MAINTENANT, PASSONS AUX CHOSES SÉRIEUSES. QU’EN AVONS-NOUS À FOUTRE DE L’OPINION DU MACLEAN’S OU DE N’IMPORTE QUELLE AUTRE REVUE JAUNIE ?
Louis Préfontaine
28 septembre 2010
http://www.vigile.net/Laissons-Andrew-Coyne-vomir-son
http://louisprefontaine.com/2010/09/27/andrew-coyne-macleans?utm_source=feed (...)
Que n’importe quel torchon canadien écrive quoi que ce soit à propos d’un soi-disant gène structurel ou intrinsèque typique des Québécois et les poussant à la corruption ne devrait même pas nous surprendre ou nous choquer.
L’histoire du journalisme jaunissant canadien regorge de ce racisme abâtardi, des incitations à la haine et à l’émeute de The Gazette ayant mené à l’incendie du parlement de Montréal en 1849, en passant par les hallucinations de Jan Wong qui établissait un lien entre la tuerie de Dawson et la Loi 101, en 2006, ou encore par les insanités de Diane Francis et autres créatures qui, dans un pays sainement constitué, auraient de la difficulté à tenir captive une audience d’une dizaine de personnes.
Dès qu’il est question du Québec, le vieux fond orangiste, suprémaciste et raciste colonial des Canadiens prend le dessus sur ce qui devrait leur faire office de cerveau et c’est avec une insolente bonhommie qu’ils défèquent sur notre nation et se prétendent observateurs de notre prétendue infériorité, nous, les colonisés, qui ne mériteraient que de disparaître ou d’être enfin civilisés.
Et nous qui avons tellement peur d’exister, nous qui ne sommes Québécois que du bout des lèvres, mordons à l’hameçon de notre propre infériorisation.
Réglons la question dès le départ. Les arguments de Maclean’s sont tellement faibles qu’il est d’une facilité déconcertante de les invalider.
Le Québec, plus corrompu que le reste du Canada ?
Allons donc. Disons plutôt que le Québec règle ses problèmes de corruption quand ils arrivent.
Trois premier ministres de la Colombie-Britannique ont démissionné à cause de scandales de corruption au cours des dernières décennies et le Canada lui-même s’est construit sur la corruption de John A. MacDonald.
La corruption, symptôme du nationalisme québécois ?
N’importe quoi. C’est bel et bien Lévesque qui a instauré les règles les plus strictes de gouvernance et aucun gouvernement du Parti Québécois – malgré tout ce qu’on peut lui reprocher – n’a jamais été accusé du tiers des actions reprochées présentement à Charest.
La corruption, causée par une trop grande présence de l’État ?
C’est exactement le contraire !
Les données démontrent que les pays les moins corrompus (Nouvelle-Zélande, Danemark) sont ceux qui ont une présence étatique plus importante alors que les plus corrompus (Somalie, Afghanistan) n’ont pour ainsi dire pas de gouvernement ni d’institutions ;
en fait, c’est d’une logique implacable : c’est bel et bien le privé qui augmente les risques de corruption et c’est toujours parce que l’État se désengage et réduit ses garde-fous que les enveloppes brunes circulent plus facilement.
Maintenant, passons aux choses sérieuses.
Qu’en avons-nous à foutre de l’opinion du Maclean’s ou de n’importe quelle autre revue jaunie ?
« C’est une revue sérieuse », qu’on entend dire un peu partout. Ah oui ? C’est quoi le sérieux pour vous, dites-moi ? Du papier glacé, une propriété de Rogers et du papier de toilette à fleur de lys ?
Non, le Maclean’s n’est pas plus ou moins sérieux que n’importe quel autre média. En fait, il nous prouve, avec cette aberration, qu’il est tout sauf sérieux. Il entretient les mythes à l’égard du Québec chez les Canadiens et il contribue à démontrer, comme l’a affirmé Bernard Landry aujourd’hui, qu’il y a bel et bien deux nations dans ce pays.
Ne serait-il pas temps un peu pour nous d’arrêter de sur-réagir quand n’importe quel scribouilleur vomit sa prose sur notre nation ?
Ne serait-il pas temps de comprendre et d’accepter que c’est NORMAL que le Canada, à l’aide de ses médias, se serve de n’importe quel prétexte pour démoniser les Québécois ?
Ce n’est pas notre faiblesses intrinsèque qui est mise en cause ici, mais plutôt notre statut de peuple conquis ayant des réflexes du colonisé plus à l’écoute des besoins de son maître que de ses propres désirs de liberté.
Oui, Maître. Merci, Maître. Voulez-vous vous essuyer encore davantage les pieds sur mon dos, Maître ?
C’est ce que nous sommes : des conquis.
Maintenant, si nous voulons changer les choses, si nous voulons à nouveau être un peuple fier, qu’on ignore un peu ce qu’écrivent ces ferrailleurs de la stupidité et qu’on cesse de se préoccuper des « qu’en dira-t-on » canadiens.
Nous avons le droit d’exister, nous avons le droit de vouloir la liberté, et les mensonges ne changeront jamais rien à notre fierté ; ils ne peuvent que renforcer notre désir de nous séparer d’un Canada fétide, raciste et francophobe où pullulent toutes sortes de déchets journalistiques à la Andrew Coyne.
[Un petit ménage parmi nos élites serait aussi très utile avant. À quoi sert de se séparer pour être les poules du poulailler des de souche après avoir été si longtemps celles des envahisseurs.]
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Photo. http://failblog.files.wordpress.com/2008/03/donkey.jpg?w=426
http://michaelevan.wordpress.com/2009/01/06/deomcratic-incompetence/