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UN JOUR LES MUTANTS GOUVERNERONT LE MONDE - CE NE SERA PROBABLEMENT PAS PIRE QU'EN CE MOMENT

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LES MUTANTS EXTERMINERONT OU NON LES HUMAINS - ET NOUS TRAITERONS PROBABLEMENT AUSSI BIEN QU'ON SE TRAITE NOUS-MÊMES ENTRE NOUS - ET PROBABLEMENT AUSSI BIEN QUE L'ON TRAITE LA NATURE ET TOUT CE QUI VIT

dimanche 29 mars 2009

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Simone Weil et les crises actuelles

Jacques Dufresne

Présentation

Les familiers du réseau des sites de L'Agora connaissent l'importance que nous y attachons à Simone Weil. Nous soulignerons le centième anniversaire de sa naissance dans l'esprit où nous avons toujours évoqué son oeuvre jusqu'à ce jour: en nous inspirant d'elle pour trouver les sentiers de la lumière en nous-mêmes et dans le monde actuel, plutôt qu'en soumettant son oeuvre au scalpel universitaire. Sans négliger la vérité sur Platon, elle cherchait elle-même davantage la vérité à travers Platon.

Texte

De mes lectures antérieures de Simone Weil, j'avais conservé le souvenir de plusieurs passages qui me semblaient jeter une vive lumière sur les crises actuelles, indissociables les unes des autres: pic pétrolier, réchauffement climatique, crise financière, crise alimentaire.

En ouvrant La pesanteur et la grâce, le premier recueil de ses pensées, je tombe sur ce passage: «Le rapport de signe à signifié périt; le jeu des échanges entre signes se multiplie par lui-même et pour lui-même. Et la complication croissante exige des signes de signes.»

N'est-ce pas une telle rupture entre le signe et le signifié qui est l'ultime explication de la crise financière?

Une crise, faut-il le rappeler, qui fut provoquée par des spéculateurs oeuvrant et vivant à un tel niveau d'abstraction qu'ils étaient totalement insensibles aux tragédies que leurs jeux profitables allaient provoquer dans l'économie réelle.

Voici ce qu'on peut lire à ce sujet, toujours dans La Pesanteur et la grâce: «Parmi les caractéristiques du monde moderne, ne pas oublier l'impossibilité de penser concrètement le rapport entre l'effort et le résultat de l'effort. Trop d'intermédiaires. Comme dans les autres cas, ce rapport qui ne gît dans aucune pensée gît dans une chose : l'argent. »

Nous traitons ailleurs de cette question de l'argent et de l'intérêt que présentent les monnaies locales comme moyens de rapprocher le résultat de l'effort de l'effort lui-même. Je me limiterai ici à soulever la question de la limite et de l’équilibre qui est au coeur de toutes les crises que nous traversons.

Dépasser les limites, abattre les records était devenu en Occident d'abord, puis dans le reste du monde, une douce habitude. Nos maîtres, les anciens Grecs, nous avaient pourtant appris le respect de la limite.

Simone Weil avait retenu cette leçon : «Sens du fameux passage du Gorgias sur la géométrie. Aucun développement illimité n’est possible dans la nature des choses ; le monde repose tout entier sur la mesure et l’équilibre, et il en est de même dans la cité.»

Au moment où elle a écrit ces lignes, vers la fin de la décennie 1930, qui voulait, qui pouvait prendre sa mise en garde au sérieux ? Le progrès, perpétuel défi aux limites, allait bientôt reprendre son élan, laissant entrevoir par la conquête de l'espace la possibilité d'échapper à la limite de la terre et par le clonage, à celle de la mort.

Aujourd'hui, toutes les limites oubliées dans l'euphorie du progrès se dressent à l'horizon immédiat de deux façons : sous la forme de la Némésis, par le réchauffement climatique et autres conséquences de la pollution et sous la forme de la pénurie suite à l'épuisement des ressources.

La nature ne tolère pas la démesure. Nous savons tous par expérience ce qui se passe dans notre organisme quand nous mangeons ou buvons trop. L'équilibre se rétablit parfois avec violence.

C'est la Némésis, la punition naturelle de l'excès.

Le réchauffement climatique peut être assimilé à une telle punition. Nous avons libéré trop de carbone dans l'atmosphère comme nous libérons trop de matière grasse dans notre organisme à l'occasion de certains festins.

Si les excès individuels dans la consommation de la nourriture ne provoquent pas de pénurie, il n'en va pas de même de la consommation collective de l'énergie et des matières premières. C'est pourquoi nous faisons face à des pénuries sur presque tous les fronts: pétrole, pic pétrolier prévu en 2020 au plus tard (42 ans de réserve au rythme actuel de consommation); gaz naturel, 62 ans de réserve ; uranium, 32 ans; or, 17 ; fer 79 ; cuivre 31 ; plomb 22 années.

Ces limites ont au moins un avantage: elles nous donnent des raisons nouvelles de réduire la pollution de la planète et de ralentir le réchauffement du climat. D'où cet impératif que l'on entend de plus en plus fréquemment: il faut profiter de la pénurie prochaine de pétrole pour lutter contre le réchauffement climatique.

D'autres vont encore plus loin dans la même logique: il faut, estiment-ils, profiter de l'ensemble des pénuries qui nous menacent pour assurer le développement durable, lequel suppose le respect de quatre grands principes. Les voici tels qu’établis par le suédois Karl Henrik Robèrt, après consultation de la communauté scientifique.

Dans une société durable, la nature (biosphère) n'est pas soumise à une augmentation systématique de:

1. la concentration des substances extraites de la croûte terrestre

2. la concentration des substances produites par la société

3. la dégradation par des moyens physiques

4. Il faut enfin éviter que les hommes ne soient soumis à des conditions qui diminuent systématiquement leur capacité à pouvoir subvenir à leurs besoins.

La concentration du carbone provenant du pétrole, du charbon ou du sol est un exemple des choses à éviter pour se conformer au premier principe.

La concentration du mercure dans les poissons est un exemple des choses à éviter selon le second principe.

Le troisième principe est un appel à la protection du capital naturel, depuis les insectes pollinisateurs jusqu'à l'eau et l'air.

Le quatrième principe est un appel au partage équitable des ressources entre les humains. Un tel appel équivaut à un voeu impossible: celui d'une inspiration qui inciterait les hommes à une justice dont ils ne se sont jamais montré capables jusqu'à ce jour.

On peut ramener ces quatre principes à quelques idées liées les unes aux autres: limite, mesure, proportion, équilibre, justice.

C'est précisément parce qu'elle y retrouvait ces idées que Simone Weil s'est si vivement intéressée à la source grecque. Cela lui a permis de proposer, après en avoir formulé le diagnostic, un remède aux maux dont nous souffrons aujourd'hui, à un moment où elle ne pouvait constater que l'ébauche de ces maux.

En proposant son diagnostic et ses remèdes, le docteur Robèrt est allé aussi loin qu'on peut le faire dans le cadre de la science et de la technique telles qu'on les conçoit actuellement. Il laisse toutefois sans réponse la question que soulève l'ensemble de ses principes et en particulier le quatrième: Où trouverons-nous l'énergie spirituelle requise pour passer de l'ivresse de la limite dépassée, du record abattu, de la puissance accrue, au sens de la mesure dont nous aurons besoin pour composer avec des limites qui s'imposeront de l'extérieur à nos désirs?

D'où nous viendra cet amour de la justice dont nous aurons besoin pour échapper aux tragédies que la pénurie a toujours provoquées.

Déjà dans plusieurs pays, dont la Chine, on est obligé de détourner l'eau des régions agricoles vers les grandes villes. Comment empêcherons-nous que ces choix ne dégénèrent en conflits violents ?

Or, les situations de ce genre se multiplieront au fur et à mesure que nous nous rapprocherons des divers murs qui s’érigeront inévitablement sur la route de notre progrès.

Sera-t-il possible dans ces conditions de maintenir la croissance économique dont jouissent les pays en émergence comme la Chine aussi bien que les pays riches qui ont de multiples raisons de craindre la décroissance?

Même si, notamment dans le sillage de l'économiste Roegen, il y a de plus en plus de partisans de la décroissance, la majorité, quand elle ne reste pas figée dans le déni, espère que les efforts visant à éviter les catastrophes par le respect des équilibres naturels et le recyclage, assureront une croissance durable.

À considérer la myriade de petits groupes qui s'engagent dans cette voie avec détermination et enthousiasme, sinon toujours avec cohérence, on peut penser qu'il s'agit là d'une approche viable. Pour peu que les goûts et les valeurs évoluent dans la même direction, on pourrait atteindre rapidement des résultats étonnants. On voit de plus en plus de citadins qui se privent de voitures moins par souci d'économie que parce que ce moyen de transport présente plus d'inconvénients que d'avantages à leurs yeux. Dans le même esprit, des mouvements comme le 100 miles diet connaissent un succès étonnant

Dans un nombre croissant de villes, la loi interdit qu'on laisse tourner inutilement les moteurs des véhicules.

Suite à une catastrophe naturelle majeure, les populations font souvent preuve d'une solidarité étonnante. Il ne faut sans doute pas exclure qu'une solidarité semblable à l'échelle mondiale produise des résultats dont nous n'osons même pas rêver en ce moment.

C'est parce que le président Barak Obama incarne cet espoir que son élection a suscité tant d'intérêt dans le monde, au point qu'au Québec et au Canada, les gens ont boudé leurs propres élections parce les enjeux fondamentaux n'y étaient pas en cause.

Simone Weil se réjouirait sans doute de ce que dans ce mouvement encore hétérogène, nombreux sont ceux qui renouent non seulement avec le sens de la limite, mais avec un respect de la nature incompatible avec les manipulations excessives dont elle est l'objet.

D'autres encore en viennent par cette voie à réhabiliter le sacré et à promouvoir une spiritualité qui les libère des contraintes liées à la recherche de la puissance.

D'autres enfin souhaitent le réenchantement du monde, ce qui suppose une rupture avec la conception du monde héritée de la Renaissance. Si elle n'a pas employé le mot réenchantement, Simone Weil en a précisé les conditions avec une étonnante clarté.

À ses yeux, le progrès tel que nous le concevons et le pratiquons est l'effet de la pesanteur.

Alors que ce progrès nous donne l'illusion de nous élever, il consiste en réalité à dévaler une pente. Nous ne pourrions pas l'arrêter, sans craindre le pire pour nos sociétés. Nous n’en avons pas la maîtrise, c'est lui qui nous gouverne.

La question que se posait Simone Weil était la suivante: d'où nous viendra l'énergie spirituelle sans laquelle, réduits à nos propres forces, nous n'éviterons jamais les murs vers lesquelles nous nous dirigeons? D'un univers réenchanté? Sa réponse va dans ce sens.

L'accès à cette énergie spirituelle suppose à ses yeux une réconciliation de l'homme avec l'univers, la reconstitution d'un pacte rompu à Renaissance. L'univers était apparu alors comme un champ de rapports de force offert à la domination de l'homme, à charge pour lui de faire régner dans la société, une société excluant les autres espèces, une justice dont il serait la source.

«Depuis deux ou trois siècles, écrit Simone Weil, on croit à la fois que la force est maîtresse unique de tous les phénomènes de la nature, et que les hommes peuvent et doivent fonder sur la justice, reconnue au moyen de la raison, leurs relations mutuelles. C'est une absurdité criante. Il n'est pas concevable que tout dans l'univers soit soumis à l'empire de la force et que l'homme y soit soustrait, alors qu'il est fait de chair et de sang et que sa pensée vagabonde au gré des impressions sensibles.

Il n'y a qu'un choix à faire. Ou il faut apercevoir à l'oeuvre dans l'univers, à côté de la force, un principe autre qu'elle, ou il faut reconnaître la force comme maîtresse et souveraine des relations humaines aussi.

Dans le premier cas on se met en opposition radicale avec la science moderne telle qu'elle a été fondée par Galilée, Descartes et plusieurs autres, poursuivie au XVIIIe siècle, notamment par Newton, puis au XIXe et au XXe siècle.

Dans le second cas, on se met en opposition radicale avec l'humanisme qui a surgi à la Renaissance, qui a triomphé en 1789, qui sous une forme considérablement dégradée a servi d'inspiration à toute la IIIe République».

Simone Weil note à ce propos que, dans Mein Kampf, Hitler a pris position en faveur de la seconde branche de l'alternative, dans les termes suivants: «L'homme ne doit jamais tomber dans l'erreur de croire qu'il est seigneur et maître de la nature... Il sentira dès lors que dans un monde où les planètes et les soleils suivent des trajectoires circulaires, où des lunes tournent autour des planètes, où la force règne partout et seule en maîtresse de la faiblesse, qu'elle contraint à la servir docilement ou qu'elle brise, l'homme ne peut pas relever de lois spéciales»

Ce n'est pas à Hitler que Simone Weil adresse son reproche mais aux savants et philosophes occidentaux qui lui ont légué en héritage une vision du monde l'obligeant à faire ce choix.

C'est la même vision du monde qui nous est proposée aujourd'hui, avec en prime la métaphore du Big Bang, qui nous rappelle que l'univers se réduisant à la force a commencé par une explosion.

Parmi les progrès accomplis en direction d'une autre vision du monde, rapprochant l'univers de l'humanité, il y a ces liens de plus en plus fréquemment établis entre les systèmes vivants (naturels) et les systèmes sociaux. Ces liens nous donnent à entendre qu'un même principe, autre que la force, peut agir dans chacune de ces deux sphères.

Qu'il nous suffise ici de rappeler, en conclusion, que non seulement les problèmes économiques sont indissociables des problèmes écologiques et des problèmes sociaux, mais que les fondements mêmes d'une vision du monde sont en cause.

Même dans ses diagnostics les plus sombres, Simone Weil conserve de l'espoir. Elle prône une décentralisation dont plusieurs voient aujourd'hui la nécessité. Serait-ce là un signe indiquant que nous avons atteint le point de rupture?

«Après l'écroulement de notre civilisation, de deux choses l’une, ou elle périra tout entière comme les civilisations antiques, ou elle s’adaptera à un monde décentralisé. Il dépend de nous, non pas de briser la centralisation (car elle fait automatiquement boule de neige jusqu'à la catastrophe), mais de préparer l'avenir.»

http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Simone_Weil--Simone_Weil_et_les_crises_actuelles_par_Jacques_Dufresne