Le gros titre (en haut) concernait la guerre de Syrie au jour du 28 juin 2013 - elle paraissait alors inévitable.
Non seulement la guerre en Syrie par des Syriens. Mais l'«intervention occidentale» à l'Irakienne. Ou à la Libyenne. Bombardement du haut des airs. Ou invasion et occupation du territoire comme en Afghanistan.
C'était sur le point d'arriver lorsque les Russes décidèrent que ça n'arriverait pas.
Aujourd'hui, le lundi 13 janvier 2014 - on a l'impression de prédire l'avenir - en lisant dans le passé - les «rebelles» s'entretuent.
Le pire gagnera comme d'habitude.
*
Ici figurait un dessin.
Artiste : X
Etudiant à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs.
GUEULES CASSÉES
Série de portraits basée partiellement sur des photographies d’archives des “Gueules Cassées” de la Première Guerre Mondiale.
Réalisés à l’encre de chine et à l’acrylique sur format Jésus (56 x 76 cm).
Reproduit de son site:
X
*
Pour en savoir plus sur ce sujet:
GUEULES CASSÉES
*
«Les regards, y compris parfois, ceux de leur famille, se
détournent sur le passage de ces hommes jeunes, atrocement défigurés.
«Ils ont honte de se montrer, ils ne savent où aller. Ils
sont sans travail et rien n'a été prévu pour eux. Ni foyer entre deux
opérations, la reconstruction du visage pouvant nécessiter plusieurs années, ni
pension, car à cette époque la blessure au visage n'est pas considérée comme une
infirmité et n'entraîne donc aucun droit à pension d'invalidité.
(…)
«Le 21 juin 1921, à l'initiative de deux « grands mutilés»,
Bienaimé Jourdain et Albert Jugon, une quarantaine de soldats blessés au visage
créent l'Union des Blessés de la Face, qu'ils surnomment les " Gueules Cassées":
leur devise : " Sourire quand même "»
*
Lettre reçue par Douteur
Lue le 13 janvier 2014
Concernant la page 6183. Publiée le 6.28.2013
1
x
11 janv. (Il y a 2 jours)
«à moi
Bonsoir!
Je m'appelle x et je suis illustrateur.
Vous avez utilisé en Juin dernier l'un de mes visuels pour
illustrer l'un de vos articles. Bien que je sois extrêmement flatté par cet
usage, et tout le crédit que vous m'avez donné, je souhaiterais que vous
retiriez ce contenu.
J'ai décidé de retirer ces images, cela n'a rien à voir avec
votre site Internet.
Je vous remercie de l'attention que vous avez pu porter sur
mon travail, et la prise en compte de ma demande.
Je vous souhaite une très bonne continuation,
X»
Article en question :
2
Visite de Douteur à son site :
X
Ce qu’on y trouve : Rien.
Et ce texte :
Cet utilisateur a choisi d’effacer son compte, et son
contenu n’est plus disponible.
3
Réponse de DOUTEUR
1
Bonjour m. X
Je fais partie de ceux qui croient que si vous publiez
quelque chose sur Internet, ceci fait dorénavant parti du patrimoine de l’humanité.
Comme, jadis, les restes de la littérature Grecques ou Romaines suite à la
tragédie de la chute de l’Empire.
Libre à toute personne de publier et communiquer ce fragment
de patrimoine qu’il aura découvert.
À condition de citer l’auteur, le nom de la publication
(livre etc.) ou son site d’où il a été tiré. Afin que l’on découvre l’original
de la citation. Et tout le reste dont on ne parle pas.
À condition de ne pas lui faire dire ce qu’il ne veut pas
dire – ceci n’a rien à voir avec les erreurs d’interprétation inévitables :
comme on voit régulièrement dans les analyses de texte « les plus sérieuses».
L’erreur
étant humaine, comme on dit. Et la connerie aussi.
Mais
Ceci, bien sûr, n’a rien à voir avec ces autres fragments de
patrimoine qu’on appelle : publicité, propagande. Avec quoi je m’amuse
fortement.
Je ne sais pas si c’était les Situationnistes (?) qui
détournaient les films de kung Fu en modifiant les dialogues pour leur faire
dire toutes les conneries que leur inspiraient ces œuvres mémorables.
Il y a une exception :
Si l’artiste ou l’auteur de l’œuvre désire pour une raison
qui lui est personnelle – et qui nous est inconnue et le restera parce qu’on n’en
sait rien, n’en ayant pas été informé – désire qu’on retire son œuvre de notre
site.
Douteur la retirera donc.
Mais en laissant l’espace comme il était et en décrivant ou
résumant ce qui n’y est plus.
Libre aux regardeurs qui suivront de regretter ce qui n’y
est plus et de se l’imaginer.
Et cette lettre de DOUTEUR y figurera. Comme archivage de la
vie intellectuelle des artistes.
La vôtre et la mienne.
2
Vous me dites «cela n'a rien à voir avec votre site Internet».
Erreur.
Douteur est plusieurs choses : un laboratoire pour son
auteur. Une vitrine pour sa production. Un «papier» sur lequel il écrit des
commentaires de commentaires.
Puisqu’il est humble. Et ne se fait aucune illusion sur
rien.
Ces «commentaires» étant des articles, éditoriaux,
«nouvelles». Regroupés intellectuellement sous le titre de : commentaires.
Même si leur auteur en pensait ou en penserait davantage.
Et un exercice systématique du doute. D’où son titre
DOUTEUR.
Comme il se passe toujours quelque chose et qu’il se dit et
s’écrit sans cesse des choses, il va de soi qu’on n’y retrouvera pas comme chez
ce qu’on appelle un «agrégateur», une manière personnelle de résumer l’actualité
du jour.
Ou comme chez des intellectuels plus politisés impliqués
socialement, des dénonciations des manœuvres politiciennes, financières et
autres.
Des sites déjà existant font très bien ce travail de débroussaillage.
Et on ne file pas toujours pour ça. L’humeur n’y est pas. Et
on n’a pas que ça à faire.
Il y aura donc certains articles/textes et certaines images
classées en 2 catégories bien générales : la connerie humaine.
Et ce qu’il y a d’exceptionnel/terrible/digne d’être connu, reconnu,
célébré.
Mais je suis trop cynique pour dénoncer quoique ce soit. Il
faut être jeune et idéaliste.
Comme Douteur est du type misanthrope nihiliste adepte de
Cioran, il croit que la bêtise humaine est universelle, intemporelle et presque
générale.
Mais pas tout le temps.
Et comme ces plongées dans la connerie peuvent être déprimantes
pour quelqu’un qui a déjà le moral défectueux, on intercale ce qu’on appelait
dans la TV de mon enfance, des pauses ou intermèdes musicaux.
Ou de jolies images.
Ou des images amusantes.
Ou des bricolages d’images Dadaïstes.
Ce que j’ai cessé de faire dernièrement, les remplaçant par
une nouvelle création de mon labo : les BD du Professeur Bulle et de ses
adjoints. Ces énergumènes parlant très bien de l’actualité. Sans obliger à
caricaturer la sale gueule d’un politicien pendant des heures ce qui est
déprimant. Si on n’aime pas l’humanité, on ne va pas pousser le vice, la
perversion ou le masochisme à dessiner longuement ce qu’on n’aime pas.
Ceci est mon cas.
Mais des gens, intello ou artistes ou caricaturistes pensent
autrement.
D’où l’usage des mutants du Professeur Bulle qui font un
très bon travail de marionnettes. Traitement sommaire, ce que mérite généralement
l’humanité.
Quand on pense que notre ministre des Affaires Étrangères
est allé tout récemment en Ukraine se mêler à la foule des manifestants pour
encourager cette foule à défier leur gouvernement. Ce qu’il n’aurait pas toléré
ici.
3
Je reviens à votre phrase : «cela n'a rien à voir avec
votre site Internet».
Il y a d’autres fonctions, disons, plus philosophiques, au
site Douteur.
J’y parle de la bêtise humaine. Mais pas tout le temps. Je l’illustre.
Mais pas tout le temps. J’en montre un échantillonnage. Mais pas tout le temps.
Et la guerre en fait partie.
La Première Guerre Mondiale aussi.
Et les Gueules Cassées aussi.
D’où l’usage de votre dessin.
En cette année 2014, auront lieu partout des
«célébrations/commémorations» de ce massacre immonde que fut cette guerre.
Qui aura tué des millions de gens.
Et dont les progrès de la médecine de l’époque auront
également permis la survivance de martyrs vivants. Que n’osaient même pas
regarder leurs contemporains.
Il y a des photos.
Je n’en ai montré qu’un certain nombre.
Votre dessin est basé sur l’une de ces photos.
Au moment de la publication, je voulais montrer ce que
pouvait voir un artiste de notre époque (vous êtes vivant puisque vous m’écrivez)
de ces – j’allais dire «monstruosités» - mais ce mot ne convient pas, étant
donné que c’étaient des hommes.
Et les mots me manquent.
Des victimes? Mais ce mot aussi ne convient pas tout à fait.
Est-ce qu’un soldat est une victime? Puisque son rôle est de tuer – il est
entraîné spécifiquement pour ça – et de mourir.
Les États-Majors qui déplacent les troupes et font des manœuvres
savent que comme aux échecs, il y aura des pertes. Un pourcentage acceptable ou
non.
On évitera de prévenir les soldats que 10% (ou +) d’entre
eux mourront et que c’est tout à fait normal. Mais que 50% sera probablement
trop. Mais 50% est tout à fait possible. Et pris en compte.
Si le pourcentage devient inacceptable – il n’y a pas ici de
raisons morales mais uniquement d’efficacité fonctionnelle – la guerre est
perdue ou le sera.
Il faudra donc y mettre un terme de la manière la plus
satisfaisante pour les autorités en place. Afin que chacun conserve sa place.
Ce qui n’a pas été le cas pour l’Autriche-Hongrie.
Des historiens disent qu’une des raisons de la fin de cette
guerre était le risque de contagion de la rébellion des soldats russes. Qui a
menée au coup d’État Communiste.
Des historiens parlent de 10 millions de soldats russes au
début de la guerre. Il n’en serait resté qu’1 million au moment de leur départ.
On ne parle pas ici seulement des morts. Mais beaucoup étant revenus chez eux
pour se partager la terre des nobles expropriés par la Révolution. Suivant l’effondrement
du régime suite à la rébellion de quelques centaines de milliers d’entre eux,
précédamment.
Des historiens disent que les troupes françaises étaient sur
le point de les imiter. L’idée étant qu’ils étaient écoeurés de se faire
massacrer pour les cafés/croissants des bourgeois. Termes de l’époque.
Des historiens disent que si l’État-Major Allemand l’avait
su, ils en auraient profité pour filer vers Paris et gagner la guerre. Mais
leurs troupes étaient, elles-aussi, sur le point de se révolter.
Mais j’utilise aussi le mot monstre quand je pense à ceux
qui ont décidé cette guerre. Les psychopathes qui gouvernaient alors ce monde.
Et qui ont réussi à convaincre des millions de gens de s’entretuer pour quelque
chose qui ne les concernait pas.
Et cette guerre monstrueuse accoucha d’innombrables montres :
l’URSS. La fin de l’Empire Ottoman.
Et d’un autre monstre : la Seconde Guerre Mondiale.
Voulue et dirigée par un des fils (et création) de cette première guerre dont
le nom commence par H.
Mais cette autre guerre fut aussi voulue par d’autres
psychopathes : russes, anglais, étasuniens, japonais, chinois.
Le monde fut une nouvelle fois bouleversé et remodelé.
Et ils ont créé l’époque moderne. Sans le vouloir.
Et d’autres psychopathes voulaient, il y a peu, remodeler le
Moyen-Orient : Libye, Syrie, Iran.
Ce qui aurait été fait sans l’intervention de la Russie.
Peut-être me diriez-vous que je suis exagérément pessimiste.
Ou si vous faites partie des gens des médias que je cède à la «théorie du
complot». Mais chez-moi, je dis comme je pense.
Depuis 10 000 ans les humains se font la guerre.
Ou, plus précisément, les fous qui gouvernent les humains,
les agitent comme des marionnettes, troublent leurs pauvres esprits si limités,
pour les faire s’entretuer afin de fonder ou préserver leur empire, né d’autres
meurtres.
Ou c’est une religion. Une idéologie.
4
Je parle de moi. Je parlerai de vous.
Je suis tombé sur votre site (qui n’existe plus, ce que je
trouve dommage) par hasard. Comme c’est souvent le cas sur Internet. Une
recherche vous amène ailleurs, un endroit vous amène à un autre et à un autre.
Le hasard. La chance.
Je ne sais pas ce qui vous a amené à l’effacer – mais, si je
faisais l’effort, il est probable d’en trouver des captures d’écran ici et là –
il y a une sorte d’éternité provisoire sur Internet – mais je trouve ça
dommage.
Je mettrais donc, au hasard, des mots dans votre bouche :
on aura peut-être parlé de respect dû aux morts. Qui sont morts pour la patrie,
la liberté et la démocratie. Pour nous.
Foutaise.
Ce sont des pauvres diables qui ne savaient même pas ce qu’ils
faisaient et qu’on a lancé de force dans l’abattoir. Je suis aussi lecteur de
Tardi, qui dessine aussi très bien tout ceci dans ses BD.
Ou
Disons qu’en France, on dira que tous ces braves gens sont morts pour ces grandes
causes et si nobles dont on vient de parler. Et que critiquer cette guerre, c’est
attenter à leur honneur. S’interroger à son propos.
C’est déjà du
révisionnisme.
Dire qu’ils sont morts pour rien. Ce serait comme qui dirait
les faire souffrir. Comme s’ils n’avaient pas déjà assez souffert. Même s’ils
sont morts. Donc, ne ressentant rien. Si on ne croit pas à la vie après la mort.
L’étrange raisonnement étant que, bizarrement, tout en étant morts et toujours
morts, et cette situation n’étant pas près de changer, ils sentiraient ce genre
de choses.
Et, si on croit à la vie après la mort. Alors, ils sont au
Ciel. Car les héros vont inévitablement au Ciel. Et, s’ils sont au Ciel, ils
doivent un peu se foutre de ce qu’on dit en bas.
Mais je ne sais pas ce qui vous a motivé ou démotivé.
Je parlerai donc d’ici.
Ici
On se servira des mêmes mots. En plus d’ajouter que «nos»
morts se sont sacrifiés pour la naissance du Canada. Qui a cessé d’être une
colonie de l’Angleterre (qui a reconnu la valeur des nobles Canadiens) et est
devenu un quasi-vrai pays. Un historien faisait remarquer que les nobles
sentiments que l’on met dans la tête de nos aïeux (de 1914) étaient plutôt le
fait des intellectuels bourgeois officiers. Quant aux simples soldats, y
compris Québécois, plusieurs y voyaient une sorte de sport, une variante de la
chasse et une occasion de voyages gratis voir la parenté et les cousins
français. Aucun n’ayant une idée de ce qu’était ou serait une guerre moderne,
industrielle, scientifique, totale.
Si on dit que les soldats Français sont allés au front une
fleur au fusil, pensant revenir la fin de semaine suivante; nos soldats pensaient
être de retour pour Noël. Après un voyage (gratis) en Bretagne. En passant par
Paris.
Mais je ne sais pas ce qui vous a incité à effacer votre
site. Ou qui. Je cesserais donc d’essayer de le deviner.
5
Le but d’un artiste n’est pas nécessairement de distraite
ses contemporains. Au sens de Pascal.
Il y avait, sous la désignation de l’art
grave, d’autres vues.
George Grosz
Otto Dix – Les tranchées.
Francis Bacon
Tardi - C'était la guerre des tranchées
Frank Miller – Sin City
Art Spiegelman - Maus
Voltaire- Swift- Kafka - Lovecraft
Pleins d’images inappropriées comme on dit dans la
nétiquette.
6
Quelques citations de Jean-Marc Parisis. Le hasard m’a amené
sur son nom.
Et il a fait la bio de Reiser.
« La promotion des sentiments est assurée par
ceux dont les intérêts dépendent des progrès de la haine générale. »
« Le style est donné en propre à celui qui le reçoit. Le
style est absolument original, non reproductible. Et non sexué. Le style, c’est
plus que l’homme ou que la femme. Le style, c’est l’âme, il recouvre le corps,
le supplante. »
« La vie est un rêve dont on se réveille mort. »
« La rencontre est une manifestation physique de la bonté. »
7
Et je terminerai ici. Comme vous le voyez, j’écris (et je
parle) toujours trop.
8
Comme vous le demandez, j’enlève l’image.
9
Au revoir.
Douteur.
*
Date de création de la page 28 juin 2013
Modifié une dernière fois, le mercredi 15 janvier 2014.
On comprendra que l'auteur du dessin disparu veut en outre demeurer anonyme.