Olivier Bourque
16 janvier 2010
http://argent.canoe.ca/lca/affaires/quebec/archives/2010/01/20100115-185540.html
L'ex-financier Earl Jones a plaidé coupable hier à deux accusations globales couvrant des fraudes totales de 50 millions $. Les avocats de la Couronne et de la Défense réclament une peine de 11 ans de prison.
Argent s’est entretenu avec son avocat Jeffrey K. Boro qui nous parle de cet homme qui a vécu sa vie comme une fantaisie.
Qu’est-ce qui a décidé votre client à plaider coupable ?
Depuis le début, Earl Jones voulait plaider coupable mais la Couronne et les policiers ne possédaient pas tous les renseignements nécessaires pour qu’il puisse enregistrer son plaidoyer.
[?]
Il a fallu que nous attendions que le dossier soit complété.
Et à la première opportunité, il a plaidé coupable.
Donc dès le départ lorsque le scandale a éclaté, il voulait plaider coupable ?
C’était difficile dès le départ. On ne peut pas plaider coupable dans la noirceur, il a fallu bâtir le dossier.
Nous avions besoin des noms de toutes les victimes [???]. Nous devions avoir tous les renseignements.
On arrive maintenant à une suggestion commune pour une peine de 11 ans de prison. La sentence sera connue le 15 février prochain. Est-ce que votre client a peur d’avoir une peine plus importante ?
Oui, on a toujours des craintes lorsqu’on plaide coupable car le juge n’est pas obligé de suivre ce que nous suggérons. Par contre ce que nous proposons est raisonnable car la peine maximale est de 14 ans. Donc le juge n’a pas beaucoup de marge de manœuvre.
Est-ce que ça été difficile de s’entendre pour en arriver à cette suggestion commune ?
Cela n’a pas été facile, mais je connais bien Me Lévesque, donc tout a été fait dans une très bonne entente. Mais nous étions liés au procès Lacroix.
Mais je crois avoir été capable de faire valoir que la cause de Jones était moins grave que celle de Vincent Lacroix.
Parlons de l’homme… Comment va la santé d’Earl Jones ?
Sa santé physique va bien, je me pose davantage de questions sur sa santé mentale.
Pour la première fois de sa vie, il doit faire face aux conséquences de ses actes.
Il a vécu sa vie comme une fantaisie.
Comment peut-on expliquer qu’Earl Jones a eu des remords après avoir fraudé pendant tant d’années ?
Je pense que M. Jones était comme dans un voyage. Et il pensait que son bateau n’arriverait jamais au quai et qu’il s’en sortirait finalement.
Mais une fois qu’il a commencé à frauder il n’a plus été capable de s’arrêter.
Donc je crois qu’il ne s’est jamais posé vraiment la question.
Est-ce qu’il vous a déjà exprimé comment il se sentait pendant qu’il fraudait ?
Je pense qu’il a eu très peu d’introspection de sa part jusqu’au moment où il s’est fait arrêté.
Et c’est bizarre à dire, mais je crois que c’est à ce moment, il s’est dit :
«Oups… qu’est-ce que j’ai fait?».
Sinon, il utilisait l’argent pour justifier son train de vie.
Il dépensait environ 500 000 $ par année dans un compte de 30 millions $.
Il pensait qu’il allait se renflouer et qu’il resterait toujours de l’argent.
Est-ce que les banques sont à blâmer dans ce dossier ?
En partie car elles ont laissé Earl Jones ouvrir un compte de banque où il avait une discrétion totale dans lequel se trouvait l’argent de ses clients.
La banque pourrait aussi être tenue responsable de tous ces chèques qui ont été faussement endossés au fil des années.
Leur responsabilité reste toutefois à déterminer.