lundi 2 juillet 2012
5966. D'UN CÔTÉ LE 1 % QUI GOUVERNE LE MONDE COMME DU BÉTAIL ET DE L'AUTRE, LE VASTE MOUVEMENT DES IMBÉCILES SINCÈRES QUI...
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MALI
DESTRUCTIONS À TOMBOUCTOU : APRÈS LES MAUSOLÉES, LES MOSQUÉES
2 juillet 2012 à 15 h 46 HAE
Radio-Canada avec Agence France-Presse, Reuters et Associated Press
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2012/07/02/004-tombouctou-destructions-mosquee-porte.shtml
Les islamistes qui contrôlent Tombouctou ont poursuivi lundi la destruction de biens religieux en brisant la porte sacrée d'une mosquée du 15e siècle.
Les hommes d'Ansar Dine ont jusqu'ici détruit la moitié des 16 mausolées que compte Tombouctou, en plus d'un certain nombre de sépultures de saints locaux.
« Parmi les civils qui regardaient ça, certains ont pleuré »
a déclaré un ancien guide touristique de Tombouctou, cité historique du nord du Mali.
Les islamistes ont notamment détruit l'entrée de la mosquée Sidi Yahia de Tombouctou, située dans le sud de la ville.
« Ils ont arraché la porte sacrée qu'on n'ouvrait jamais »
a affirmé un de ces témoins, une information confirmée par d'autres habitants de Tombouctou.
Un membre de la famille d'un imam a déclaré qu'ils avaient agi ainsi car
« certains disaient que le jour où on ouvrirait cette porte, ce serait la fin du monde et ils ont voulu montrer que ce n'est pas la fin du monde ».
Depuis samedi, Ansar Dine s'attaque aux mausolées et aux tombeaux de saints de Tombouctou, considéré comme une hérésie vis-à-vis d'un islam rigoriste des origines.
Les membres de la faction islamiste affirment agir « au nom de Dieu » et en représailles à la décision de l'UNESCO, le 28 juin, d'inscrire Tombouctou sur la liste du patrimoine mondial en péril.
Joint par téléphone par l'Associated Press, un porte-parole d'Ansar Dine a affirmé que cette faction ne reconnaissait ni les Nations unies, ni la Cour pénale internationale, dont un procureur a affirmé que cette destruction pourrait constituer un crime de guerre.
« Le seul tribunal que nous reconnaissons, c'est le tribunal divin de la charia [la loi islamique] »
a souligné Oumar Ould Hamaha.
« La destruction est un ordre divin, a-t-il déclaré. C'est notre prophète qui a dit que chaque fois que quelqu'un construit quelque chose au-dessus d'une tombe, cela doit être remis par terre. Nous devons faire cela pour que les générations futures ne soient pas troublées et ne commencent à vénérer les saints comme s'ils étaient Dieu. »
Oumar Ould Hamaha a ajouté qu'il ne se souciait pas de l'impact que ces actions auront sur le tourisme:
« Nous sommes contre le tourisme. Ils encouragent la débauche ».
Une mosquée à Tombouctou, au nord du Mali La mosquée Sidi Yahia fait partie des trois grandes mosquées de Tombouctou avec celles de Djingareyber et de Sankoré, joyaux architecturaux témoignant de l'apogée de la ville. Elles figurent toutes les trois sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Des saints sont enterrés dans les mosquées de Djingareyber et de Sidi Yahia, selon un expert malien.
« Même le prophète [Mahomet] lui-même allait visiter les tombes et les mausolées. C'est de l'intolérance. »
L'Association des leaders religieux du Mali
Le saccage à Tombouctou a été condamné par le Mali, la France et l'Algérie, mais aussi par l'UNESCO, l'Organisation de coopération islamique (OCI) et la Cour pénale internationale (CPI).
Fatou Bensouda, procureure de la CPI, a d'ailleurs déclaré dimanche que ces destructions pouvaient être considérées comme un crime de guerre passible de poursuites.
AVANCÉE DES ISLAMISTES
Les islamistes d'Ansar Dine et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest ont profité d'un coup d'État militaire, le 22 mars à Bamako, pour accélérer leur progression.
Ils contrôlent désormais tout le nord du Mali, au détriment de la rébellion touarègue. Leur objectif est d'imposer la charia (loi islamique) dans tout le Mali.
À Alger et à Niamey, les ministres maliens des Affaires étrangères et de la Défense se sont prononcés pour une solution « politique » et « consensuelle » pour résoudre la crise et préserver « l'intégrité territoriale du Mali ».
La démolition des mausolées de Tombouctou au nom d'un islam fondamentaliste fait écho à celle des bouddhas millénaires de Bamiyan, méthodiquement saccagés à l'explosif par les talibans afghans.
Début mars 2001, le chef suprême des talibans, le mollah Omar, ordonnait la destruction des deux bouddhas géants de Bamiyan (centre-est), trésors archéologiques vieux de plus de 1 500ans.
En 25 jours, ils seront réduits à l'état de gravats, attaqués dans un premier temps à coups d'obus et de roquettes, puis, devant leur résistance, à la dynamite.
À l'époque, comme aujourd'hui pour les mausolées de Tombouctou, toute la communauté internationale et une délégation d'oulémas arabes avaient multiplié les appels à la raison pour tenter d'infléchir les talibans, en vain.
Deux ans après leur destruction, le site a été inscrit en 2003 au patrimoine de l'UNESCO, ce qui a permis de consolider les immenses niches où étaient installés les bouddhas et d'inventorier les vestiges.
Régulièrement, des projets de reconstruction sont évoqués sans que, à ce jour, aucun accord n'ait pu être conclu entre le gouvernement afghan et ses partenaires internationaux.
Hyperlien
Gros plan sur le patrimoine mondial de l'UNESCO.
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2012/07/02/006-unesco-patrimoine-mondial-gros-plan.shtml
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MALI : DES ISLAMISTES DÉTRUISENT DES MAUSOLÉES DE TOMBOUCTOU
1 juillet 2012 à 12 h 53 HAE
Radio-Canada avec Agence France-Presse, Associated Press et Reuters
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2012/07/01/005-tombouctou-destruction-mausolees.shtml
Des éléments du mouvement islamiste Ansar Dine s'attaquent aux nombreux mausolées de saints de la cité de Tombouctou, au nord du Mali.
Les destructions ont commencé samedi et se sont poursuivies dimanche.
Armés de Kalachninov et de pioches, une trentaine d'activistes ont détruit trois tombeaux de saints musulmans, a confié à l'agence Reuters un journaliste local, Yaya Tandina.
Un Tombouctien, Hamed Mohamed, a déclaré de son côté que les radicaux islamistes ont détruit les tombeaux de Sidi Elmety, de Mahamane Elmety et du cheikh Sidi Amar, tous situés à l'ouest de la ville.
Ansar Dine, lié à Al Qaïda au Maghreb islamique, veut instaurer la charia au Mali. Ce mouvement radical islamiste estime que les mausolées érigés par les musulmans d'obédience soufiste relèvent d'une idolâtrie bannie par l'islam. Ses membres affirment avoir l'intention de poursuivre la destruction jusqu'à ce que tous les mausolées de Tombouctou soient détruits.
« La construction de mausolées funéraires est contraire à l'islam et nous les détruisons parce que la religion nous l'ordonne. » —
Oumar ould Hamaha, porte-parole d'Ansar Dine
Selon un témoin sur place, les islamistes avaient commencé à détruire les mausolées à coups de pelles en réponse à la décision cette semaine de l'UNESCO d'inscrire Tombouctou sur la liste du patrimoine en péril.
Ansar Dine dit contrôler le nord du Mali après avoir pris l'avantage sur les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azaouad (MNLA).
Au printemps dernier, le MNLA avait pris le contrôle du nord du Mali avec l'aide de groupes comme Ansar Dine, profitant de la déstabilisation du pays après le coup d'État du 21 mars à Bamako.
« Tout comme hier, la population n'a pas réagi. Les gens disent qu'il faut les laisser faire en espérant pouvoir un jour reconstruire les tombeaux, »
a expliqué Yaya Tandina.
Samedi, la directrice générale de l'UNESCO, la Bulgare Irina Bokova, avait lancé un appel pour que cessent immédiatement ces actions. Elle a qualifié d'« extrêmement angoissantes » les informations en provenance de Tombouctou.
Le Mali a appelé dimanche les Nations unies à prendre des mesures pour empêcher cette destruction « criminelle. »
Lors d'une réunion de l'UNESCO à Saint-Pétersbourg, la ministre malienne des Arts, du Tourisme et de la Culture, Diallo Fadima, a appelé la communauté internationale à être solidaire avec le Mali. Elle a conclu son discours par ces mots :
« Dieu aide le Mali. »
« Aucun pays, quelle que soit sa religion, ne peut accepter d'apporter de l'aide à des groupes qui détruisent l'héritage culturel. »
Diallo Fadima, ministre des Arts, du Tourisme et de la Culture du Mali
Dénonçant des actes « intolérables, » la France a également condamné « la violation systématique de ces lieux de recueillement et de prières, qui représentaient depuis des siècles une partie de l'âme de cette prestigieuse cité sahélienne »
Située en bordure du désert à un millier de kilomètres au nord-est de Bamako, Tombouctou est inscrite au Patrimoine mondial par l'UNESCO depuis 1988.
La « Cité des 333 saints » a été ajoutée à la liste du patrimoine mondial en péril, ce jeudi.
Sa fondation remonte au 12e siècle. Haut lieu du commerce africain, où affluaient les caravanes de sel venues du Nord et les esclaves ou l'or du Sud, Tombouctou a ensuite connu son apogée au 16e siècle. La ville est alors devenue un grand centre intellectuel de l'islam rayonnant dans toute l'Afrique.
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MALI ISLAMIST RADICALS RAZE MORE TIMBUKTU SHRINES
'THE DESTRUCTION IS A DIVINE ORDER,' RADICAL GROUP ANSAR DINE SAYS
Jul 2, 2012
The Associated Press
http://www.cbc.ca/news/world/story/2012/07/02/mali-timbuktu-unesco.html
Muslim extremists continued destroying the heritage of the ancient Malian city of Timbuktu on Monday, razing tombs and attacking the gate of a 600-year-old mosque, despite growing international outcry.
The International Criminal Court has described the destruction of the city's patrimony as a possible war crime, while UNESCO's committee on world heritage was holding a special session this week to address the pillaging of the site, one of the few cultural sites in sub-Saharan Africa that is listed by the agency.
The Islamic faction, known as Ansar Dine, or "Protectors of the Faith," seized control of Timbuktu last week after ousting the Tuareg rebel faction that had invaded northern Mali alongside Ansar Dine's soldiers three months ago.
Over the weekend, fighters screaming "Allah Akbar" descended on the cemeteries holding the remains of Timbuktu's Sufi saints, and systematically began destroying the six most famous tombs.
Reached by telephone in an undisclosed location in northern Mali, a spokesman for the faction said they do not recognize either the United Nations or the world court.
"The only tribunal we recognize is the divine court of Shariah,"
said Ansar Dine spokesman Oumar Ould Hamaha.
"The destruction is a divine order,"
he said.
"It's our Prophet who said that each time that someone builds something on top of a grave, it needs to be pulled back to the ground. We need to do this so that future generations don't get confused, and start venerating the saints as if they are God."
Saint's tomb, mosque destroyed
Among the tombs they destroyed is that of Sidi Mahmoudou, a saint who died in 955, according to the UNESCO website. In addition, on Monday they set upon one of the doors of the Sidi Yahya, a mosque built around 1400. Local legend held that the gate leading to the cemetery would only open on the final day at the end of time.
Local radio host Kader Kalil said that the members of Ansar Dine arrived at the mosque with shovels and pickaxes and yanked off the door, revealing a wall behind it. Kalil said that they explained they were doing so in order to disabuse people of the local legend and to teach them to put their whole faith in the Qur'an.
"Since my childhood, I have never seen the door on the western side of the mosque open. And I was born in 1947,"
Saiid Kader, a longtime resident of the city.
"When we were children, we were told that the door would only open at the end of time. These religious people want to go to the source, to show us that this is not true. … Of course our population is not happy. The women, especially, are crying a lot."
Shamil Jeppie, who heads the Tombouctou Manuscripts Project at the University of Cape Town in South Africa, says that the destruction in Mali is analogous to the demolition of the Bamiyan Buddha in Afghanistan.
The Wahabi interpretation of Islam that Ansar Dine — like the Taliban — espouses is a narrow version of the faith, and stands in contrast to what he says is the history of Islamic learning.
"It's a real loss for people in the town, in the region and on the continent,"
said Jeppie.
"Timbuktu was a centre of Islamic learning, a very significant centre — there is lots of internal and external evidence of this. But Ansar Dine is ignorant of this. For them, there is only one book and it's the Qur'an. All this other (Islamic) learning is inconsequential to them,"
he said.
The UN cultural agency has called for an immediate halt to the destruction of the sacred tombs.
Irina Bokova, who heads the UN Educational, Scientific and Cultural Organization, reported in a statement issued Saturday that the centuries-old mausoleums of Sidi Mahmoud, Sidi Moctar and Alpha Moya had been destroyed. Meeting in St. Petersburg in Russia, UNESCO's World Heritage Committee, last week placed the mausoleums on its list of sites in danger due to earlier attacks by the Islamists, said UNESCO spokesman Rony Amelan.
On Sunday during a stop in Senegal, Fatou Bensouda, prosecutor for the International Criminal Court, said that the destruction of the city's patrimony constitutes "a possible war crime," according to private radio station RFM.
And on Monday, State Department spokeswoman Victoria Nuland condemned the destruction, telling reporters in Washington that the United States calls on all groups to enter into a ceasefire
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MALI.
"DÉTRUIRE DES MAUSOLÉES EST UNE OPÉRATION DE COMMUNICATION"
Sarah Diffalah
Interview de l'islamologue, Mathieu Guidère.
02-07-2012
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20120702.OBS5809/mali-la-destruction-des-mausolees-est-une-operation-de-communication.html
Les islamistes qui contrôlent Tombouctou ont démoli plusieurs mausolées provoquant l'indignation de la communauté internationale.
A Tombouctou (nord-ouest du Mali), après avoir démoli pendant le week-end sept des seize mausolées de saints musulmans, les islamistes du groupe armé Ansar Dine (Défenseurs de l'islam) qui contrôlent la région ont franchi une étape supplémentaire en brisant la porte d'entrée d'une des trois plus grandes mosquées de la ville.
Selon l'islamologue, Mathieu Guidère, ces violentes actions sont une opération de communication.
Les islamistes qui contrôlent Tombouctou, dans le nord du Mali, ont démoli ce week-end sept des seize mausolées de saints. Que représentent ces tombes pour les musulmans ?
- Ce sont des mausolées de saints, de "wali" en arabe. Les saints musulmans existent depuis les premières années de l'islam, dès le VIIème siècle. C'étaient des hommes qui, à leur époque, ont démontré un degré de piété important ou qui ont accompli des actions considérées comme exceptionnelles. C'étaient des hommes pieux, pauvres, qui vivaient généralement dans le dénuement, qui aidaient leur entourage et incitaient au bien. On peut dire que c'étaient des hommes à la moralité irréprochable.
Ce sont les populations elles-mêmes qui désignaient que tel ou tel devait être considéré comme un saint. Après leur mort, leurs tombeaux vont devenir des lieux de visite pour se remémorer les actions qu'ils ont accompli et s'en inspirer pour devenir un bon musulman.
Autour de ces endroits de recueillement, il n'était pas rare de construire une petite pièce pour accueillir les croyants, un dispensaire, une salle de classe ou un hôpital. Il y a des mausolées de saints un peu partout dans le monde musulman, de la Mauritanie à la Tunisie, en passant par l'Algérie...
Quel islam ces saints enseignaient-ils ?
- L'enseignement était surtout oral même si certains oulémas (savants, ndlr) ont laissé des écrits. Ces derniers, pour les plus importants, ont donné lieu à des confréries soufies. Dans chaque pays musulman, vous avez un ou deux grands noms de guide spirituel.
La majorité des saints maliens étaient issus du courant soufi. Ils enseignaient un islam de méditation, de recueillement, très pacifiste. Le Mali a toujours été influencé par cet islam pieux et calme.
Le groupe islamiste, Ansar Dine, qui revendique les destructions des mausolées, se réclame d'un autre islam. Quand apparaît cette rupture ?
- Pendant longtemps, toutes les tendances cohabitaient très bien. C'est Ibn Taymiwa, mort en 1328, qui le premier prône un retour aux sources de l'islam. Il est le fondateur du salafisme. Il estime qu'il faut combattre le soufisme car ce courant est trop mou, qu'il ne fait pas assez pour la défense de l'islam et qu'il est responsable du retard des musulmans dans le monde. On voit alors apparaitre cette opposition entre le salafisme et le soufisme. C'est la première rupture, idéologique et doctrinale.
La deuxième rupture clé va arriver un peu plus tard, au XVIIIème siècle et elle va s'accompagner d'actions plus violentes. Le théologien, Abdelwahhab disciple tardif d'Ibn Taymiwa, va fonder le salafisme dit wahhabite, un nouveau courant venu d'Arabie Saoudite. Il estime qu'il faut détruire tout ce qui est lié à ce soufisme pour que, selon lui, la nation musulmane retrouve sa puissance et sa gloire.
En Arabie saoudite, il va commencer par raser tous les mausolées de saints (dont celui du prophète Mahomet et de sa petite fille Zohra, ndlr). En effet, dans les écrits coraniques et dans le fondement de l'islam, il ne peut exister qu'une relation direct entre le croyant et dieu, il ne doit pas y avoir d'intermédiaire. C'est la doctrine dite de l'unicité. Il est impossible d'avoir un clergé, ni faire appelle à quelqu'un ou à un saint pour s'adresser à dieu. Pour éviter que les croyants ne demandent des grâces à dieu en passant par ces saints, il va ordonner la destruction de tous les mausolées. D'ailleurs, il n'en existe presque plus dans la péninsule arabique. Le salafisme wahhabite les a interdits partout où il s'est diffusé.
Ensuite, il va interdire les décorations des mosquées, parce qu'il considère que ce sont des lieux de recueillement qui ne doivent pas présenter des signes de richesse. Les tapisseries vont être enlevées par exemple.
Enfin, il va s'attaquer aux cimetières estimant que les tombeaux ne doivent pas être trop voyants jugeant que les croyants doivent être égaux dans la mort.
Ce sont les trois traits du salafisme wahhabite que l'on retrouve dans tous les groupes qui s'en réclament aujourd'hui. Et ce sera toujours les premières actions qu'ils vont faire. (Les dernières profanations de mausolées remontent à 1989, en Algérie par le Front islamique du salut, ndlr)
Est-ce pour cela que l'Arabie saoudite ne réagit pas aujourd'hui, contrairement à d'autres pays musulmans ?
- L'Arabie saoudite est en effet en accord avec cette doctrine de l'unicité. Dans le pays, cela ne fait même pas débat. En revanche, dans le Maghreb, les musulmans sont plutôt sunnites malékites, une tendance relativement proche du soufisme. Il est donc tout à fait normal de voir l'Algérie ou le Maroc condamner ces actes puisqu'ils abritent eux-mêmes bon nombre de mausolées.
Ansar Dine fait-il partie de ce courant ?
- Ansar Dine se définit clairement comme salafistes. Mais il y a en son sein plusieurs tendances dont le salafisme wahhabite. Il faut savoir qu'il y a aussi une lutte de pouvoir entre les différents courants. Les rapports de force se jouent au jour le jour. Quel groupe va prendre le dessus ? Le groupe salafiste modéré, wahhabite, malékite, soufi ou sunnite ?
Cette aile radicale qui mène les destructions, à peine 50 personnes parmi les combattants, n'est pas les talibans. Ces derniers avaient fait exploser en deux minutes 20 mètres de statues à Bamiyan. Au Mali, les hommes se sont munis de burins et de pioches, alors qu'on sait qu'ils ont des explosifs... Pour l'instant, il n'y a pas de destruction massive et systématique, ni revendications claires de la part des leaders du groupe.
Tout cela ressemble à une opération de communication, bien qu'elle soit très mauvaise. Selon moi, c'était la seule manière d'attirer l'attention sur eux afin de se positionner comme seul interlocuteur.
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MALI
"LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE FAIT UN PARI INSENSÉ"
Sarah Halifa-Legrand
03-07-2012
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20120703.OBS5836/mali-le-pari-insense-de-la-communaute-internationale.html
Dimitri Brelière (*), ancien conseiller français de l'ex-président malien Amadou Toumani Touré, explique pourquoi il faut, selon lui, intervenir de toute urgence au Mali.
Français, Dimitri Brelière a été conseiller économique du Sénégal dans les années 90, puis conseiller au cabinet de l'ancien président malien Amadou Toumani Touré ATT de 2002 à 2011. Il a notamment été en charge des programmes de renforcement des projets de développement du Nord Mali.
Les Nations unies semblent finalement renoncer au projet d'intervention armée de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Sage décision ?
- Je ne crois pas. Pour des raisons compréhensibles – éviter un embrasement régional, préserver la vie des otages aux mains d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et ne pas mettre en danger celle des ressortissants étrangers présents au Mali et dans tout le Sahel –, elle fait le pari insensé de ne rien faire !
Elle laisse Aqmi, les rebelles touaregs d’Ansar Dine et du MNLA et les narcotrafiquants s'installer sur un territoire grand comme une fois et demie la France et commettre des exactions sur les populations.
Pendant que la communauté internationale hésite sur la stratégie à adopter pour le Mali, on voit Aqmi et Ansar Dine profaner des tombes comme on l'a vu à Tombouctou, recruter et s’entraîner en vue de perpétrer des attentats ou des enlèvements. On peut craindre une guerre civile, voire un embrasement de toute la région. Et le Niger risque d’être le prochain sur la liste. Il y a urgence à agir.
La plupart des Etats africains en sont convaincus et appellent à une intervention. Mais alors qu'on était proche d'obtenir de l'ONU un mandat pour une opération militaire ouest-africaine, – la France parlait même d'une décision imminente et s'était déclarée prête à apporter un soutien logistique –, l'Algérie a convaincu les Nations unies, où la personne en charge de l'Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, n'est autre qu'un Algérien, pour que le projet d’un recours à la force soit reporté au profit d'une solution négociée.
Pourquoi n’êtes-vous pas favorable à une telle option ?
- Parce que je ne crois pas en ses chances de succès. Combien de fois a-t-on négocié ?
Les deux grandes vagues de rébellion touarègue ont débouché sur des accords en 91-92 et en 2006, d’ailleurs sous l’égide de l’Algérie. On en voit aujourd’hui le résultat. Maintenant que les rebelles touarègues se sont considérablement renforcés et occupent le terrain, je vois moins que jamais ce que l’on pourrait négocier. Et puis avec qui discuter ?
On a reproché à Amadou Toumani Touré (ATT) de ne pas avoir combattu Aqmi comme il fallait et maintenant on irait discuter avec les terroristes ? L’Algérie n’a jamais voulu entendre parler de négociations avec les islamistes radicaux. Pourquoi cette volte-face ? C’est incompréhensible. A moins qu’elle ne soit dictée par sa crainte de voir des troupes étrangères s'installer dans sa zone d'influence et des groupes armés du nord du Mali se replier chez elle.
Faudrait-il aussi intervenir au sud ?
- La junte détient toujours la réalité du pouvoir puisqu'elle reste la seule détentrice des armes et fait ainsi peser une pression écrasante sur le pouvoir civil, comme en témoignent les séries d’arrestations en dehors de tout cadre judiciaire. Il faut donc absolument sécuriser les institutions par une force extérieure. Mais c'est justement ce que la junte refuse, défiant ainsi une nouvelle fois la communauté internationale.
Il est nécessaire aussi d’assurer la sécurité du président Dioncounda Traoré qui, en tant qu'ancien président de l’Assemblée nationale et conformément à la constitution, était l’autorité la plus légitime pour prendre en charge l’intérim, pour qu’il puisse enfin quitter Paris et rentrer au Mali sans craindre pour sa vie, après l’agression honteuse dont il a été victime par une foule de manifestants qui avait été radicalisée et excitée délibérément. Car une des missions de Dioncounda Traore consiste à organiser une élection présidentielle d’ici à un an. Il faut qu’il puisse le faire en toute sérénité, transparence et impartialité.
Comment expliquez-vous la crise dans laquelle le Mali a sombré ? ATT en est-il le premier responsable comme beaucoup le disent ?
- ATT a en quelque sorte payé son entêtement à vouloir maintenir la date de l’élection présidentielle, à laquelle il n’était d’ailleurs pas candidat. Car derrière le coup d’Etat du 22 mars qui l’a évincé, il y a un homme, Oumar Mariko. Cet opposant à ATT s’était, lui, prononcé pour un report de l’élection, parce qu’il estimait qu’elle ne pouvait avoir lieu tant que le conflit perdurait au Nord mais certainement aussi parce qu’il savait qu’il n’avait aucune chance de remporter ce scrutin. Par l’intermédiaire d’un réseau de radios privées qu’il contrôle, et que beaucoup au Mali ont surnommées ironiquement "radios mille collines" en référence au Rwanda, et en passant son temps auprès des militaires du rang de la caserne de Kati, il a su instrumentaliser les revers subis par l’armée malienne au Nord pour distiller un sentiment de haine contre le régime d’ATT auprès d’une partie de la population et des soldats. Sa propagande a si bien fonctionné qu’il a ensuite suffi d’un mouvement de colère des militaires à Kati pour que cela conduise à une mutinerie qui elle-même s’est transformée en véritable coup d’Etat. Mariko a été le premier à applaudir le putsch.
On le soupçonne d'avoir fourni au capitaine putschiste Sanogo les listes de noms de personnalités à arrêter. Il conseille d'ailleurs depuis très habilement les militaires puisqu’il a réussi à écarter ses trois principaux ennemis : ATT d’abord, puis Soumaïla Cissé, (qui était candidat à la présidentielle) et enfin Dioncounda Traore. Il a donc sa part de responsabilité dans la crise au Sud, mais aussi au Nord : la situation y était certes très difficile, mais les troupes maliennes tenaient leurs positions. Ce sont les putschistes qui ont fait basculer le Nord dans le chaos : en arrêtant les officiers supérieurs qui coordonnaient les forces armées, ils ont déstabilisé la chaîne de commandement et désorganisé les lignes de fronts.
La gestion de la crise au Nord par ATT n’est cependant pas exempte de reproches…
- Rébellions touarègues à répétition, narcotrafic à grande échelle, prises d'otages, et, conséquence de l'intervention en Libye, entrée en masse d'armes dans le Sahel et retour des touaregs enrôlés dans l’armée de Kadhafi...
Comment voulez-vous que l'un des pays les plus pauvres du monde puisse faire face à une telle succession d'événements ?
Ne serait-ce que traquer Aqmi nécessite de mettre en œuvre des moyens humains, techniques et financiers considérables dont le Mali est dépourvu.
ATT a maintes fois demandé de l'aide au niveau international. Ce n’est que la veille du coup d’Etat, à l’occasion d’un sommet de crise qui se tenait justement à Bamako, que la communauté internationale a vraiment pris conscience du danger et parlé d’un soutien, notamment sur le plan logistique.
Jusque-là qui a vraiment aidé le Mali ?
Il y a eu une coopération militaire, avec la France et les Etats-Unis notamment, mais limitée.
ATT a aussi appelé sans relâche à une véritable coordination avec la Mauritanie, le Niger et l’Algérie. Celle-ci n’a vu le jour qu’en 2010 avec la création d'un Comité d’état-major opérationnel conjoint qui n'a encore donné lieu à aucune opération commune. Les seules interventions dans le nord Mali ont été conduites dans le cadre de droits de poursuite par le Niger et la Mauritanie. En fait, la coopération s'est heurtée à des divergences sur le dossier : le Niger poussait pour une action militaire contre Aqmi, la Mauritanie, elle, s'appuyait plutôt sur le MNLA pour combattre Aqmi, tandis que l'Algérie, toujours ambiguë, n'a en fait jamais montré une volonté réelle de faire bouger les choses. Elle a ainsi tout fait pour que le sommet que nous réclamions sur la crise au Nord n’ait pas lieu.
Je ne dis cependant pas que nous n’avons pas commis des erreurs. Il a pu y avoir des insuffisances. L’armée a notamment manqué de moyens. Malgré les dotations d'armement que l'on a fait ces dix années, qui permettaient à l'armée malienne de rester l’une des mieux dotés d'Afrique de l'Ouest – et des livraisons aéroportées étaient d'ailleurs en cours au moment du coup d'Etat –, cela n'a pas suffi pour combattre cette agression exceptionnelle, due, je le répète, à l’arrivée massive ces derniers mois d’armes lourdes de Libye, et je peux comprendre le mécontentement des militaires.
ATT est soupçonné d'avoir noué un pacte tacite avec Aqmi. Cela fait-il partie de ses "erreurs" ?
- Sur ce sujet comme sur d’autres, des erreurs ont certainement été commises. Mais c’est une accusation très injuste. ATT a fait ce qu’il a pu avec les moyens dont il disposait. On lui a reproché de ne pas traquer et combattre frontalement les terroristes. Mais pouvait-il le faire ? Les offensives qu’il a lancées contre Aqmi ont fait de nombreux morts parmi les soldats. Pour combattre dans cette immensité désertique, il aurait eu besoin de moyens aériens, ou au moins d’un accès aux bases aériennes proches des frontières du Nord Mali pour ravitailler ses hélicoptères, ce qu’il n’a pas obtenu...
Il est aussi accusé d’avoir fermé les yeux sur la corruption qui ronge l’Etat, alimentée notamment par les narcotrafics du nord, et d’y avoir lui-même eu recours, en particulier en tentant d’acheter la paix dans le nord à coups de valises de billets.
- Il était conscient de l’existence d’une corruption importante au Mali. C’est pour cela que nous avons lancé plusieurs chantiers qui témoignent d’une volonté de transparence, première étape indispensable pour lutter contre ce phénomène : la modernisation de l’Etat, qui prendra du temps, le renforcement de l’inspection des finances et du contrôleur général de l’Etat. Un vérificateur général des comptes de la nation a été nommé en 2003, et les dits comptes sont mis en ligne pour que chacun puisse les consulter. Mais il n’est pas possible de tout contrôler du jour au lendemain dans un pays si grand et si pauvre.
Pour ce qui est du Nord, vous faites allusion aux primes à la réinstallation offertes par le gouvernement à ceux, parmi les combattants touaregs revenus de Libye, qui voulaient déposer les armes.
Il ne s’agit pas de corruption. Il ne faut pas perdre de vue que c’est grâce à la stabilité politique dont a bénéficié le Mali ces dix dernières années, qui rassurait les coopérations étrangères et les investisseurs privés internationaux, qu’il a pu enregistrer des avancées en terme de développement socio-économique.
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TIMBUKTU'S SIDI YAHIA MOSQUE 'ATTACKED BY MALI MILITANTS'
2 July 2012
http://www.bbc.co.uk/news/world-africa-18675539
Islamist militants in Mali have attacked one of the most famous mosques in the historic city of Timbuktu, residents say.
Armed men broke down the door of the 15th-Century Sidi Yahia mosque, a resident told the BBC.
The Ansar Dine group, which is said to have links to al-Qaeda, seized control of the city earlier this year.
It has already destroyed several of the city's shrines, saying they contravene its strict interpretation of Islam.
Ansar Dine spokesman Sanda Ould Bamana told the BBC that his movement had now completed nearly 90% of its objective to destroy all mausoleums that are not in line with Islamic law.
He said Sharia did not allow the building of tombs taller than 15cm (6 inches).
The new chief prosecutor of the International Criminal Court, Fatou Bensouda, on Sunday condemned the destruction as a "war crime", reports the AFP news agency.
The UN cultural agency Unesco and Mali's government have called on Ansar Dine to halt its campaign.
Unesco has also expressed concern that valuable artefacts and manuscripts may be smuggled out of the region and has urged neighbouring countries to prevent this.
The 55-nation Organisation of the Islamic Conference said in a statement that the sites Ansar Dine had attacked were "part of the rich Islamic heritage of Mali and should not be allowed to be destroyed and put in harm's way by bigoted extremist elements".
The site of Sidi Yahia is one of the three great mosques of Timbuktu.
The door which has been smashed had been left sealed as it led to the sacred tomb of saints.
Some witnesses started crying when they saw the damage, AFP says.
Some local people believe that opening the door will herald misfortune.
Timbuktu owes its international fame to its role as a centre of Islamic learning, based in its three large mosques, in the 15th and 16th Centuries.
Timbuktu is also known as "City of 333 saints", which originate in the Sufi tradition of Islam.
Ansar Dine's Salafist beliefs condemn the veneration of saints.
The group seized control of Timbuktu in April, after a coup left Mali's army in disarray.
Initially, it was working with secular ethnic Tuareg rebels demanding independence for northern Mali's desert territories but the groups have recently clashed and Islamist forces are in control of northern Mali's three main centres - Timbuktu, Gao and Kidal.
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TREASURES OF TIMBUKTU
Timbuktu was a centre of Islamic learning from the 13th to the 17th Centuries
700,000 manuscripts survive in public libraries and private collections
Books on religion, law, literature and science
Letters between rulers, officials and merchants on issues such as taxes, trade, marriage and prostitution
Added to Unesco world heritage list in 1988 for its three mosques and 16 cemeteries and mausoleums
They played a major role in spreading Islam in West Africa; the oldest dates from 1329
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AFGHANISTAN : LES BOUDDHAS DE BAMIYAN SONT DÉTRUITS
12 mars 2001
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Index/nouvelles/200103/11/004-BOUDHAS-DETRUITS.asp
L'intervention du secrétaire général des Nations unies n'a pas permis de stopper la destruction des statues pré-islamiques en Afghanistan.
Le ministre des Affaires étrangères des talibans a rejeté les requêtes de Kofi Annan lors d'une rencontre à Islamabad, au Pakistan. Le ministre a confirmé que toutes les statues amovibles dans le pays avaient été détruites et que la démolition des deux boudhas géants de Bamiyan était quasi complétée.
Haute de 53 mètres, cette statue de Bouddha est la plus grande du monde.
Le secrétaire général de l'ONU a qualifié le décret qui pèse sur ces oeuvres de lamentable.
Le 26 fervier dernier, le mollah Mohamed Omar, le chef suprême des talibans, avait ordonné la destruction de toutes les statues pre-islamiques en Afghanistan, pour prévenir l'idolâtrie.
La milice islamiste a affirmé ensuite à plusieurs reprises que les destructions iconoclastes seraient menées à terme, au nom de l'islam, en dépit des sévères condamnations de l'ensemble de la communauté internationale.
La destruction des bouddhas géants de Bamiyan a toutefois été suspendue à l'occasion de la fête musulmane de l'Aïd el-Kébir, et a repris depuis.
Situé à un carrefour des anciennes routes de la soie, l'Afghanistan dispose d'un patrimoine culturel unique qui reflète une histoire marquée par les influences de la Perse, de la Grèce, de l'hindouisme, du bouddhisme et de l'islam.
Le pays compte parmi ses plus importants sites archéologiques celui de l'ancienne Bactrian, au nord-est du pays, datant du IIe-IIIe siècle av. J-C., et le site de Hadda, à l'est, dans la région de Jallalabad, très riche en statues gréco-bouddhiques modelées en stuc et en argile, trouvées dans les monastères.
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MALI
DESTRUCTIONS À TOMBOUCTOU : APRÈS LES MAUSOLÉES, LES MOSQUÉES
2 juillet 2012 à 15 h 46 HAE
Radio-Canada avec Agence France-Presse, Reuters et Associated Press
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2012/07/02/004-tombouctou-destructions-mosquee-porte.shtml
Les islamistes qui contrôlent Tombouctou ont poursuivi lundi la destruction de biens religieux en brisant la porte sacrée d'une mosquée du 15e siècle.
Les hommes d'Ansar Dine ont jusqu'ici détruit la moitié des 16 mausolées que compte Tombouctou, en plus d'un certain nombre de sépultures de saints locaux.
« Parmi les civils qui regardaient ça, certains ont pleuré »
a déclaré un ancien guide touristique de Tombouctou, cité historique du nord du Mali.
Les islamistes ont notamment détruit l'entrée de la mosquée Sidi Yahia de Tombouctou, située dans le sud de la ville.
« Ils ont arraché la porte sacrée qu'on n'ouvrait jamais »
a affirmé un de ces témoins, une information confirmée par d'autres habitants de Tombouctou.
Un membre de la famille d'un imam a déclaré qu'ils avaient agi ainsi car
« certains disaient que le jour où on ouvrirait cette porte, ce serait la fin du monde et ils ont voulu montrer que ce n'est pas la fin du monde ».
Depuis samedi, Ansar Dine s'attaque aux mausolées et aux tombeaux de saints de Tombouctou, considéré comme une hérésie vis-à-vis d'un islam rigoriste des origines.
Les membres de la faction islamiste affirment agir « au nom de Dieu » et en représailles à la décision de l'UNESCO, le 28 juin, d'inscrire Tombouctou sur la liste du patrimoine mondial en péril.
Joint par téléphone par l'Associated Press, un porte-parole d'Ansar Dine a affirmé que cette faction ne reconnaissait ni les Nations unies, ni la Cour pénale internationale, dont un procureur a affirmé que cette destruction pourrait constituer un crime de guerre.
« Le seul tribunal que nous reconnaissons, c'est le tribunal divin de la charia [la loi islamique] »
a souligné Oumar Ould Hamaha.
« La destruction est un ordre divin, a-t-il déclaré. C'est notre prophète qui a dit que chaque fois que quelqu'un construit quelque chose au-dessus d'une tombe, cela doit être remis par terre. Nous devons faire cela pour que les générations futures ne soient pas troublées et ne commencent à vénérer les saints comme s'ils étaient Dieu. »
Oumar Ould Hamaha a ajouté qu'il ne se souciait pas de l'impact que ces actions auront sur le tourisme:
« Nous sommes contre le tourisme. Ils encouragent la débauche ».
Une mosquée à Tombouctou, au nord du Mali La mosquée Sidi Yahia fait partie des trois grandes mosquées de Tombouctou avec celles de Djingareyber et de Sankoré, joyaux architecturaux témoignant de l'apogée de la ville. Elles figurent toutes les trois sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Des saints sont enterrés dans les mosquées de Djingareyber et de Sidi Yahia, selon un expert malien.
« Même le prophète [Mahomet] lui-même allait visiter les tombes et les mausolées. C'est de l'intolérance. »
L'Association des leaders religieux du Mali
Le saccage à Tombouctou a été condamné par le Mali, la France et l'Algérie, mais aussi par l'UNESCO, l'Organisation de coopération islamique (OCI) et la Cour pénale internationale (CPI).
Fatou Bensouda, procureure de la CPI, a d'ailleurs déclaré dimanche que ces destructions pouvaient être considérées comme un crime de guerre passible de poursuites.
AVANCÉE DES ISLAMISTES
Les islamistes d'Ansar Dine et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest ont profité d'un coup d'État militaire, le 22 mars à Bamako, pour accélérer leur progression.
Ils contrôlent désormais tout le nord du Mali, au détriment de la rébellion touarègue. Leur objectif est d'imposer la charia (loi islamique) dans tout le Mali.
À Alger et à Niamey, les ministres maliens des Affaires étrangères et de la Défense se sont prononcés pour une solution « politique » et « consensuelle » pour résoudre la crise et préserver « l'intégrité territoriale du Mali ».
La démolition des mausolées de Tombouctou au nom d'un islam fondamentaliste fait écho à celle des bouddhas millénaires de Bamiyan, méthodiquement saccagés à l'explosif par les talibans afghans.
Début mars 2001, le chef suprême des talibans, le mollah Omar, ordonnait la destruction des deux bouddhas géants de Bamiyan (centre-est), trésors archéologiques vieux de plus de 1 500ans.
En 25 jours, ils seront réduits à l'état de gravats, attaqués dans un premier temps à coups d'obus et de roquettes, puis, devant leur résistance, à la dynamite.
À l'époque, comme aujourd'hui pour les mausolées de Tombouctou, toute la communauté internationale et une délégation d'oulémas arabes avaient multiplié les appels à la raison pour tenter d'infléchir les talibans, en vain.
Deux ans après leur destruction, le site a été inscrit en 2003 au patrimoine de l'UNESCO, ce qui a permis de consolider les immenses niches où étaient installés les bouddhas et d'inventorier les vestiges.
Régulièrement, des projets de reconstruction sont évoqués sans que, à ce jour, aucun accord n'ait pu être conclu entre le gouvernement afghan et ses partenaires internationaux.
Hyperlien
Gros plan sur le patrimoine mondial de l'UNESCO.
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2012/07/02/006-unesco-patrimoine-mondial-gros-plan.shtml
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MALI : DES ISLAMISTES DÉTRUISENT DES MAUSOLÉES DE TOMBOUCTOU
1 juillet 2012 à 12 h 53 HAE
Radio-Canada avec Agence France-Presse, Associated Press et Reuters
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2012/07/01/005-tombouctou-destruction-mausolees.shtml
Des éléments du mouvement islamiste Ansar Dine s'attaquent aux nombreux mausolées de saints de la cité de Tombouctou, au nord du Mali.
Les destructions ont commencé samedi et se sont poursuivies dimanche.
Armés de Kalachninov et de pioches, une trentaine d'activistes ont détruit trois tombeaux de saints musulmans, a confié à l'agence Reuters un journaliste local, Yaya Tandina.
Un Tombouctien, Hamed Mohamed, a déclaré de son côté que les radicaux islamistes ont détruit les tombeaux de Sidi Elmety, de Mahamane Elmety et du cheikh Sidi Amar, tous situés à l'ouest de la ville.
Ansar Dine, lié à Al Qaïda au Maghreb islamique, veut instaurer la charia au Mali. Ce mouvement radical islamiste estime que les mausolées érigés par les musulmans d'obédience soufiste relèvent d'une idolâtrie bannie par l'islam. Ses membres affirment avoir l'intention de poursuivre la destruction jusqu'à ce que tous les mausolées de Tombouctou soient détruits.
« La construction de mausolées funéraires est contraire à l'islam et nous les détruisons parce que la religion nous l'ordonne. » —
Oumar ould Hamaha, porte-parole d'Ansar Dine
Selon un témoin sur place, les islamistes avaient commencé à détruire les mausolées à coups de pelles en réponse à la décision cette semaine de l'UNESCO d'inscrire Tombouctou sur la liste du patrimoine en péril.
Ansar Dine dit contrôler le nord du Mali après avoir pris l'avantage sur les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azaouad (MNLA).
Au printemps dernier, le MNLA avait pris le contrôle du nord du Mali avec l'aide de groupes comme Ansar Dine, profitant de la déstabilisation du pays après le coup d'État du 21 mars à Bamako.
« Tout comme hier, la population n'a pas réagi. Les gens disent qu'il faut les laisser faire en espérant pouvoir un jour reconstruire les tombeaux, »
a expliqué Yaya Tandina.
Samedi, la directrice générale de l'UNESCO, la Bulgare Irina Bokova, avait lancé un appel pour que cessent immédiatement ces actions. Elle a qualifié d'« extrêmement angoissantes » les informations en provenance de Tombouctou.
Le Mali a appelé dimanche les Nations unies à prendre des mesures pour empêcher cette destruction « criminelle. »
Lors d'une réunion de l'UNESCO à Saint-Pétersbourg, la ministre malienne des Arts, du Tourisme et de la Culture, Diallo Fadima, a appelé la communauté internationale à être solidaire avec le Mali. Elle a conclu son discours par ces mots :
« Dieu aide le Mali. »
« Aucun pays, quelle que soit sa religion, ne peut accepter d'apporter de l'aide à des groupes qui détruisent l'héritage culturel. »
Diallo Fadima, ministre des Arts, du Tourisme et de la Culture du Mali
Dénonçant des actes « intolérables, » la France a également condamné « la violation systématique de ces lieux de recueillement et de prières, qui représentaient depuis des siècles une partie de l'âme de cette prestigieuse cité sahélienne »
Située en bordure du désert à un millier de kilomètres au nord-est de Bamako, Tombouctou est inscrite au Patrimoine mondial par l'UNESCO depuis 1988.
La « Cité des 333 saints » a été ajoutée à la liste du patrimoine mondial en péril, ce jeudi.
Sa fondation remonte au 12e siècle. Haut lieu du commerce africain, où affluaient les caravanes de sel venues du Nord et les esclaves ou l'or du Sud, Tombouctou a ensuite connu son apogée au 16e siècle. La ville est alors devenue un grand centre intellectuel de l'islam rayonnant dans toute l'Afrique.
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MALI ISLAMIST RADICALS RAZE MORE TIMBUKTU SHRINES
'THE DESTRUCTION IS A DIVINE ORDER,' RADICAL GROUP ANSAR DINE SAYS
Jul 2, 2012
The Associated Press
http://www.cbc.ca/news/world/story/2012/07/02/mali-timbuktu-unesco.html
Muslim extremists continued destroying the heritage of the ancient Malian city of Timbuktu on Monday, razing tombs and attacking the gate of a 600-year-old mosque, despite growing international outcry.
The International Criminal Court has described the destruction of the city's patrimony as a possible war crime, while UNESCO's committee on world heritage was holding a special session this week to address the pillaging of the site, one of the few cultural sites in sub-Saharan Africa that is listed by the agency.
The Islamic faction, known as Ansar Dine, or "Protectors of the Faith," seized control of Timbuktu last week after ousting the Tuareg rebel faction that had invaded northern Mali alongside Ansar Dine's soldiers three months ago.
Over the weekend, fighters screaming "Allah Akbar" descended on the cemeteries holding the remains of Timbuktu's Sufi saints, and systematically began destroying the six most famous tombs.
Reached by telephone in an undisclosed location in northern Mali, a spokesman for the faction said they do not recognize either the United Nations or the world court.
"The only tribunal we recognize is the divine court of Shariah,"
said Ansar Dine spokesman Oumar Ould Hamaha.
"The destruction is a divine order,"
he said.
"It's our Prophet who said that each time that someone builds something on top of a grave, it needs to be pulled back to the ground. We need to do this so that future generations don't get confused, and start venerating the saints as if they are God."
Saint's tomb, mosque destroyed
Among the tombs they destroyed is that of Sidi Mahmoudou, a saint who died in 955, according to the UNESCO website. In addition, on Monday they set upon one of the doors of the Sidi Yahya, a mosque built around 1400. Local legend held that the gate leading to the cemetery would only open on the final day at the end of time.
Local radio host Kader Kalil said that the members of Ansar Dine arrived at the mosque with shovels and pickaxes and yanked off the door, revealing a wall behind it. Kalil said that they explained they were doing so in order to disabuse people of the local legend and to teach them to put their whole faith in the Qur'an.
"Since my childhood, I have never seen the door on the western side of the mosque open. And I was born in 1947,"
Saiid Kader, a longtime resident of the city.
"When we were children, we were told that the door would only open at the end of time. These religious people want to go to the source, to show us that this is not true. … Of course our population is not happy. The women, especially, are crying a lot."
Shamil Jeppie, who heads the Tombouctou Manuscripts Project at the University of Cape Town in South Africa, says that the destruction in Mali is analogous to the demolition of the Bamiyan Buddha in Afghanistan.
The Wahabi interpretation of Islam that Ansar Dine — like the Taliban — espouses is a narrow version of the faith, and stands in contrast to what he says is the history of Islamic learning.
"It's a real loss for people in the town, in the region and on the continent,"
said Jeppie.
"Timbuktu was a centre of Islamic learning, a very significant centre — there is lots of internal and external evidence of this. But Ansar Dine is ignorant of this. For them, there is only one book and it's the Qur'an. All this other (Islamic) learning is inconsequential to them,"
he said.
The UN cultural agency has called for an immediate halt to the destruction of the sacred tombs.
Irina Bokova, who heads the UN Educational, Scientific and Cultural Organization, reported in a statement issued Saturday that the centuries-old mausoleums of Sidi Mahmoud, Sidi Moctar and Alpha Moya had been destroyed. Meeting in St. Petersburg in Russia, UNESCO's World Heritage Committee, last week placed the mausoleums on its list of sites in danger due to earlier attacks by the Islamists, said UNESCO spokesman Rony Amelan.
On Sunday during a stop in Senegal, Fatou Bensouda, prosecutor for the International Criminal Court, said that the destruction of the city's patrimony constitutes "a possible war crime," according to private radio station RFM.
And on Monday, State Department spokeswoman Victoria Nuland condemned the destruction, telling reporters in Washington that the United States calls on all groups to enter into a ceasefire
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MALI.
"DÉTRUIRE DES MAUSOLÉES EST UNE OPÉRATION DE COMMUNICATION"
Sarah Diffalah
Interview de l'islamologue, Mathieu Guidère.
02-07-2012
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20120702.OBS5809/mali-la-destruction-des-mausolees-est-une-operation-de-communication.html
Les islamistes qui contrôlent Tombouctou ont démoli plusieurs mausolées provoquant l'indignation de la communauté internationale.
A Tombouctou (nord-ouest du Mali), après avoir démoli pendant le week-end sept des seize mausolées de saints musulmans, les islamistes du groupe armé Ansar Dine (Défenseurs de l'islam) qui contrôlent la région ont franchi une étape supplémentaire en brisant la porte d'entrée d'une des trois plus grandes mosquées de la ville.
Selon l'islamologue, Mathieu Guidère, ces violentes actions sont une opération de communication.
Les islamistes qui contrôlent Tombouctou, dans le nord du Mali, ont démoli ce week-end sept des seize mausolées de saints. Que représentent ces tombes pour les musulmans ?
- Ce sont des mausolées de saints, de "wali" en arabe. Les saints musulmans existent depuis les premières années de l'islam, dès le VIIème siècle. C'étaient des hommes qui, à leur époque, ont démontré un degré de piété important ou qui ont accompli des actions considérées comme exceptionnelles. C'étaient des hommes pieux, pauvres, qui vivaient généralement dans le dénuement, qui aidaient leur entourage et incitaient au bien. On peut dire que c'étaient des hommes à la moralité irréprochable.
Ce sont les populations elles-mêmes qui désignaient que tel ou tel devait être considéré comme un saint. Après leur mort, leurs tombeaux vont devenir des lieux de visite pour se remémorer les actions qu'ils ont accompli et s'en inspirer pour devenir un bon musulman.
Autour de ces endroits de recueillement, il n'était pas rare de construire une petite pièce pour accueillir les croyants, un dispensaire, une salle de classe ou un hôpital. Il y a des mausolées de saints un peu partout dans le monde musulman, de la Mauritanie à la Tunisie, en passant par l'Algérie...
Quel islam ces saints enseignaient-ils ?
- L'enseignement était surtout oral même si certains oulémas (savants, ndlr) ont laissé des écrits. Ces derniers, pour les plus importants, ont donné lieu à des confréries soufies. Dans chaque pays musulman, vous avez un ou deux grands noms de guide spirituel.
La majorité des saints maliens étaient issus du courant soufi. Ils enseignaient un islam de méditation, de recueillement, très pacifiste. Le Mali a toujours été influencé par cet islam pieux et calme.
Le groupe islamiste, Ansar Dine, qui revendique les destructions des mausolées, se réclame d'un autre islam. Quand apparaît cette rupture ?
- Pendant longtemps, toutes les tendances cohabitaient très bien. C'est Ibn Taymiwa, mort en 1328, qui le premier prône un retour aux sources de l'islam. Il est le fondateur du salafisme. Il estime qu'il faut combattre le soufisme car ce courant est trop mou, qu'il ne fait pas assez pour la défense de l'islam et qu'il est responsable du retard des musulmans dans le monde. On voit alors apparaitre cette opposition entre le salafisme et le soufisme. C'est la première rupture, idéologique et doctrinale.
La deuxième rupture clé va arriver un peu plus tard, au XVIIIème siècle et elle va s'accompagner d'actions plus violentes. Le théologien, Abdelwahhab disciple tardif d'Ibn Taymiwa, va fonder le salafisme dit wahhabite, un nouveau courant venu d'Arabie Saoudite. Il estime qu'il faut détruire tout ce qui est lié à ce soufisme pour que, selon lui, la nation musulmane retrouve sa puissance et sa gloire.
En Arabie saoudite, il va commencer par raser tous les mausolées de saints (dont celui du prophète Mahomet et de sa petite fille Zohra, ndlr). En effet, dans les écrits coraniques et dans le fondement de l'islam, il ne peut exister qu'une relation direct entre le croyant et dieu, il ne doit pas y avoir d'intermédiaire. C'est la doctrine dite de l'unicité. Il est impossible d'avoir un clergé, ni faire appelle à quelqu'un ou à un saint pour s'adresser à dieu. Pour éviter que les croyants ne demandent des grâces à dieu en passant par ces saints, il va ordonner la destruction de tous les mausolées. D'ailleurs, il n'en existe presque plus dans la péninsule arabique. Le salafisme wahhabite les a interdits partout où il s'est diffusé.
Ensuite, il va interdire les décorations des mosquées, parce qu'il considère que ce sont des lieux de recueillement qui ne doivent pas présenter des signes de richesse. Les tapisseries vont être enlevées par exemple.
Enfin, il va s'attaquer aux cimetières estimant que les tombeaux ne doivent pas être trop voyants jugeant que les croyants doivent être égaux dans la mort.
Ce sont les trois traits du salafisme wahhabite que l'on retrouve dans tous les groupes qui s'en réclament aujourd'hui. Et ce sera toujours les premières actions qu'ils vont faire. (Les dernières profanations de mausolées remontent à 1989, en Algérie par le Front islamique du salut, ndlr)
Est-ce pour cela que l'Arabie saoudite ne réagit pas aujourd'hui, contrairement à d'autres pays musulmans ?
- L'Arabie saoudite est en effet en accord avec cette doctrine de l'unicité. Dans le pays, cela ne fait même pas débat. En revanche, dans le Maghreb, les musulmans sont plutôt sunnites malékites, une tendance relativement proche du soufisme. Il est donc tout à fait normal de voir l'Algérie ou le Maroc condamner ces actes puisqu'ils abritent eux-mêmes bon nombre de mausolées.
Ansar Dine fait-il partie de ce courant ?
- Ansar Dine se définit clairement comme salafistes. Mais il y a en son sein plusieurs tendances dont le salafisme wahhabite. Il faut savoir qu'il y a aussi une lutte de pouvoir entre les différents courants. Les rapports de force se jouent au jour le jour. Quel groupe va prendre le dessus ? Le groupe salafiste modéré, wahhabite, malékite, soufi ou sunnite ?
Cette aile radicale qui mène les destructions, à peine 50 personnes parmi les combattants, n'est pas les talibans. Ces derniers avaient fait exploser en deux minutes 20 mètres de statues à Bamiyan. Au Mali, les hommes se sont munis de burins et de pioches, alors qu'on sait qu'ils ont des explosifs... Pour l'instant, il n'y a pas de destruction massive et systématique, ni revendications claires de la part des leaders du groupe.
Tout cela ressemble à une opération de communication, bien qu'elle soit très mauvaise. Selon moi, c'était la seule manière d'attirer l'attention sur eux afin de se positionner comme seul interlocuteur.
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MALI
"LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE FAIT UN PARI INSENSÉ"
Sarah Halifa-Legrand
03-07-2012
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20120703.OBS5836/mali-le-pari-insense-de-la-communaute-internationale.html
Dimitri Brelière (*), ancien conseiller français de l'ex-président malien Amadou Toumani Touré, explique pourquoi il faut, selon lui, intervenir de toute urgence au Mali.
Français, Dimitri Brelière a été conseiller économique du Sénégal dans les années 90, puis conseiller au cabinet de l'ancien président malien Amadou Toumani Touré ATT de 2002 à 2011. Il a notamment été en charge des programmes de renforcement des projets de développement du Nord Mali.
Les Nations unies semblent finalement renoncer au projet d'intervention armée de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Sage décision ?
- Je ne crois pas. Pour des raisons compréhensibles – éviter un embrasement régional, préserver la vie des otages aux mains d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et ne pas mettre en danger celle des ressortissants étrangers présents au Mali et dans tout le Sahel –, elle fait le pari insensé de ne rien faire !
Elle laisse Aqmi, les rebelles touaregs d’Ansar Dine et du MNLA et les narcotrafiquants s'installer sur un territoire grand comme une fois et demie la France et commettre des exactions sur les populations.
Pendant que la communauté internationale hésite sur la stratégie à adopter pour le Mali, on voit Aqmi et Ansar Dine profaner des tombes comme on l'a vu à Tombouctou, recruter et s’entraîner en vue de perpétrer des attentats ou des enlèvements. On peut craindre une guerre civile, voire un embrasement de toute la région. Et le Niger risque d’être le prochain sur la liste. Il y a urgence à agir.
La plupart des Etats africains en sont convaincus et appellent à une intervention. Mais alors qu'on était proche d'obtenir de l'ONU un mandat pour une opération militaire ouest-africaine, – la France parlait même d'une décision imminente et s'était déclarée prête à apporter un soutien logistique –, l'Algérie a convaincu les Nations unies, où la personne en charge de l'Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, n'est autre qu'un Algérien, pour que le projet d’un recours à la force soit reporté au profit d'une solution négociée.
Pourquoi n’êtes-vous pas favorable à une telle option ?
- Parce que je ne crois pas en ses chances de succès. Combien de fois a-t-on négocié ?
Les deux grandes vagues de rébellion touarègue ont débouché sur des accords en 91-92 et en 2006, d’ailleurs sous l’égide de l’Algérie. On en voit aujourd’hui le résultat. Maintenant que les rebelles touarègues se sont considérablement renforcés et occupent le terrain, je vois moins que jamais ce que l’on pourrait négocier. Et puis avec qui discuter ?
On a reproché à Amadou Toumani Touré (ATT) de ne pas avoir combattu Aqmi comme il fallait et maintenant on irait discuter avec les terroristes ? L’Algérie n’a jamais voulu entendre parler de négociations avec les islamistes radicaux. Pourquoi cette volte-face ? C’est incompréhensible. A moins qu’elle ne soit dictée par sa crainte de voir des troupes étrangères s'installer dans sa zone d'influence et des groupes armés du nord du Mali se replier chez elle.
Faudrait-il aussi intervenir au sud ?
- La junte détient toujours la réalité du pouvoir puisqu'elle reste la seule détentrice des armes et fait ainsi peser une pression écrasante sur le pouvoir civil, comme en témoignent les séries d’arrestations en dehors de tout cadre judiciaire. Il faut donc absolument sécuriser les institutions par une force extérieure. Mais c'est justement ce que la junte refuse, défiant ainsi une nouvelle fois la communauté internationale.
Il est nécessaire aussi d’assurer la sécurité du président Dioncounda Traoré qui, en tant qu'ancien président de l’Assemblée nationale et conformément à la constitution, était l’autorité la plus légitime pour prendre en charge l’intérim, pour qu’il puisse enfin quitter Paris et rentrer au Mali sans craindre pour sa vie, après l’agression honteuse dont il a été victime par une foule de manifestants qui avait été radicalisée et excitée délibérément. Car une des missions de Dioncounda Traore consiste à organiser une élection présidentielle d’ici à un an. Il faut qu’il puisse le faire en toute sérénité, transparence et impartialité.
Comment expliquez-vous la crise dans laquelle le Mali a sombré ? ATT en est-il le premier responsable comme beaucoup le disent ?
- ATT a en quelque sorte payé son entêtement à vouloir maintenir la date de l’élection présidentielle, à laquelle il n’était d’ailleurs pas candidat. Car derrière le coup d’Etat du 22 mars qui l’a évincé, il y a un homme, Oumar Mariko. Cet opposant à ATT s’était, lui, prononcé pour un report de l’élection, parce qu’il estimait qu’elle ne pouvait avoir lieu tant que le conflit perdurait au Nord mais certainement aussi parce qu’il savait qu’il n’avait aucune chance de remporter ce scrutin. Par l’intermédiaire d’un réseau de radios privées qu’il contrôle, et que beaucoup au Mali ont surnommées ironiquement "radios mille collines" en référence au Rwanda, et en passant son temps auprès des militaires du rang de la caserne de Kati, il a su instrumentaliser les revers subis par l’armée malienne au Nord pour distiller un sentiment de haine contre le régime d’ATT auprès d’une partie de la population et des soldats. Sa propagande a si bien fonctionné qu’il a ensuite suffi d’un mouvement de colère des militaires à Kati pour que cela conduise à une mutinerie qui elle-même s’est transformée en véritable coup d’Etat. Mariko a été le premier à applaudir le putsch.
On le soupçonne d'avoir fourni au capitaine putschiste Sanogo les listes de noms de personnalités à arrêter. Il conseille d'ailleurs depuis très habilement les militaires puisqu’il a réussi à écarter ses trois principaux ennemis : ATT d’abord, puis Soumaïla Cissé, (qui était candidat à la présidentielle) et enfin Dioncounda Traore. Il a donc sa part de responsabilité dans la crise au Sud, mais aussi au Nord : la situation y était certes très difficile, mais les troupes maliennes tenaient leurs positions. Ce sont les putschistes qui ont fait basculer le Nord dans le chaos : en arrêtant les officiers supérieurs qui coordonnaient les forces armées, ils ont déstabilisé la chaîne de commandement et désorganisé les lignes de fronts.
La gestion de la crise au Nord par ATT n’est cependant pas exempte de reproches…
- Rébellions touarègues à répétition, narcotrafic à grande échelle, prises d'otages, et, conséquence de l'intervention en Libye, entrée en masse d'armes dans le Sahel et retour des touaregs enrôlés dans l’armée de Kadhafi...
Comment voulez-vous que l'un des pays les plus pauvres du monde puisse faire face à une telle succession d'événements ?
Ne serait-ce que traquer Aqmi nécessite de mettre en œuvre des moyens humains, techniques et financiers considérables dont le Mali est dépourvu.
ATT a maintes fois demandé de l'aide au niveau international. Ce n’est que la veille du coup d’Etat, à l’occasion d’un sommet de crise qui se tenait justement à Bamako, que la communauté internationale a vraiment pris conscience du danger et parlé d’un soutien, notamment sur le plan logistique.
Jusque-là qui a vraiment aidé le Mali ?
Il y a eu une coopération militaire, avec la France et les Etats-Unis notamment, mais limitée.
ATT a aussi appelé sans relâche à une véritable coordination avec la Mauritanie, le Niger et l’Algérie. Celle-ci n’a vu le jour qu’en 2010 avec la création d'un Comité d’état-major opérationnel conjoint qui n'a encore donné lieu à aucune opération commune. Les seules interventions dans le nord Mali ont été conduites dans le cadre de droits de poursuite par le Niger et la Mauritanie. En fait, la coopération s'est heurtée à des divergences sur le dossier : le Niger poussait pour une action militaire contre Aqmi, la Mauritanie, elle, s'appuyait plutôt sur le MNLA pour combattre Aqmi, tandis que l'Algérie, toujours ambiguë, n'a en fait jamais montré une volonté réelle de faire bouger les choses. Elle a ainsi tout fait pour que le sommet que nous réclamions sur la crise au Nord n’ait pas lieu.
Je ne dis cependant pas que nous n’avons pas commis des erreurs. Il a pu y avoir des insuffisances. L’armée a notamment manqué de moyens. Malgré les dotations d'armement que l'on a fait ces dix années, qui permettaient à l'armée malienne de rester l’une des mieux dotés d'Afrique de l'Ouest – et des livraisons aéroportées étaient d'ailleurs en cours au moment du coup d'Etat –, cela n'a pas suffi pour combattre cette agression exceptionnelle, due, je le répète, à l’arrivée massive ces derniers mois d’armes lourdes de Libye, et je peux comprendre le mécontentement des militaires.
ATT est soupçonné d'avoir noué un pacte tacite avec Aqmi. Cela fait-il partie de ses "erreurs" ?
- Sur ce sujet comme sur d’autres, des erreurs ont certainement été commises. Mais c’est une accusation très injuste. ATT a fait ce qu’il a pu avec les moyens dont il disposait. On lui a reproché de ne pas traquer et combattre frontalement les terroristes. Mais pouvait-il le faire ? Les offensives qu’il a lancées contre Aqmi ont fait de nombreux morts parmi les soldats. Pour combattre dans cette immensité désertique, il aurait eu besoin de moyens aériens, ou au moins d’un accès aux bases aériennes proches des frontières du Nord Mali pour ravitailler ses hélicoptères, ce qu’il n’a pas obtenu...
Il est aussi accusé d’avoir fermé les yeux sur la corruption qui ronge l’Etat, alimentée notamment par les narcotrafics du nord, et d’y avoir lui-même eu recours, en particulier en tentant d’acheter la paix dans le nord à coups de valises de billets.
- Il était conscient de l’existence d’une corruption importante au Mali. C’est pour cela que nous avons lancé plusieurs chantiers qui témoignent d’une volonté de transparence, première étape indispensable pour lutter contre ce phénomène : la modernisation de l’Etat, qui prendra du temps, le renforcement de l’inspection des finances et du contrôleur général de l’Etat. Un vérificateur général des comptes de la nation a été nommé en 2003, et les dits comptes sont mis en ligne pour que chacun puisse les consulter. Mais il n’est pas possible de tout contrôler du jour au lendemain dans un pays si grand et si pauvre.
Pour ce qui est du Nord, vous faites allusion aux primes à la réinstallation offertes par le gouvernement à ceux, parmi les combattants touaregs revenus de Libye, qui voulaient déposer les armes.
Il ne s’agit pas de corruption. Il ne faut pas perdre de vue que c’est grâce à la stabilité politique dont a bénéficié le Mali ces dix dernières années, qui rassurait les coopérations étrangères et les investisseurs privés internationaux, qu’il a pu enregistrer des avancées en terme de développement socio-économique.
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TIMBUKTU'S SIDI YAHIA MOSQUE 'ATTACKED BY MALI MILITANTS'
2 July 2012
http://www.bbc.co.uk/news/world-africa-18675539
Islamist militants in Mali have attacked one of the most famous mosques in the historic city of Timbuktu, residents say.
Armed men broke down the door of the 15th-Century Sidi Yahia mosque, a resident told the BBC.
The Ansar Dine group, which is said to have links to al-Qaeda, seized control of the city earlier this year.
It has already destroyed several of the city's shrines, saying they contravene its strict interpretation of Islam.
Ansar Dine spokesman Sanda Ould Bamana told the BBC that his movement had now completed nearly 90% of its objective to destroy all mausoleums that are not in line with Islamic law.
He said Sharia did not allow the building of tombs taller than 15cm (6 inches).
The new chief prosecutor of the International Criminal Court, Fatou Bensouda, on Sunday condemned the destruction as a "war crime", reports the AFP news agency.
The UN cultural agency Unesco and Mali's government have called on Ansar Dine to halt its campaign.
Unesco has also expressed concern that valuable artefacts and manuscripts may be smuggled out of the region and has urged neighbouring countries to prevent this.
The 55-nation Organisation of the Islamic Conference said in a statement that the sites Ansar Dine had attacked were "part of the rich Islamic heritage of Mali and should not be allowed to be destroyed and put in harm's way by bigoted extremist elements".
The site of Sidi Yahia is one of the three great mosques of Timbuktu.
The door which has been smashed had been left sealed as it led to the sacred tomb of saints.
Some witnesses started crying when they saw the damage, AFP says.
Some local people believe that opening the door will herald misfortune.
Timbuktu owes its international fame to its role as a centre of Islamic learning, based in its three large mosques, in the 15th and 16th Centuries.
Timbuktu is also known as "City of 333 saints", which originate in the Sufi tradition of Islam.
Ansar Dine's Salafist beliefs condemn the veneration of saints.
The group seized control of Timbuktu in April, after a coup left Mali's army in disarray.
Initially, it was working with secular ethnic Tuareg rebels demanding independence for northern Mali's desert territories but the groups have recently clashed and Islamist forces are in control of northern Mali's three main centres - Timbuktu, Gao and Kidal.
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TREASURES OF TIMBUKTU
Timbuktu was a centre of Islamic learning from the 13th to the 17th Centuries
700,000 manuscripts survive in public libraries and private collections
Books on religion, law, literature and science
Letters between rulers, officials and merchants on issues such as taxes, trade, marriage and prostitution
Added to Unesco world heritage list in 1988 for its three mosques and 16 cemeteries and mausoleums
They played a major role in spreading Islam in West Africa; the oldest dates from 1329
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Mali's coup crisis In pictures: Artefacts under threat
Timbuktu's ancient shrines and mosques
'The Afghanistan of West Africa'
Life in Timbuktu under Islamist rule Fleeing ethnic attacks
Mali crisis: Who's who?
Why do we know Timbuktu?
What next for Mali?
How toppling Gaddafi affected Mali Niger fears contagion
Mali: Key facts, figures and dates
Related Internet links
Unesco Around the BBCAfrica Today podcasts
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AFGHANISTAN : LES BOUDDHAS DE BAMIYAN SONT DÉTRUITS
12 mars 2001
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Index/nouvelles/200103/11/004-BOUDHAS-DETRUITS.asp
L'intervention du secrétaire général des Nations unies n'a pas permis de stopper la destruction des statues pré-islamiques en Afghanistan.
Le ministre des Affaires étrangères des talibans a rejeté les requêtes de Kofi Annan lors d'une rencontre à Islamabad, au Pakistan. Le ministre a confirmé que toutes les statues amovibles dans le pays avaient été détruites et que la démolition des deux boudhas géants de Bamiyan était quasi complétée.
Haute de 53 mètres, cette statue de Bouddha est la plus grande du monde.
Le secrétaire général de l'ONU a qualifié le décret qui pèse sur ces oeuvres de lamentable.
Le 26 fervier dernier, le mollah Mohamed Omar, le chef suprême des talibans, avait ordonné la destruction de toutes les statues pre-islamiques en Afghanistan, pour prévenir l'idolâtrie.
La milice islamiste a affirmé ensuite à plusieurs reprises que les destructions iconoclastes seraient menées à terme, au nom de l'islam, en dépit des sévères condamnations de l'ensemble de la communauté internationale.
La destruction des bouddhas géants de Bamiyan a toutefois été suspendue à l'occasion de la fête musulmane de l'Aïd el-Kébir, et a repris depuis.
Situé à un carrefour des anciennes routes de la soie, l'Afghanistan dispose d'un patrimoine culturel unique qui reflète une histoire marquée par les influences de la Perse, de la Grèce, de l'hindouisme, du bouddhisme et de l'islam.
Le pays compte parmi ses plus importants sites archéologiques celui de l'ancienne Bactrian, au nord-est du pays, datant du IIe-IIIe siècle av. J-C., et le site de Hadda, à l'est, dans la région de Jallalabad, très riche en statues gréco-bouddhiques modelées en stuc et en argile, trouvées dans les monastères.
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