vendredi 5 août 2011
5555. UN ANNIVERSAIRE À NE PAS OUBLIER.
LE JOUR OÙ LE MONDE A CHANGÉ
COMME DIX MILLE SOLEILS
Par Hélène Guillemot
http://www.monde-diplomatique.fr/2005/08/GUILLEMOT/12424
La bombe larguée sur Hiroshima à 8 h 15 a explosé quarante-cinq secondes plus tard, à 600 mètres d’altitude, au-dessus du centre de la ville.
Les deux blocs d’uranium 235 qu’elle contenait ont été violemment projetés l’un contre l’autre par l’explosif ; la masse critique de combustible nucléaire étant atteinte, la réaction en chaîne se propagea en un éclair.
Les premiers noyaux d’uranium éclatèrent, projetant des neutrons qui cassèrent les noyaux voisins, lesquels émirent à leur tour des neutrons qui déclenchèrent de nouvelles fissions...
La puissance nucléaire s’emballa : 124 (10 puissance 24) noyaux d’uranium fissionnèrent en une cascade de « générations », en moins d’un millionième de seconde.
Pour la première fois dans l’histoire humaine, la matière se métamorphosait en une colossale énergie.
La destruction d’un peu plus d’un kilogramme d’uranium libéra 60 000 joules, l’équivalent de 13 000 tonnes de TNT concentré dans un tout petit espace.
La température atteignit plusieurs centaines de millions de degrés ; la pression, plusieurs millions d’atmosphères.
Cette première bombe atomique, que les Américains baptisèrent Little Boy (petit garçon), a recréé les conditions qui règnent à l’intérieur du soleil. Mais ce fut un soleil de mort.
L’énergie née de la fission nucléaire se libère de trois façons : 35 % sous forme d’énergie thermique, 50 % sont emportés par l’onde de choc et le souffle, et 15 % émis sous forme de radiations nucléaires.
A Hiroshima, dès le premier millionième de seconde, l’énergie thermique fut transportée, dans un flash de lumière blanche éblouissante, par des rayons X qui transformèrent l’air en une boule de feu – d’environ un kilomètre de rayon et de plusieurs millions de degrés – planant quelques secondes sur la ville, et par une onde thermique qui se propagea à la vitesse de la lumière, brûlant tout sur son passage.
Au sol, la température atteignit plusieurs milliers de degrés sous le point d’impact ;
dans un rayon de un kilomètre, tout fut instantanément vaporisé et réduit en cendres.
Jusqu’à quatre kilomètres de l’épicentre, bâtiments et humains prirent feu spontanément ;
les personnes situées dans un rayon de huit kilomètres souffrirent de brûlures du troisième degré.
Engendrée par la phénoménale surpression due à l’expansion des gaz chauds, une onde de choc se forma et progressa à près de 1 000 km/h, semblable à un mur d’air solide de forme sphérique.
Accompagnée de vents d’une violence inouïe, qui projetaient les débris et entretenaient des tempêtes de feu, elle réduisit tout en poussière dans un rayon de deux kilomètres.
Sur les 90 000 bâtiments de la ville, 62 000 furent entièrement détruits.
Le troisième effet de l’explosion nucléaire, le plus spécifique mais pas le moins meurtrier, est le rayonnement.
Les radiations issues directement des fissions nucléaires sont constituées principalement de neutrons et rayons gamma.
Outre leurs redoutables effets sur les organismes vivants, ils contaminent différents éléments – tels que l’iode, le sodium, le strontium –, qui deviennent eux-mêmes radioactifs.
Ce rayonnement secondaire, très peu connu à l’époque de l’explosion de Hiroshima, est d’autant plus terrifiant que ses effets (cancers, leucémies...) n’apparaissent que des jours, des mois, voire des années après l’explosion.
(Extrait de Hélène Guillemot, « L’atome au service de la guerre », Sciences et vie n° 935, août 1995, Paris.)
COMME DIX MILLE SOLEILS
Par Hélène Guillemot
http://www.monde-diplomatique.fr/2005/08/GUILLEMOT/12424
La bombe larguée sur Hiroshima à 8 h 15 a explosé quarante-cinq secondes plus tard, à 600 mètres d’altitude, au-dessus du centre de la ville.
Les deux blocs d’uranium 235 qu’elle contenait ont été violemment projetés l’un contre l’autre par l’explosif ; la masse critique de combustible nucléaire étant atteinte, la réaction en chaîne se propagea en un éclair.
Les premiers noyaux d’uranium éclatèrent, projetant des neutrons qui cassèrent les noyaux voisins, lesquels émirent à leur tour des neutrons qui déclenchèrent de nouvelles fissions...
La puissance nucléaire s’emballa : 124 (10 puissance 24) noyaux d’uranium fissionnèrent en une cascade de « générations », en moins d’un millionième de seconde.
Pour la première fois dans l’histoire humaine, la matière se métamorphosait en une colossale énergie.
La destruction d’un peu plus d’un kilogramme d’uranium libéra 60 000 joules, l’équivalent de 13 000 tonnes de TNT concentré dans un tout petit espace.
La température atteignit plusieurs centaines de millions de degrés ; la pression, plusieurs millions d’atmosphères.
Cette première bombe atomique, que les Américains baptisèrent Little Boy (petit garçon), a recréé les conditions qui règnent à l’intérieur du soleil. Mais ce fut un soleil de mort.
L’énergie née de la fission nucléaire se libère de trois façons : 35 % sous forme d’énergie thermique, 50 % sont emportés par l’onde de choc et le souffle, et 15 % émis sous forme de radiations nucléaires.
A Hiroshima, dès le premier millionième de seconde, l’énergie thermique fut transportée, dans un flash de lumière blanche éblouissante, par des rayons X qui transformèrent l’air en une boule de feu – d’environ un kilomètre de rayon et de plusieurs millions de degrés – planant quelques secondes sur la ville, et par une onde thermique qui se propagea à la vitesse de la lumière, brûlant tout sur son passage.
Au sol, la température atteignit plusieurs milliers de degrés sous le point d’impact ;
dans un rayon de un kilomètre, tout fut instantanément vaporisé et réduit en cendres.
Jusqu’à quatre kilomètres de l’épicentre, bâtiments et humains prirent feu spontanément ;
les personnes situées dans un rayon de huit kilomètres souffrirent de brûlures du troisième degré.
Engendrée par la phénoménale surpression due à l’expansion des gaz chauds, une onde de choc se forma et progressa à près de 1 000 km/h, semblable à un mur d’air solide de forme sphérique.
Accompagnée de vents d’une violence inouïe, qui projetaient les débris et entretenaient des tempêtes de feu, elle réduisit tout en poussière dans un rayon de deux kilomètres.
Sur les 90 000 bâtiments de la ville, 62 000 furent entièrement détruits.
Le troisième effet de l’explosion nucléaire, le plus spécifique mais pas le moins meurtrier, est le rayonnement.
Les radiations issues directement des fissions nucléaires sont constituées principalement de neutrons et rayons gamma.
Outre leurs redoutables effets sur les organismes vivants, ils contaminent différents éléments – tels que l’iode, le sodium, le strontium –, qui deviennent eux-mêmes radioactifs.
Ce rayonnement secondaire, très peu connu à l’époque de l’explosion de Hiroshima, est d’autant plus terrifiant que ses effets (cancers, leucémies...) n’apparaissent que des jours, des mois, voire des années après l’explosion.
(Extrait de Hélène Guillemot, « L’atome au service de la guerre », Sciences et vie n° 935, août 1995, Paris.)