lundi 31 août 2009
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DE RETOUR SUR LA MAPPEMONDE
Raymond Giroux
25 février 2009
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/chroniqueurs/200902/24/01-830783-de-retour-sur-la-mappemonde.php
(Ottawa) Le Canada veut revenir sur la mappemonde, d'où il est disparu depuis les dernières années.
Où êtes-vous? se faisait demander l'ancien ministre David Emerson lors de son passage aux Affaires étrangères.
M. Emerson ne l'avouait pas à l'époque, mais le reconnaît aujourd'hui, le gouvernement s'est déguisé en courant d'air.
Candidat à un poste au Conseil de sécurité des Nations unies, le pays part de loin.Le désengagement canadien de la scène internationale et son alignement sur l'administration Bush découlent en partie du statut minoritaire des gouvernements fédéraux depuis 2004.
Paul Martin et Stephen Harper gouvernaient et gouvernent toujours dans l'insécurité.
Leurs projets politiques se jugent à l'aulne des votes qu'ils peuvent obtenir au Parlement. Dans ces conditions, les deux premiers ministres ont choisi de travailler au bureau, non à l'étranger, et invité leurs ministres à donner priorité aux votes parlementaires.
Ajouter à cela la véritable chaise musicale de ministres qui ont défilé aux Affaires étrangères - sept ministres en huit ans, une honte, à mon avis - et vous comprendrez que dans ce fouillis, les décisions se prennent au bureau du premier ministre, qui a eu bien d'autres chats à fouetter.
Mais les conservateurs ont maintenant une année complète devant eux sans vraiment se soucier d'une défaite, gracieuseté de Michael Ignatieff.
Barack Obama a en quelque sorte dégêné M. Harper, qui a accouru à New York, lundi, question de se faire voir des Américains. Lawrence Cannon, de son côté, a brisé la glace, hier, avec son homologue Hillary Clinton.
Mais il aura eu fort à faire pour se rendre intéressant : les journalistes accrédités au département d'État n'ont posé aucune question sur sa présence, lors du breffage officiel quotidien.
Ses homologues du Pakistan, de l'Afghanistan et même de la Grèce ont eu plus de chance que lui. Mais attendons de lire la presse américaine, ce matin, avant de conclure.
M. Obama a décidé de quitter l'Irak. Mais s'il troque cette guerre contre celle en Afghanistan, nous ne serons pas beaucoup plus avancés.
Il a reconnu avoir hérité d'un fouillis, et admis que la solution ne sera pas que militaire.
Mais le Canada et les alliés de l'OTAN nous servent cette même salade depuis des années. Washington révise présentement sa position de fond en comble tout en expédiant 17 000 combattants de plus.
Un document de travail du ministère de la Défense nationale nous apprenait hier qu'il n'y a aucune victoire militaire en vue en Afghanistan,
pour la bonne raison que les talibans n'offriront jamais la bataille finale contre ce qui leur apparaît une invasion impérialiste.
Même les Russes, forts de leur échec humiliant d'il y a 20 ans, se disent prêts à donner leurs sages conseils sur l'art de stabiliser ce pays. Merci quand même!
Question de ne pas être en reste, le ministre Cannon a lui aussi offert de «mettre à contribution les leçons apprises par le Canada à Kandahar dans des domaines comme la formation de la police nationale afghane, la gestion des frontières et le travail de reconstruction et de développement dans son ensemble».
Bel effort, si on veut revenir sur scène. Le gouvernement Bush n'avait jamais joué très fort la carte du nation-building.
Mais comment reconstruire un pays tout en le bombardant et en y menant une guerre de tous les jours, la question attend toujours une réponse.
Mme Clinton, pas plus que M. Obama jeudi dernier, n'aurait rien demandé au Canada une fois la mission militaire terminée, en 2011.
Bonne idée, il existe d'autres manières de se faire remarquer que d'envoyer des soldats à Kandahar.
Raymond Giroux
25 février 2009
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/chroniqueurs/200902/24/01-830783-de-retour-sur-la-mappemonde.php
(Ottawa) Le Canada veut revenir sur la mappemonde, d'où il est disparu depuis les dernières années.
Où êtes-vous? se faisait demander l'ancien ministre David Emerson lors de son passage aux Affaires étrangères.
M. Emerson ne l'avouait pas à l'époque, mais le reconnaît aujourd'hui, le gouvernement s'est déguisé en courant d'air.
Candidat à un poste au Conseil de sécurité des Nations unies, le pays part de loin.Le désengagement canadien de la scène internationale et son alignement sur l'administration Bush découlent en partie du statut minoritaire des gouvernements fédéraux depuis 2004.
Paul Martin et Stephen Harper gouvernaient et gouvernent toujours dans l'insécurité.
Leurs projets politiques se jugent à l'aulne des votes qu'ils peuvent obtenir au Parlement. Dans ces conditions, les deux premiers ministres ont choisi de travailler au bureau, non à l'étranger, et invité leurs ministres à donner priorité aux votes parlementaires.
Ajouter à cela la véritable chaise musicale de ministres qui ont défilé aux Affaires étrangères - sept ministres en huit ans, une honte, à mon avis - et vous comprendrez que dans ce fouillis, les décisions se prennent au bureau du premier ministre, qui a eu bien d'autres chats à fouetter.
Mais les conservateurs ont maintenant une année complète devant eux sans vraiment se soucier d'une défaite, gracieuseté de Michael Ignatieff.
Barack Obama a en quelque sorte dégêné M. Harper, qui a accouru à New York, lundi, question de se faire voir des Américains. Lawrence Cannon, de son côté, a brisé la glace, hier, avec son homologue Hillary Clinton.
Mais il aura eu fort à faire pour se rendre intéressant : les journalistes accrédités au département d'État n'ont posé aucune question sur sa présence, lors du breffage officiel quotidien.
Ses homologues du Pakistan, de l'Afghanistan et même de la Grèce ont eu plus de chance que lui. Mais attendons de lire la presse américaine, ce matin, avant de conclure.
M. Obama a décidé de quitter l'Irak. Mais s'il troque cette guerre contre celle en Afghanistan, nous ne serons pas beaucoup plus avancés.
Il a reconnu avoir hérité d'un fouillis, et admis que la solution ne sera pas que militaire.
Mais le Canada et les alliés de l'OTAN nous servent cette même salade depuis des années. Washington révise présentement sa position de fond en comble tout en expédiant 17 000 combattants de plus.
Un document de travail du ministère de la Défense nationale nous apprenait hier qu'il n'y a aucune victoire militaire en vue en Afghanistan,
pour la bonne raison que les talibans n'offriront jamais la bataille finale contre ce qui leur apparaît une invasion impérialiste.
Même les Russes, forts de leur échec humiliant d'il y a 20 ans, se disent prêts à donner leurs sages conseils sur l'art de stabiliser ce pays. Merci quand même!
Question de ne pas être en reste, le ministre Cannon a lui aussi offert de «mettre à contribution les leçons apprises par le Canada à Kandahar dans des domaines comme la formation de la police nationale afghane, la gestion des frontières et le travail de reconstruction et de développement dans son ensemble».
Bel effort, si on veut revenir sur scène. Le gouvernement Bush n'avait jamais joué très fort la carte du nation-building.
Mais comment reconstruire un pays tout en le bombardant et en y menant une guerre de tous les jours, la question attend toujours une réponse.
Mme Clinton, pas plus que M. Obama jeudi dernier, n'aurait rien demandé au Canada une fois la mission militaire terminée, en 2011.
Bonne idée, il existe d'autres manières de se faire remarquer que d'envoyer des soldats à Kandahar.