Des explorations de tout ce qui prépare nos lendemains : un journal de bord littéraire, politique et philosophique signé Jean-Louis Trudel
QUELQUES VISAGES DE QUÉBEC
Si je recommande sans hésiter les photos inédites de Paris prises par l'Esprit Vagabond, j'ose quand même offrir quelques photos de Québec en fin de semaine.Dans les rues, les rappels du quatre centième anniversaire de la ville ne manquaient pas. Des enseignes faites d'ampoules énonçaient le chiffre qui dit tout, sur la Grande Allée et ailleurs.
Çà et là, c'étaient aussi les façades qui proclamaient l'événement, comme dans le cas de cette tour visible du quartier Saint-Roch. (À force de venir à Québec, je vais finir par connaître un peu, quand même!) Ce qu'on ne distingue pas dans la photo, ce sont les changements de couleur de l'affichage.
Cela dit, je me demande si c'était une bonne idée d'attirer l'attention du passant ou du voyageur sur une tour de béton qui entame l'horizon comme une dent grise, et qui s'entoure d'un assemblage aussi hétéroclite que représentatif des architectures de la capitale loin de la vieille ville (plus ou moins) amoureusement conservée.
Y a-t-il une unité à trouver dans cette juxtaposition d'une tour à bureaux au style brutaliste, un immeuble aux appartements avec balcons, une maison ouvrière en briques, une maison au pignon plus chic de la même époque et un garage du vingt-et-unième siècle décoré de quelques pelures de métal (au premier plan, à gauche) ?
Eh oui, contrairement à ce qu'on croit parfois, Québec est aussi une ville laide — et elle fait des efforts pour le rester!
Malgré les tentatives des artistes urbains de sauver ses paysages les plus tristes...
En avril 2007, j'avais pris en photo les deux côtés de l'unique vestige de l'église Saint-Vincent-de-Paul, saccagée par un promoteur immobilier qui l'a démolie sans permission. La façade a été sauvée de justesse et la seule punition du promoteur sera d'avoir à incorporer la façade dans le futur édifice...
Depuis avril 2007, quelqu'un a fait du revers de la façade une ruine habitée. (J'ai déjà fait remarquer qu'un graffiti à base d'yeux, voire de visage, peut faire merveille dans le cadre le moins accueillant pour humaniser un décor urbain.)
Ces deux visages bleus encastrés tout en haut de l'ancienne façade ont quelque chose de troublant. Une recherche rapide avec Google ne m'a pas permis de retrouver la trace de l'artiste responsable, ce qui est dommage, en un sens. Même si les responsables se sont aventurés sur une propriété privée (celle d'un promoteur plus que véreux!), ils ont été au moins aussi créatifs que les étudiants en génie de Vancouver...
Petit zoom sur les deux visages pour mieux juger...
En un sens, c'est une création collective puisque le cadrage est tout à la fois l'œuvre de l'architecte et des bâtisseurs d'origine, et celle du promoteur et de ses démolisseurs.
Les visages ajoutés ensuite profitent beaucoup de ce cadrage improvisé puisque les deux cavités sombres et les trois embrasures sous l'arche centrale évoquent aussi un visage.
Les visages complètent géométriquement la succession et soulignent la ressemblance du motif architectural.
En même temps, ces deux visages prennent un air accusateur quand ils sont vus du quartier Saint-Roch en contrebas, comme dans cette photo qui parle d'elle-même, je crois (quoique la perspective rapproche indûment l'église et l'autoroute).