dimanche 18 octobre 2009
1128.
FLEURS ET LÉGUMES
http://belcikowski.org/la_dormeuse/fleurs_legumes.php
Il y a dans le genre champêtre et/ou potager un charme naïf, une poésie tendre, qui souffrent l'humour. C'est rare. J'aime ce genre-là.
J'aime l'araignée et j'aime l'ortie, ... la vilaine bête, et la mauvaise herbe, dit le poète.
J'ai donc crié au loup - lequel n'est pas celui qu'on croit - lorsque je suis tombée sur un article du Monde, intitulé La mairie de Marseille n'aime pas les coquelicots et le genre champêtre (17 juin 2005), signé Michel Samson :
C'est un petit jardin carré de 23 mètres de côté, entre une tour de France Télécom et les docks où siège l'établissement public d'aménagement Euroméditerranée.
Pour la réalisation de ce square, Euromed' lance en 2002 un concours. Au jury, siègent la ville de Marseille, l'établissement public et des personnalités qualifiées. Sort victorieuse une équipe comprenant un architecte, Eric Dussol, un plasticien, Bernard Boyer, et un paysagiste, Remy Duthoit.
Dans la rigidité de ce carré, les trois décident de jouer la liberté d'herbes et de fleurs méditerranéennes qui poussent comme elles l'entendent. Hellébores de Corse, buddleias ou arbres à papillons, gattiliers, acanthes, fenouil, verveine de Buenos Aires, céanothes et cistes s'installent alors entre les dalles parallèles de calcaire blanc. Les coquelicots s'invitent et illuminent de leur rougeoiement le petit espace.
En novembre 2004, la mairie prend possession du jardinet.
Dans les couloirs d'Euromed', un bruit court : le maire, président de l'établissement public, n'aime pas beaucoup ce jardin. Son adjointe aux espaces verts affirme aujourd'hui que "les mauvaises remontées de Marseillais qui avaient du mal à comprendre la symbolique de ce parc posaient problème".
Les graines continuent de pousser et des employés du coin d'y venir en casser une.
Le 1er juin, le service des espaces verts convoque les créateurs : l'entreprise chargée du jardin aurait du mal à entretenir les 529 mètres carrés. La surprise qui attend l'équipe est brutale : toutes les plantes du jardinet ont été arrachées, à l'exception de quelques ceanothes et de quelques cistes restés orphelins sur la terre brune.
Les paysagistes, en colère, alertent leurs amis.
Colère en retour du service des espaces verts , qui s'insurge qu'on mette "sur la place publique des petits problèmes qu'on va régler lundi prochain dans une réunion - qu'elle espère constructive".
Selon la responsable , l'arrachage avait pour but de renforcer un peu l'arrosage et, "dans l'esprit d'origine, celui d'un jardin méditerranéen, de replanter des cistes et d'autres plantes".
Quand on lui demande pourquoi avoir arraché si c'est pour replanter à l'identique, elle renvoie à la prochaine réunion.
Il y a plus clair que ses explications embarrassées : un courriel du secrétaire général de la mairie adressé en juin 2004 au service des espaces verts. On y lit : "Je vous confirme la demande du maire tendant à réaliser un nouvel aménagement d'espace vert sur le petit square (...). Le parti pris champêtre qui avait été choisi par l'architecte d'Euroméditerranée ne convient décidément pas, dans la mesure où le visiteur a la fâcheuse impression d'un espace non entretenu. Il s'agit donc de réaliser un petit jardin classique avec quelques plantations faciles à entretenir et, le cas échéant, quelques arbres".
Triste époque pour les coquelicots. Connaîtront-ils le sort des bleuets ? La mauvaise graine, celle des talus, est tenace toutefois.
http://belcikowski.org/la_dormeuse/fleurs_legumes.php
Il y a dans le genre champêtre et/ou potager un charme naïf, une poésie tendre, qui souffrent l'humour. C'est rare. J'aime ce genre-là.
J'aime l'araignée et j'aime l'ortie, ... la vilaine bête, et la mauvaise herbe, dit le poète.
J'ai donc crié au loup - lequel n'est pas celui qu'on croit - lorsque je suis tombée sur un article du Monde, intitulé La mairie de Marseille n'aime pas les coquelicots et le genre champêtre (17 juin 2005), signé Michel Samson :
C'est un petit jardin carré de 23 mètres de côté, entre une tour de France Télécom et les docks où siège l'établissement public d'aménagement Euroméditerranée.
Pour la réalisation de ce square, Euromed' lance en 2002 un concours. Au jury, siègent la ville de Marseille, l'établissement public et des personnalités qualifiées. Sort victorieuse une équipe comprenant un architecte, Eric Dussol, un plasticien, Bernard Boyer, et un paysagiste, Remy Duthoit.
Dans la rigidité de ce carré, les trois décident de jouer la liberté d'herbes et de fleurs méditerranéennes qui poussent comme elles l'entendent. Hellébores de Corse, buddleias ou arbres à papillons, gattiliers, acanthes, fenouil, verveine de Buenos Aires, céanothes et cistes s'installent alors entre les dalles parallèles de calcaire blanc. Les coquelicots s'invitent et illuminent de leur rougeoiement le petit espace.
En novembre 2004, la mairie prend possession du jardinet.
Dans les couloirs d'Euromed', un bruit court : le maire, président de l'établissement public, n'aime pas beaucoup ce jardin. Son adjointe aux espaces verts affirme aujourd'hui que "les mauvaises remontées de Marseillais qui avaient du mal à comprendre la symbolique de ce parc posaient problème".
Les graines continuent de pousser et des employés du coin d'y venir en casser une.
Le 1er juin, le service des espaces verts convoque les créateurs : l'entreprise chargée du jardin aurait du mal à entretenir les 529 mètres carrés. La surprise qui attend l'équipe est brutale : toutes les plantes du jardinet ont été arrachées, à l'exception de quelques ceanothes et de quelques cistes restés orphelins sur la terre brune.
Les paysagistes, en colère, alertent leurs amis.
Colère en retour du service des espaces verts , qui s'insurge qu'on mette "sur la place publique des petits problèmes qu'on va régler lundi prochain dans une réunion - qu'elle espère constructive".
Selon la responsable , l'arrachage avait pour but de renforcer un peu l'arrosage et, "dans l'esprit d'origine, celui d'un jardin méditerranéen, de replanter des cistes et d'autres plantes".
Quand on lui demande pourquoi avoir arraché si c'est pour replanter à l'identique, elle renvoie à la prochaine réunion.
Il y a plus clair que ses explications embarrassées : un courriel du secrétaire général de la mairie adressé en juin 2004 au service des espaces verts. On y lit : "Je vous confirme la demande du maire tendant à réaliser un nouvel aménagement d'espace vert sur le petit square (...). Le parti pris champêtre qui avait été choisi par l'architecte d'Euroméditerranée ne convient décidément pas, dans la mesure où le visiteur a la fâcheuse impression d'un espace non entretenu. Il s'agit donc de réaliser un petit jardin classique avec quelques plantations faciles à entretenir et, le cas échéant, quelques arbres".
Triste époque pour les coquelicots. Connaîtront-ils le sort des bleuets ? La mauvaise graine, celle des talus, est tenace toutefois.