme Montpetit rappelle d'abord les trois manquements professionnels
qu'elle reproche aux mis-en-cause :

1) avoir prononcé et permis la mise en ondes de propos discriminatoires et non conformes [?] aux droits de la presse au Québec;

2) avoir prononcé et permis la mise en ondes de propos non conformes à l'obligation de la presse de traiter l'information équitablement et avec équilibre;

3) avoir prononcé et permis la mise en ondes de propos sensationnalistes.

8. En ce qui a trait à la "nature discriminatoire des propos litigieux", la plaignante affirme d'abord que la personne visée par les propos contestés était l'agresseur de Mme Moisan, ce qui aurait d'ailleurs été admis par les mis-en-cause.

Il s'agit donc, selon Mme Montpetit, "d'une personne apparemment criminalisée et qui fut effectivement condamnée par les autorités judiciaires relativement aux accusations déposées par suite de la plainte de madame Moisan.

C'est là, la condition sociale de cette personne ou le groupe social auquel sa condamnation l'a associé."

La plaignante déplore que les propos du journaliste "réaffirmaient non seulement ces conditions et appartenance, mais ils laissaient aussi tendancieusement croire que toute personne criminalisée serait un "beau chien sale"".

Or, selon elle, "la Charte des droits et libertés de la personne du Québec prohibe ce genre d'association et de traitement" fondé notamment sur la condition sociale.

9. En outre, selon elle, les règles établies par le Conseil de presse réaffirment que :

"Les médias et les professionnels de l'information doivent éviter de cultiver ou d'entretenir les préjugés. [Surtout envers des «criminels» (personnes reconnue coupable puis condamnées par le système judiciaire suite à une accusation. Ils ont déjà assez souffert comme ça!]

Ils doivent impérativement éviter d'utiliser, à l'endroit des personnes ou des groupes, des représentations ou des termes qui tendent à soulever la haine et le mépris, à encourager la violence ou encore à heurter la dignité d'une personne ou d'une catégorie de personnes en raison d'un motif discriminatoire."

[On ne parle pas ici de la victimes (et de ses droits) mais de l'agresseur et de ses droits.]

10. Ayant ensuite précisé que, selon le guide de principes du Conseil, il n'est pas interdit à un journaliste de faire état des caractéristiques qui différencient les personnes ou les groupes, mais
que cette mention doit être pertinente et d'intérêt public.

Elle dit ne pas concevoir en quoi les propos tenus par M. Poirier ont put être pertinents et d'intérêt public, ou être une condition essentielle à la compréhension de l'information.

11. Au chapitre du "traitement équitable et équilibré de l'information", selon Mme Montpetit, même si les mis-en-cause prétendent avoir "présenté la situation factuelle judiciaire avant de la commenter", l'extrait de l'émission fourni en preuve démontre que, seuls les arguments et prétentions de la partie poursuivante et de la victime ont été mis en ondes.

Pour la plaignante, l'omission de présenter l'ensemble de la situation judiciaire a pour effet de priver le public d'une information complète, rigoureuse et conforme aux faits et aux événements.
[C'est vrai, il nous manquera toujours la version de l'«agresseur».]

12. La plaignante aborde ensuite ce qu'elle appelle "le type de journalisme pratiqué par Claude Poirier".

Elle rappelle d'abord que "selon les mis-en-cause, Claude Poirier exercerait du journalisme de
type "commentaire", soit un style permettant l'utilisation d'un "langage coloré" et "d'expression imagée et populiste"".

13. La plaignante répond que ce style de journalisme est également soumis à des règles et ne peut pas servir à cautionner les abus de langage ou toute autre forme de manquement professionnel.

Après avoir rappelé un article du Conseil concernant la latitude reconnue aux journalistes, Mme Montpetit rappelle qu'un autre article précise ce qui est acceptable :

"Les auteurs de chroniques, de billets et de critiques ne sauraient se soustraire aux exigences de rigueur et d'exactitude. Ils doivent éviter, tant par le ton que par le vocabulaire qu'ils emploient, de donner aux événements une signification qu'ils n'ont pas ou de laisser planer des malentendus qui risquent de discréditer les personnes ou les groupes."

14. Sur la base de cet extrait du guide Droits et responsabilités de la presse du Conseil, la plaignante ajoute :

"il semble que l'utilisation des termes "c'te beau chien sale-là" équivaudrait plus à un manquement, qu'à la figure de style que le représentant des mis- en-cause tente d'accorder à Claude Poirier."

Pour la plaignante, "cette règle trouve particulièrement application dans le cas de Claude Poirier qui utilise quotidiennement l'insulte et les grossièretés de manière outrancière dans le cadre de ses prestations de commentateur".

15. La plaignante termine en citant une quinzaine de décisions du Conseil qui illustreraient ses propos.

DECISION

16. Mme Marie-Claude Montpetit reproche au journaliste M. Claude Poirier d'avoir prononcé et permis la mise en ondes de propos discriminatoires et non conformes au droit de la presse au Québec, de propos non conformes à l'obligation de la presse de traiter l'information équitablement et, enfin, de propos sensationnalistes.

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Grief 1 : propos discriminatoires
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17. Selon la plaignante, les propos du journaliste réaffirment la condition sociale de l'agresseur ou le groupe social auquel sa condamnation l'a associé, et laissent tendancieusement croire que
toute personne criminalisée serait un "beau chien sale".

18. Toutefois, le guide des Droits et responsabilités de la presse (DERP) du Conseil indique qu'il "n'est pas interdit aux médias de faire état des caractéristiques qui différencient les personnes ou les groupes" à condition que cette mention soit "pertinente et d'intérêt public" ou soit "une condition essentielle à la compréhension et à la cohérence de l'information". DERP, p. 41

19. Le Conseil estime que, dans le présent cas, il était impossible de présenter les raisons de l'opposition de Mme Moisan et de Me Bellemare à la libération du prisonnier sans exposer minimalement ses gestes et le fait qu'il avait été condamné. Rapporter le fait que l'agresseur avait été condamné et incarcéré était donc pertinent, nécessaire à la compréhension du sujet et d'intérêt public.

20. En ce qui a trait à l'utilisation du qualificatif de "beau chien sale", le Conseil estime que, malgré la force de l'expression, il s'agissait d'une réaction d'indignation en réaction aux souffrances et aux sévices que venait de décrire la victime et non d'un jugement visant à caractériser un ensemble de personnes. Le grief est donc rejeté.

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Grief 2 : manque d'équilibre et d'équité
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21. Mme Montpetit reproche ensuite aux mis-en-cause d'avoir prononcé et permis la mise en ondes de propos non conformes à l'obligation de la presse de traiter l'information avec équilibre et équité.

Selon la plaignante, l'omission par les mis-en-cause de présenter l'ensemble de la situation judiciaire a eu pour effet de priver le public d'une information complète et rigoureuse, conforme aux faits et aux événements et, par conséquent, de transmettre une information
inexacte.

22. Après examen, le Conseil constate que les entrevues diffusées ne présentent pas la partie des faits favorables à l'agresseur.

Cependant, le Conseil considère que le sujet des entrevues de l'animateur avec Mme Moisan et son procureur n'est pas le procès antérieur de Richard Charlish, mais bien l'exposé des raisons qui justifieraient actuellement de s'opposer à sa libération conditionnelle.

23. En vertu du principe de liberté rédactionnelle reconnu dans le guide DERP du Conseil, les mis-en-cause ont le droit de choisir le sujet de leur entrevue et donc, leur angle de traitement journalistique :

"Les médias et les professionnels de l'information doivent être libres de relater les événements et de les commenter sans entraves ni menaces ou représailles. La presse n'a pas à se plier à un modèle idéologique unique : elle peut donc choisir ses propres sujets et décider de
l'importance qu'elle entend leur accorder." DERP, p. 22

24. L'angle choisi n'étant pas le récit du procès, l'entrevue n'exigeait pas qu'on présente l'accusation et la défense. L'individu impliqué était déjà condamné et incarcéré. Ainsi, selon le Conseil, puisque l'angle de traitement des entrevues avait été clairement défini au départ par la présentation de l'animateur, il était tout à fait légitime pour les mis-en-cause d'aborder le sujet comme ils l'ont fait. Le grief est donc rejeté.

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Grief 3 : sensationnalisme
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25. Mme Montpetit reproche aux mis-en-cause "d'avoir prononcé et permis la mise en ondes de propos sensationnalistes".

26. A ce propos, le guide DERP du Conseil indique : "Les médias et les professionnels de l'information doivent traiter l'information recueillie sans déformer la réalité. Le recours au sensationnalisme et à l' "information-spectacle" risque de donner lieu à une exagération et à une interprétation abusive des faits et des événements et, d'induire le public en erreur quant à la valeur et à la portée réelles des informations qui lui sont transmises." DERP, p. 22

27. Selon le Conseil, un sujet comme celui des souffrances de la victime peut être très touchant, sans être pour autant sensationnaliste.

[Et on ne parle pas des souffrances de l'agresseur qui peuvent aussi êtres émouvantes.]

D'autre part, les fonctions de chroniqueur et de commentateur appartiennent à un genre journalistique qui permet à son auteur l'utilisation d'expressions colorées. Le Conseil observe qu'au-delà de l'affirmer, la plaignante ne précise pas en quoi les propos de M. Poirier ou de ses invités seraient sensationnalistes. Rien non plus, dans l'étude du dossier, ne permet d'arriver à cette conclusion de la plaignante. Par conséquent, le grief n'est pas retenu.

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28. Pour l'ensemble de ces raisons, le Conseil de presse rejette la plainte de Mme Marie-Claude Montpetit contre M. Claude Poirier, journaliste, et la chaîne télévisée LCN.