samedi 21 septembre 2013
6230. MAIS QU'EST-CE QUI EXCITE TANT LA FRANCE ? OU PLUTÔT SON ÉTRANGE PREMIER MINISTRE. LES ÉLECTEURS FRANÇAIS ONT-ILS ÉCHANGÉ UN VIRUS SARKOZIEN VIRULENT CONTRE UNE FORME DE PATHOLOGIE NOUVELLE DONT LES EFFETS NÉFASTES SONT ENCORE INCONNUS. NOUS LEUR SOUHAITONS DONC BONNE CHANCE DANS CETTE ÉPREUVE.
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Si la première puissance mondiale se résout à accepter la réalité du terrain
(une Syrie résolument décidée à résister farouchement à toute agression étrangère, une Russie qui n’a nullement l’intention d’abandonner Damas, une opinion publique américaine qui s’en lasse…),
comment pouvez-vous expliquer que Paris, vassal de Washington, puisse dire le contraire ?
La France a-t-elle un intérêt à déclarer la guerre à un pays souverain ?
Thierry Meyssan : Paralysés par leur déclin, les États-Unis avaient confié au Royaume-Uni et à la France la recolonisation de la Libye et de la Syrie.
Ces deux États ont alors conclu le Traité de Lancaster House, en novembre 2010 —donc avant le printemps arabe—, pour mettre en commun leurs « forces de projection », c’est-à-dire leurs forces coloniales.
Ils devaient attaquer ensemble et se partager le gâteau selon leurs anciennes zones d’influence :
la Libye pour les Britanniques,
la Syrie pour les Français.
Concernant la Libye, le Royaume-Uni a organisé le soulèvement de Benghazi, non pas sur un mode révolutionnaire, mais sur celui du séparatisme, en donnant aux insurgés l’ancien drapeau du roi Idriss, c’est-à-dire celui de la domination anglaise.
Concernant la Syrie, la France a organisé l’Armée syrienne libre en lui donnant comme drapeau celui du mandat français (1920 à 1946).
Dans un cas comme dans l’autre, il suffit de voir les drapeaux pour savoir qu’il ne s’agit pas de mouvements révolutionnaires, mais de collaboration avec les anciens occupants.
Cependant, si le Royaume-Uni a pu s’installer en Libye, c’est parce que l’Otan est venu détruire la résistance, faisant au total 160 000 morts, selon les rapports internes de la Croix-Rouge.
Tandis qu’en Syrie, les trois vétos opposés par la Russie et par la Chine ont dissuadé l’Otan d’intervenir.
La France a donc trempé ses mains dans le sang pour rien.
À cette question stratégique s’ajoutent le poids de personnalités comme celles du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius et du chef d’état-major particulier du président de la République, le général Benoît Puga.
Le premier est un ultra-sioniste tandis que le second est un catholique lefebvriste, ensemble ils partagent la même idéologie colonialiste.
La France n’a aucun intérêt à tenter de conquérir la Syrie, mais certaines grandes compagnies ont intérêt à faire payer cette conquête par le contribuable français pour leurs profits privés.
Au demeurant, le Royaume-Uni et la France seront les grands perdants de la guerre de Syrie, pas les États-Unis.
Car ces derniers vont se partager la région avec la Russie sur les décombres des
accords Sykes-Picot de 1916 par lesquels le Royaume-Uni et la France contrôlaient la région.
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« La diplomatie devra déboucher sur une victoire de la Syrie et une paix durable »
Thierry Meyssan
20 septembre 2013
http://www.voltairenet.org/article180327.html