lundi 23 novembre 2009
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04 octobre 2009
5 OCTOBRE 1909 : FIN D’UNE HISTOIRE DE FOU
http://ilyaunsiecle.blog.lemonde.fr/2009/10/04/5-octobre-1909-fin-dune-histoire-de-fou/
” Le jet d’eau froide pour les fous, c’est terminé ! ”
Le directeur de l’hôpital Sainte-Anne qui m’a rejoint dans mon bureau, avec le maire d’Arcueil, pour examiner le cas du pauvre sieur Ribot, interné deux fois par erreur, tente de démontrer que le traitement des aliénés a beaucoup progressé ces dernières années.
Le maire d’Arcueil défend quant à lui bec et ongles son administré : ” Il faut faire sortir Ribot, il n’a rien à faire chez vous. Les rapports de vos médecins devraient suffire, cet homme est sain d’esprit. “
Le directeur reprend, comme s’il était sourd aux propos du maire : “Nos patients sont bien traités. Ils pratiquent la serrurerie, la menuiserie, le repassage ou le jardinage.
Nous évitons tous les traitements violents et pratiquons, pour les cas les plus difficiles, la clinothérapie (alitement continu) ou les bains permanents.
Nous envisageons de supprimer la camisole de force et les cellules d’isolement.
Nos médecins sont connus dans le monde entier. Le grand public se presse aux cours d’un professeur comme Gilbert Ballet qui explique, chaque dimanche matin, tout ce que l’on peut savoir en matière de psychiatrie. Les élégantes, les médecins retraités ou les hommes du monde aiment découvrir les progrès de l’étiologie médicale et de la neurologie qui ne peuvent s’appuyer que sur l’expérience, l’observation rigoureuse des faits objectifs… “
Le maire d’Arcueil le coupe d’un geste : ” …et Ribot, dans tout cela, vous le relâchez quand ? “
Le directeur interrompt son discours enflammé et revient parmi nous : ” Mais, monsieur le maire, dès que le conseiller aura signé cet imprimé rose qui n’est toujours pas revenu rempli de la préfecture de police ! “
Il me tend un document. Je le signe immédiatement en bas à droite, sans même le lire.
Une simple paraphe de ma part et un homme que je ne connais pas, vient de retrouver, enfin, la liberté.
5 OCTOBRE 1909 : FIN D’UNE HISTOIRE DE FOU
http://ilyaunsiecle.blog.lemonde.fr/2009/10/04/5-octobre-1909-fin-dune-histoire-de-fou/
” Le jet d’eau froide pour les fous, c’est terminé ! ”
Le directeur de l’hôpital Sainte-Anne qui m’a rejoint dans mon bureau, avec le maire d’Arcueil, pour examiner le cas du pauvre sieur Ribot, interné deux fois par erreur, tente de démontrer que le traitement des aliénés a beaucoup progressé ces dernières années.
Le maire d’Arcueil défend quant à lui bec et ongles son administré : ” Il faut faire sortir Ribot, il n’a rien à faire chez vous. Les rapports de vos médecins devraient suffire, cet homme est sain d’esprit. “
Le directeur reprend, comme s’il était sourd aux propos du maire : “Nos patients sont bien traités. Ils pratiquent la serrurerie, la menuiserie, le repassage ou le jardinage.
Nous évitons tous les traitements violents et pratiquons, pour les cas les plus difficiles, la clinothérapie (alitement continu) ou les bains permanents.
Nous envisageons de supprimer la camisole de force et les cellules d’isolement.
Nos médecins sont connus dans le monde entier. Le grand public se presse aux cours d’un professeur comme Gilbert Ballet qui explique, chaque dimanche matin, tout ce que l’on peut savoir en matière de psychiatrie. Les élégantes, les médecins retraités ou les hommes du monde aiment découvrir les progrès de l’étiologie médicale et de la neurologie qui ne peuvent s’appuyer que sur l’expérience, l’observation rigoureuse des faits objectifs… “
Le maire d’Arcueil le coupe d’un geste : ” …et Ribot, dans tout cela, vous le relâchez quand ? “
Le directeur interrompt son discours enflammé et revient parmi nous : ” Mais, monsieur le maire, dès que le conseiller aura signé cet imprimé rose qui n’est toujours pas revenu rempli de la préfecture de police ! “
Il me tend un document. Je le signe immédiatement en bas à droite, sans même le lire.
Une simple paraphe de ma part et un homme que je ne connais pas, vient de retrouver, enfin, la liberté.