Raphaël Malkin
26 mars, 2009
http://edjsp.wordpress.com/2009/03/26/la-crise-un-vrai-bonus-pour-la-mafia-italienne/
Une entreprise qui ne connaît apparemment pas la crise.
Son nom ?
La Mafia.
Selon un rapport publié en novembre dernier par l’une des plus importantes fédérations d’entrepreneurs italiens, la Confesercenti, l’activité mafieuse représenterait aujourd’hui environ 7% du PIB du pays.
Divisée en quatre branches locales et indépendantes, la Camorra napolitaine, la Ndrangheta calabraise, la Sacra Corona Unita dans les Pouilles et la Cosa Nostra sicilienne, la Mafia a engrangé en 2008 d’importants retours sur investissement dans des secteurs piliers de l’économie souterraine et illégale.
Toujours selon le rapport de la Confesercenti, le trafic de drogue constituerait l’activité la plus rentable pour le crime organisé italien avec des recettes atteignant 59 milliards d’euros pour 2008.
Viendrait ensuite l’usure, puis le racket, le trafic d’armes, la contrebande et la prostitution comme l’analyse la Tribune de Genève.
Mais selon le magistrat anti-mafia Nicola Gatteri, cité par le site de l’Express, la priorité pour la Mafia « n’est pas de s’enrichir, il est de justifier sa richesse ».
D’où l’importance de réinvestir l’argent sale dans des activités légales.
«Le chômage, la restriction à l’accès au crédit ont été et continueront de constituer un terreau favorable au développement du système criminel »
soulignait un rapport du Parlement italien publié le 10 mars dernier.
Aujourd’hui, la Mafia semble bien profiter de la crise qui affecte les entreprises du pays pour consolider son empire financier.
Avec un accès au crédit de plus en plus restreint par les établissement bancaires, les nombreuses sociétés en manque de liquidités se retrouvent obligées de faire appel aux usuriers de la mafia pour obtenir des prêts.
En 2008, ce sont environ 180 000 commerces qui auraient eu accès aux crédits distribués par la mafia, soit près de 12 milliards d’euros blanchis en un an selon l’Express.
Secteurs les plus touchés par ce système parallèle : le tourisme , l’immobilier ou encore les petits commerces de détail.
Des secteurs touchés par la crise économique.
Pour relancer l’économie italienne, le Président du Conseil Silvio Berlusconi a prévu de lancer sous peu un vaste programme de grands travaux.
Une économie italienne relancée pourrait-elle se défaire de l’emprise mafieuse qui la gangrène ? Rien n’est moins sûr. S
elon plusieurs analystes, ces projets d’infrastructures pourraient également être infiltrés par la mafia comme le rapporte une dépêche de Reuters.
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CRIME ORGANISÉ
LA MAFIA ROULE SUR L'OR EN ITALIE. DÉCOUVREZ LES CHIFFRES DU CRIME
Avec un bénéfice annuel de 70 milliards d’euros, Cosa Nostra est de loin l’entreprise la plus rentable d’Italie.
BERNARD BRIDEL
13.11.2008
La Tribune de Genève
http://www.tdg.ch/actu/monde/mafia-ne-connait-crise-2008-11-12
Pour ceux qui, en Italie comme à l’étranger, minimisent encore l’importance économique de la mafia, le 11e rapport de l’association italienne des commerçants Confesercenti sur la question devrait lever les derniers doutes*: en 2007, le poids économique de la Mafia SA a représenté environ 7% du PIB italien.
DES FLOTS D’ARGENT
Publié mardi à Rome, ce rapport très détaillé se base notamment sur les observations et enquêtes menées auprès d’un échantillon des membres de la Confesercenti qui regroupe quelque 270 000 entrepreneurs, commerçants et artisans spécialisés dans le tourisme et les services. Ses conclusions sont tout simplement renversantes.
D’abord il y a l’argent, des flots d’argent qui donnent aux différentes mafias une puissance extraordinaire qui ne connaît pas la crise. Selon le rapport, ce sont 160 000 euros qui changent de main chaque minute en Italie du fait des activités criminelles de la mafia, soit près de 10 millions par heure.
Comme le montre le «bilan de la Mafia SA», dressé par la Confesercenti (voir ci-dessus), les principales sources de revenu de Cosa Nostra sont le trafic de drogue, le racket et l’usure. Par ailleurs, le trafic d’armes, la contrebande et la prostitution restent des activités toujours aussi lucratives pour les clans et familles mafieuses. Enfin, le célèbre pizzo (voir ci-contre) assure toujours de confortables revenus, puisque quelque 150 000 commerçants auraient été contraints de le payer l’an dernier pour un montant estimé à 6 milliards d’euros.
FRAIS ET INVESTISSMENTS
Si la mafia encaisse des fleuves d’argent, elle en dépense aussi beaucoup. En salaires, comme une entreprise normale – un chef de clan gagne entre 10 000 et 40 000 euros par mois, un petit dealer 1000 – mais aussi en frais de logistique pour aider ses membres en cavale ou en «pension» pour les familles de ses prisonniers. Mais c’est surtout l’évaluation des investissements de la mafia – de l’ordre de 25 milliards d’euros par an – faite par la Confesercenti qui fait peur. «La grande capacité financière dont elle dispose permet à la mafia de se tailler de nouvelles parts de marché, de profiter de la crise des liquidités, de faire des acquisitions immobilières et d’entreprises», met en garde le rapport. En d’autres termes, de blanchir toujours plus facilement ses revenus colossaux au sein d’entreprises incapables de s’en défendre.
Retrouvez l’intégralité du rapport sur http://www.confesercenti.it/
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COMMENT LA MAFIA PROFITE DE LA CRISE
Vanja Luksic
18/12/2008
http://www.lexpress.fr/actualite/economie/comment-la-mafia-profite-de-la-crise_727102.html
La crise économique et financière n'épargne personne, à l'exception de la Mafia. Non seulement celle-ci n'est pas touchée, mais elle bénéficie, au contraire, des revers de l'économie.
« Les banques accordant moins de crédits, de nombreux commerçants et petits entrepreneurs sont obligés de faire appel aux usuriers, explique Tano Grasso, président de l'"antiracket" italien. Or ce sont souvent des mafieux, qui profitent de la situation pour s'emparer du patrimoine de débiteurs pris à la gorge. »
Selon un récent rapport de la Confcommercio (association des commerçants et PME), la Mafia reste le plus puissant holding du pays, avec un chiffre d'affaires annuel évalué à quelque 130 milliards d'euros. Parmi ses principales sources de revenu, outre la drogue (59 milliards d'euros), l'usure pèse à elle seule 12,6 milliards, avec une « clientèle » d'environ 180 000 commerçants et petits entrepreneurs.
« Les prêts servent aussi à blanchir l'argent sale, explique le magistrat Nicola Gratteri. Car le grand problème de la Mafia n'est pas de s'enrichir, il est de justifier sa richesse. Elle investit ses milliards dans les villes les plus riches du nord de l'Italie, mais aussi au-delà des frontières, surtout dans l'immobilier. »