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UN JOUR LES MUTANTS GOUVERNERONT LE MONDE - CE NE SERA PROBABLEMENT PAS PIRE QU'EN CE MOMENT

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LES MUTANTS EXTERMINERONT OU NON LES HUMAINS - ET NOUS TRAITERONS PROBABLEMENT AUSSI BIEN QU'ON SE TRAITE NOUS-MÊMES ENTRE NOUS - ET PROBABLEMENT AUSSI BIEN QUE L'ON TRAITE LA NATURE ET TOUT CE QUI VIT

samedi 23 janvier 2010

1997

JACQUES MARTIN, AUTEUR DE BANDES DESSINÉES

Yves-Marie Labé

23 janvier 2010
LE MONDE
http://www.lemonde.fr/carnet/article/2010/01/23/jacques-martin-auteur-de-bandes-dessinees_1295678_3382.html

Il aurait aimé être architecte, acteur de théâtre, décorateur ou aviateur - comme son père -, confiait-il, en 2001, dans un long entretien accordé à deux journalistes belges intitulé A propos de Lefranc (éd. Casterman).

Devenu auteur de deux bandes dessinées parmi les plus connues de la galaxie classique franco-belge (Alix et Guy Lefranc), Jacques Martin a réalisé finalement une grande partie de ces rêves professionnels.

Il est mort jeudi 21 janvier, à l'âge de 88 ans, à son domicile de Suisse romande, des suites d'un oedème pulmonaire.

Né à Strasbourg, le 25 septembre 1921, Jacques Martin fait partie des derniers "monstres sacrés" de la BD classique d'après-guerre. Le nom de cet auteur français, qui rejoint la Belgique après la mort de son père, juste avant la seconde guerre mondiale, reste également lié à ceux d'Hergé, Edgar P. Jacobs ou Bob De Moor, fondateurs et piliers du journal Tintin né en 1946.

"ALIX L'INTRÉPIDE"

Mais avant Tintin, avant Hergé, l'adolescent Jacques Martin étanche ses passions pour l'art en admirant les tableaux du Titien et de Piranese, pour la BD de jeunesse en dévorant Bibi Fricotin et Zig et Puce, pour les grands textes et les grands personnages de l'Histoire, en esquissant deux spectacles sur François Villon et Gilles de Rais (Barbe-Bleue), restés à l'état de projets.

[On oublie le peintre David qui le marque définitivement. Jacques Martin est un maître du style réaliste classique (documentaire) mais ce n’est pas un échevelé comme Géricault ou Delacroix, il est plutôt du genre raide. Il y a eu peu d’allemand (Durër) ou de Romain (ancien) en lui. Ou des grecs (anciens). On ne s’amuse pas et on n’a pas trop d’émotions. Et certainement pas en déformant les lignes. On évite la démesure (sauf dans le nombre de projets réalisés ou en gestation même au moment de sa mort) et on vise la mesure. Il n’est pas un maître suprême du dessin réaliste comme l’était Ingres ou comme l’est Gillon. Chacun des maîtres du passé s’étant comme réincarné dans une nouvelle identité actuelle, remuante et agissante. Giraud poursuivant l’œuvre de Delacroix. Note du professeur Bulle.]

Il dessine beaucoup mais bien qu'il veuille en faire son métier, ses tuteurs décident de lui faire suivre des études d'ingénieur à l'Ecole des arts et métiers d'Erquelinnes, en Belgique. Il y gagne une précision et une rigueur de trait et un sens aigu des perspectives.

Pendant la guerre, affecté au titre du service du travail obligatoire (STO) aux usines Messerschmitt, à Augsbourg, il en ramène des carnets de croquis récemment publiés (Carnets de guerre, éd. Casterman).

A son retour, il collabore à l'hebdomadaire belge Bravo ! pour lequel il crée Monsieur Barbichou.

L'échec du lancement d'un nouveau magazine de jeunesse, qu'il avait conçu, Jaky, incite Jacques Martin à se tourner vers le responsable de cet échec : le tout nouveau titre Tintin. (la revue)..

Il s'y porte candidat et, en 1948, fort de sa passion et de ses connaissances historiques, y fait naître Alix l'Intrépide, l'histoire du fils d'un chef gaulois adopté par un centurion romain.

[Assez maladroit au début et rien sauf l’idée générale ne permet de deviner ce que le tout deviendra. On comprend les réticences d’Hergé qui , en plus de son œuvre personnelle, officie à titre informel comme directeur artistique de la nouvelle revue et juge le tout en-decà de l’idéal à atteindre. Mais il y a des pages à remplir, chaque semaine, toutes les semaines, et bien peu de collaborateurs. On jette du lest. Et teste le nouvel apprenti enthousiaste.]

Le succès est tel que Martin invente la suite : Le Sphinx d'or (où apparaît le jeune Enak) et L'Ile maudite.

Il devient, avec Hergé et Jacobs, l'un des trois "grands prêtres" de l'école de Bruxelles, berceau de la future ligne claire (trait souligné, minutie du décor, couleurs franches, réalisme).

Puis vient Lefranc. Jacques Martin y pense au cours d'un voyage dans les Vosges. Il découvre une ancienne rampe de V1 (missiles allemands) laissée en l'état, préparée pour attaquer Paris, et mijote un scénario politico-catastrophique, La Grande Menace, dans lequel se démène un reporter un peu chevalier sans peur et sans reproches, blond comme Alix et baptisé Lefranc en écho aux Francs...

Nous sommes en 1952 : le premier album de Guy Lefranc, inscrit dans la proche histoire contemporaine (les traces de l'Occupation, les débuts de la guerre froide), est un immense succès : "Elle s'est même vendue en Amérique du Sud", s'extasie Jacques Martin.

Pour lui, toutefois, pas question de série. Mais son éditeur, les lecteurs, les représentants du Lombard réclament d'autres Lefranc...

[Les mêmes qui ne voulaient pas d’Alix sous prétexte que personne ne s’intéressait aux Romains! Si Goscinny et Uderzo les avait écouté? Ils voulaient l’empêcher de créer cette histoire (avant la série) contemporaine qui le distrairait trop d’Alix, série qui marchait bien assez. Pourquoi s’éparpiller?

[Ils l’obligeront aussi à munir Lefranc d’un clone d’Énak, jeune ado (compagnons du héros principal – ce qui évite que le héros soliloque sans cesse. Comme un autiste. Dialoguer, c’est mieux. Surtout avec quelqu’un.

[Et comme il est impossible dans une revue de garçons comme Tintin que le héros adulte soit accompagné d’une amie féminine non infirme et en bon état de marche, il ne reste que la compagnie masculine. Ado. Parce que la série était publiée dans un journal pour la jeunesse et qu’une théorie du moment voulait que les lecteurs s’identifiraient plus facilement avec un personnage de leur âge. Idée qui en vaut une autre.

[Si le fait qu’un jeune garçon accompagne un jeune homme (qui n’est ni son frère ni son cousin sans jamais l’ombre d’un père soupçonneux ou d’une mère inquiète) sans jamais non plus aller à l’école semblait plus normal dans les mœurs Romaines (et on évitera de penser à ce qu’étaient réellement ces mœurs), il en était tout autrement dans un univers contemporain. Et Jacques Martin devait trouver toutes sorties d’astuces servant de prétexte à leur voyage commun.

[Lafranc, nom du héros principal indique bien l’époque de sa création. Et le fait qu’on ne pouvait certainement pas mettre en doute les motifs et les pensées d’un tel modèle pour la jeunesse. Lefranc était honnête et bon, chassait les méchants. Accompagné d’un jeune élève dans la bonté et la chasse aux méchants. Tout restait éducatif.

[Et le fait que les bons pères des collèges privés et pensionnats de garçons s’abonnent en masse à la revue Tintin (plus culturelle que Spirou, un peu légère. Toutes deux bienpensantes. Et Vaillant était communiste. Le reste va sans dire.

[Alix et Rome signifiait en plus «sérieux» et latin – parfois grec ancien et certainement pas pédophilie et homosexualité –sport national des romains et des grecs. Il ne faut pas oublier que le modèle idéal de corps humain était celui de l’homme – jeune et athlétique –de préférence nu. Et certainement pas celui de la femme jugée trop informe et gras. Modèle amaigri qui est devenu l’idéal fantasmé de notre époque. Et visible dans toutes ses formes. Sauf pour les homo de stricte observance.)

[Il fit ensuite bien des efforts pour perdre en cours de route le compagnon encombrant de Lefranc qui, à un certain moment, les mœurs de dégelant commençait à rencontrer des femmes (et à converser avec elle – on est au bord de la perversion – il faudra encore une génération pour que d’autres auteurs franchissent les pas. Et se retrouve, par exemple, ailleurs que dans un lieu public avec une femme. Par exemple, seul. Avec un s. Dans une chambre. ).

[L’ado devenait encombrant. Du moins, le contemporain. Par contre, l’antique ne sembla pas gêner l’auteur qui adorait jouer avec les apparences et les sous-entendus. Les faisant dormir ou se baigner ensemble. Honni soit celui qui mal y pense.

[S’il se défendait bien de voir des doubles sens, il ne manquera pas d’hommes de tout âge qui fantasmeront sur l’univers trouble qui s’offrait à eux. Chacun ses rêves.

[Ce fut le succès qui surprend toujours les éditeurs car ils font de grands efforts pour miser toutes leurs billes sur ce qui va immanquablement marcher. Et qui se pette la gueule la plupart du temps. Ce qui ne les empêchera nullement de recommencer avec un si bel aveuglement.

[Et les mêmes ou leurs clones, 50 ans plus tard, reprocheront encore à Jacques Martin son succès. Jalousie : ce n’était pas leur bonne idée qui avait marché. On lui délégua même un éditeur personnel pour gérer ses nombreuses collections. Quelqu’un osa même lu dire qu’on ne pourrait plus de nos jours permettre à un individu (comme lui) (n’importe qui – mais c’est lui qui était visé) d’avoir un succès personnel (on se croirait devant le comité d’entreprise de l’usine de moissonneuse batteuse numéro 5 obligeant un employé à faire son autocritique) de monopoliser tant l’attention. On préférait les anonymes. Comme si les dessins et les idées naissaient de machines. Les crétins, sans doute, oui. Comme on disait tantôt :chacun ses fantasmes. Commentaire du professeur Bulle]

Au point que Martin ("piégé par Lefranc", dit-il) doit appeler à la rescousse des collègues de Tintin, Bob De Moor, puis Gilles Chaillet (futur auteur de Vasco) et Christophe Simon, pour dessiner les aventures du reporter.

Parallèlement, Hergé demande à Jacques Martin d'intégrer le Studio Hergé et de le seconder sur certains albums de Tintin. Il y reste dix-neuf ans, pendant lesquels il enrichit scénario et décors de L'Affaire Tournesol, Coke en stock, Tintin au Tibet, Les Bijoux de la Castafiore ou encore Jo, Zette et Jocko.

[Petit mystères joyeux que personne n’ose clarifier, Jacques Martin est «probablement» l’auteur du Tintin définitif, parvenu à sa plus grande perfection. On pense ici à beaucoup d’albums jusqu’à Tintin et les bijoux de la Castafiore et Vol 714 pour Sydney.

[Après son départ du studio, Bob de Moor orientera la série dans une autre direction. Qui aurait pu durer puisque Hergé pour retenir ce dessinateur très productif (donc indispensable) lui avait promis qu’il pourrait continuer la série après sa mort. Ce que Bob de Moor crut jusqu’à sa propre fin bien longtemps après avoir été expulsé du studio Hergé désert (et ce qu’il comprit bien évidemment comme une trahison). Et ce que lui refusèrent aussi sa veuve (épouse no.2) et son mari no. 2 qui gère d’une main de fer dans un gant du même métal la destinée très rentable du produit. Comme il n’y a plus d’œuvre, dans le vrai sens du terme, il faut bien utiliser les mots qui conviennent. Car on ne cesse de produire des livres. L’idéal de l’éditeur – un livre sans auteurs pour réclamer des redevances et prétendre à des «droits».

[Les variations de styles entre le dernier album Tintin et les Picaros (de la main de Bob de Moor) et l’album d’avant (chef-d’œuvre de Jacques Martin) (avec Hergé?) et les précédents montrent bien le peu de présence d’Hergé ou son effacement graduel, sauf comme idéateur.

[Ou comme marque de commerce (comme l’est devenu Disney), sceau de qualité, philosophe d’un style graphique : la ligne claire.

[Petite histoire, parfois minuscule. Comme bien des artistes de BD (et de peintres dans le passé) Hergé s’entoura de nombreux assistants pour le décharger de besognes qu’il trouvait ennuyeuses. Ou pour se multiplier tout en trouvant le temps de dormir. Il fut un temps où on trouvait du Tintin partout, il était évident qu’un seul homme ne pouvait suffire à la tâche.

[Certains auteurs devenus célèbres se contentent de dessiner les têtes ou les mains. Ou rien du tout, préférant gérer l’entreprise et surveiller la ressemblance avec le modèle établi que les assistants imiteront très bien. On fait ça tout le temps en dessins animés et en jeux vidéo.

[Mais ses assistants étant aussi talentueux que lui complexifièrent la série (décor, costume, recherche documentaire, remise à jour : objectif de leur embauche) alors qu’Hergé avait toujours été du genre brouillon suivant l’inspiration là où elle le menait. Les lecteurs de l’époque ne demandant pas mieux. Et c’est cette vitalité qui lui assura son succès.

[Ou, si on préfère, le naturel d’Hergé était de tout simplifier à la limite de la caricature – Tintin est à l’origine une histoire amusante. Et son style qui donnera une fois idéalisé, la ligne claire, était au début le résultat d’un dessin rapide sans trop d’application de quelqu’un qui faisait un hobby dans ses temps libre en attendant mieux. Par exemple, le journalisme. Ou la prêtrise?.On était dans l’ambiance curé puisque comme bien des publications pour la jeunesse d’époque – on en sait quelque chose ici- chacune avait son directeur spirituel, mieux, son rédacteur en chef en soutane.

[Mais les collaborateurs qu’il se trouva lorsqu’il lui prend l’idée bizarre de refaire les albums passé pour le rendre plus «réaliste» sont tous des maniaques mineutieux de la précision, dans le genre Hollandais du terme.

[On ne le dit jamais aussi clairement, si Hergé demeura la force inspiratrice et le chef d’atelier (avec Jacques Martin et, plus tard, Bob de Moor quand Martin s’en alla), guidant et corrigeant ici, parfois, prenant plaisir à emmerder, l’équipe faisaient tout le travail. Jusqu’à faire aussi bien que lui et, bientôt, dépasser le maître. Jusqu’à ce que lui-même ne puisse plus travailler sans eux. Parce que le niveau technique atteint dépassait tout simplement ses capacités personnelles. Raison qui explique pourquoi il refusa (tout en prétendant le contraire à son dernier chef d’atelier) que son œuvre lui survive. Comme la qualité n’aurait pas varié, on aurait réalisé qu’il n’était plus le créateur de la série. Et probablement depuis longtemps.

[Qu’un dessinateur collectif, que nous appelleront «atelier» (et qu’en Art, avec des OM (Old Master) on appelle et dénomme : tableau de Rembrandt (de sa seule main), de l’atelier de Rembrandt (on remarque ici et là quelques touches du maître), de l’école de Rambrandt (imitateurs l’ayant connu peut-être), à la manière de Rembrandt (imitateurs tardifs) ) dirigé par Jacques Martin faisait tout le boulot.

[Quel mal y a-t-il si la qualité y est? Qui connaît le nom de tous les artisans des cathédrales? Ou des assistants de Michel-Ange?

[Hergé étant de plus en plus malade à la fin (le cancer qui le tuera) mais, avant, victime d’une dépression très longue. Et de problèmes conjugaux. Qui peuvent aiguillonner l’œuvre d’un jeune artiste : ma blonde m’a fait souffrir. Je déteste les femmes. Je vais leur faire payer en écrivant un roman. Ou miner la santé d’un vieillard. Ou d’un homme mûr malade.

[On reste ici dans le flou artistique.

[Pour mettre les points sur le i, Jacques Martin profita de l’absence du maître pour (faire) réaliser une planche d’un album qui se révéla aussi bien que toutes les pages ayant «bénéficiées» (théoriquement) de la patte du maître. Puisqu’il était là.

[Paraît que recevant la planche en cadeau, Hergé changea de couleur ,se retira dans son bureau pour faire une crise de rage. Jacques Martin garda la planche et interdit à Hergé de la détruire. Ce qui montre l’importance qu’il avait. Importance reconnue par le maître en personne. Qui ne se gênait pas pour imposer son autorité dans la bonne ambiance fachiste d’après guerre : À un collaborateur qui était parti en vacances et qui lui disait qu’il avait bien le droit de se reposer, Hergé rappela au téléphone qu’on n’a pas de droit mais rien que des devoirs. Et qu’il ferait mieux de rappliquer pour dessiner. Et on faisait des petits bonhommes. Imaginons dans une entreprise de moissonneuse batteuse!

[On imagine aussi que leurs relations se refroidirent par la suite. Ceci marqua sans doute la fin de l’atelier et de l’univers d’Hergé avec le départ régulier de tous les assistants formés par Jacques Martin (aussi par Hergé) qui poursuivirent ailleurs leurs œuvres personnelles.

[Hergé fit le brouillon d’un futur projet d’album mais n’alla pas bien loin, l’énergie n’étant plus là. La maladie le rongeant peu à peu. Et, Jacques Martin, encore, n’était plus là aussi pour lui donner des idées ou compléter les siennes.

[Bob de Moor, le dernier des fidèles aurait pu poursuivre l’œuvre en la ramenant à une époque plus caricaturale. Et il avait encore des années d’une énorme production personnelle à faire, en plus de dessiner pour Jacques Martin.

[Tintin était devenu aussi une partie de lui. De gré ou de force, comme il en fut pour Hergé. Sans oublier le côté $$$. Aucune de ses séries n’ayant jamais eu le succès de la série à laquelle il consacra le plus de temps et d’énergie.

[Hergé refusa toujours que les noms de ses assistants figurent sur les albums sous prétexte que «le public ne comprendrait pas.» Mais très peu restèrent anonymes et leurs histoires toujours vivantes et en train de se faire eurent un succès qui sans dépasser celui d’Hergé avait l’avantage sur lui d’exister encore. Et chacun qui n’a plus rien à perdre raconte ses souvenirs. Il suffit de les réunir pour avoir un portrait un peu plus complet que les hagiographies habituelles.

[Alors que peu à peu, Tintin devient un personnage historique daté. Quoique les enfants apprécient encore de recevoir ces beaux albums en cadeau (les derniers en cahier cousu. Avec ceux de Jacques Martin – luxe des luxe.)

[Et Moulinsart, l’organisation qui gère l’héritage se trouve obligé de multiplier les produits dérivés d’un fantôme destinées aux collectionneurs vieillissants pour maintenir le train de vie du ménage. Les commentaires n'engagent qu le professeur Bulle qui est d'un natuele engageant.]

Ce qui ne l'empêche pas d'alterner la parution d'une aventure de Lefranc et d'une d'Alix, quasiment chaque année, au risque de décevoir, à ce rythme, les lecteurs nostalgiques des premiers albums, que déçoit la nouvelle production au scénario parfois hâtif.

Le succès est toutefois la norme, pimenté par de mini-scandales. La proximité de la fin de la guerre d'Algérie fait que La Griffe noire et Les Légions perdues, deux aventures d'Alix, sont interdites d'exposition pour incitation à la haine et à la violence. C'est René Goscinny, ami de Jacques Martin, qui règle la question.

[ Les comités de censures gouvernementaux ont alors tout pouvoir. Tout ce qui se publie à l’époque est fait «avec eux» et porte leur marque en creux. L’autocensure en prime. Il faut s'en souvenir lorsqu'on lit de nos jours ce qui a été publié alors. Il faut faire la part entre les intentions de l'auteur, celle de l'éditeur (auteur supplémentaire qui «corrige les outrances de l'auteur primordial») et celles du comité de censure dont les objectifs sont la rectitude morale, le respect de l'ordre, des bonnes moeurs, de l'armée, du clergé de de l'$. C’est ainsi que pendant des générations on n’aura pour modèle féminin que La Castafiore. Et on imagine dans le rétroviseur une possible misogynie de l'artiste. C'est lui prêter des intentions qu'il n'a pas. Ou avait. Mais souvent on ne le saura jamais. Et la censure qui fouine partout se gêne encore moins pour la littérature populaire dont le principal défaut est de rejoindre tout le monde. Alors que l'élite intellectuelle qui est également surveillée - au besoin, un autre service que la censure mais tout aussi sourcilleux, décachète les lettres et écoute les téléphone- mais puisqu'on est entre gens bien (et pas nombreux) la marge de manoeuvre est plus grande. Pour tous les autres, si on va contre leur consigne, les livres sont retirés du marché, interdits, pilonnés. La faillite est au bout. Et ceci jusque dans les années 70. On ne parle pas du siècle de Napoléon. Ni de l'URSS ou de l'Allemagne Nazie. Commentaire du professeur B.]

Plus tard, les seins nus d'une héroïne, l'amour d'une femme de 40 ans pour Alix ou encore le fait que JeanJean, jeune compagnon de Lefranc, n'aille jamais à l'école, irritent les bonnes consciences... L'homosexualité supposée du couple Alix-Enak et Lefranc-JeanJean aussi.

"Il n'y a dans mes albums aucune vignette provocatrice, expliquait-il. Mais je ne peux empêcher certains lecteurs d'imaginer, d'affabuler et même de fantasmer."

QUINZE MILLIONS D'EXEMPLAIRES

Désireux de couvrir tous les champs de la BD historique, Jacques Martin crée de nouveaux personnages : Jhen, qui vit pendant la guerre de Cent Ans ; Arno, pendant la période napoléonienne ; Keos, au temps de l'ancienne Egypte ; Orion, en pleine antiquité grecque et, enfin, Loïs, à l'époque de Louis XIII...

En outre, fort de ses études, le "père" d'Alix, qui rêvait de le voir adapté au grand écran, accumule les monographies de villes (Lutèce, Athènes...) notamment en marchant sur les traces de ses héros, créés pour en tisser les fils d'Ariane.

Il publie aussi des croquis de voyages (voyages d'Alix, de Jhen, de Loïs, etc.) que ce soit pour son label, Orix, ou chez ses éditeurs (Casterman d'abord, Dargaud, Bagheera...).

Ce travail de titan - en plus du "tronc" Alix et Lefranc, il a cosigné plus d'une centaine d'albums, vendus à 15 millions d'exemplaires, traduits en plus de dix langues, dont le latin -, Jacques Martin ne pouvait l'accomplir seul, d'autant qu'une maladie oculaire, la macula dégénérative, le frappe en 1991.

Fidèle au travail d'équipe qu'il avait mis au point dès Lefranc, l'auteur de BD au visage d'empereur romain a donc formé une cohorte de jeunes dessinateurs et scénaristes - de Rafael Moralès à Olivier Pâques, en passant par Pierre de Broche ou Christophe Simon - susceptibles de poursuivre son oeuvre, en accord avec ses ayants droit.

Récemment, il avait, pour la première fois, mis une jeune femme scénariste à contribution. Ainsi, le récit d'un des prochains Alix pourrait être... au féminin.