DOUTEUR ET UNE PAGE INTÉRESSANTE

mardi 19 mai 2009

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Le mot «meurtre» choque.

Tout un flot d'images hante l'esprit de la personne qui l'évoque. Elle se voit déjà à sa place, par terre, «baignant dans son sang» comme aime l'écrire les journalistes qui préfèrent les formulaires.

Il y a une «victime» (toujours) «innocente».

Et un «criminel».

Généralement, ces 2 termes provoquent de nombreuses émotions intenses et variées. Du moins chez la plupart des gens considérés comme «normaux».

Et on trouve tout à fait normal que l'État, le gouvernement pourchasse les «criminels», les «tueurs» et interdise le «crime» et le «meurtre». Et punissent ceux qui ont commis ces actes.

Même un meutre commis ailleurs et dont on aura appris l'existence par les journaux provoquera des émotions de compassion. Les journaux aiment bien provoquer ce genre d'émotions. Les accidents d'autobus sont aussi utiles lorsqu'on n'a rien d'intéressant dans la nouvelle locale ou seulement des choses trop compliquées à comprendre pour le cerveau de qualité moyenne des lecteurs. (Au moins, ceux-ci lisent, que dire des autres?)

Si la mort «injuste» d'un seul individu plonge dans un tel état de détresse psychologique le consommateur de nouvelles, on pourrait penser que davantage de morts serait encore plus traumatisants.

Et bien non. Le nombre de morts dilue l'émotion. Comme si on en avait moins pour chacune des victimes mais aussi pour le lot. Ce qui est curieux.

Et quand il y en a vraiment mais vraiment beaucoup, la personne généralement sensible ne sent plus rien.

On appelle ce genre de phénomène «guerre». Il n'y a pas de nom pour l'effet d'inertie et d'indifférence qui flotte sur la personne qui entend le mot «guerre». Ce qui est curieux. Étant donné que c'est une des principales occupations de l'humanité depuis 10,0000 ans. Une des principales causes de mortalité à part l'intervention de la Nature par famine, épidémie, inondation, tremblement de terre, sécheresse.

Et la principale occupation des États depuis qu'on peut utiliser ce mot. Ces mêmes États qui interdisent le meutre privé sous peine de punition sévère - le meurtre de l'assassin entre autre.

Tout ceci est compliqué et exige un certain nombre de neurons en bon état de marche, le profeseur Bulle y reviendra plus tard. Et il a tout son temps puiqu'on ne semble pas sur le point de cesser cette activité ou ce raisonnement en apparence illogique.

On arrive à la conclusion curieuse que la fin abrupte d'une seule vie est plus choquante que le même phénomène sur un million.

On appelle cette dernière situation «guerre».

Le mot dans la plupart des esprits est tout à fait anodin.

Tandis que le mot «meutre» traumatise.

Tout ce qu'on peut dire pour le moment est que c'est curieux.