DOUTEUR ET UNE PAGE INTÉRESSANTE

vendredi 16 avril 2010

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(12 h. 20)

Le Vice-Président (M. Chagnon): (....) Et j'inviterais maintenant Mme la députée de Mirabel à prendre la parole.

Mme Denise Beaudoin

Mme Beaudoin (Mirabel): Merci, M. le Président. C'est avec plaisir que j'interviens à mon tour sur le budget 2010-2011 déposé par le ministre des Finances récemment. Ce qui frappe le plus dans ce budget, M. le Président, c'est que le gouvernement libéral va piger dans les poches des contribuables sans offrir un meilleur service et sans faire d'effort nécessaire pour améliorer la performance dans la gestion de l'État.

Comment on va piger dans les poches des contribuables? D'abord, ils ne pigeront pas dans les poches des plus nantis, évidemment, et les bonis abondent encore chez les amis du parti. On va, entre autres, hausser les tarifs d'électricité, la taxe de la TVQ de 2 %, le carburant. On va imposer une taxe sur la santé et l'imposition d'un ticket modérateur aux usagers du système de santé.

La mauvaise gestion libérale nous laisse une facture de 6,5 milliards pour les Québécois et les Québécoises, M. le Président. Et à quand le retour à l'équilibre budgétaire? 2013-2014. Et, comme par hasard, on va probablement déclencher des élections. La dette augmentera de 20 milliards de dollars au cours des deux prochaines années. Savez-vous que cette situation amène, pour cette année et l'an prochain, le plus important accroissement de la dette publique de l'histoire du Québec?

Et en quoi ce budget n'est pas acceptable, entre autres, pour les gens de la circonscription de Mirabel, M. le Président? Eh bien, l'impact annuel, à terme, des hausses de taxes et de tarifs annoncées dans le budget 2010-2011, pour la famille moyenne, représente 1 312 $.

Prenons le thème de l'économie. Chez nous, à Mirabel, nous avons le bonheur d'avoir le fleuron du Québec en aéronautique, et c'est bien mérité suite à une expropriation libérale fédérale éhontée en 1969 et suite à la fin des vols internationaux à l'aéroport de Mirabel. Nous sommes fiers, M. le Président, de l'implantation de nombreuses industries, tels Bombardier, Bell Helicopter, Messier-Dowty, et j'en passe. Il n'y a rien, cependant, dans ce budget pour aider les industries reliées au domaine de l'aéronautique et les travailleurs. On va même annoncer des mises à pied sous peu dans certaines de ces industries. J'ai moi-même rencontré des travailleurs qui sont inquiets. Ils sont inquiets pour leur avenir. Nous devons prévoir une formation adéquate pour permettre à ces gens de se recycler. Ce budget annonce seulement des initiatives de démonstration de technologies destinées à réduire l'empreinte écologique des appareils. Les gens connaissent mon souci pour l'environnement, mais il aurait fallu aider également la croissance et la prospérité de ce fleuron qu'est le domaine de l'aéronautique, dont la nation québécoise est si fière.

Prenons maintenant le thème de l'environnement. Nous avons chez nous, à Mirabel, de nombreux problèmes qui affectent la qualité de vie des citoyens. L'étalement urbain sans vision de développement à long terme provoque des inconvénients énormes. Nous avons, entre autres, un mégasite d'enfouissement situé à proximité de Mirabel qui a fait la manchette des médias nationaux, et qui continue de le faire par le manque de transparence de l'administration de la Régie intermunicipale Argenteuil—Deux-Montagnes, et qui perdure depuis de nombreuses années. J'ai posé des questions en Chambre pour que l'on fasse toute la lumière, mais la saga, M. le Président, continue toujours, car ce gouvernement n'a rien fait pour remédier à cette situation inacceptable.

On accueille présentement et illégalement les déchets de la Rive-Sud de Montréal et de Montréal, situation que j'ai dénoncée avec mon collègue le député de L'Assomption et porte-parole pour l'opposition officielle en matière d'environnement. Les citoyens ont constaté le passage de 200 camions à l'heure, certaines journées, à Saint-Hermas de Mirabel, là où se trouvent les plus belles terres du Québec. Il faut que chaque région gère ses déchets, M. le Président. Et que fait ce gouvernement pour appliquer la loi? Rien. Et puis ce camionnage détruit nos routes. Mais heureusement que le député d'Argenteuil et ex-ministre du Travail démissionnaire est là pour permettre à la compagnie ABC Transport, que tout le monde connaît, qui exécute de nombreux travaux dans la région d'Argenteuil et Mirabel, de les réparer à coups de millions aux frais des contribuables. Le budget du ministère concerné par l'environnement est réduit et demeure nettement insuffisant: coupure de 8 millions par rapport au budget de l'année précédente. Les inspecteurs sont peu nombreux pour répondre aux plaintes de la population, évidemment.

Prenons maintenant le thème de l'agriculture, et là je vais contredire certains propos de mon collègue d'en face, le député de Huntingdon. Nous avons à Sainte-Scholastique une école d'agriculture, le CFAM, dont nous sommes très fiers. Nous perdons, en moyenne, une ferme par jour au Québec, ce qui ne nous donnera pas une souveraineté alimentaire. Qui va nourrir le Québec? Alors là, nous, on voulait une véritable politique de transfert des fermes vers la relève agricole, et ce budget ne le permet pas, M. le Président. Et vous connaissez le slogan des agriculteurs: Pas d'agriculture, pas de nourriture.

Prenons maintenant le thème des services de garde. Chez nous, nous n'avons pas un problème démographique. Cependant, plusieurs jeunes familles ne trouvent pas de place pour leurs enfants dans un CPE. Ils doivent donc quitter leur emploi, car les coûts sont trop élevés dans une garderie non subventionnée. Qui doit quitter son emploi, M. le Président? La plupart du temps, la mère de famille, malheureusement. Ce gouvernement libéral n'a pas tenu ses promesses électorales, il a même augmenté les tarifs de 5 $ à 7 $. Et que dire de l'attribution éhontée de places en garderie aux donateurs du Parti libéral, que ma formation politique a dénoncée et continue de dénoncer?

Et puis les représentants des organismes communautaires crient au secours et vont continuer de crier au secours, car ils étaient déjà à bout de souffle, ils le seront pour longtemps avec ce budget qui les a complètement oubliés. J'ai rencontré moi-même des gens sur le terrain, et cette situation est inacceptable. Je vais vous dire, M. le Président, qu'il y a certains organismes, là, qui voient des parents, les lundis matins, qui font une file pas pour une loterie, mais parce qu'on fait un tirage pour que certains obtiennent des sacs de lait, et ce gouvernement libéral a déposé un budget pour les taxer davantage.

Et que dire sur la santé? Chez nous, nous n'avons pas d'hôpitaux. Le CLSC à Mirabel n'est pas encore fonctionnel. Le transport en commun est presque inexistant. Et plusieurs commettants n'ont même pas de médecin de famille. Certains médecins de famille, même dans la région d'Oka et de Saint-Placide, ont quitté pour pratiquer dans des cliniques privées. Et nous avons également des problèmes avec les délais de réponse des ambulanciers paramédics à Oka malgré une pétition et plusieurs questions à l'Assemblée nationale qui sont demeurées sans réponse adéquate, M. le Président.

Alors, je voudrais terminer en disant que la vraie solution pour répondre aux multiples allégations de collusion, de travail au noir dans l'industrie de la construction, c'est une commission d'enquête publique dans l'industrie de la construction et pas seulement une enquête pour la nomination des juges. Il faut faire le ménage, car le vrai ménage, ça réside dans le financement du Parti libéral.

Alors, ma formation politique et moi-même, M. le Président, nous allons voter contre ce budget, car il est nettement inacceptable. Merci.

Le Vice-Président (M. Chagnon): Merci, Mme la députée de Mirabel. M. le député de Laval-des-Rapides.

M. Paquet: Merci, M. le Président. Toujours en vertu de l'article 213, est-ce que la députée de Mirabel, contrairement a ses deux collègues précédents, accepterait de répondre à une question de ma part, une brève question?

Le Vice-Président (M. Chagnon): Mme la députée? Non. La réponse est non, M. le député de Laval-des-Rapides. Est-ce que j'ai un prochain intervenant?

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JOURNAL DES DÉBATS DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE

39e législature, 1re session
(début : 13 janvier 2009)

Le mercredi 14 avril 2010
http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/assemblee-nationale/39-1/journal-debats/20100414/14735.html

- Vol. 41 N° 104