JOURNAL DES DÉBATS DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE
- 41E LÉGISLATURE, 1RE SESSION - 24 FÉVRIER 2016
MONSIEUR ALEXANDRE CLOUTIER
DÉPUTÉ DU COMTÉ DE LAC-SAINT-JEAN
PARTI QUÉBÉCOIS
PRÉSIDENT DE SÉANCE
PORTE-PAROLE DE L'OPPOSITION OFFICIELLE
EN MATIÈRE D'ÉDUCATION, DE RECHERCHE ET DE PERSÉVÉRANCE SCOLAIRE
PORTE-PAROLE DE L'OPPOSITION OFFICIELLE
POUR LES COMMUNAUTÉS NORDIQUES
PORTE-PAROLE DE L’OPPOSITION OFFICIELLE
RESPONSABLE DE LA RÉGION DU NORD-DU-QUÉBEC
M. Cloutier : M. le Président, ça fait des mois que nous répétons que la réussite scolaire devrait être la priorité du gouvernement en éducation parce que, même si on a fait des pas de géant comme société depuis le rapport Parent, M. le Président, il n'en demeure pas moins que près de 30 % (OU 45 % DE DÉCROCHEURS ) de nos jeunes atteignent l'âge de 20 ans sans avoir aucun diplôme d'études secondaires. Alors, on aurait pu penser que la stratégie du gouvernement, ça aurait été de proposer des solutions, de déposer une politique sur la persévérance scolaire. Or, ils ont fait exactement l'inverse en coupant des centaines de projets pour lutter contre le décrochage, alors des programmes de lecture pour nos tout-petits, de l'accompagnement pour le retour aux études des décrocheurs, des livres offerts pour les 0-4 ans, et tout ça se traduit, par exemple, à Joliette avec des coupes de 80 %, en Gaspésie, des coupes de 70 %, et le budget est carrément passé à zéro, M. le Président, pour plusieurs régions du Québec.
Alors, M. le Président, on a un nouveau ministre de l'Éducation. Est-ce que, minimalement, il peut admettre la grave erreur de son gouvernement de couper...
Le Président : M. le ministre de l'Éducation.
MONSIEUR SÉBASTIEN PROULX
DÉPUTÉ DU COMTÉ DE JEAN-TALON
PARTI LIBÉRAL DU QUÉBEC
MINISTRE DE LA FAMILLE
MINISTRE DE L'ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU SPORT
ENGAGEMENT COMMUNAUTAIRE ET POLITIQUE
MEMBRE DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DU FESTIVAL INTERNATIONAL DANSE ENCORE
Merci, M. le Président. D'abord, je veux saluer le collègue pour sa première question et lui dire qu'il aura, comme les autres collègues de l'opposition, l'ensemble de ma collaboration. D'abord, également, avoir une pensée et, sincèrement, des mots soutenus pour mon collègue Pierre Moreau, que je remplace dans des circonstances, comme vous savez, difficiles.
J'ai deux choses à dire à mon collègue. D'abord, la diplomation, c'est important. Il faut augmenter le nombre de gens qui se diplôment dans nos écoles, il faut atteindre à tout le moins le 80 % que nous avons mis en cible. Deuxièmement, il faut réinvestir — effectivement, il faut le faire — dans l'éducation.
La chance que j'ai, M. le Président, et le bonheur que je porte aujourd'hui, c'est d'être capable de concilier deux choses qui m'apparaissent très importantes et que je veux dire dès le début. La première, c'est que les mesures que nous mettrons en place pour soutenir la réussite et la persévérance ne seront pas que des mesures uniques pour soutenir les individus en difficulté, je pense qu'on va s'installer dans une logique où on va vouloir le faire dès la petite enfance, on va se retrouver dans la situation où on va soutenir les enfants du Québec, M. le Président, de la petite enfance jusqu'à leur sortie de l'école secondaire. La bonne nouvelle pour le collègue — et j'aurai peut-être la chance de le dire en complémentaire — c'est qu'il y a déjà des sommes qui vont être mises de l'avant pour soutenir la persévérance. D'ailleurs, dans le cadre du 80 millions qui a été annoncé...
Le Président : En terminant.
M. Proulx : ...il y a des décisions qui ont été prises dès cette semaine
Le Président : Première complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : Bien, M. le Président, exactement, ils coupent dans les CPE, ils coupent dans la petite enfance. La réalité, là, M. le Président, là, c'est que, pendant que le ministre tergiverse, il y a une année en cours, là, il y a des programmes qui sont déjà mis en place et des services qui ne sont pas offerts. Alors, M. le Président, on a un des pires taux de diplomation en Amérique, c'est une véritable catastrophe nationale que 30 % de nos jeunes atteignent l'âge de 20 ans sans avoir de diplôme, M. le Président. Est-ce qu'il peut au moins admettre l'erreur de son gouvernement d'avoir coupé dans la lutte au décrochage?
Le Président : M. le ministre de l'Éducation.
M. Proulx : Oui, M. le Président. La lutte au décrochage, c'est une des choses dont on va s'occuper tous les jours. On l'a fait, on va continuer à le faire. Les collègues l'ont fait, tout le monde travaille dans ce sens-là, M. le Président. Il y a des choix, là, qui vont être devant nous et qu'il faudra faire pour l'avenir. Ça, c'est clair, c'est important.
Mon collègue Pierre Moreau, lors de son passage la semaine dernière — et je l'appelle Pierre, vous comprenez, pour les raisons qui m'appellent à le faire — a dit la chose suivante : On n'a jamais mis autant d'argent dans le soutien à la persévérance, on va continuer à en mettre. Et, dès cette semaine, M. le Président, j'aurai l'occasion de l'annoncer, mais je vais le donner en primeur à mon collègue, il y a de l'argent neuf qui sera mis dans des mesures de soutien. Ça a été décidé avec le président du Conseil du trésor, et j'en suis très heureux.
Le Président : Deuxième complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M.Cloutier : Bien, M. le Président, là, tout le détail des coupes est dans Le Devoir à matin, puis ça fait la une du journal, en passant. Pourquoi on vous croirait cette fois-ci, M. le ministre? En campagne électorale, le premier ministre, le chef du Parti libéral, regarde les Québécois, il dit : Ah! on va investir dans la persévérance scolaire. Après ça, je me tourne vers le ministre de l'Éducation qui, dans cette Chambre, dit : C'est vrai qu'on a coupé dans la persévérance, on va rétablir la totalité des sommes. Et ça, c'était en septembre dernier. Pourquoi on vous croirait cette fois-ci, que, soudainement, vous allez rétablir les sommes, que, soudainement, vous allez réinvestir dans la persévérance scolaire, alors que vous faites exactement l'inverse depuis que vous êtes au pouvoir?
Le Président : On n'oublie pas de s'adresser à la présidence, M. le député de Lac-Saint-Jean. M. le ministre de l'Éducation.
M. Proulx : Oui, M. le Président. C'est 215 millions de dollars, juste l'année dernière, qui a été investi là-dedans, et on va continuer à faire des investissements. D'ailleurs, le député de Lac-Saint-Jean — c'est mon collègue qui le disait la semaine passée — disait qu'il y avait des gains, il y avait des gains qui avaient été faits de ce côté-là, M. le Président.
On va continuer de soutenir la persévérance et la réussite. Et il a raison, on peut faire mieux, on va faire mieux, on est dans une époque où on va réinvestir. Et, s'il veut parler du cas de Laval, il peut me poser une prochaine question, je pourrai lui répondre.