DOUTEUR EST L'AMI DE MONSIEUR MARCEL DUCHAMP

DOUTEUR EST L'AMI DE MONSIEUR HENRY DICKSON ET DE MONSIEUR MARCEL DUCHAMP ET L'AMI DE DAME MUSE ET DES MUTANTS GÉLATINEUX LGBTQ OGM ET DE MADEMOISELLE TAYTWEET DE MICROSOFT - SECONDE TENTATIVE OFFICIELLE D'Ai - INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - ET DE MONSIEUR ADOLF HITLER, CÉLÈBRE ARTISTE CONCEPTUEL AUTRICHIEN ALLEMAND CITOYEN DU MONDE CÉLÈBRE MONDIALEMENT CONNU - IL EST DANS LE DICTIONNAIRE - SON OEUVRE A ÉTÉ QUELQUE PEU CRITIQUÉE MAIS ON NE PEUT PLAIRE À TOUT LE MONDE ET PERSONNE N'EST PARFAIT ! VOILÀ!

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DOUTEUR - DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DU DOUTE EST AMI DU PROFESSEUR BULLE - DE L'INTERNATIONALE SITUATIONISTE CONSPIRATIONNISTE - DES THÉORICIENS DU COMPLOT ET DES CONSPIRATIONS ET DES COMPLOTISTES ET CONSIRATIONISTES - AMI DES THÉORICIENS DU NON COMPLOT ET DES THÉORICIENS DE L'EXPLICATION ET DE L'UNION DES JOVIALISTES ET INTELLECTUELS ORGANIQUES - AUTISTE ASPERGER GEEK RELATIVISTE CULTUREL PYRRHONIEN NÉGATIONNISTE RÉVISIONNISTE SCEPTIQUE IRONIQUE SARCASTIQUE - DÉCONSTRUCTEUR DERRIDADIEN - AMI DES COLLECTIONNEURS DE BOMBES ATOMIQUES - AMI DES PARTICULES ÉLÉMENTAIRES ET FONDAMENTALES ET AMI DE L'ATOME CAR LA FUSION OU LA FISSION NUCLÉAIRE SONT VOS AMIS

UN JOUR LES MUTANTS GOUVERNERONT LE MONDE - CE NE SERA PROBABLEMENT PAS PIRE QU'EN CE MOMENT

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LES MUTANTS EXTERMINERONT OU NON LES HUMAINS - ET NOUS TRAITERONS PROBABLEMENT AUSSI BIEN QU'ON SE TRAITE NOUS-MÊMES ENTRE NOUS - ET PROBABLEMENT AUSSI BIEN QUE L'ON TRAITE LA NATURE ET TOUT CE QUI VIT

dimanche 9 août 2009

844. NOS AMIS LES CRITIQUES LITTÉRAIRES

Un homme et son péché. Claude-Henri Grignon, 1933 analysé par Gérard Bessette dans Une littérature en ébullition, 1968. En réponse à sœur Ste-Marie-Eleuthère auteure de La Mère dans le roman canadien-français, 1964; qui avait fait la même chose en trouvant comme base d'analyse (selon Bessette) l'absence de la mère. 10 ans plus tard, elle (ou lui) aurait utilisé la grille marxiste. 10 ans après, le souverainisme. 10 ans ensuite, le féminisme. Ou inversement. Bessette use et abuse de la psychanalise (qui ne demande que ça, la salope!) Ce qui est très amusant. Les gros titres sont du professeur Bulle qui tient très au sérieux les propos qui suivent. Ollé!

(…)

LA FEMME, CETTE INCONNUE

Mais analysons d’abord la conduite et la mentalité «amoureuse» de Séraphin Poudrier.

Le premier paragraphe de notre citation proclame le mépris de l’avare à l’égard de la femme, laquelle se résume pour lui à 2 aspects : bête de travail, bête de plaisir.

Côté bête de travail, Donalda ne le désappointera pas; mais côté bête de plaisir, les choses ne tourneront pas aussi rond. Est-il possible de savoir pourquoi? Examinons notre texte.

Premier temps : Séraphin, frappé, dans un champs de fraises, par la blancheur des bras et l’opulence de la poitrine de Donalda, se laisse ensuite «entraîner par le fleuve de l’impureté

Qu’est-ce à dire? Qu’il a, en termes jansénistes, de «mauvaises pensées», de «mauvais désirs»? On ne voit pas bien ce que ça pourrait signifier d’autre. L’emploi du mot impureté au lieu de concupiscence ou de désir n’ajoute que l’idée de souillure, par conséquent de culpabilité, du moins théorique. Quant au désir, il est déjà exprimé par le verbe convoiter.

Pour ce qui est de la proposition «dont il ne chercha jamais à découvrir la source», si elle signifie, si elle illustre quelque chose, ce qui n’est pas évident, c’est une tendance à attribuer des causes surnaturelles, magiques, en tout cas mystérieuse, à l’appétit sexuel.

Pour qui ne se fait pas de la chair une conception vaguement démoniaque ou théologique, la proposition paraît absurde ou dénuée de sens. Aussi absurde que de se demander, par exemple, quand on a faim, d’où peut venir la source de notre appétence à la nourriture.

Quoi qu’il en soit, Séraphin ne semble pas lutter contre sa concupiscence, du moins au début : «ile se laisse d’abord entraîner». Ensuite, on le suppose, il découvre «la source» du fleuve : c’est Donalda!

Séraphin, nous indique le texte, s’habitue donc progressivement à l’idée de l’épouser. Puis le mariage a lieu. Jusqu’ici tout va bien. Il semblerait que Séraphin touche au but.

Deuxième temps : Mais attention. Ce serait trop simple. D’abord, nous apprenons que Séraphin, qui s’est pourtant «laissé entraîner», a combattu «les troubles de la chair» durant des années.

À quelle période de sa vie ce combat s’est-il livré? Antérieurement, on le suppose, à sa découverte de la précoce et ferme opulence pectorale de Donalda.

Ou bien a-t-il continué à lutter tout en se laissant entraîner? En tout cas, nous nous disons qu’il ne sera pas obligé de «combattre» maintenant que Donalda est son épouse.

LA FEMME. LA CHAIR.

C’est être bien naïf. C’est n’avoir pas compris l’attitude névrotique de Séraphin à l’égard de la chair. C’est n’avoir pas saisi à quel point concupiscence et avarice forment chez lui un couple inséparable (…). En effet, Séraphin fuit la chair dans l’argent, se fait un mur d’argent pour se protéger de la chair. L’argent – qui n’est en fait qu’un prétexte inconscient- lui interdit les jouissances sexuelles. C’et là pour lui une nécessité psychologique.

Voyons en effet comment les choses se passent après le mariage, au moment où Séraphin, atteint par le «démon du midi», semble sur le point de se «laisser entraîner« pour de bon.

Que fait-il? Il s’empresse de rationaliser, de se réfugier dans l’avarice. Soumise et frugale comme elle est, quelle probabilité y a-t-il, en effet, que Donalda «lui mange jusqu’à la dernière terre du rang», et cela simplement parce que son mari coucherait avec elle?

Séraphin craint-il qu’elle le force alors à lui acheter des fanfreluches, des toilettes extravagantes, ou qu’elle devienne paresseuse? C’est ce que la fin du paragraphe II laisse supposer.

Mais la prétendue véritable raison – nous l’apprendrons plus loin, paragaraphe III- c’est que «les enfants, ça finit par coûter cher». Voilà enfin qui semble logique, plausible : c’est en tant que «bête à reproduction» que Donalda pourrait au sens propre, coûter cher à Séraphin.

Nous présumons tout de suite, naturellement, que l’avare ne sait ou n’ose faire l’amour en recourant à des procédés anticonceptionnels- Erreur. Notre grippe-sou sait pratiquer le coïtus interromptus : «il refusa de lui faire un fils; Donalda n’éprouva jamais la sensation d’un baiser long et profond».

Mais alors pourquoi Séraphin, s’il sait se satisfaire sans danger de progéniture, ne possède t-il pas sa femme qu’«une fois, une seule fois»?

Mystère. Donalda se serait-elle refusée à cette pratique anticonceptionnelle. Telle que nous la connaissons, cela paraît infiniment improbable.

D’autre part, rien n’indique que Séraphin observe la continence pour des motifs religieux; car, en fait, l’avare n’a pas la foi, même s’il se livre à certains rites superstitieux comme d’asperger sa maison d’eau bénite pendant un orage. En tout cas, il ne croit pas à l’immortalité de l’âme ni par conséquent aux châtiments éternels :« les morts sont morts, se dit-il».

Nous sommes donc en face d’une énigme, d’une conduite irrationnelle, explicable seulement par une arriération affective, par une fixation qui remonte à un stade antérieur.

LE LAIT, LES VACHES, LES SEINS

Y a-t-il dans le reste du roman des indications, des scènes susceptibles de nous édifier sur les particularités, sur l’origine de cette névrose?

Il y a d’abord la scène avec l’emprunteur Lemont qui a séduit et engrossé la petite Célina Labranche, une «paysanne de 15 ans». Elle a sans doute l’âge de Donalda la première fois qu’elle a émoustillé Séraphin.

Dans cette scène, on voit de nouveau que l’argent et la chair forment dans l’esprit de Séraphin les 2 pôles d’un même système de pulsion. L’avare se servira de l’argent pour punir la chair. En punissant Lemont, en le pressurant, il est clair que Séraphin, en un sens, se châtie lui-même, châtie ses propres désirs qui le portent lui-aussi sur les adolescentes – Donalda, jadis, puis bientôt, Bertine-.

Maintenant qu’il tient le séducteur à sa merci, «l’avarice opiniâtre ferait payer cher à la luxure ses joies fugitives». Les joies de Lemont ont été aussi fugitives que celles de Séraphin. Pour lui aussi, il s’agit d’«une fois, une seule fois» et de brutalité «il l’avait quasiment prise de force».

Les tendances sadiques de Séraphin sont trop évidentes pour qu’on insiste. Il n’est pas exclu de penser que la violence, le viol l’intéressent plus que la jouissance in se; ou, plutôt, que celle-ci est fonction de ceux-là.

Si Séraphin néglige Donalda après la «seule fois», c’est qu’il a satisfait sur elle le plus cher de ses désirs. Il n’est plus question ensuite, dans le roman des attraits de Donalda, de sa poitrine affriolante.

Après l’interlude Célina – qui n’est jamais présente-, c’est Bertine qui, si l’on peut dire, vient prendre la place de Donalda, laquelle, même avant sa maladie, avait perdu ses charmes pour l’avare.

Mais Bertine est bien une seconde Donalda, la Donalda d’il y a 4 ou 5 ans, celle du «champs de fraises». Bertine, qui a 16 ans, attire surtout, elle aussi, Séraphin par l’opulence de sa poitrine : «la poitrine surtout, la plus belle du monde, et qui faisait éclater le corset trop petit».

La Donalda de naguère et Bertine sont d’ailleurs jumelles par le teint comme elles le sont par les seins : la «première est fraîche comme un pommier en fleurs«; la seconde a «un teint de pomme mûres».

Il semble y avoir chez Séraphin à partir de son investissement érotique des seins une espèce de fixation sur le lait puis sur les vaches.

Le «complexe laitier» se manifestera par une attitude ambivalente. «Il ne parlait ni du lait ni du beurre qu’il jugeait de véritables poisons».

Je sais bien que cette phrase en style indirect a pour but d’empêcher Donalda de trop manger. Mais dans sa tirade Séraphin ne dénonce aucun autre aliment d’une façon aussi absolue. Il se contente de prêcher la modération.

Par contre, l’atmosphère ou l’ambiance lactée lui plaît. Elle représente sans doute pur lui la protection, la sécurité, l’enveloppement maternel.

«Il éprouva du soulagement lorsqu’il pénétra enfin dans la beurrerie où circulait un air de fraîcheur mêlé à l’arôme blanc du lait».

Sauf erreur cet «arôme blanc» constitue le seul exemple chez Grignon de la synesthésie baudelairienne.

On peut noter aussi que très souvent, quand il est troublé, Séraphin se réfugie à l’étable. Cet endroit qui constitue après le grenier aux sacs d’or son hâvre de prédilection.

Rappelons aussi que, pour punir Lemont (…), Séraphin va le priver de lait, de ses vaches, il va le sevrer.

Rappelons enfin que c’est une des Jersey tombée dans la rivière – vache à laquelle il est attaché par avarice, bien sûr, mais aussi probablement à la suite d’un traumatisme du sevrage- qui causera sa perte, sa mort.

Finalement, pour suivre jusqu’au bout la fixation laitière de Séraphin, signalons que son seul ami est un beurrier avare comme lui et qui, écrit Grignon «le traitait comme un frère». Ce frère de lait symbolique dont l’haleine, comme celle d’un nourrisson sent «le petit lait sûr», Séraphin la t-il choisi (…) à cause de son métier, parce qu’il peut s’immerger avec lui, s’identifier à lui dans la laiteuse atmosphère maternelle de beurrerie? – J’en suis convaincu. (…)

«Brassard (le beurrier) préférait avoir affaire à Poudrier plutôt qu’à son cousin qui sentait la tonne et la femme.» Même l’odor di femina semble l’incommoder.

Mais revenons à nos moutons ou plutôt à Donalda et à Bertine qui ont toutes deux des poitrines opulemment pommelantes et un teint de pommiers en fleur. (…)

Tenté par Donalda, «il se laisse entraîner» par Bertine, «il se laissa faire».

Et le même refrain sur la concupiscence revient : en face de Donalda «le troubles de la chair qu’il combattait depuis tant d’années l’envahissaient maintenant ainsi qu’une crue prodigieuse de limon»; en face de Bertine, «la luxure, la vieille luxure qu’il combattait depuis tant d’années reprenait le dessus».

LA CASTRATION FÉMININE DANS UN HOMME ET SON PÉCHÉ

Seulement, comme Bertine et un fruit – il est évident que les comparaisons dont Grignon se sert pour décrire les 2 femmes viennent tout droit du paradis terrestre- encore plus défendue que Donalda, la menace qu’elle présente est beaucoup plus terrifiante.

Dans le premier cas, il s’agit d’une pollution qui ne met pas l’existence ou l’intégralité de Séraphin en danger.

La deuxième métaphore, au contraire, est menaçante, atroce : «Elle – la luxure- finirait par le broyer dans ses anneaux de chair et de plaisir».

On ne saurait trouver un meilleur trop pour exprimer la castration. Car c’est bien de cela que souffre Séraphin.

Voici en quels termes un dictionnaire psychiatrique décrit ce phénomène névrotique : (…) crainte résultant de l’interdiction par le sur-moi qui altère (…) l’agressivité nécessaire à la réalisation de l’acte sexuel.

(…) Sous la métaphore se cache un fantasme précis (…) : les anneaux de chair qui vont broyer Séraphin, c’est le vagin denté dont parle Marie de Bonaparte dans sa magistrale étude d’Edgar Allan Poe.

Qu’y a t –il d’étonnant que, hanté par cette phobie, Séraphin choisisse mal son «partenaire féminin» et surtout qu’il n’ait pas «l’agressivité nécessaire à la réalisation de l’acte sexuel»?

En effet, au cours de la scène avec Bertine, l’avare n’est audacieux qu’en imagination. Il regarde Bertine du «coin de l’œil tout en réparant une courroie de harnais» : c'est-à-dire tout en rêvant, tout en souhaitant de transformer l’adolescente en une «bête de travail», inoffensive. Mais il ne fait pas de geste envers sa cousine; il se contente d’imaginer «les moyens de posséder plutôt dans la grange cette ragoûtante paysanne». (…)

En attendant, il va satisfaire (…) son besoin d’agressivité, son sadisme, en allant «faire semblant de fendre du bois dehors» : même fendre réellement du bois lui paraîtrait trop audacieux, trop dangereux sans doute.

Symboliquement, quand Bertine sort elle aussi, quand elle vient l’«arrache[r] à sa rêverie», elle a «un couteau à la main» - il s’agit, n’en doutons pas, d’un couteau castrateur.

-Quel poulet qu’on va tuer, cousin? Demanda-t-elle.
-Hein! Tuer une poule! Tuer une poule! Répéta-t-il. Mais il se ressaisit aussitôt :
-T’as raison, j’y avais pensé, moi itou. J’allais justement en tuer une…

Notez que la volaille, change de sexe d’une réplique à l’autre : Bertine veut tuer un poulet; Séraphin, affolé, répète, tuer une poule (…)

L’INCESTE DANS UN HOMME ET SON PÉCHÉ

N’empêche que, fantasmatiquement, il l’a échappé belle. Aussi, ramené comme un enfant à la réalité par Bertine, abandonne-t-il immédiatement tout dessein, tout rêve de fornication.

C’est alors qu’il se rabat sur le voyeurisme. Mais son projet de «voir Bertine se déshabiller, seulement d’entrevoir un éclair de peau dans la nuit» ne réussit pas mieux que le précédent. (…)
Remarquons d’abord qu’avant de s’y essayer l’avare éprouve le besoin d’aller caresser son argent, c’est-à-dire, comme pour le bûchage du bois dans la scène précédente, de recourir à une jouissance par substitution. (…)

Après avoir vainement essayé de percevoir d’en bas «le bruit d’un corset qu’on enlève (…) ne pouvant plus attendre, il risqua. Il monta la première marche de l’escalier. Son idée était d’arriver au grenier en deux bonds, et de surprendre Bertine à moitié nue. Il mit l’autre pied sur la troisième marche qui craqua».

(…) On a affaire ici à un «acte manqué» au sens freudien, et il est sûr que Séraphin est soulagé que la marche craque. Dès que Bertine lui adresse la parole, il se montre penaud comme un enfant pris en faute. C’est proprement l’attitude du garçonnet que sa mère vient de gronder parce qu’il ne voulait pas se coucher.

«-Bonsoir, dit faiblement Séraphin qui décida de se coucher.»

(…)

«Il se fabriqua un lit avec 2 chaises, des manteaux et une vieille couverture.»

(…) Avec Donalda, l’attitude de l’avare sera plutôt celle d’un père sévère, implacable. Psychologiquement, affectivement, Séraphin semble incapable de considérer ses rapports avec une femme autrement que sur le mode parent-enfant. (…) C’est le malaise du complexé à tendance incestueuse.

On aura remarqué qu’il appelle Donalda – qui est d’ailleurs de 20 ans sa cadette- «ma fille»; sauf à 2 reprises : 1) une fois quand elle est mourante; 2) une autre fois quand elle vient de mourir – alors qu’il s’adresse donc à son cadavre.

Et comment l’appelle-t-il alors? «Ma vieille» : elle est devenue sa mère.

Ce qui est significatif, c’est que Séraphin manifeste de la tendresse pour Donalda seulement sur son lit de mort, c’est-à-dire au moment où, pour lui, elle est en train de se transformer en sa mère.

«Donalda lui fit signe d’approcher. Elle lui tend la main qu’il serra tendrement pour la première fois de sa vie»

«C’est alors qu’il lui promet à sa «vieille» de ne jamais se remarier.»

Comme je l’ai indiqué, l’autre fois où Séraphin dit «ma vieille», il fait une prosopopée, puisque Donalda est trépassée.

«Séraphin passa 2 fois la main sur le front de la morte. Il ne fut pas étonné de le sentir déjà froid.
-Pauvre vieille, dit-il. Tu souffriras pus, à c’t’heure.»

LA NÉCROPHILIE DANS UN HOMME ET SON PÉCHÉ

C’est donc au moment où Donalda devient mère, mais mère mourante, puis mère morte que l’avare peut lui manifester une certaine tendresse. Nous comprenons maintenant pourquoi.

Est-ce à dire que Séraphin soit «nécrophile» , comme l’affirme Réginald Hamel (…)? Je ne le crois pas, du moins pas dans le sens strict du terme. Hamel base son affirmation sur un seul exemple : «Donalda son épouse vient de mourir, et voilà que Séraphin eut presque envie de se coucher dans le lit conjugal, à la place même, encore tiède, que le corps de Donalda avait creusé.»
Il ne s’agit en effet que d’une quasi-envie, vite chassée : «Après réflexion, il trouva que ce ne serait pas convenable, et il s’étendit sur le sofa. Il mit peu de temps à s’endormir e ronfla sans arrêt jusqu’au matin»(…)

D’ailleurs il ne s’agit pas à proprement parler d’une «perversion se traduisant par une attirance sexuelle pour les cadavres» et dans laquelle «le sujet se satisfait en s’accouplant effectivement avec des cadavres, en les contemplant ou en les palpant». Manuel alphabétique de psychiatrie.

(….) Sa sensualité se limite au domaine du fantasme. Il est possible que, inconsciemment, il souhaite rejoindre Donalda, sa vieille, s’unir à elle, à sa mère par delà la tombe.

En ce cas il serait, littérairement, en bonne compagnie : il souffrirait de la même hantise qui (…) tourmentait Mallarmé.

[Qui est mort de la syphillis, dit-on. Maladie contagieuse provoquée par les femmes de mauvaise vie et de petite vertu qui ne cherchent qu'à pervertir les honnêtes hommes et les étudiants en théologie. Maladie qui cause vers la fin inévitable des douleurs terribles, d'horribles déformations physiques et des hallucinations. On disait que le pénis devenu noir tombait. A beaucoup contribué à l'avancement des arts: poésie, théâtre, littérature, peinture qui n'auraient pas été ce que présentent les beaux livres d'images qu'on laisse sur la table à café pour les invités; sans elle. Les musées et les bibliothèques ne seraient pas ce qu'ils sont actuellement sans sa contribution essentielle. Sans oublier la religion. Lorsque le cerveau est attaqué, la hantise provoque des vision et des sermons inspirés. Et la politique. On a dit que Napoléon l'avait attrappé. Très courante. Le Sida des époques anciennes. On disait aussi qu’elle se guérissait par le mercure qui rend également fou aussi avant de tuer. En Afrique, on affirme que pénétrer une jeune vierge peut vous guérir du sida. Comme le nombre de vierges diminue, il faut les capturer de plus en plus jeune. Ou les partager. Ainsi, on vend des demi-vierge et des tiers de vierge. Moins cher. Nous parlerons un jour du mot «civilisation». Bref, comme disaient les français dans les films anciens: on est mal barré!]

«Maintenant qu’elle ne respirait plus, commençait-il de saisir la lumière plus basse qui sortait du tombeau?

Si l’on tenait absolument à parler de tendance nécrophiliques, il faudrait, me semble-t-il, les attribuer à Alexis, «le pauvre homme (…) le brave homme», plutôt qu’à Séraphin, «l’infâme canaille». Non seulement Alexis baise-t-il la morte au front alors qu’elle commence à donner des signes de décomposition mais il fait un rêve érotique dans le lit de Donalda au moment où elle repose en bas sur les planches.(…)

Le comportement de Bertine (sa fille) elle-même est des plus ambigu :

«Alexis s’étendit de tout son long, sur le dos.
-Veux-tu que je vienne t’abrier, demande Bertine?
-Non, non, je m’en vas dormir correct, de même.

Et il croisa les mains sur sa robuste poitrine. Il se laissa emporter par la brume chantante et molle du sommeil. Il avait bu la moitié d’un flacon de gin à Sainte-Agathe et 2 grands verres de cognac. L’ivresse le pénétrait maintenant, ainsi qu’un air parfumé, musical. Plus léger qu’un nuage, il flottait dans l’espace sur un printemps sans fin, au-dessus de la campagne en fleurs avec Donalda à ses côtés, nu-tête, qui présentait sa bouche de fraise au miel du soleil. (…)»

Pourtant, il ne s’agit pas, ici non plus, de nécrophilie, mais d’un désir de posséder une femme par delà la tombe en l’imaginant vivante.

L'INCESTE ENCORE.

On n’a pas assez remarqué, me semble-t-il – en fait, à ma connaissance, on n’a pas remarqué du tout – à quel point le roman tout entier baigne dans une atmosphère incestueuse.

(…)

En fait, indépendamment de l’avarice, de quoi s’agit-il? Nous avons 2 cousins «complémentaires» - l’un est avare, l’autre prodigue; l’un sobre, l’autre buveur- dont l’un convoite la fille de l’autre et dont l’autre convoite la femme du premier, la fille et la femme étant d’ailleurs sensiblement du même âge, et, comme nous l’avons vu, interchangeables et jumelles – du moins pour Séraphin et, affectivement, pour l’auteur. Tout cela, tout ce chassé-croisé affectif se passe donc «en famille». Bien sûr, il ne s’agit pas d’inceste à proprement parler; il s’agit simplement d’un climat incestueux. [Nous somme rassurés de l'apprendre.]

(…)

IL Y A AUSSI DES CONSEILS FINANCIERS

En effet, l’or nourrit littéralement Poudrier. Il n’avait pas faim. Il venait de respirer, de toucher, de manger avec délice des chiffres représentant de l’argent. (…) Il n’avait pas faim. Il était littéralement ivre d’or.»

DES DOUTES CHEZ UN CRITIQUE?

Mais auparavant, je voudrais me demander (…) si une analyse ou une psychocritique comme celle qui précède peut aider à la jouissance esthétique (….) d’Un Homme et son péché. Je le crois, mais je ne peux parler que de ma propre réaction, de la modification de mon appréciation de Séraphin à la suite de mes «découvertes».(…)

Toutefois, comme Grignon lui-même a publié des Précisions sur «Un homme et son péché» (…) dont j’ai souligné (en note) le caractère vaseux.(…)

Claude-Henri Grignon: Je comprends parfaitement Flaubert (…) lorsqu’il s’écrie :«Madame Bovary, c’est moi». Et je dis tout de suite, afin d’éviter tout malentendu, qu’Un homme et son péché , que la femme Donalda, qu’Alexis et sa grosse Arthémise, c’est moi. C’est moi en chair et en os, c’est d’autant plus moi que j’ai vu agir ces gens sous mes yeux, que j’ai vécu l’histoire de ces humbles sans histoire (…)

C’EST BIEN DE LE DIRE

Qu’on ne m’accuse pas de peser des pattes de mouches dans des balances de fils d’araignée.