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DE TOMASSI AU CYNISME POPULAIRE

Valère Audy

08 mai 2010
La Voix de l'Est
http://www.cyberpresse.ca/la-voix-de-lest/201005/08/01-4278493-de-tomassi-au-cynisme-populaire.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_lire_aussi_4278825_article_POS2
Le premier ministre Jean Charest vient de larguer Tony Tomassi, un député et ministre de plus en plus embarrassant, mais cela pour un motif qui n'a pas à voir avec le scandaleux dossier de l'attribution des places de garderie.

Autrement dit, il a trouvé un prétexte pour se débarrasser de son ministre sans du coup donner raison à l'opposition péquiste.

Mais M. Charest n'aura pas la paix pour autant.

Et pas sûr que ses adversaires profiteront des déboires du PLQ.

M. Charest dirige un gouvernement qui souffre d'usure et de laxisme, et l'opposition poursuivra le travail de sape qu'elle mène depuis des mois afin d'établir que l'équipe libérale est corrompue et que ses grands mandarins sont incompétents.

Tout y passe: des garderies aux sociétés d'État en passant par les contributions politiques, la collusion dans la construction, les primes à la performance, les ratés en santé et en éducation, les coups de griffes de Marc Bellemare, etc.

Quoi qu'il fasse, difficile d'imaginer que le premier ministre puisse, même avec le temps, s'en remettre, rebondir comme il l'a déjà fait.

Celui-ci a d'abord trop tardé à agir et refuse toujours de le faire dans certains cas.

L'enlisement est trop profond, l'usure trop marquée, le défi à relever trop important.

À cela s'ajoute l'austère budget Bachand qui, si justifié soit-il, dans l'ensemble en tout cas, joue contre le gouvernement.

Reste que l'usure de ce gouvernement ne profite pas vraiment à ses adversaires.

Un sondage le soulignait il y a quelques semaines et les résultats de celui de la maison Angus Reid, présentés dans La Presse d'hier, sont assez révélateurs.

Les politiciens logent au sous-sol de la pyramide de la confiance populaire.

On les trouve vides d'idées et plus centrés sur eux-mêmes qu'intègres et efficaces.

Au Québec, 37% des répondants ne font confiance à aucun des chefs politiques.

Et Mme Marois, qui coiffe les autres, n'obtient la confiance que de 21% des répondants, contre 15% pour M. Charest, 11% pour Mme David (et Amir Kadhir) et 9% pour M. Deltell.

Avec de tels résultats et d'autres données qui ne sont pas moins significatives, comment ne pas conclure au désabusement?

Le cabinet Charest n'est pas étranger au cynisme populaire.

Mais les adversaires ne font eux-mêmes rien pour combattre ce cynisme.

Bien au contraire, ils l'attisent. Chacun se cherche un scandale à exploiter, un ministre à faire tomber, un grand mandarin à qualifier d'incompétent, etc.

En même temps que ça pue la corruption au gouvernement, ça sent la partisanerie [?] et la mesquinerie notamment à l'égard des dirigeants de la Caisse de dépôt chez les adversaires [?].

Ça crève à ce point les yeux que ça ne peut pas leur profiter [?].

L'opposition n'a pas pour unique mandat de questionner le gouvernement.

Elle doit aussi formuler des propositions constructives et, en plus de porter une attention particulière aux juteuses affaires, se concentrer sur les dossiers d'importance majeure.

[Et vous croyez que dans notre supposée «démocratie» ces suggestions bien intentionnées et aussi bien inspirées soient-elles seraient reçu avec toute l'attention qu'elles méritent. Merci de votre appel! Votre appel est important pour nous! On vous rappellera... L'opposition fait ce qu'elle a à faire dans le contexte actuel. Elle s'oppose. Mieux, pour une fois, elle reluque sous la jupe du curé pour voir s'il n'y a pas des choses louches. Et elle en trouve. Et elle le dit. Et, pour une fois, les journaleux font leur job, ils en parlent. Et, pour une fois, il y a des journalistes qui se mettent à enquêter et tirer sur le brin de laine qui dépasse du bout du gilet. Et, pour une fois, le public a quelque chose d'autre à méditer que les sentiments de Brenda qui vient d'être expulsé de LoftStoryOccupationDouble ou que Celine (sans accent) qui aura enfin la maison de ses rêves. Je mouille déjà! Il va de soi que de tels phénomènes sont si inhabituels (on ne parle pas ici de Cindy ou de Brenda ou de Ceéline) que les témoins comme s'ils venaient de voir un accident d'auto où le chauffeu aurait été décapité mais que la tête resterait encore pendante par un bout de chair, sont un peu, disons, estomaqués. Ils apprennent comme on dissèque la grenouille comment est faîtes la politique. C'est toujours bon à savoir. Mais ce n'est pas un spectacle pour les enfants.]

Actuellement, elle met trop de temps sur les garderies, trop peu sur le budget Bachand.

Les priorités ne sont pas les bonnes.

Le peuple, qui en perçoit les intérêts, n'est pas sceptique pour rien.

Cela dit, le meilleur service que pourrait rendre le premier ministre Charest au Québec, dans le contexte actuel, ce serait d'ordonner la tenue de l'enquête publique réclamée sur la corruption et la collusion dans l'industrie de la construction et sur le financement, non seulement du PLQ, mais de tous les partis politiques du Québec.

Parce que, à en juger par ce qui filtre depuis quelques mois sans pour autant faire les manchettes, le PLQ ne serait pas seul à avoir les mains sales.

Et tant que tout le linge ne sera pas lavé, cela plus blanc que blanc, nos politiciens continueront de s'amuser, comme seuls des enfants savent le faire, dans ce grand trou de vase... qu'est tristement devenue notre Assemblée nationale.