DOUTEUR EST L'AMI DE MONSIEUR MARCEL DUCHAMP

DOUTEUR EST L'AMI DE MONSIEUR HENRY DICKSON ET DE MONSIEUR MARCEL DUCHAMP ET L'AMI DE DAME MUSE ET DES MUTANTS GÉLATINEUX LGBTQ OGM ET DE MADEMOISELLE TAYTWEET DE MICROSOFT - SECONDE TENTATIVE OFFICIELLE D'Ai - INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - ET DE MONSIEUR ADOLF HITLER, CÉLÈBRE ARTISTE CONCEPTUEL AUTRICHIEN ALLEMAND CITOYEN DU MONDE CÉLÈBRE MONDIALEMENT CONNU - IL EST DANS LE DICTIONNAIRE - SON OEUVRE A ÉTÉ QUELQUE PEU CRITIQUÉE MAIS ON NE PEUT PLAIRE À TOUT LE MONDE ET PERSONNE N'EST PARFAIT ! VOILÀ!

DOUTEUR EST L'AMI DU PROFESSEUR BULLE QUI EST L'AMI DE DOUTEUR

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DOUTEUR - DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DU DOUTE EST AMI DU PROFESSEUR BULLE - DE L'INTERNATIONALE SITUATIONISTE CONSPIRATIONNISTE - DES THÉORICIENS DU COMPLOT ET DES CONSPIRATIONS ET DES COMPLOTISTES ET CONSIRATIONISTES - AMI DES THÉORICIENS DU NON COMPLOT ET DES THÉORICIENS DE L'EXPLICATION ET DE L'UNION DES JOVIALISTES ET INTELLECTUELS ORGANIQUES - AUTISTE ASPERGER GEEK RELATIVISTE CULTUREL PYRRHONIEN NÉGATIONNISTE RÉVISIONNISTE SCEPTIQUE IRONIQUE SARCASTIQUE - DÉCONSTRUCTEUR DERRIDADIEN - AMI DES COLLECTIONNEURS DE BOMBES ATOMIQUES - AMI DES PARTICULES ÉLÉMENTAIRES ET FONDAMENTALES ET AMI DE L'ATOME CAR LA FUSION OU LA FISSION NUCLÉAIRE SONT VOS AMIS

UN JOUR LES MUTANTS GOUVERNERONT LE MONDE - CE NE SERA PROBABLEMENT PAS PIRE QU'EN CE MOMENT

UN JOUR LES MUTANTS GOUVERNERONT LE MONDE - CE NE SERA PROBABLEMENT PAS PIRE QU'EN CE MOMENT
LES MUTANTS EXTERMINERONT OU NON LES HUMAINS - ET NOUS TRAITERONS PROBABLEMENT AUSSI BIEN QU'ON SE TRAITE NOUS-MÊMES ENTRE NOUS - ET PROBABLEMENT AUSSI BIEN QUE L'ON TRAITE LA NATURE ET TOUT CE QUI VIT

jeudi 7 mars 2013

6119. UNE VÉRITÉ PEUT EN CACHER UNE AUTRE. UN MENSONGE PEUT EN CACHER UN AUTRE. LES FRANÇAIS DÉCOUVRENT QU'ILS MANGENT DE LA VIANDE DE CHEVAL À LA PLACE DU BOEUF. ET, ENSUITE, QUE CE N'ÉTAIT PEUT-ÊTRE MÊME PAS DU CHEVAL ET, ENCORE MOINS DU BOEUF. EST-CE ENCORE DE LA VIANDE ? OU DE LA NOURRITURE? À QUAND LES CELLULES SOUCHES POUR FAIRE UN HAMBURGER ?


*

MINERAI (S)

Jean -Emmanuel Ducoin

22 Février 2013

http://www.humanite.fr/politique/minerais-515897

http://www.humanite.fr/environnement/le-grand-business-de-la-mal-bouffe-515937

ASSIETTES.

Même les piliers du temple des esprits sont parfois désarçonnés devant les affres de la vie quotidienne et les actes les plus élémentaires conditionnés par les habitudes ou le poids des conventions sociales. Une certaine érudition ne prémunit en rien contre le retour au réel et le venin de la lucidité…

Il aurait fallu filmer notre énarque, l’autre soir, dans un bistrot parisien, hésitant entre le hachis parmentier et les lasagnes (pourtant estampillés « maison ») parés comme il se doit d’une salade de roquette hors saison.

« Et si je prenais du poisson ? »

Regard apeuré.

« Ou alors rien que des crudités. »

L’homme, soudain, ressemblait à ce qu’on attendait de lui : l’interrogation aux aguets, la préoccupation tout en fluidité, quelques sonorités bien bruyantes emmêlées à des éclats de langage mécaniques, et finalement assez de jugeote pour que l’ampleur du QI reprenne le dessus et laisse percevoir derrière la pâleur du visage une incompréhension quasi organique se magnifiant dans un souffle sous forme de question :

« Mince, mais qu’est-ce qu’ils foutent dans nos assiettes ? »

Et d’ajouter :

« Chez moi, je ne me nourris qu’avec des trucs tout prêts, beaucoup de chez Picard : c’est excellent et la réputation était bonne. Comment je vais faire maintenant ? »

Ce jour-là, comme beaucoup d’entre nous, cet ami à la tête bien pleine, conseiller technique d’un ministère ayant peu de chose à voir avec l’agriculture, l’agroalimentaire ou les affaires sanitaires, venait d’apprendre un nouveau terme qui va désormais hanter tous les consommateurs : le minerai.

Pas de méprise. Le minerai dont il s’agit ici n’a rien d’une roche contenant des minéraux utiles et en proportion suffisamment intéressante pour justifier une quelconque exploitation – chassez donc de vos pensées les images de terrils ou de puits à gisements profonds.

Non, le minerai en question est métaphoriquement nommé ainsi car il est soumis à une spéculation digne de n’importe quels matériaux précieux, avec ses circuits de distribution, ses intermédiaires, ses traders et quelques actionnaires s’en mettant plein les poches au passage : LA VIANDE !

DÉCHETS.

Deux jours plus tard. Notre conseiller avait eu le temps de traquer l’information pour en savoir plus, faisant jouer ses relations interministérielles. Il était tellement écœuré par ce qu’il avait découvert qu’il commença par la conclusion :

« C’est de nouveau le procès de la malbouffe qui doit être instruit. Je me doutais bien que la viande micro-ondée n’était pas aussi noble qu’annoncée. Mais là, c’est pire que tout ce que je pouvais imaginer... »

Et l’homme nous interpella une fourchette à la main :

« Quand tu manges du minerai de viande, ce qui nous arrive à tous, forcément, sais-tu ce que tu manges en réalité ?

DES DÉCHETS, RIEN QUE DES DÉCHETS.

LE MINERAI DE VIANDE, c’est un mélange à base de tendons, de nerfs, de tissus graisseux, d’os et de collagène.

Écoute-moi bien, l’affaire n’est pas sanitaire, mais philosophique :

VEUT-ON UN MONDE DU PROFIT POUR QUELQUES-UNS ET DU COÛT BAS POUR TOUS LES AUTRES, CEUX QU’ON MAINTIENT DANS LA MISÈRE ET QUI NE PEUVENT PAS FAIRE AUTREMENT QUE DE MANGER DE LA MERDE SANS MÊME LE SAVOIR ? »

Cette conscience de classes revisitée, comme un retour de flamme, nous fit sourire. Mais le sujet ne s’y prêtait décidément pas. Notre interlocuteur poursuivit :

« Mais tu ne sais pas le pire. CES BLOCS DE DÉCHETS, QUI REPRÉSENTENT ENTRE 10 % ET 18 % DE LA MASSE D’UN BŒUF par exemple, n’ont pas toujours eu de la valeur. »

Il ménagea un faux suspense. Puis : « Tu es bien assis ?

JUSQUE DANS LES ANNÉES 1970, CETTE MATIÈRE ÉTAIT CONSIDÉRÉE COMME IMPROPRE À LA CONSOMMATION ET PARTAIT DIRECTEMENT À L’ÉQUARRISSAGE POUR ÊTRE BRÛLÉE.

LES INDUSTRIELS N’OSAIENT MÊME PAS EN FAIRE DE LA BOUFFE POUR LES CHIENS ET LES CHATS !

Maintenant, avec l’apport de la chimie additionnelle, on met 
un beau logo Picard ou Findus, et ça a tellement belle allure 
que ça paraît presque bon. »

LOW COST.

Curieuse façon, n’est-ce pas, d’écrire la chronique mélancolique de l’irréparable, variante du surgissement de l’événement prévisible...

Comme si le scandale de la vache folle n’avait pas suffi et qu’une nouvelle machinerie infernale s’était mise en place à l’insu de tous :

abattoirs, traders, sociétés commerciales, usines alimentaires, marques généralistes et grande distribution –

le tout coiffé par la pub à gogo ingurgitée du matin au soir et vantant les mérites d’une alimentation low cost qui ne respecte rien, ni les hommes, 
ni les animaux.

Côté révolte, notre conseiller technique avait mangé du cheval :

« Combien de temps encore allons-nous laisser notre agriculture et nos produits alimentaires aux arbitrages des marchés ? »

[Et votre vie!]

Les coulisses du pouvoir réservent parfois des surprises. Il n’est jamais trop tard.

*  

ALIMENTATION

LE GRAND BUSINESS DE LA MAL-BOUFFE

Marie-Noëlle Bertrand

22 Février 2013

http://www.humanite.fr/node/515937

http://www.humanite.fr/environnement/le-grand-business-de-la-mal-bouffe-515937

(…)

Où le lien se dessine avec la farine animale

– on dit désormais protéines animales transformées, ou PAT –,

dont l’Union européenne vient de réautoriser l’usage dans l’aquaculture et prévoit de le faire,

à terme, dans l’élevage de porcs et de volailles.

[Que nous mangerons!]

Si elles ont été interdites en 2001 après les deux crises de la vache folle (1996 et 2000),

la question de leur réintroduction est dans les tuyaux européens depuis un bon moment déjà.

Depuis 2007, la Commission européenne finance, à hauteur de 1,7 million d’euros, des recherches visant à les rendre acceptables sur le marché.

Des propositions avaient déjà été avancées en 2009 et 2011, repoussées entre autres pour défaut d’acceptabilité par les populations.

En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail avait d’ailleurs rendu des avis défavorables.

Pourquoi de tels efforts pour les réintroduire ?

Pour faire face à la flambée des prix des céréales, répond en substance la Commission, quand elle plombe, aujourd’hui, le marché de la viande.

*

BON APPÉTIT


MINERAI DE VIANDE : « AVANT, ON N’OSAIT PAS EN FAIRE DE LA BOUFFE POUR CHAT»

Nolwenn Le Blevennec

14/02/2013

http://www.rue89.com/2013/02/14/le-minerai-de-nos-lasagnes-cest-carrement-de-la-merde-239612

La « viande » de nos plats préparés porte le nom de minerai,

« des bouts de machin, de gras notamment, catégoriquement de la merde.

Il y a 40 ans, cette matière allait à l’équarrissage pour être brûlée »,

nous dit un expert.

Ma mère n’a jamais cuisiné. J’ai passé mon enfance à manger des petites quiches vertes toutes molles et des lasagnes à la bolognaise surgelées.

Le scandale de la viande de cheval 100% pur bœuf a éclaté la semaine dernière, et aucune surprise pour moi : je me doutais bien que ce qu’il y avait dans ma moussaka micro-ondée n’était pas de la vraie viande, saillante et fraîche.

Ces petits bouts de trucs marrons étaient denses sous la dent et je crois que cela me suffisait.

La sauce rouge (je n’ose plus affirmer que c’était de la tomate) faisait passer le tout.

CELA NE M’A JAMAIS EMPÊCHÉ DE DORMIR.

Je ne pensais pas qu’on me mettrait un jour face à la triste et dégoûtante réalité :

j’ai mangé des centaines de kilos de « minerai de viande » donc de déchets.

C’est un article publié sur Rue89 par Colette Roos qui m’a appris l’existence de ce mot.

Certains de mes proches l’avaient découvert en écoutant France Inter ce week-end et ils sont restés bloqués sur des images de terrils, de sidérurgie.

En cliquant sur le mot « minerai » – une page Wikipédia a aussi été créée le mardi 12 février – je suis tombée sur cette définition :

« Un mélange de déchets à base de muscles, d’os et de collagène. »

C’est le mot « collagène » qui m’ennuie le plus.

« Celui qui a haché le minerai a arnaqué »

Colette renvoie aussi vers le blog de Fabrice Nicolino, sur lequel est posté un document officiel [PDF] : la spécification technique n°B1-12-03 du 28 janvier 2003 applicable aux viandes hachées et aux préparations de viandes hachées.

A sa lecture, cela se confirme. On peut donc mettre du « minerai » dans la viande hachée, « qui provient des muscles striés et des affranchis » (y compris les tissus graisseux).

Donc : APRÈS AVOIR DÉCOUPÉ LES MORCEAUX « NOBLES » (ENTRECÔTE, FAUX-FILET...) DU BŒUF, L’ABATTOIR RÉCUPÈRE LES CHUTES NON COMMERCIALISABLES, UN BLOC DE 5 OU 10 KG [congelé ?] VENDU AUX INDUSTRIELS POUR LA FABRICATION DES PLATS PRÉPARÉS : boulettes de viande, raviolis, lasagnes, hachis parmentier.

Cela représente 10% À 15% DE LA MASSE DE L’ANIMAL.

« DE L’ÂNE ET DU MULET, PERSONNE NE S’EN RENDRA COMPTE »

L’affaire des lasagnes Findus devient plus compréhensible.

Il est impossible de confondre un steak de viande bovine et un steak de cheval,

c’est facile de faire la différence même pour moi et les types de Comigel – fournisseur de Findus et de Picard – ne s’y seraient pas laissé prendre.

Même en petits morceaux, les deux matières ne se ressemblent pas : la viande bovine est plus rouge, plus grasse, elle n’a pas la même tenue.

Mais, à l’inverse, on peut prendre du minerai de porc ou de cheval (haché) pour un minerai de bœuf, très facilement.

Constantin Sollogoub, ancien inspecteur des abattoirs à la retraite, m’explique :

« QUAND LE MINERAI EST HACHÉ IL DEVIENT UN MAGMA prêt à entrer dans les plats préparés.

On ne peut plus savoir ce que c’est qu’avec des tests poussés.

La mixture peut également contenir de l’âne et du mulet, personne ne s’en rendra compte.

Celui qui a haché le minerai et qui a réalisé le mélange entre le bœuf et le cheval est celui qui a arnaqué. Les autres se sont fait avoir. »

[Et il y a le «jambon tranché» de troisième et quatrième catégorie ? La première catégorie, la plus chère, est faite avec la viande de la cuisse du cochon (précisons) (car, ici, on a du «poulet pressé» vendu aussi en tranches qui n'a jamais vu de poulet en 1000 récincarnations) découpée et désossée, mélangée avec des trucs et de la gelée pour lui donner une consistance. Et éviter que ça pue comme toute viande qui se décompose naturellement au bout de quelques jours. On moule en rectangle ou en rond. On découpe le tout en tranche fine ce qui est plus facile pour les sandwichs, car la nature n'y a pas pensé avant nous. D'où l'usage des tranches rectangulaires pour du pain blanc tranché de même forme. Il y en a aussi du carré. Et, miracle, il y a aussi des tranches de jambon carrées. Il y a aussi des tranches rondes qui rappellent la cuissse de jambon sec fumée. On rève. Mais il reste des trucs. Et il y en a qui veulent du jambon moins cher. On créera donc pour eux d'autres catégories de jambon. 2. 3. 4. Ensuite, on ajoute plus de trucs pour faire tenir ce qui n’est qu’une bouillie de «prétéines ? Si la catégorie no. 1 est la meilleure, la 2, un peu moins bonne. Qu'est-ce qu'on peut foutre dans la 4?]

[Et il y a les saucisses fumées.]

[Et le Klik et Kam. Pain (?) de viande (?) en boite.]

[Il y avait un vieux dicton concernant les abattoirs de Chicago, au début du siècle – l’autre! – où on utilisait tout du bœuf, sauf le cri.]

Il note qu’il est aussi possible de retrouver des parcelles de viande de porc dans des produits halal : c’est déjà arrivé et c’est bien plus grave.

[Triste! Snif!]

[Et kosher?]

[Triste! Snif!]

« MÊME PAS BON POUR LES CHATS »

Constantin Sollogoub est un ancien vétérinaire libéral, sympa, enrôlé par l’État pour faire des inspections dans sa région (Nevers). Il nous dit qu’il connaît bien la Roumanie, pour y être allé dans le cadre de son association « Coopération et Échanges vétérinaires » . Selon lui, « au passage », on y trouve surtout des vaches à lait et la viande qui en est issue est de mauvaise qualité.

Constantin Sollogoub se doutait qu’un scandale allait éclater un jour.

A propos du minerai, il dit en se marrant :

« Ce sont des bouts de machin, de gras notamment. En fait, c’est catégoriquement de la merde. Il y a 40 ans, cette matière allait à l’équarrissage pour être brûlée. Les industriels n’osaient même pas en faire de la bouffe pour chat.

Là-dessus, nos grandes maisons auréolées de luxe et de qualité, comme Picard, ont décidé que c’était du gâchis...

Avec les progrès de la chimie additionnelle, c’est devenu possible d’en faire quelque chose. C’est presque bon à manger, ça a bonne allure. Ces morceaux sont donc ramassés, mis en bloc et congelés et ils se baladent à droite et à gauche. »

[Avec du goût artificiel, de la couleur artificielle, de l’odeur artificielle et beaucoup de sel et de sucre et beaucoup de gras et huile de palme et des tas d’agents de conservation. Miam!]

UNE SOLUTION : REDEVENIR PARANO

Constantin Sollogoub pense que la solution est de redevenir parano et de NE CONSOMMER QUE LE STEAK HACHÉ QUE L’ON VOIT PASSER DANS LA MACHINE DU BOUCHER.

Celui qui est dans les rayons d’hypermarchés est moins sûr.

Une dizaines d’acteurs ont probablement spéculé sur la matière, la qualité en a forcément pris un coup.

De son côté, Colette Roos conseille de se remettre à cuisiner avec des bons produits. Les lasagnes bolognaises, c’est 45 minutes de préparation. Et il faut avoir des feuilles de laurier sous la main.

*

DES LASAGNES AU CHEVAL… ET ALORS ? TOUT EST BON DANS LE CHEVAL

Colette Roos

13/02/2013

http://blogs.rue89.com/dessous-assiette/2013/02/13/findus-des-lasagnes-au-cheval-et-alors-tout-est-bon-dans-le-cheval-229643

Bœuf ou cheval, peu importe.

LA VRAIE QUESTION DANS CETTE AFFAIRE DE LASAGNES N’EST PAS CELLE DE LA NATURE DE LA VIANDE.

Au pays de Tricatel, parfois, le hasard fait bien les choses.

Le 8 février 2013, au moment où débutait le « scandale Findus », la Direction générale de la santé et des consommateurs (« DG Sanco » dans le jargon) de la Commission européenne envoyait un mail confondant de bons sentiments à son réseau de journalistes :

« La Commission européenne appelle les consommateurs à plus de vigilance sur l’origine de leur nourriture.»

Suivaient quelques lignes attendrissantes, sur le fait, notamment, que la DG Sanco est

« toujours soucieuse de sensibiliser les consommateurs sur les liens entre santé humaine et santé animale, le bien-être animal, la traçabilité et la qualité des produits ».

Mission accomplie, mais pas par la Commission, dommage : depuis quatre jours, les consommateurs européens sont sensibilisés, ce n’est rien de le dire.

DU CHEVAL, ET ALORS ?

Bouh, pas beau : on leur a fait avaler du cheval là où on leur promettait du bœuf !

Et du cheval roumain en plus… So what ?

On mange bien des escargots, des grenouilles, des poissons des grands fonds qui ont des tronches pas possibles, et des lapins élevés dans des cages qui font la taille d’une boîte à chaussures sans talons compensés.

[Et des chats et des chiens ?]

Ce qui a choqué dans cette histoire, c’est que les industriels mentent.

[Et un industriel, un homme d'affaires, un financier, un capitaliste, un bureaucrate et un politicien ne mentirait pas!? Ils mentent. C'est leur nature de mentir. Ils ne seraient pas là sans des tonnes de mensonges. La vérité agirait sur eux comme l'ail et les balles d'argent sur un vampire.]

Qu’ils écrivent « pur bœuf » sur l’emballage de leurs lasagnes, mais qu’ils utilisent du cheval.

Et c’est là qu’on se trompe de combat.

Car cheval, bœuf, agneau, porc, veau…, ceci ne fait aucune réelle différence (sauf sur le plan moral ou religieux, mais c’est un autre débat).

Le vrai problème, c’est ce que les consommateurs comprennent de la mention « bœuf ».

Quand ils lisent « pur bœuf » sur un emballage en carton recyclé contenant une barquette thermoformée moulée dans son film plastique attendant sagement d’être placée dans un micro-ondes, ils imaginent… DU MUSCLE de bœuf.

[Ils imaginent. Comme l'acheteuse de produit de «beauté» (faits avec les mêmes jus de viande) s'imagine jeune et belle. ]

Ils ont l’impression d’être chez le boucher de la rue Gama, qui leur prépare un onglet ou un faux-filet. Au fond d’eux-mêmes et de leur porte-monnaie, ils le savent bien, que ça n’est pas possible.

Derrière le mot « bœuf », les industriels, eux, mettent pleins de choses.

À commencer par du MINERAI.

http://www.atabula.com/yves-marie-le-bourdonnec-du-boeuf-du-cheval-tout-cela-cest-de-la-chair-a-minerai/

Ce qui caractérise une vraie chouette crise alimentaire, au-delà de la psychose qu’elle génère et des bons mots qu’elle ne manque d’engendrer, c’est l’apparition de termes techniques que le grand public n’avait jusqu’alors jamais rencontrés, en tout cas pas dans ce contexte.

LA VACHE FOLLE A EU SES « FARINES ANIMALES »,

[Et la vache folle a eu ses humains fous. Contaminés au prion. Ce qui a permis aux scientifique de découvrir un nouvel état de la matière ou de la vie - on sait pas- grâce à quelques humains ayant perdu leur cerveau.]

le thon, son « mercure »

[La morue c'élevage, ses vers et autres parasites.]

les poulets, leurs « dioxines ».

[Le porc aux antibiotique et hormones de croissance.]

Et maintenant, le cheval Findus a son « minerai », un mélange « de maigre, de gras et de collagène », comme l’explique le boucher Yves-Marie Le Bourdonnec au site ATabula.

http://www.atabula.com/yves-marie-le-bourdonnec-du-boeuf-du-cheval-tout-cela-cest-de-la-chair-a-minerai/

Précision utile : le minerai peut être réalisé avec n’importe quelle viande.

DANS LE CHEVAL, TOUT EST BON

Pourtant, utiliser toutes les parties d’une carcasse n’est ni nouveau ni scandaleux. Lorsqu’on disait « dans le cochon, tout est bon », on ne disait pas autre chose : une fois la bête tuée, autant exploiter tout ce qui peut l’être, surtout quand on est 7 milliards d’humains à vouloir manger de la viande tous les jours.

Les tripes pour faire des saucisses ou des cordes de violon (euh pardon là, il s’agit de mouton), la graisse pour faire revenir les légumes du jardin, les os pour gélifier le flan aux œufs de Mémé. Et même, pourquoi pas, le pancréas pour produire de l’insuline.

Alors où est le problème ?

Le problème, c’est d’avoir créé un système où tous ces éléments se combinent :

•les consommateurs, qui se comportent comme des enfants immatures (pléonasme) dans un magasin de bonbons ;

•les industriels, qui cherchent à préserver leurs marges dans un contexte de spéculations sur les matières premières (et parfois aussi, de réelle pénurie) et se plaisent à maintenir leurs clients dans un état de dépendance totale en leur proposant des plats toujours trop sucrés, trop salés, trop gras (voir à ce propos les résultats de la dernière enquête de l’Oqali) ;

http://www.oqali.fr/oqali/publications_oqali/communication

•les institutions européennes, qui rechignent à réglementer sur les problèmes de fond (à commencer par les conflits d’intérêts en leur sein) et se concentrent sur des histoires de courbure de bananes ;

•les agences de sécurité sanitaire, sous-équipées et sous-dotées en budget, incapables de faire face à l’ampleur des contrôles à réaliser.

ET SI ON JOUAIT À SE FAIRE PEUR ?

Dans cette histoire, pas besoin d’aller loin, de traquer le réseau mafieux vendeur de cheval haché au fin fond des Carpates pour se faire peur.

Un tour sur alibaba.com, mot-clé : « beef ».

Pour 3,8 dollars le kilo, on peut acheter du bœuf (ou du buffle, il y a une barre oblique, ça dépend donc des arrivages) indien, mis en conteneurs à Mumbai.

http://www.alibaba.com/product-tp/137319731/FROZEN_INDIAN_BEEF_OR_BUFFALO_MEAT.html

Une autre entreprise, au nom anglais, se propose de vendre de la cervelle de bœuf, origine UE, acheminée par un transporteur émirati.

D’où vient cette matière animale ?

Que contient-elle ?

Dans quel plat tout prêt finira-t-elle ?

SI VOUS N’AVEZ PAS ENVIE DE LE SAVOIR, C’EST TRÈS SIMPLE : REMETTEZ-VOUS À CUISINER.

*

YVES-MARIE LE BOURDONNEC : « DU BŒUF, DU CHEVAL, TOUT CELA C’EST DE LA CHAIR À MINÉRAI ! »

Propos recueillis par Franck Pinay-Rabaroust

11/02/2013

http://www.atabula.com/yves-marie-le-bourdonnec-du-boeuf-du-cheval-tout-cela-cest-de-la-chair-a-minerai/

C’est la polémique du weekend et peut-être bien de la semaine, voire plus. Les questions sont aussi nombreuses que les craintes des consommateurs à propos de ces lasagnes estampillées «pur boeuf » mais réalisées avec de la viande de cheval.

Entretien avec le boucher Yves-Marie Le Bourdonnec qui ne mâche pas ses mots.

Quel est votre regard sur cette affaire de lasagnes Findus dans lesquelles de la viande de cheval a été retrouvée ?

Yves-Marie Le Bourdonnec – Cela prouve bien que NOUS SOMMES PRÊTS À MANGER N’IMPORTE QUOI ET À N’IMPORTE QUEL PRIX.

Le vrai problème est celui de la traçabilité.

Aujourd’hui la seule obligation est d’indiquer si la viande vient de l’Union Européenne ou pas.

Ce n’est vraiment pas suffisant pour informer le consommateur qui se fait berner.

_ Mais là, il s’agit de viande de cheval en lieu et place de viande de bœuf…

_ Il faut bien comprendre que ce qui est utilisé pour les plats industriels à base de viande n’est pas d’une grande transparence quant à sa composition.

On n’y met pas un morceau de viande bien précis, mais ce que nous nommons, dans notre jargon, du minerai.

En Roumanie, il faut croire qu’ils ne sont pas trop regardants sur ce qu’ils mettent dans ce minerai…

_ Et de quoi ce minerai est-il composé ?

_ Il s’agit d’un MAGMA DE MARCHANDISES ASSEZ INDÉFINI, dans lequel nous retrouvons du maigre, du gras et du collagène.

Cela existe dans tous les abattoirs et avec toutes les espèces de viandes abattues.

Ensuite, ce minerai est revendu à qui en veut.

_ Il y aurait donc un marché du minerai en Europe ?

_ Exactement. Le minerai est un produit qui connaît la spéculation, comme les céréales ou d’autres produits alimentaires.

Vous avez un marché qui répond à la loi de l’offre et de la demande.

Chez Spanghero – l’entreprise qui a acheté la viande mise en cause, en Roumanie -, il y a probablement un salarié en charge de trouver le minerai le moins cher pour faire les lasagnes Findus.

Là, c’était la Roumanie. Demain, ça peut être ailleurs.

Après, chaque entreprise est plus ou moins regardante sur la qualité du minerai…

_ Qui est responsable d’un tel imbroglio ?

_ Ce qui est certain, c’est que les industriels de la viande demandent depuis longtemps de mettre en place une vraie traçabilité de la viande et du minerai en Europe. C’est la seule solution pour permettre un peu de transparence. Mais, pour l’instant, la commission européenne fait un peu la sourde oreille.

[Et pourquoi? Parce que les mêmes industriels, lorsque les portes du bureau du ministre se ferment et qu'on est entre nous, lui  disent le contraire. Cette situation les arrange et leur va très bien et ils ne demandent que ça continue. Ils sont riches grâce à cette situation. Tout changement entraîerait un risque de perte financière. Bien sûr, ils se débrouillerait encore pour exploiter la situation nouvelle à leur avantage. Mais il y a encore ce risque. Pourquoi changer quand on est si bien? Ce qui n'empêchera pas un porte-parole salarié de pleurer en public la main sur le coeur lors d'une nouvelle crise.]


_ Certains pays, grands exportateurs de viande, n’ont-ils pas intérêt à ce que la traçabilité ne s’améliore pas ?

_ En Europe, nous avons les pays en déficit de viande – la France par exemple – et des pays qui en ont trop, comme l’Allemagne ou l’Irlande.

Forcément, ces derniers n’ont pas envie de voir se multiplier les contrôles, donc n’ont pas envie que l’on dépasse la simple indication « origine Union européenne ».

_ Quelle est la situation en France ?

_ La France est en pleine crise. Nous sommes en train de perdre notre production bovine. Le prix de la viande n’a plus de sens car notre secteur est totalement subventionné. Il nous faut réagir, et vite. Un événement comme celui qui se déroule actuellement avec ces lasagnes doit nous obliger à revoir nos approvisionnements et tout le fonctionnement de notre élevage.

Sinon, nous continuerons à manger des sous-produits à la composition incertaine.

[Et si la situation se «libère» et qu'on cesse de subventionner les éleveurs, vous en mangerez encore plus au nom de la liberté. Celle du plus bas soumissionnaire.]

*

À LA RECHERCHE DU MINERAI DE VIANDE


François Labrouillère et Ghislaine Ribeyre

21 février 2013

Paris Match

http://www.parismatch.com/Actu-Match/Sante/Actu/A-la-recherche-du-minerai-de-viande-466447/

(voir photo : Le 15 février, l'entreprise Spanghero jette de la viande non-conforme.)

Depuis que du cheval s’est invité dans les plats surgelés, toute l’Europe est sur la trace des tricheurs de la filière.

En Roumanie, on ne mange pas de cheval.

Question de culture. Peut-être les aime-t-on trop : sur les routes, dans les champs, ils sont encore très présents. Le pays en compterait plus de 700 000. Interdit en ville et sur les nationales, le cheval reste, en zone rurale, l’outil de travail et le moyen de transport de nombreux paysans. Leurs propriétaires leur donnent un petit nom et les font parfois bénir par un prêtre, mais au bout d’une quinzaine d’années de bons et loyaux services, après un contrôle vétérinaire, l’animal part pour un des trente-cinq abattoirs autorisés à abattre les équidés.

Prix d’achat : entre 200 et 400 euros.

La viande est forcément destinée à l’export.

Mais il n’était pas prévu qu’elle se retrouve dans des lasagnes au bœuf.

Au début de la chaîne, on trouve deux abattoirs, au cœur de la Roumanie profonde : Doly-Com, à Roma, et CarmOlimp, à Brasov.

La quarantaine joviale, Iulian Cazacut, le patron de Doly-Com, se décrit comme un homme « énergique, optimiste, joyeux, mais rebelle et pas du tout conservateur ». Il est le symbole d’une Roumanie en pleine transformation, en train de passer d’un coup du XIXe au XXIe siècle.

En 1997, quand il crée sa société, il ­rachète un petit abattoir décrépi dans la bourgade de Roma. Seize ans plus tard, il est à la tête de 300 salariés, d’installations ultra-modernes et d’une flotte de camions livrant les plus grandes ­enseignes européennes : Carrefour, Metro, Lidl, Kaufland et même un fournisseur de McDonald’s.

Pour sa viande, il a choisi une marque à la consonance anglo-saxonne, Kravys.

Quand le scandale a éclaté, Iulian Cazacut a ouvert les portes de son entreprise aux journalistes accourus du monde entier. « Nous n’avons rien à cacher », proclame-t-il.

A 350 kilomètres de là, le discours est le même chez CarmOlimp, grosse PME propriété de la famille de Valentin ­Soneriu, l’actuel ministre roumain de l’Agriculture.

Là encore, on est loin du cliché d’une Roumanie restée à l’écart de la modernité. L’abattoir, construit en 2003 avec l’aide de subventions européennes, n’a rien à envier à ses homologues français. Son jeune directeur, Paul Soneriu, 30 ans, est le frère du ministre. Il parle un anglais impeccable. Lui aussi assure que la viande livrée n’a pas été trafiquée : « D’ailleurs, le cheval représente une part infime de notre activité. »

Les factures précisent « bucati mari », « gros morceaux ».

Car la viande en question n’est pas du bon steak bien tendre, mais ce qu’on appelle, dans le jargon de la viande, du « minerai ».

Ce sont les « chutes » de l’atelier de ­découpe, environ 15 % de l’animal, compactées sous vide puis congelées en blocs de 10 à 25 kilos.

L’ensemble, un agglomérat rouge et blanc, n’est pas très appétissant. Mais le minerai n’a pas vocation à être consommé nature. C’est une matière première qui, une fois hachée, finit dans les burgers, la moussaka, le hachis parmentier et les fameuses lasagnes.

EST-CE VRAIMENT DE LA VIANDE ?

Selon la réglementation européenne, oui :

il suffit de contenir 50 % de viande pour avoir le droit de s’appeler « préparation de viande hachée ».

Le reste – gras, collagène issu des tissus qui entourent les muscles – s’invite dans le mélange.

« Le minerai ne contient ni os ni tendons, juste des bas morceaux »,

assure Dominique Langlois, président d’Interbev, l’Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes.

Mais il le reconnaît :

« On aurait pu choisir un autre nom que “minerai”, ça fait penser au charbon… »

Les deux abattoirs roumains ont un point commun : ils ont vendu du minerai de cheval

350 TONNES pour Doly-Com,

60 TONNES pour CarmOlimp

à environ 2 euros le kilo, soit presque deux fois moins que le minerai de bœuf,

à une même société, la mystérieuse Draap Trading Limited.

(…)

SOCIÉTÉS ÉCRANS, PARADIS FISCAUX ET FINANCE OFFSHORE

Si son nom fait référence au cheval (« paard », en néerlandais), Draap Trading Limited tient plutôt de la coquille [vide?]

créée en juin 2008, cette société est basée à Limassol, sur l’île de Chypre

et dotée d’un modeste capital de 1 000 euros.

[?]

Domiciliée [?] chez Trident Trust, une officine spécialisée dans la gestion de sociétés écrans

– qui a eu pour client le célèbre trafiquant d’armes russe Viktor Bout –,

[?]

http://fr.wikipedia.org/wiki/Viktor_Bout

http://en.wikipedia.org/wiki/Viktor_Bout

elle a pour actionnaire la tout aussi énigmatique société Hermes Guardian Limited,

de Tortola, aux îles Vierges britanniques, paradis fiscal réputé pour son opacité.

On quitte le monde de l’agroalimentaire pour celui, encore plus trouble, de la finance offshore.

Impossible, donc, de savoir vraiment qui se cache derrière Draap Trading.

Mais son directeur est un intermédiaire néerlandais

installé près d’Anvers, Jan Fasen, 61 ans, qui sévit depuis des années sur le marché de la viande.

Cet homme émerge comme le pivot du trafic. Il semble connaître tout le monde dans la filière, en particulier le Français Jacques Poujol, un industriel de la viande aveyronnais, nommé depuis début 2012, directeur à Castelnaudary de l’usine Spanghero, elle aussi impliquée dans le scandale.

En octobre 2012, à Paris, lors du Sial, le Salon international de l’agroalimentaire, où sa marque Kravys avait un stand, le Roumain Iulian Cazacut se souvient avoir participé à une réunion où Jan Fasen lui a présenté Jacques Poujol qui, joint par Paris Match, n’a pas voulu faire de commentaires.

Mais revenons à nos chevaux.

Acheté en Roumanie par Draap Trading, le minerai ne s’envole pas pour Chypre.

Il part, en ­camions réfrigérés de 40 tonnes, pour les Pays-Bas.

Chargés sur des palettes, les « pains » congelés font étape à Breda, dans les entrepôts frigorifiques de la société Nemijtek.

C’est un proche de Jan Fasen, le négociant Hans ­Windmeijer, 55 ans, patron de la petite société Windmeijer Meat Trading, qui loue les chambres froides.

Les deux « traders » ont déjà eu maille à partir avec la justice. Le 18 janvier 2012, l’un et l’autre ont été condamnés par le ­tribunal de Breda pour avoir vendu à des grossistes – dont deux sociétés françaises –

de la viande de cheval venue du Brésil, du Mexique ou du Canada,

qu’ils faisaient passer pour du bœuf halal d’origine allemande ou hollandaise.

Jan Fasen, cerveau de l’opération, a écopé d’un an de prison, dont neuf mois ferme. Il a fait appel de la décision. Son complice Windmeijer, simple exécutant, a dû s’acquitter de ­travaux d’intérêt public.

Le jugement décrit un trafic « organisé » sur une longue période, de septembre 2007 à juin 2009.

Déjà, il était question de cheval métamorphosé en bœuf, de fausses factures, de formulaires de traçabilité truqués et de certificats falsifiés

Dans tous les cas, ces démêlés avec la justice n’empêchent pas les deux Néerlandais de continuer de prospérer.

A Breda, ils ne sont que des petits clients, qui louent de 150 à 300 places de palettes sur les 30 000 à disposition.

Les entrepôts Nemijtek proposent, outre les chambres froides,

des services de réemballage et de réétiquettage.

[?]

Mais Jan Fasen le jure : ils n’ont pas touché au minerai de cheval.

Hans Windmeijer, lui, est aujourd’hui introuvable.

Reparti de Breda, le cheval d’attelage roumain se transforme en trotteur : le voilà en route, toujours en camion ­réfrigéré, pour le sud-ouest de la France.

Avant de terminer en lasagnes, il aura parcouru au total plus de 4 000 kilomètres.

Au prix du gazole, pourquoi tant de chemin ?

« Ça ressemble à un circuit organisé pour compliquer les choses »

estime Dominique Langlois, le président d’Interbev.

Il aurait été plus logique et plus économique d’aller directement des Pays-Bas au Luxembourg, la destination finale.

Il est normal pour une PME de faire appel à un intermédiaire au niveau européen, mais pourquoi en utiliser deux ou trois, sachant que chacun touche une commission ? »

UN PROFESSIONNEL REPÈRE EN UN SEUL COUP D’ŒIL UNE ÉTIQUETTE NON CONFORME

La troisième étape du périple est Castelnaudary, patrie du cassoulet, dans l’usine Spanghero, présidée par le notable basque Barthélémy Aguerre, un des dirigeants de Lur Berri.

Cette importante coopérative agricole a ­racheté en 2009, pour un euro symbolique, l’entreprise fondée en 1970 par Laurent et Claude Spanghero, membres de la fratrie star du rugby français.

Des Spanghero, l’usine n’a plus que le nom. Les repreneurs ont insisté pour le garder, rebaptisant la marque « A la table de Spanghero ».

De toute façon, raconte un ex-employé, l’usine a beaucoup changé depuis leur époque : « Je ne savais même pas que la boîte faisait du négoce de viande pour d’autres. Pour moi, le métier, c’est des produits pour la grande distribution, mais de qualité, les saucisses “Label Rouge”, le cassoulet…

L’ironie, là-dedans, c’est que les abattoirs de Castelnaudary, que Spanghero avait rachetés à la ville et totalement modernisés, et qui pouvaient fournir de la viande locale, ont été fermés par la nouvelle direction il y a trois mois. »

A l’usine Spanghero, on ne plaisante pas avec l’hygiène. Les employés portent combinaison, masque et charlotte pour trier la viande dans des bacs en plastique.

Mais le minerai de cheval roumain n’a pas les honneurs des ateliers. Stocké dans un entrepôt annexe, de l’autre côté de la rue, il repart toujours sous forme de bloc congelé. ­

Direction Capellen, au Luxembourg, vers l’usine Tavola, filiale de Comigel, PME française basée à Metz.

Quelque part entre Roumanie et Luxembourg, le cheval est devenu bœuf.

Depuis la crise de la vache folle, le bœuf ne voyage jamais en Europe sans un « passeport » très complet, une série de codes qui ­indiquent son pays de provenance (FR pour la France, R pour la Roumanie),

l’abattoir, l’atelier de ­découpe, les morceaux prélevés…

Les documents obligatoires pour le cheval ne sont pas aussi complets.

TRANSFORMER 500 TONNES DE CHEVAL EN BŒUF PEUT RAPPORTER GROS :

550 000 EUROS DE PROFIT, selon certaines estimations…

Où le tour de passe-passe a-t-il eu lieu ?

A Breda, à Castelnaudary, ailleurs ?

Plusieurs experts estiment qu’il serait difficile pour les autres maillons de la chaîne d’ignorer la manœuvre :

« Un professionnel repère en un coup d’œil une étiquette non conforme, note un connaisseur de la filière. Il a alors l’obligation de refuser la viande. Sauf s’il décide de fermer les yeux… »

ESTAMPILLÉE « BŒUF », LA VIANDE DE CHEVAL ARRIVE DONC AU LUXEMBOURG.

Jusque-là, protégé sous son film plastique, le minerai voyageait incognito.

Une fois déballé, il pourrait être repéré à l’odeur, plus forte, et à la couleur, plus foncée.

SAUF QUE LE MINERAI EST BALANCÉ DIRECTEMENT DANS DES MACHINES,

les « grignoteuses », qui broient les blocs sans les décongeler.

Une fois cuite à haute température, impossible de distinguer le goût de la viande de cheval dans les plats estampillés « pur bœuf ».

Au total, 4,5 MILLIONS DE PLATS SERAIENT CONCERNÉS.

Notre minerai de cheval termine enfin son périple dans les rayons des supermarchés de treize pays européens,

dont la France, la Grande-Bretagne, la Norvège…

mais pas la Roumanie.


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Lire aussi :

MAIS AU FAIT, C’EST QUOI LE MINERAI DE VIANDE ?

Jean-Claude Jaillette

21 Février 2013

http://www.marianne.net/Mais-au-fait-c-est%C2%A0quoi%C2%A0le%C2%A0minerai%C2%A0de%C2%A0viande%C2%A0_a226785.html


*

LE MINERAI DE VIANDE AU CŒUR DE LA POLÉMIQUE

Hayat Gazzane

15/02/2013

http://www.lefigaro.fr/societes/2013/02/15/20005-20130215ARTFIG00523-le-minerai-de-viande-au-c339ur-de-la-polemique.php

*

LES FAISEURS DE VIANDE

Le Canard Enchaîné

11 nov.2011

https://www.box.com/shared/9mdpi011eze9280oxzu9

[On n’avait pas pensé aux cafétérias des écoles primaires, secondaires, privés ou non, cégep, université, hôpitaux, prisons, bases militaires. Eux y ont pensé. Que de souvenirs gustatifs et stomacal, intestinal de mon cégep. Et il y a les chaînes de restaurants dont le nom m’échappe. Hamburger. Pizza. Spaghetti. Pasta. Qu’elles soient dans les centres commerciaux, les foires ou les rues normales.]

*


MINERAI DE VIANDE

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Minerai_de_viande

Le minerai de viande est un ingrédient de l'industrie agroalimentaire pour la préparation de steaks hachés et de plats cuisinés comme les lasagnes, le hachis parmentier et la moussaka.

Il consiste en un bloc de dix à vingt-cinq kilogrammes qui correspond à des ensembles de muscles et de leurs affranchis (morceaux de viande produits exclusivement lors de la découpe), y compris les tissus graisseux y attenant, provenant de viandes fraîches découpées et désossées, réfrigérées, congelées ou surgelées.

[Ligament, cartilage, collagène, tissus mou des poumons ?]

[os moulu ? peau? ]

[graisse.]

(…)

Il contient en particulier des morceaux qui ne peuvent être vendus au public en l'état : trop petit, trop dur, etc.

Il peut être composé de viande de bœuf, de porc, de cheval ou encore de volailles.

[de poisson? d'huître ?]

Début 2013, une fraude dans la filière agroalimentaire révèle que du minerai de viande de cheval a été frauduleusement incorporé dans des plats cuisinés vendus comme « à la viande de bœuf »

*

[Et on répond à la question du titre:

À QUAND LES CELLULES SOUCHES POUR FAIRE UN HAMBURGER ?
Réponse:

MAINTENANT ! ]

*
UNE VACHE, DES MILLIONS DE STEAKS ARTIFICIELS


The Independent

Steve Connor

28 février 2012

http://www.courrierinternational.com/article/2012/02/28/une-vache-des-millions-de-steaks-artificiels


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WOULD YOU EAT A BURGER GROWN IN A LABORATORY?

A Dutch scientist has created 'meat' from stem cells – and wants Heston Blumenthal to cook the first batch. Steve Connor reports on the ultimate in culinary experimentation

Steve Connor

20 February 2012

http://www.independent.co.uk/life-style/food-and-drink/features/would-you-eat-a-burger-grown-in-a-laboratory-7216674.html

The world's first hamburger made with a synthetic meat protein derived from bovine stem cells will be publicly consumed this October after being prepared by a celebrity chef, according to the inventor of the artificial mince.

*

AUTRE QUESTION::

QUAND DONNERA-T-ON AUX VACHES DES GRANULES RECYCLÉES À PARTIR DES MATIÈRES RÉSULTANT DU TRAITEMENT DES ÉGOUTS ?
Quoi de plus écologique?

Il y a le mot «recyclé» dans la phrase.

Et on peut écrire une belle phrase parlant de biomasse et de revalorisation des biosolides municipaux.]