DOUTEUR ET UNE PAGE INTÉRESSANTE

samedi 26 octobre 2013

6237

(...) 

la scission spontanée des nantis 

en 2 classes dirigeantes superposées: 

une caste supérieure de capitalistes purs 

auxquels les leaders appartiennent de droit divin

et une caste roturière d’entrepreneurs.

L’entrepreneur est un « presque puissant » 

qui est encore soumis à l’indignité de produire quelque chose.

Il produit normalement surtout des décisions, doit courir des risques et vit et de ses 
« profits», selon son talent et son initiative, d’autant mieux que ses décisions auront été les bonnes.

Il a droit d’accès au shylock qui rend ces décisions effectives en y investissant des fonds 
et dont l’entrepreneur paye la rente à partir de ses profits.

Les capitalistes purs, que nous appelons parfois « shylocks », en hommage à Shakespeare,
 vivent uniquement de leurs « intérêts », comme d’une rente. 

Leur seul mérite est d’avoir la richesse et on les en récompense en leur en donnant davantage.

Ils détiennent le vrai pouvoir. 

AUX USA, ILS REPRÉSENTENT ENVIRON 1% DE LA POPULATION ET POSSÈDENT ENVIRON LE TIERS DE LA RICHESSE,

CE QUI EST LARGEMENT SUFFISANT POUR QU’ILS EN CONTRÔLENT LE RESTE.

Ce clivage permet que les shylocks, dont les leaders, restent raisonnablement indemnes de la précarité d’un profit qui dépend de la demande effective, 

puisque c’est l’entrepreneur qui absorbe le choc de cette précarité, payant sa livre de chair à son banquier quoi qu’il advienne.

La stratification shylocks-entrepreneurs n’apporte pas une protection parfaite, toutefois, le shylock, pouvant encore perdre, si la consommation baisse au point où l’entrepreneur est ruiné.

Pour protéger davantage la caste des shylocks des caprices du consommateur, une deuxième ligne de défense des leaders est donc venue s’ajouter au dispositif: les actionnaires.

L’actionnaire est en principe un entrepreneur. Il court des risques.

En réalité, seul l’actionnaire majoritaire est un entrepreneur; l’actionnaire minoritaire, non.

Voulant singer le shylock et vivre comme lui d’une rente, mais sans en avoir les moyens, 

il se laisse convaincre de prendre à son compte les risques de l’entrepreneur 

sans assumer lui-même un contrôle quelconque sur ses décisions.

Ignorants, sans pouvoir réel et nombreux, ce sont les actionnaires minoritaires qui portent le chapeau, si la demande effective chute et que la valeur présumée des équipements

et donc du capital qui y est investi s’effondre.

Dès qu’on a un actionnariat, l’entrepreneur reçoit aussi une protection.

Ce sont les actionnaires qui payent sa rente au shylock, sous forme d’intérêts qui réduisent leurs dividendes.

À l’opposition entre entrepreneurs et capitalistes se substitue celle entre ceux-ci et les actionnaires minoritaires, ce qui rend les contacts plus sereins au sein de la production.

L’opposition entre shylocks et actionnaires apparaît clairement en Bourse: 

les fluctuations de la valeur des obligations – qui payent un intérêt fixe aux shylocks – divergent brutalement de celles des actions qui, elles, distribuent des profits aux actionnaires:

quand les unes montent, les autres baissent… !

Mais le petit pouvoir des actionnaires minoritaires ne menace rien…

Les actionnaires minoritaires constituent une splendide ligne de défense pour les shylocks, 

lesquels peuvent revenir sans compromission à leur tendance naturelle qui est de prendre sans contrainte tout ce qu’ils peuvent prendre, sans se préoccuper de la demande effective ni des profits.

Il suffit que l’intérêt soit versé et Shylock s’enrichit.

Shylock, lui, est à l’abri de tout… sauf d’un effondrement de la valeur de l’argent lui-même.


Comprenez-vous pourquoi Shylock n’aime pas qu’on parle d’inflation ?

*

LE SYSTÈME DÉBONNAIRE

Pierre Jc Allard

14-09-08