Yannick Villedieu
17 septembre 2010
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/carnets/2010/09/17/130569.shtml?auteur=2091
Quels sont ou seront les impacts de l'exploration et de l'exploitation des gaz de schiste sur l'environnement?
La réponse est courte : ?
Nous diffusons, dans l'édition du dimanche 19 septembre des Années lumière, le troisième volet de notre série sur les gaz de schiste, « De l'eau dans le gaz ».
Cette semaine, Chantal Srivastava s'intéresse à l'aspect environnemental de l'affaire. Elle a interviewé des experts indépendants, aux États-Unis et ici, qui lui ont tous dit à peu près la même chose :
on connaît encore très mal les effets potentiels de ces opérations industrielles sur l'environnement.
Questions sans réponses
Le gaz peut-il s'échapper et fuir, par des microfissures dans le sol, vers les eaux souterraines et la surface du sol?
Rien ne dit que ce soit impossible.
Que deviendra l'eau qui reste dans le sol après qu'on l'ait utilisée pour fracturer la roche?
On n'en récupère apparemment que 25 %, 30 %, tout au plus 50 %.
Peut-on vraiment traiter l'eau qu'on récupère en surface, et dans laquelle se trouvent toutes sortes de produits chimiques?
On ne le sait pas.
Les listes des produits chimiques utilisés par l'industrie gazière, et que certaines entreprises affirment avoir publiées, sont-elles exhaustives?
On peut raisonnablement en douter.
Voici quelques-unes des questions que pose notre reportage, et auxquelles on n'a pas vraiment de réponses.
Rassurer?
Bien sûr, l'industrie gazière et ses porte-parole se font rassurants.
Après tout, nous dit-on, ce qu'on injecte dans le sol, c'est simplement de l'eau et du sable, avec moins de 1 % de produits chimiques.
Mais comme le dit un des invités de Chantal Srivastava, dire que le mélange eau-sable contient seulement 0,048 % de polyacrylamide paraît rassurant.
Mais comme il faut en moyenne 10 millions de litres d'eau pour une seule opération de fracturation de la roche, 0,048 %, c'est en fait 4,8 tonnes de polyacrylamide.
Ce qui ressort du reportage de ma collègue, c'est qu'on fore sans avoir pris le temps de bien étudier toutes ces questions, tous ces problèmes, tous ces risques.
L'industrie va de l'avant en toute hâte, alors que subsistent bien des inconnues.
On n'aura, par exemple, qu'en 2013 une carte détaillée des ressources en eaux souterraines de la Montérégie, dit un des invités.
Il souligne aussi qu'on ne connaît pas encore très bien leur vulnérabilité à la contamination ni leur disponibilité pour des usages industriels.
Ce matin, vendredi, des personnalités qui ont été reliées au BAPE, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, ont publié une lettre ouverte pour dire que le mandat confié à cet organisme était trop limité dans le temps.
Quand on écoute notre reportage, on ne peut que leur donner raison. Il y a énormément à faire pour comprendre ce dans quoi on s'embarque en exploitant ces gaz de schistes. Énormément de science.
Et la science, ça prend du temps.
Écoutez Les années lumière, animée par Yanick Villedieu
*
Photo. http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie/2010/10/07/001-gaz-schiste-retombees.shtml