mercredi 1 septembre 2010
4397. BASTARACHE. BELLEMARE. CHAREST. INFLUENCE. ARGENT. POUVOIR.
BASTARACHE : LE NOM D’UNE RUPTURE
Pierre JC Allard
29 août 2010
http://les7duquebec.wordpress.com/2010/08/29/bastarache/
Qui aurait pensé que le Juge Bastarache passerait à l’Histoire ?
Enfin, son nom, plutôt, mais qu’est-on dans l’Histoire sauf un nom ! Oświęcim serait une petite ville industrielle de Pologne sans histoires, si ce n’était de la mauvaise réputation qu’elle traîne et qui en a fait plus qu’un détail de l’Histoire…
Important un nom. Dans un siècle, au Québec, on confondra peut-être les 2 ou 3 Johnson et même les 2 Bourassa – et qui sait, « les » Trudeau - mais Bastarache est un nom qui ne s’oubliera pas. C’est le nom d’une rupture.
Pour ceux hors Québec, un mot d’explication. On a tiré le Juge Bastarache de sa retraite pour qu’il préside une Commission d’enquête sur le processus de nomination des juges, processus dont on a contesté l’intégrité.
Important, mais encore bien plus qu’on ne le pensait, car on s’aperçoit que cette Commission arrive comme la proverbiale paille, pour craquer le dos du chameau.
Il y a longtemps que la confiance se perdait, mais c’est cette Commission en trompe l’œil qui a poussé les citoyens à faire un bilan. 75% des Québécois ne croient plus la parole du Premier Ministre; on croit son accusateur.
C’est un seuil dans le rejet du pouvoir. On dira désormais « Bastarache », pour marquer la ligne de partage des eaux de l’Histoire du Québec.
Avant, il y aura eu une population jocrisse qui croyait en tous et en n’importe quoi. Ses curés, ses élites, ses journalistes, ses politiciens, ses syndicats, une affirmation nationale progressive et un enrichissement constant dans une économie prospère.
Après, la religion sera apparue une affaire d’enfants ou d’étrangers, les élites comme des intellectuels déphasés ou des bourgeois profiteurs.
Les journalistes – à de rares exceptions près – auront été perçus comme les larbins des groupes de presse ou d’inoffensifs protestataires qu’on aura mis au trottoir quand ils refusaient de le faire.
Politiciens et syndicats ?
Une même omniprésente corruption.
Affirmation nationale ? En veilleuse.
Enrichissement constant dans une économie prospère ? Parlons d’autre chose…
Avant, le citoyen lambda, malgré les rumeurs qui volaient parfois de-ci de là, croyait encore qu’il existait un havre d’honnêteté dans la structure de la société ; une justice rendue par des juges.
Il voyait les avocats comme des exploiteurs sans conscience, mais il croyait fermement qu’il y avait, dans toute cour de justice, un juge qui agissait de bonne foi. Un homme incorruptible qui cherchait la vérité et voulait la justice.
Il pensait que, même accablé par l’argent et le pouvoir, le bon droit pouvait prévaloir.
Il avait des doutes, mais il le croyait. Maintenant, il ne le croit plus.
Maintenant, le citoyen lambda a déjà porté son verdict, avec ce total désintérêt pour les procédures qui est le propre de la justice populaire : il croit que les juges sont nommés arbitrairement par le gouvernement, sur l’avis de gens peu recommandables et qu’ils jugent en fonction des intérêts de ceux qui les ont nommés ou fait nommer.
Des preuves ? Le citoyen se contrefiche des preuves formelles.
Il regarde autour de lui et il voit un monde de totale injustice où règne aussi la corruption.
Il fait des liens et des rapports entre l’injustice qui est partout et une Justice qui ne semble plus être là.
Il ne donne pas le bénéfice du doute ; il n’a plus de doutes.
Peu lui importe que les trafics d’influence, en supposant qu’il y en ait, ne s’appliqueraient que dans des dossiers « importants ».
Il est maintenant persuadé que même « ses » petites causes à lui ne sont pas jugées impartialement elles non plus. Il découvre que le type en robe noire qui en décide du sort est un être humain qui a des amis, des parents, des intérêts… peu-têtre des faiblesses.
On vient de tuer ce qui restait de confiance dans l’esprit et le cœur du monde ordinaire.
En élargissant l’enquête à la période péquiste – en soi un geste équitable - Bastarache ne dédouane pas les Libéraux ; il fait seulement qu’après avoir dit au peuple « je t’ai trompé », le pouvoir – qui reste UN, dans l’esprit des gens, quelle que soit sa couleur – lui ajoutera perfidement « …et je t’ai toujours trompé ! », rendant le divorce inévitable. Bastarache va présider à un divorce.
Quel divorce ?
Le divorce entre la population – qui prend le nom de peuple dans les grandes occasions – et une certaine caste dirigeante qui la contrôle, la manipule et l’exploite sous couvert d’une pseudo démocratie qui n’est qu’un leurre.
La désacralisation du pouvoir judiciaire qui résulte de l’inouïe stupidité qu’est cette enquête vient compléter, dans l’esprit des gens, la fusion des trois pouvoirs de l’État dans une même turpitude.
Si notre « démocratie », demain, était attaquée, qui prendrait sa défense ?
Dommage pour Bastarache, qui n’a rien à y voir ou si peu, mais il a eu la mauvaise fortune d’être celui dont on a choisi le nom pour désigner cet événement qui marque la rupture. Dommage.
C’est sérieux, un nom et ça dure. Monsieur le Juge devrait peut-être en changer … comme cette petites ville des années quarante – Auschwitz – qui n’avait pas choisi les « industries » qu’on y avait installées.
Pierre JC Allard
29 août 2010
http://les7duquebec.wordpress.com/2010/08/29/bastarache/
Qui aurait pensé que le Juge Bastarache passerait à l’Histoire ?
Enfin, son nom, plutôt, mais qu’est-on dans l’Histoire sauf un nom ! Oświęcim serait une petite ville industrielle de Pologne sans histoires, si ce n’était de la mauvaise réputation qu’elle traîne et qui en a fait plus qu’un détail de l’Histoire…
Important un nom. Dans un siècle, au Québec, on confondra peut-être les 2 ou 3 Johnson et même les 2 Bourassa – et qui sait, « les » Trudeau - mais Bastarache est un nom qui ne s’oubliera pas. C’est le nom d’une rupture.
Pour ceux hors Québec, un mot d’explication. On a tiré le Juge Bastarache de sa retraite pour qu’il préside une Commission d’enquête sur le processus de nomination des juges, processus dont on a contesté l’intégrité.
Important, mais encore bien plus qu’on ne le pensait, car on s’aperçoit que cette Commission arrive comme la proverbiale paille, pour craquer le dos du chameau.
Il y a longtemps que la confiance se perdait, mais c’est cette Commission en trompe l’œil qui a poussé les citoyens à faire un bilan. 75% des Québécois ne croient plus la parole du Premier Ministre; on croit son accusateur.
C’est un seuil dans le rejet du pouvoir. On dira désormais « Bastarache », pour marquer la ligne de partage des eaux de l’Histoire du Québec.
Avant, il y aura eu une population jocrisse qui croyait en tous et en n’importe quoi. Ses curés, ses élites, ses journalistes, ses politiciens, ses syndicats, une affirmation nationale progressive et un enrichissement constant dans une économie prospère.
Après, la religion sera apparue une affaire d’enfants ou d’étrangers, les élites comme des intellectuels déphasés ou des bourgeois profiteurs.
Les journalistes – à de rares exceptions près – auront été perçus comme les larbins des groupes de presse ou d’inoffensifs protestataires qu’on aura mis au trottoir quand ils refusaient de le faire.
Politiciens et syndicats ?
Une même omniprésente corruption.
Affirmation nationale ? En veilleuse.
Enrichissement constant dans une économie prospère ? Parlons d’autre chose…
Avant, le citoyen lambda, malgré les rumeurs qui volaient parfois de-ci de là, croyait encore qu’il existait un havre d’honnêteté dans la structure de la société ; une justice rendue par des juges.
Il voyait les avocats comme des exploiteurs sans conscience, mais il croyait fermement qu’il y avait, dans toute cour de justice, un juge qui agissait de bonne foi. Un homme incorruptible qui cherchait la vérité et voulait la justice.
Il pensait que, même accablé par l’argent et le pouvoir, le bon droit pouvait prévaloir.
Il avait des doutes, mais il le croyait. Maintenant, il ne le croit plus.
Maintenant, le citoyen lambda a déjà porté son verdict, avec ce total désintérêt pour les procédures qui est le propre de la justice populaire : il croit que les juges sont nommés arbitrairement par le gouvernement, sur l’avis de gens peu recommandables et qu’ils jugent en fonction des intérêts de ceux qui les ont nommés ou fait nommer.
Des preuves ? Le citoyen se contrefiche des preuves formelles.
Il regarde autour de lui et il voit un monde de totale injustice où règne aussi la corruption.
Il fait des liens et des rapports entre l’injustice qui est partout et une Justice qui ne semble plus être là.
Il ne donne pas le bénéfice du doute ; il n’a plus de doutes.
Peu lui importe que les trafics d’influence, en supposant qu’il y en ait, ne s’appliqueraient que dans des dossiers « importants ».
Il est maintenant persuadé que même « ses » petites causes à lui ne sont pas jugées impartialement elles non plus. Il découvre que le type en robe noire qui en décide du sort est un être humain qui a des amis, des parents, des intérêts… peu-têtre des faiblesses.
On vient de tuer ce qui restait de confiance dans l’esprit et le cœur du monde ordinaire.
En élargissant l’enquête à la période péquiste – en soi un geste équitable - Bastarache ne dédouane pas les Libéraux ; il fait seulement qu’après avoir dit au peuple « je t’ai trompé », le pouvoir – qui reste UN, dans l’esprit des gens, quelle que soit sa couleur – lui ajoutera perfidement « …et je t’ai toujours trompé ! », rendant le divorce inévitable. Bastarache va présider à un divorce.
Quel divorce ?
Le divorce entre la population – qui prend le nom de peuple dans les grandes occasions – et une certaine caste dirigeante qui la contrôle, la manipule et l’exploite sous couvert d’une pseudo démocratie qui n’est qu’un leurre.
La désacralisation du pouvoir judiciaire qui résulte de l’inouïe stupidité qu’est cette enquête vient compléter, dans l’esprit des gens, la fusion des trois pouvoirs de l’État dans une même turpitude.
Si notre « démocratie », demain, était attaquée, qui prendrait sa défense ?
Dommage pour Bastarache, qui n’a rien à y voir ou si peu, mais il a eu la mauvaise fortune d’être celui dont on a choisi le nom pour désigner cet événement qui marque la rupture. Dommage.
C’est sérieux, un nom et ça dure. Monsieur le Juge devrait peut-être en changer … comme cette petites ville des années quarante – Auschwitz – qui n’avait pas choisi les « industries » qu’on y avait installées.