DOUTEUR ET UNE PAGE INTÉRESSANTE

vendredi 16 avril 2010

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Le Vice-Président (M. Gendron): (...) Et, pour la poursuite du débat, je reconnais maintenant Mme la ministre de la langue française et de la Culture. Mme la ministre.

Mme Christine St-Pierre

Mme St-Pierre: Merci, M. le Président. Et également des Communications et de la Condition féminine.

Alors, j'aimerais commencer cette intervention, M. le Président, en lisant des extraits des articles qui ont été publiés à la suite du budget de mon collègue ministre des Finances.

Donc, Journal de Québec, 31 mars 2010: Bonne nouvelle pour les artistes.

Rue Frontenac, 31 mars 2010: «Le milieu culturel est soulagé et généralement satisfait du budget du ministre [des Finances], qui prévoit même une légère hausse des fonds alloués à la culture.

«C'est positif, commente le président de l'Union des artistes, [M.] Legault.»

Le Devoir, 31 mars: «"Il y a beaucoup d'organismes qui poussent un soupir de soulagement",

a déclaré hier le porte-parole du Mouvement des arts et des lettres, M. Bastien Gilbert...»

Culture Montréal, qui écrit dans un communiqué:

«Le milieu culturel peut se réjouir de cette reconnaissance par le gouvernement provincial du rôle que joue le secteur culturel dans la croissance économique et le développement social au Québec, particulièrement dans le présent contexte de reprise économique.»

Donc, M. le Président, le budget qui a été déposé par mon collègue le ministre des Finances la semaine dernière a été fort bien accueilli dans le milieu de la culture. Et également ce budget, il faut le dire, donne au milieu de la culture des sommes supplémentaires de 24 millions de dollars, et ça vient confirmer que le développement et la promotion de notre culture constituent une des grandes priorités de notre gouvernement et un moteur de développement économique.

Le milieu de la culture a reçu, je l'ai dit, favorablement ce budget. Nous nous sommes engagés dans une solution porteuse et réaliste, et les acteurs culturels l'ont reconnu. J'en veux pour preuve le fait que le budget consacré à la culture par le gouvernement ainsi que la proportion des crédits alloués au ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine demeurent tous deux au-dessus de la norme de 1 % établie comme balise par l'UNESCO. Cela est normal et légitime, M. le Président, puisque la culture est l'âme de notre nation. Elle est notre identité et notre fierté. Elle agit également comme protectrice de la langue française. De plus, elle est créatrice d'emplois et elle génère une créativité qui stimule ce sens de l'innovation, qui est le moteur du progrès dans les sociétés du XXIe siècle. Il est désormais admis qu'investir dans la culture, c'est insuffler du dynamisme à l'économie.

Le ministre des Finances nous a aussi révélé des choix qui témoignent de notre volonté commune d'être fidèles aux valeurs qui font du Québec une nation ouverte et tournée vers l'avenir. Parmi ces valeurs, il y a la volonté de construire une société égalitaire et celle de sauvegarder le français, qui est notre langue d'usage au travail et dans la sphère publique.

Permettez-moi de prendre un moment pour vous exposer brièvement les choix et priorités exprimées dans le discours du budget en ce qui concerne la culture, les communications, la condition féminine et la protection de langue française.

Le ministre des Finances a choisi de maintenir les montants pourvus afin de compenser les effets des compressions budgétaires opérées par le gouvernement fédéral. Je précise, M. le Président, que sans notre intervention les effets dommageables de ces compressions auraient grandement affecté plusieurs créateurs et organismes culturels québécois faisant rayonner le Québec à l'étranger.

C'est ainsi que nous maintenons l'aide spéciale de 3 millions de dollars pour la promotion de nos artistes sur la scène internationale, ceci afin d'amenuiser les effets des coupures dans les programmes fédéraux de Promart et Routes commerciales. De même, nous conservons la bonification de 1 million de dollars à la subvention destinée à l'Institut national de l'image et du son, de façon à assurer la continuité de cette excellente école, qui forme de futurs créateurs en cinéma, en audiovisuel et en multimédia.

Cette aide s'ajoute au 1 million de dollars que nous réservons à l'ensemble des écoles supérieures de formation. Cet ajout aux écoles supérieures est rendu possible grâce à l'importante contribution que l'OSM recevra de la part de Loto-Québec. 10 millions seront injectés dans l'orchestre, libérant plus de 7 millions de dollars pour d'autres organismes culturels et d'autres projets.

Nous annonçons également notre contribution au Festival d'art lyrique à Québec, au Festival d'arts du cirque de Montréal pour... comme aux musées en difficulté qui relèvent de notre ministère.

La SODEC n'est pas en reste, car elle voit son enveloppe de 20 millions réservée au prêts ou aux garanties de prêts aux entreprises culturelles majorée de 10 millions de dollars. Nous avons déjà annoncé que cette enveloppe pourrait être majorée au cours des prochaines années, au besoin, jusqu'à 50 millions de dollars.

En ce qui regarde le rayonnement de notre production télévisuelle, mon ministère prend acte avec plaisir d'une très bonne nouvelle. En effet, le ministre des Finances a décidé de nous permettre de préserver la mission de TV5 Monde en reconduisant les budgets alloués à cette télévision francophone internationale au sein de laquelle nous sommes des partenaires actifs et créatifs. Je me réjouis grandement de ce dénouement, car cette chaîne diversifiée et multilatérale donne au Québec une formidable vitrine dans le monde.

Au chapitre des infrastructures, comme vous le savez, M. le Président, le premier ministre a rendu public en novembre 2007 un très important plan québécois d'infrastructures. Ce grand chantier de rénovation nous a permis de traverser les perturbations de la crise financière mondiale. Il aura généré, à terme, plus de 100 000 emplois et permis de stimuler notre économie en remettant à niveau nos écoles, nos routes, nos hôpitaux, nos centres de recherche et nos équipements culturels, pour ne nommer que ceux-là.

Avec des injections de capitaux globaux de 1,2 milliard d'ici 2014, la culture occupe une part importante de cette vaste stratégie d'investissement public qui témoigne de notre capacité à stimuler le développement économique. Pendant l'année qui vient de s'écouler, nous avons été en mesure de financer plus de 185 projets d'infrastructure culturelle, pour des injections majeures de capitaux sur l'ensemble du territoire.

Et, lorsque je vais dans les régions, M. le Président, ou un peu partout annoncer ces projets, je dis toujours que c'est important et majeur que nos artistes aient des infrastructures à la hauteur de leur talent pour qu'ils puissent se produire avec... sans penser que les éclairages vont leur tomber sur la tête ou que la fosse va... Et les infrastructures culturelles permettent également à des villages ou des villes d'avoir un pouvoir beaucoup plus attrayant sur des familles qui veulent aller s'installer dans ces endroits.

Le budget 2010-2011 du gouvernement du Québec fait donc le choix de maintenir ces investissements. Ainsi, quelque 280 millions de dollars seront consacrés à l'amélioration des actifs des sociétés d'État oeuvrant en culture de même qu'à la mise à niveau et au développement des équipements culturels partout au Québec. Ce sont des dizaines de bibliothèques, de salles de spectacle, d'écoles de musique, de théâtres et centres de création qui subiront une cure de rajeunissement hautement nécessaire, M. le Président. J'ajoute que le Plan québécois des infrastructures va nous permettre de poursuivre des chantiers culturels de grande envergure tels que la construction de la nouvelle salle de concert de calibre international pour Montréal ou encore ce magnifique Quartier des spectacles dont on ne peut... dont on peut déjà mesurer le succès. Précisons enfin que nos investissements en infrastructures profitent aussi directement aux créateurs, puisqu'ils financent de nombreuses oeuvres d'art dans le cadre de la politique d'intégration des arts à la culture.

En termes de développement culturel régional, M. le Président, le développement des villes, des communautés et des régions du Québec est très présent dans nos préoccupations. Le budget de cette année témoigne de notre conviction profonde que la culture est un élément essentiel pour leur dynamisme et leur qualité de vie. En conséquence, une attention particulière est apportée dans le cadre du budget 2010-2011 pour la mise en oeuvre des ententes de développement culturel avec les villes et les instances régionales du Québec.

J'attire particulièrement votre attention sur les accords qui nous lient aux villes de Montréal et de Québec. Ainsi, nous poursuivons la mise en oeuvre de l'entente triennale signée en 2008 avec la métropole dans la foulée du grand événement Rendez-vous novembre 2007 — Métropole culturelle internationale. En vue de cette entente, quelque 38,6 millions de dollars seront versés en crédits d'investissement et de transfert pour l'exercice 2010-2011.

La région de la Capitale-Nationale n'est pas en reste, M. le Président, puisque, pour une deuxième année consécutive, nous sommes en mesure de bonifier notre entente de développement culturel avec la ville de Québec. Ce sont, au total, 15 millions de dollars, dont 4,7 millions pour l'année... pour l'exercice 2010-2011, que nous devons aux retombées de l'événement Québec horizon culture. À l'occasion de cette rencontre-événement, que j'ai coprésidée en compagnie de M. le maire Régis Labeaume et dont le président d'honneur était nul autre que Robert Lepage, plus de 800 personnes ont répondu à notre appel. Un récent bilan nous a permis de constater que Québec horizon culture a généré à ce jour des investissements triennaux de 105,8 millions de dollars consacrés à des projets sur mesure pour tirer profit du capital culturel de Québec. De semblables résultats font que nous avons plus que jamais l'intention de continuer de faire des ententes avec les villes, les outils privilégiés de développement partout au Québec.

En condition féminine et égalité, j'aimerais maintenant vous entretenir des développements budgétaires concernant ce volet, le volet de la condition féminine et de notre mission. D'entrée de jeu, je veux vous dire que je me réjouis des mesures énumérées dans le discours du budget.

•(15 h 20)•

La première bonne nouvelle pour tous ceux qui désirent vivre dans un Québec véritablement égalitaire est à l'effet que les budgets pour nos actions en condition féminine sont maintenus. Le ministre des Finances a, entre autres, accédé à notre demande de renforcer l'intervention gouvernementale visant l'égalité entre les femmes et les hommes. Pour l'année 2010-2011, une somme de 10 millions de dollars, dont 3,5 millions de dollars à notre ministère, sera consacrée à la prolongation de un an de ce plan d'action gouvernemental pour que l'égalité de droit devienne une égalité de fait.

Comme vous le savez, M. le Président, ce plan d'action engage l'ensemble du gouvernement et invite les décideurs de notre société à poser des gestes concrets pour favoriser l'égalité entre les femmes et les hommes. Cette année, nous dresserons un bilan rigoureux de chacune des mesures afin de mieux cibler les interventions qui feront partie du nouveau plan devant être proposé au printemps 2011. Ce système de reddition de comptes a, jusqu'ici, donné des résultats très encourageants, puisqu'il révèle que les cibles ont été atteintes dans des proportions importantes. Parmi les mesures et résultats qui nous inspireront, je signale la création de plusieurs organismes régionaux de soutien à l'entrepreunariat féminin et la signature de 21 ententes en faveur de l'égalité avec les conférences régionales des élus ainsi qu'avec d'autres partenaires gouvernementaux.

J'arrive à la fin? Non?

Une voix: ...

Mme St-Pierre: Oui. Je porte aussi à votre attention la Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée, une mesure d'engagement volontaire destinée à promouvoir un rapport au corps qui soit sain et ouvert à la variété des formes. C'est une première en Amérique du Nord dont nous sommes très fiers et qui remporte un succès très prometteur. Ce sont là d'excellentes nouvelles pour les femmes et pour toute la population, car les actions d'une société égalitaire profitent à tous.

M. le Président, le présent budget accorde, cette année encore, une grande importance à la protection de la langue française. Au Québec, notre culture et notre identité sont intimement liées à cette langue dont nous désirons assurer la pérennité. Aussi, notre gouvernement est-il profondément attaché à sa promotion et à son rayonnement. En 2010-2011, le budget de dépenses alloué au programme de la Charte de la langue française totalise près de 28 millions de dollars. Ce budget nous permettra de répondre aux grandes orientations en matière de politique linguistique, soit renforcer la place du français dans les milieux de travail et dans les services au public, particulièrement à Montréal; cibler et bonifier l'offre linguistique, terminologique et toponymique; documenter des connaissances sur la situation linguistique et sur des questions touchant la langue française au Québec; mettre en valeur la politique linguistique québécoise et souligner la vitalité du français. Parmi les principales actions envisagées en 2010-2011, j'aimerais mentionner la poursuite de la Stratégie commune d'intervention pour Montréal 2008-2013, qui a pour but de consolider le français dans les entreprises de 11 à 49 employés.

Là-dessus, M. le Président, je veux vous dire que, comme ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine et responsable de l'application de la Charte de la langue française, et à la lumière des commentaires que nous avons lus dans les différents médias au Québec, je suis très fière de faire partie de cette équipe et du gouvernement. Merci.

Le Vice-Président (M. Gendron): Alors, je vous remercie, Mme la ministre de la Culture et des Communications. Je vous indique que, comme vous aviez 22 minutes à votre formation, il va rester à peu près 10 minutes aux prochains collègues ministériels.

Pour la suite des choses, j'indique tout de suite qu'il y aura deux intervenants de l'opposition, parce qu'il restait le double du temps, avant de retourner à vous, M. le ministre.

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JOURNAL DES DÉBATS DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE

39e législature, 1re session
(début : 13 janvier 2009)

Le mercredi 14 avril 2010
http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/assemblee-nationale/39-1/journal-debats/20100414/14735.html

- Vol. 41 N° 104