dimanche 26 avril 2009
353.UN FAIT VÉCU.
Le professeur Bulle est un homme pacifique, ami des femmes, des animaux et deS plantes et ne ferait pas de mal à une poupée Barbie même s’il en avait une en sa possession. Mais comme tous les hommes pacifiques, il y a des limites à ne pas dépasser sinon le bonhomme se fâche. Au bout de la centième fois où il se fait marcher sur le pied, il ne se contrôle plus.
Voilà comment les limites ont été dépassées. Le professeur Bulle prenait une petite bière froide bien mousseuse’ Une Boréale Rousse, le soir devant son feu de foyer lorsqu’on sonna à sa porte. Tiens, se dit-il, on sonne à ma porte. Je n’attends pas de visite et, de toute façon, je n’aime pas la visite. Surtout s’il y a des gens qui viennent avec. Et ils savent qu’il est préférable de me téléphone, de m’envoyer une lettre ou un courriel avant. Et mon serviteur, James, répond que je suis disponible ou non.
La tv de la caméra montrait un jeune homme. Seul. Il se trémoussait et avait l’air d’avoir froid. Il était peu vêtu et son auto ou son skidoo devait être à proximité car personne d’à peu près intelligent ne marche dans la neige comme ça. Et ne pourrait venir ici à pieds sans raquettes ou ski ou chiens de traineau avec un traineau. Et je ne voyais ni l’un ni l’autre. Le professeur Bulle ressentait de la compassion pour lui mais pas au point de l’inviter à coucher.
Sans doute quelqu’un de la ville qui a déjà vu un reportage sur l’hiver et qui a une opinion à ce sujet.
Il était tard le soir et l’habitation du professeur Bulle n’est pas sur le bord de la route, il faut donc faire une bonne marche pour y aller et comme il n’y a rien à vendre, avoir au moins une bonne raison pour faire le détour. Ou des motifs religieux.
Il était déjà arrivé que des gens en panne soient attirés par la lumière et se soient lancés vers elles à la recherche d’aide et de réconfort. Ils eurent des mots aimables mais quant à l’aide automobile, un bon garagiste est préférable lorsqu’il faut aller au-delà du réconfort. C’était sans doute la même chose.
Le professeur, moi, ouvre la porte et au lieu de voir un jeune homme humble et dans la misère, tout repentant de déranger le professeur Bulle dans sa lecture de Cioran et l’écoute de Bach, la divine machine à coudre comme on l’a appelé (quoi de mieux que de penser à la fin des temps avec ce que l’humanité a fait de presque parfait.) et le remerciant de lui avoir ouvert sa porte; il se trouve face à un jeune voyou qui a un tuyau de fer dans la main et des idées violentes au sujet de l’avenir du professeur. Il a aussi un couteau dans un étui de cuir à la ceinture mais a dû penser qu’un tuyau de 1 pouce de diamètre par 2 pieds de long était préférable. C’était pour ça qu’il se trémoussait, parce qu’il avait froid et qu’il cherchait aussi à camoufler le tuyau de fer.
Il n’est vraiment pas poli. Il pousse et demande où est l’$. Comme s’il y avait un coffre-fort ici.
Il ne demande pas, il crie.
C’est tout à fait son idée. C’est vraiment ce qu’il pense. À le comprendre, la maison est grande, et je suis tout seul pour y vivre, il doit bien y avoir en plus de la piscine un coffre. Et une douzaine de vierge blonde de 16 ans nues en train de barboter dans le spa. Il n’y a pas de piscine ni coffre ni lingot d’or, d’argent ou de platine. Et la seule montre que j’ai n’est pas une Rolex mais une Timex presque aussi bonne vielle de 20 ans.
Et il n’a vraiment pas envie d’être contredit.
Je comprends vite qu’essayer de lui expliquer tout ça pourra être compliqué d’autant plus qu’à entendre sa voix et à voir les pupilles de ses yeux, il s’est aidé un peu pour se donner du courage. Aide que tout bon pharmacien pigistes des rues fournit contre quelques billets vrais ou faux.
Et si elle est grande, ce n’est pas une maison mais une machine à habiter selon la belle expression du célèbre architecte qui faisait de belles expressions, d’encore plus beaux fauteuils et des immeubles dégueulasses qui servirent de modèle à tout ce qui est Stalinien non seulement en ex-URSS mais dans le monde entier.
Et, ici, aux boites à pauvres que l’on construisit pendant quelques décennies pour entasser les pauvres et les rendre fous, charitablement, ce qui permettait aussi de rendre plus riche les constructeurs amis du parti au pouvoir.
Entasser la misère les unes par-dessus les autres n’a jamais fait rien de bien bon. Il fallait sans doute l’essayer in-vivo pour savoir quelle était la théorie la meilleure : Celle qui disait que ça ne marcherait pas et celle qui disait que les pauvres seraient reconnaissants.
Finalement, on dû les démolir avant qu’ils ne s’effondrent d’eux-mêmes sur les voyous qui y naissaient sans arrêt. Tant ils étaient mal fait. Leurs locataires auraient pu à force d’y mettre le feu réussir au moins une chose dans leur vie mais on en leur a pas laissé cette chance.
Le seul qui savait traiter les architectes comme il le méritait était le roi Christophe ou Henri 1. Un roi comme le professeur Bulle les aime. Loin et mort. Mais il aime bien lire à leur sujet.
De la même façon les amours déçues de lady Di l’ont bouleversé à l’époque et encore plus sa façon grandiose de mourir, dans une jolie Mercedes et un beau pilier de béton poursuivie d’une meute de journalistes assoiffés de potins. Comme ils sont d’habitude mais ils ont rarement un aussi beau gibier à se mettre sous la dent. Il est surprenant que l’on puisse mourir en Mercedes puisqu’elle est précisément conçue pour que ceux qui ont les moyens de se la procurer au lieu d’une cannette de 7up avec des roues ne meurent pas. Il fallait aller sacrément vite et ne vraiment pas être chanceux. Ou vraiment effrayés de voir toutes les autos des cinglés d’employés des médias lui rentrer dedans.
Une jeune vierge pas très jolie (normal, c’est une anglaise) épousant un prince héritier quinquagénaire pas beau beau attendant que sa vieille mère reine en titre trépasse pour lui laisser la télécommande de la tv et s’épanchant devant tous les micros disponibles quoi de plus beau. On l’aurait fait empailler.
Rien qu’à y penser je m’émeus moi-même.
«Henri, par la grâce de Dieu et la Loi constitutionnelle de l'État Roi d'Haïti, Souverain des Îles de la Tortue, Gonâve, et autres îles adjacentes, Destructeur de la tyrannie, Régénérateur et bienfaiteur de la nation haïtienne, Créateur de ses institutions morales, politiques et guerrières, Premier monarque couronné du Nouveau-Monde, Défenseur de la foi, Fondateur de l'ordre royal et militaire de Saint-Henri ».
Il ne faut pas être n’importe qui pour faire écrire ça et le croire.
Et, pour parfaire sa légende, il fut attaqué par les «insurgés» (son propre peuple), et se suicida le 7 octobre 1820 en se tirant une balle en argent dans le cœur, pendant une messe C’est presque trop beau pour être vrai. On le sortirait de sa tombe pour qu’il recommence devant une caméra pour les nouvelles de 10 heures.
Il aurait gravé sa pierre tombale s’il avait su graver, lire ou écrire. Et aurait lu son propre sermon de louange à son endroit lors du service funèbre mais il fallait malheureusement être mort – inconvénient majeur- soi-même ce qui permettait à d’autres que soi de le faire mais pas aussi bien.
Après l’avoir assassiné, on le regretta comme il arrive souvent.
Il fut inhumé dans sa Citadelle La Ferrière qui était une sorte de double de lui-même. Une extension de son moi. Comme les pyramides pour les Pharaons ou le Vatican. Il devait être presque content de mourir.
Construite à 900 mètres d'altitude, la plus grande forteresse des Caraïbes du genre médiéval de 400 ans trop tard. Ne pas avoir le vertige. On dit et c’est joli que 20 000 esclaves «participèrent aux travaux de construction» (c’est pas beau, ça! Il faut vraiment vivre jusqu’à ce qu’on ait la chance de lire un truc comme ça, alors on se dit : ma vie est remplie, elle a enfin un sens, elle a eu une raison de vivre! Ou quelque chose du genre. D’héroïque, glorieux et bien pensé.)
Les travaux forcés durèrent quatorze années. Et, au minimum, 2000 périrent au cours de la construction. Je vous le dit, c’est haut et tout en haut d’une montagne, sur le bord des ravins. De nos jours, il y a plein de serpents et de touristes
Tout ceci n’aida pas sa popularité. Il était supposé libérer son peuple de l’esclavage des français et le rétablit à son propre compte avec sa variante de la noblesse. Un peu comme Napoléon après la Révolution qui guillotina le roi. Ils héritèrent d’un empereur. Surprise!
Ou Lénine après avoir fait flinguer le tsar et toute la sainte famille. Ou Nixon après avoir fait flinguer Kennedy. Mais ce sont des rumeurs.
Ce «sang mélangé au mortier de l'édifice est la cause de la solidité de la Citadelle», selon les guides touristiques Haïtiens qui ont toujours aimé les belles formules et les personnages historiques. Et en ont eu à vous dégoûter de l’Histoire. Alors, ils viennent ici où on apprécie particulièrement les politiciens ordinaires tout en détestant les chefs d’État.
Ce qui est intéressant au sujet des architectes, c’est que ceux qui construisirent pour lui cette base militaire-prison-château et qui s’attendaient comme dans les contes à être couvert d’or ou à recevoir leur poids en or; il leur fit inaugurer quelques unes des cellules.
Ce qui est très bien. Et tout à fait moral. Même si de basses raisons politiques lui firent prendre cette sage décision. Et encore une fois, tout à fait philosophique. Il voulait éviter que ses secrets stratégiques soient révélés.
De toute façon, il est normal que l’architecte d’une prison y meure. Malheureusement, ça arrive encore trop peu souvent. On a souvenir de quelques princes anciens qui faisaient murer leur architecte dans les épaisses murailles de pierres de leur donjon sitôt leur travail terminé et pour la même raison.
On peut se dire qu’on n’est pas mort en vain.
Tout ceci est presque aussi beau que le texte de Machiavel qui raconte les aventures de son prince préféré à qui il avait dédicacé son livre, en plus, écrit en son honneur : Le Prince (un truc mnémotechnique pour éviter d’oublier). Il lui donne même des conseils ce qui déplu et son Prince qui était connu pour son mauvais caractère le fit emprisonner et torturer. Il y a aussi une morale pour les lèche-bottes.
Les princes sont des êtres sensibles, on le sait. Bref, dans son beau livre, Machiavel raconte et approuve en tapant des deux mains, en bavant et se masturbant en même temps que ce prince avait des sujets qui lui faisaient des misères. Toujours la même chose : les impôts, les taxes, les pendaisons arbitraires, les yeux crevés pour avoir chassé le lapin sur les terres de l’évêque son cousin. Saleté de pauvres!
Il envoya son général préféré régler ce problème. Il le fit si bien que la paix régna enfin. Mais le peuple survivant se plaignit au Prince de ses malheurs. La paix revenu, le Prince voulant regagner le cœur de ses sujets fit scier en deux (vivant) son ex-général.
Il y a encore un belle morale là-dedans, on a envie de la broder. De toute façon, le général avait terminé sa vie utile et ne lui servait maintenant plus à rien vu que la paix était revenu.
Provisoirement.
Puisque les collègues du Prince lui firent des misères même s’il était (dit-on) fils du Pape (il ne faut pas le lui reprocher, les mœurs du temps étant plus souples que celle de nos jours et il (lui et lui, le Prince et le Pape) couchait avec sa sœur et sa fille et avait, dit-on encore (les mauvaises langues) empoisonnés son prédécesseurs pour prendre sa place et ruiné le pays pour acheter les votes de ses ex-collègues cardinaux. Tout à fait le genre de personne le mieux à même pour diriger l’Église Catholique Romaine et faire brûler un tas de sorcières au nom de Jésus. On l’aime déjà.
Alors quand un obscur évêque-cardinal chose en nappe de dentelle Sud-Américain excommunie la mère et les médecins d’une fillette de 9 ans qui a été violée par son (beau?) père pour crime d’incitation à avortement et avortement réel, il n’y a rien de surprenant. Pas davantage qu’on n’excommunie pas le violeur qui a simplement péché et s’est peut-être ou pas repentie. Lui, il n’a pas pris de vie! Au contraire, il en a donné une de plus au monde et à la fillette qui n’en demandait pas tant. Ça de la part du haut clergé local qui a baisé tout ce qu’il y a de général tortionnaires et assassins dans les dernières générations. Et qui baignent jusqu’à la luette dans le sang.
C’est tout à fait le genre de chose qu’on s’attend de voir. Tiens! L’Église excommunie. Il n’y a pas 200 ans, on aurait dit : Tiens l’Église brûle des sorcières samedi. Je vais acheter un billet.
Et on se plaint que les Talibans et autre musulmaniens excités lapident des femmes. C’est tout à fait normal. On tape sur les femmes depuis les derniers 10,000 ans pourquoi pas une de plus. Et pas pour rien ou de bas motifs de fantasmes sexuels, non pour la grande cause : le salut de son âme. Et la madame est pas contente! Ingrate.
Toutes les Églises l’ont fait quand elles avaient le pouvoir de le faire. Et elles le faisaient parce qu’elles en avaient le pouvoir et que personne ne pouvait les en empêcher. Parce qu’il aurait été le second sur la liste. Elles ne pouvaient tout simplement se retenir.
Et la lapidation, c’est une invention des juifs. On lapide à pleine page dans la Bible. Les Romains crucifiaient. Les Catho, lorsqu’ils ont pris le pouvoir du Romain fin de siècle agonisant ont préféré pendre pour ne pas faire de sacrilège puis brûler vif. Ça se voit de loin. Les Romains brûlaient aussi, on n’a donc rien inventé.
Ça porte un message. Un témoignage. On se sent bien après.
On ne brûle plus, non parce qu’on a découvert la bonté ou le Taoïsme mais parce qu’on n’a plus le pouvoir de le faire. CQFD.
C’est comme lorsqu’on lit le dossier criminel d’un bandit multirécidiviste. Qu’il récidive surprend qui? Peut-être, les assistantes sociales qui le trouvaient à leur goût? C’est un violeur et à chaque fois qu’on le libère pour bonne conduite, il viole une autre femme pour fêter ça. Ubu Roi gagnera toujours.
Bref. Le Prince aurait bien aimé avoir sous la main à ce moment son général. Et, faute de général, il dû s’enfuir en laissant son château et tout son fric. C’est ce qui arrive quand on n’arrive pas à contrôler son mauvais caractère, on scie des généraux et torture Machiavel qui vous fait une réputation pour 500 ans.
Mais tout bien considéré, je trouve qu’on devrait faire pareil avec bien des énergumènes d’architectes modernes. Pas les scier, les professeur Bulle n’aime pas faire souffrir les gens. Ou juste un peu. Il se contenterait de faire habiter pour le restant de leurs jours les architectes dans leur création. Et même pas dans une cellule près de la salle à fournaise. Car je suis bon. Oui, il est bon.
Je reviens à ma machine à habiter. Ce n’est ni une maison, ni un foyer, c’est plus une série de roulottes ou de boites en kit préfabriqués que je fais assembler et coller au fur et à mesure des mes besoins. Au lieu d’avoir une seule grande maison construite une fois pour toutes avec de fausses pierres et des tourelles encombrantes. Dans le genre manoir moderne cheap pour gens cheap qui ont trop d’$ et pas d’éducation ni de goût.
On finit toujours par manquer de place et se sentir à l’étroit car il faut toujours en habiter l’intérieur qui a toujours coûté trop cher et se résigner à endurer la place et l’espace restant pour les diverses pièces avec ce qu’on veut y mettre et nous avec. Et si on en change l’usage, c’est là que ça devient vraiment encore plus compliqué. On est dans la «rénovation» sortez le chéquier!
Il y a toujours des murs ou des planchers que l’on ne peut déplacer. Et une épouse qui décide pour vous. Barbe-Bleue avait une solution idéale pour les épouses.
Je préfère ma méthode, dès que je sens un besoin nouveau ou urgent ou que j’ai une envie de bricolage, j’ajoute une aile au corridor principal.
Le plus difficile n’est pas de construire, c’est de convaincre le conseil municipal local qui a toujours à redire au sujet des innovations. La réincarnation de ceux qui ont condamné Galilée.
Mais comme c’est loin de tout et ne semble pas donner le mauvais exemple dans le quartier touristique du village – la rue principale- ça va. Ils ont déjà assez de misère à faire respecter leur loi qui veut que toutes les maisons soient blanches. Et je n’y suis pour rien.
Je reviens à mon visiteur nocturne. Il était déjà menaçant et comme il est plus grand que moi n’a aucune envie de se priver. Il menace encore. Il veut vraiment me cogner. Juste pour me motiver.
Je suis sûr qu’avec de sages conseils, des spécialistes dévoués, il aurait pu être réhabilité et devenir un actif pour la société. Il aurait fait 1/6 de sa sentence et attaqué une petite vieille pour fêter sa sortie avec le contenu de sa sacoche. On ne le saura jamais.
Il s’est avancé pour me donner un bon coup de tuyau et est passé sur la trappe de la porte d’entrée. La trappe s’est ouverte parce qu’elle est faites pour ça et il est tombé dans le puits. Ce n’est pas vraiment un puits mais plutôt une cuve rectangulaire pleine d’eau qui attend les visiteurs désagréables.
Comme les petits chats dans un seau d’eau.
Son avenir était à peu près prévisible.
Il a peut-être compris ce qui était en train de lui arriver et ce qui lui arriverait inévitablement s’il ne trouvait pas les mots adéquats pour rétablir les paix entre nous. Mais comme à l’école, il a manqué de mots.
Il a plutôt agité les bras et m’a menacé quand il a finalement intellectualisé ce qui lui arrivait. Il fallait que je le sorte de là sinon…
Quand on est dans une cuve en acier de 10 pieds de haut par 4 pieds et 4 pieds de large remplie d’eau, on ne menace pas les gens.
On reste poli.
S’il était resté poli, il ne serait pas tombé dans le puits.
Surtout pas engueuler la seule personne qui sait que vous êtes là et qui peut, pourrait, aurait pu, peut-être, vous sortir de là. Menacer est contre-productif.
Mais le manque de jugement de certaine personne supposément adulte m’a toujours sidéré.
Parfois, ça accompagne inévitablement le manque d’intelligence. Parfois, comme un vice de la Nature, ça poursuite comme une bonne blague la personne intelligente. Ou qui aurait pu l’être si son cerveau avait été au complet.
Comme si la Nature faisait une autre farce : tu vois, je t’ai donné un cerveau hyper performant, ce que je ne fais pas pour tout le monde mais –surprise!- je ne te donnerai pas les instructions pour t’en servir. Content! Le pire, c’est que la personne est la dernière à s’apercevoir de son problème.
J’aurais pu ne rien faire. Il était plus grand et plus jeune que moi. J’aurais pris toute une raclée. Et si j’étais encore à peu près vivant ensuite et que les flics me retrouvent, deux possibilités à étudier. Au procès, j’aurais parlé de mes malheurs. Il aurait décrit les siens. Une enfance malheureuse. Tout le kit. Les malheureux se reproduisent entre eux et personne ne fait rien contre ça. Il aurait été un peu en prison pour payer sa dette à la société. Et j’aurais poussé les roues de ma chaise roulante. Ou contrôlé la chaise à moteur électrique avec un interrupteur buccal. C’est très bien. C’est comme une paille. On peut souffler. Il y en a d’autres que l’on manipule avec le menton.
Le voyou flottait dans le noir. En bas. Mais de moins en moins. Il parlait aussi moins car quand il essayait, il avalait de l’eau et étouffait.
D’en haut, ça donne le vertige. J’ai facilement le vertige. J’ai peut être dit une parole historique mais je ne m’en souviens pas.
La noyade est une des morts les plus douces, dit-on. Je n’ai jamais essayé mais j’ai vu plusieurs noyades. Chez-moi entre autre.
Une des raisons qui me font tant aimer bricoler ma machine à habiter. Je ne pourrais probablement pas faire ça si je vivais en appartement.
Au bout de 3 minutes, comme les autres, il avait cessé de battre l’eau. Mais comme on n’est jamais sûr –j’ai vu de beaux cas qui pouvaient survivre en flottant silencieux en attendant le bon moment. Comme s’ils dormaient entre 2 eaux. Comme si la Nature dans sa permutation génétique constante avait prévu une autre sorte d’être, au cas-où, du genre semi-amphibien. Au cas où les humains devraient retourner à la mer après avoir merdé sur terre comme on dit que certains dinosaures ont fait et sont redevenus loup de mer ou baleine.
Mais au bout d’un certain temps, d’assez de temps, mêmes les grenouilles finissent par se noyer.
J’ai refermé la trappe et attendu le lendemain.
J’ai vidé la cuve, le lendemain et l’ai rempli aussitôt au cas où j’aurais de la visite. Il était bien là comme un poisson mort, échoué sur la plage de béton du sous-sol. J’ai enlevé ses vêtements pour les brûler dans la fournaise. Et j’ai trouvé un plan de l’extérieur de ma machine à habiter. Il faisait le guet depuis quelques jours, avait repéré les meilleurs endroits par où se faufiler et attendait le bon moment. Il pensait sans doute entrer par effraction lorsque je sortirais mais je ne sors jamais. Ou à peu près pas. Ça m’est déjà arrivé, je n’ai pas aimé et ce que j’ai vu m’a déplu et je suis revenu. Et je sors maintenant de moins en moins. Le monde n’a pas besoin de moi ni moi de lui.
Je l’ai mis dans le congélateur avec les autres. On a beau ne vouloir de mal à personne, vivre isolé en savant philosophe, il y a toujours quelqu’un qui vient vous faire chier. Si ce n’était que d’endurer un témoin de Jéhovah vous parler du jugement dernier, ce n’est qu’un ennui passager pour avoir le droit de vivre en société. Il s’en va, tout content de lui. La madame des produits Avon qui a décidé que j’avais besoin de crème hydratante. Elle vient souvent et m’apporte des carrés aux dates.
Non, là-dedans, il y a les vrais spécimens d’ordure. Différentes variétés comme sait si bien faire la société.
Là-dedans, il y a mon avocat, mon courtier, une ex-femme, un voisin désagréable. Quelques voyous et de vrais bandits. Et je ne sais plus qui. À la longue, on oublie. Je suis distrait de nature.
Si on se laisse faire, on se fait bouffer par les parasites, prédateurs et autres vermines. Je tire le premier. Expression classique. Mais qui fut vrai un moment lorsque j’utilisais un pistolet à silencieux. Mais ça manque de poésie.
Quand la vermine se nie je met de la musique. Enya. C’est tout poétique. Il doit être content tout en bas.
Généralement, les gens l’avaient mérité. Mais il m’est arrivé de faire des erreurs. Qui n’en fait pas. Je ne suis pas parfait.
Il y a des gens qui n’auraient pas mérité de mourir mais ils étaient là au mauvais endroit au mauvais moment. Et de toute façon, tout le monde meurt.
Ce n’est qu’une question de temps. Dès la naissance, le tic tac commence. Le mécanisme est remonté, il se démonte, les rouages tournent, les ressorts se détendent ou se déroulent.
On a un certain nombre de jours, pas plus. C’aurait pu être un accident d’auto, un éclair, un empoisonnement alimentaire.
Je sais qu’il est mal vu et même défendu de tuer ici. Même en cas de légitime défense, on en fait tout un concert. Et, imaginez les débats au sujet de la légitime défense préventive.
Comme c’est mignon, on défend l’assassinat mais les mêmes permettent le meurtre en gros à toutes les 2 générations. Et même pas pour se défendre. Pour voler. Violer pour la détente. Et on le sait les salopes n’attendent que ça!
Il suffit de se mettre un uniforme. En rang. Et on peut tout faire ce qui vous aurait conduit à la prison à vie il y a pas 15 jours.
Et on tue ceux qui essaient de garder leurs biens. Et de protéger leur famille.
Quand on a gagné, on remplit tous les musées avec ce qu’on appelle «prise de guerre». C’est même prévu légalement.
Les riches se remplissent les poches. Eux ne se battent plus depuis la fin des Croisades.
Et on tasse les amochés dans un coin. Le programme est terminé, on passe au conte de fée. Oubliez! Oubliez! Il ne s’est rien passé. 10.9.8. Et on oublie. 3.2.1. Ça marche à tous les coups. À zéro, vous rouvrirez les yeux et vous ne vous souviendrez plus de rien. Et vous n’en parlerez à personne. Si vous vous souvenez vaguement, ce sera notre petit secret. Après tout, vous êtes bien chanceux d’être revenu en vie avec tous vos membres et presque la totalité de votre cerveau.
C’est pour ça qu’on recommence. Pourquoi se gêner! Parce qu’on peut le faire. Tout simplement. Comme la lapidation. Et les bûchers de sorcières.
Et il y a 10,000 ans que ça dure.
Alors les fabricants de morale…
Une fois dans le congélateur coffre – c’est le modèle le plus grand chez Sears, on peut y mettre 10 personnes allongées. C’est très pratique. Au moment de l’achat, ils en vendaient 2 pour un. J’en ai donc un pour la visite et l’autre pour les poulets de mon poulailler et autre bétail.
Comme personne ne sait ce qu’on donne comme nourriture aux animaux (et ne veut le savoir) que l’on consomme par la suite, je préfère contrôler moi-même cette opération.
Une fois bien gelé et raide mort, il est très facile de faire disparaître le corps. Une scie au laser de mon invention permet de les découper en tranche mince comme du jambon. Os compris. C’est très hygiénique. Et ça ne fait pas mal. Les morts sont déjà morts.
Je me demande, parfois, s’il y a un ciel ou un enfer. Mais les personnes les plus vieilles et les plus religieuses à qui j’ai ai parlé (de ce problème théologique, non de mon congélateur) m’ont dit qu’au bout de leur longue vie, ils en étaient venu à la conclusion que l’enfer était ici. On n’en parle pas pour en pas décourager les gens qui se découragent si facilement. En vivant longtemps, on ne fait qu’endurer ses misères plus que nécessaire.
Les congelés de mon congélateur ont donc le meilleur des 2 mondes : une mort prématurée. Et sans douleur, Ni angoisse.
Je mélange les tranches avec la nourriture de ma truie Francine. La grosse sorcière bouffe tout. Elle est gloutonne comme une vraie truie. Elle me fait penser à la femme d’un ancien voisin. Peut-être la réincarnation d’une sorcière.
Francine III. Car elle a eu des mères et grands-mères qui ont fini en jambons.
Les protéines, il n’y a que ça ou les hormones qui sont les préférés des producteurs de porcs car ils coutent moins cher. Avec les recettes chimiques. Un bout de temps, ils pouvaient avoir les carcasses d’animaux morts malades incinérés mais la maladie supplémentaire de la vache folle a rendu illégale donc plus coûteuse cette innovation technique.
Qui aurait pensé donner à des herbivores des vaches mortes? Les humains, bien sûr. Il fallait le faire, non?!
On a essayé de faire mieux, toujours dans le noble but de produire plus à moindre coût.
On a aussi essayé les vieux journaux, le bran de scie et même la merde déshydratés de nos égouts. Tout pour diminuer les coûts des intrants. Tandis que le coût d’achat ne fait qu’augmenter. Sans compter les subventions.
La meilleure façon de résoudre le problème de la stupidité humaine et de la cupidité ( à part l’extermination de l’espèce…Selon les spécialistes, la 6e extinction en ligne est en cours de production présentement.) est d’avoir sa propre petite ferme.
Comme Marie-Antoinette mais je ne mets pas de boucle et de ruban à mes moutons.
Il est surprenant comme Francine a un bon appétit, elle vous bouffe un mort congelé en tranches en un mois. Et en redemande. Elle pourrait passer tout le village en un an. Elle grossit donc à vue d’œil.
C’est un cimetière à elle toute seule. La plupart des gens meurent pour rien du tout. Pas vraiment, finalement, ils sont recyclé sous terre et deviennent du gazon. Ça prend du temps. Mais ils ont enfin tout leur temps. L’éternité devant eux. Et ça prend même pas l’éternité.
Alors qu’ici, ils deviennent le temps de le dire de la viande de cochon. Il faudrait écrire les noms que contient le corps de Francine.
Sauf un. Elle a un odorat particulier, particulièrement fin et peut vous détecter une maladie comme le meilleur médecin légiste. Elle n’aime pas ceux qui abusent des médicaments ou des drogues. Ça doit donner un arrière-goût à la viande. Elle qui pourtant bouffe avec appétit autant de la bouette que de la salade. Ou des restes de table. Mon bac à recyclage personnel.
Il a donc fallu que j’améliore mon système. Une torche à plasma peut réduire en cendre n’importe quoi. C’est précisément ce qu’il fallait faire. La nécessité est mère de l’invention. J’ai déposé un brevet.
Une fois terminé ce travail et, après avoir huilé le moteur de ma fournaise, je retourne à ma collection de livres de recettes. J’aime bien les feuilleter, surtout les photos. C’est un peu comme la pornographie. Les articles et les photos. Il y a bien des trucs qu’on n’essayera jamais mais qu’on est content de connaître. L’inventivité humaine n’a pas de limite malgré celles du corps. Mais on fait avec.
Tiens! On sonne à ma porte.
Voilà comment les limites ont été dépassées. Le professeur Bulle prenait une petite bière froide bien mousseuse’ Une Boréale Rousse, le soir devant son feu de foyer lorsqu’on sonna à sa porte. Tiens, se dit-il, on sonne à ma porte. Je n’attends pas de visite et, de toute façon, je n’aime pas la visite. Surtout s’il y a des gens qui viennent avec. Et ils savent qu’il est préférable de me téléphone, de m’envoyer une lettre ou un courriel avant. Et mon serviteur, James, répond que je suis disponible ou non.
La tv de la caméra montrait un jeune homme. Seul. Il se trémoussait et avait l’air d’avoir froid. Il était peu vêtu et son auto ou son skidoo devait être à proximité car personne d’à peu près intelligent ne marche dans la neige comme ça. Et ne pourrait venir ici à pieds sans raquettes ou ski ou chiens de traineau avec un traineau. Et je ne voyais ni l’un ni l’autre. Le professeur Bulle ressentait de la compassion pour lui mais pas au point de l’inviter à coucher.
Sans doute quelqu’un de la ville qui a déjà vu un reportage sur l’hiver et qui a une opinion à ce sujet.
Il était tard le soir et l’habitation du professeur Bulle n’est pas sur le bord de la route, il faut donc faire une bonne marche pour y aller et comme il n’y a rien à vendre, avoir au moins une bonne raison pour faire le détour. Ou des motifs religieux.
Il était déjà arrivé que des gens en panne soient attirés par la lumière et se soient lancés vers elles à la recherche d’aide et de réconfort. Ils eurent des mots aimables mais quant à l’aide automobile, un bon garagiste est préférable lorsqu’il faut aller au-delà du réconfort. C’était sans doute la même chose.
Le professeur, moi, ouvre la porte et au lieu de voir un jeune homme humble et dans la misère, tout repentant de déranger le professeur Bulle dans sa lecture de Cioran et l’écoute de Bach, la divine machine à coudre comme on l’a appelé (quoi de mieux que de penser à la fin des temps avec ce que l’humanité a fait de presque parfait.) et le remerciant de lui avoir ouvert sa porte; il se trouve face à un jeune voyou qui a un tuyau de fer dans la main et des idées violentes au sujet de l’avenir du professeur. Il a aussi un couteau dans un étui de cuir à la ceinture mais a dû penser qu’un tuyau de 1 pouce de diamètre par 2 pieds de long était préférable. C’était pour ça qu’il se trémoussait, parce qu’il avait froid et qu’il cherchait aussi à camoufler le tuyau de fer.
Il n’est vraiment pas poli. Il pousse et demande où est l’$. Comme s’il y avait un coffre-fort ici.
Il ne demande pas, il crie.
C’est tout à fait son idée. C’est vraiment ce qu’il pense. À le comprendre, la maison est grande, et je suis tout seul pour y vivre, il doit bien y avoir en plus de la piscine un coffre. Et une douzaine de vierge blonde de 16 ans nues en train de barboter dans le spa. Il n’y a pas de piscine ni coffre ni lingot d’or, d’argent ou de platine. Et la seule montre que j’ai n’est pas une Rolex mais une Timex presque aussi bonne vielle de 20 ans.
Et il n’a vraiment pas envie d’être contredit.
Je comprends vite qu’essayer de lui expliquer tout ça pourra être compliqué d’autant plus qu’à entendre sa voix et à voir les pupilles de ses yeux, il s’est aidé un peu pour se donner du courage. Aide que tout bon pharmacien pigistes des rues fournit contre quelques billets vrais ou faux.
Et si elle est grande, ce n’est pas une maison mais une machine à habiter selon la belle expression du célèbre architecte qui faisait de belles expressions, d’encore plus beaux fauteuils et des immeubles dégueulasses qui servirent de modèle à tout ce qui est Stalinien non seulement en ex-URSS mais dans le monde entier.
Et, ici, aux boites à pauvres que l’on construisit pendant quelques décennies pour entasser les pauvres et les rendre fous, charitablement, ce qui permettait aussi de rendre plus riche les constructeurs amis du parti au pouvoir.
Entasser la misère les unes par-dessus les autres n’a jamais fait rien de bien bon. Il fallait sans doute l’essayer in-vivo pour savoir quelle était la théorie la meilleure : Celle qui disait que ça ne marcherait pas et celle qui disait que les pauvres seraient reconnaissants.
Finalement, on dû les démolir avant qu’ils ne s’effondrent d’eux-mêmes sur les voyous qui y naissaient sans arrêt. Tant ils étaient mal fait. Leurs locataires auraient pu à force d’y mettre le feu réussir au moins une chose dans leur vie mais on en leur a pas laissé cette chance.
Le seul qui savait traiter les architectes comme il le méritait était le roi Christophe ou Henri 1. Un roi comme le professeur Bulle les aime. Loin et mort. Mais il aime bien lire à leur sujet.
De la même façon les amours déçues de lady Di l’ont bouleversé à l’époque et encore plus sa façon grandiose de mourir, dans une jolie Mercedes et un beau pilier de béton poursuivie d’une meute de journalistes assoiffés de potins. Comme ils sont d’habitude mais ils ont rarement un aussi beau gibier à se mettre sous la dent. Il est surprenant que l’on puisse mourir en Mercedes puisqu’elle est précisément conçue pour que ceux qui ont les moyens de se la procurer au lieu d’une cannette de 7up avec des roues ne meurent pas. Il fallait aller sacrément vite et ne vraiment pas être chanceux. Ou vraiment effrayés de voir toutes les autos des cinglés d’employés des médias lui rentrer dedans.
Une jeune vierge pas très jolie (normal, c’est une anglaise) épousant un prince héritier quinquagénaire pas beau beau attendant que sa vieille mère reine en titre trépasse pour lui laisser la télécommande de la tv et s’épanchant devant tous les micros disponibles quoi de plus beau. On l’aurait fait empailler.
Rien qu’à y penser je m’émeus moi-même.
«Henri, par la grâce de Dieu et la Loi constitutionnelle de l'État Roi d'Haïti, Souverain des Îles de la Tortue, Gonâve, et autres îles adjacentes, Destructeur de la tyrannie, Régénérateur et bienfaiteur de la nation haïtienne, Créateur de ses institutions morales, politiques et guerrières, Premier monarque couronné du Nouveau-Monde, Défenseur de la foi, Fondateur de l'ordre royal et militaire de Saint-Henri ».
Il ne faut pas être n’importe qui pour faire écrire ça et le croire.
Et, pour parfaire sa légende, il fut attaqué par les «insurgés» (son propre peuple), et se suicida le 7 octobre 1820 en se tirant une balle en argent dans le cœur, pendant une messe C’est presque trop beau pour être vrai. On le sortirait de sa tombe pour qu’il recommence devant une caméra pour les nouvelles de 10 heures.
Il aurait gravé sa pierre tombale s’il avait su graver, lire ou écrire. Et aurait lu son propre sermon de louange à son endroit lors du service funèbre mais il fallait malheureusement être mort – inconvénient majeur- soi-même ce qui permettait à d’autres que soi de le faire mais pas aussi bien.
Après l’avoir assassiné, on le regretta comme il arrive souvent.
Il fut inhumé dans sa Citadelle La Ferrière qui était une sorte de double de lui-même. Une extension de son moi. Comme les pyramides pour les Pharaons ou le Vatican. Il devait être presque content de mourir.
Construite à 900 mètres d'altitude, la plus grande forteresse des Caraïbes du genre médiéval de 400 ans trop tard. Ne pas avoir le vertige. On dit et c’est joli que 20 000 esclaves «participèrent aux travaux de construction» (c’est pas beau, ça! Il faut vraiment vivre jusqu’à ce qu’on ait la chance de lire un truc comme ça, alors on se dit : ma vie est remplie, elle a enfin un sens, elle a eu une raison de vivre! Ou quelque chose du genre. D’héroïque, glorieux et bien pensé.)
Les travaux forcés durèrent quatorze années. Et, au minimum, 2000 périrent au cours de la construction. Je vous le dit, c’est haut et tout en haut d’une montagne, sur le bord des ravins. De nos jours, il y a plein de serpents et de touristes
Tout ceci n’aida pas sa popularité. Il était supposé libérer son peuple de l’esclavage des français et le rétablit à son propre compte avec sa variante de la noblesse. Un peu comme Napoléon après la Révolution qui guillotina le roi. Ils héritèrent d’un empereur. Surprise!
Ou Lénine après avoir fait flinguer le tsar et toute la sainte famille. Ou Nixon après avoir fait flinguer Kennedy. Mais ce sont des rumeurs.
Ce «sang mélangé au mortier de l'édifice est la cause de la solidité de la Citadelle», selon les guides touristiques Haïtiens qui ont toujours aimé les belles formules et les personnages historiques. Et en ont eu à vous dégoûter de l’Histoire. Alors, ils viennent ici où on apprécie particulièrement les politiciens ordinaires tout en détestant les chefs d’État.
Ce qui est intéressant au sujet des architectes, c’est que ceux qui construisirent pour lui cette base militaire-prison-château et qui s’attendaient comme dans les contes à être couvert d’or ou à recevoir leur poids en or; il leur fit inaugurer quelques unes des cellules.
Ce qui est très bien. Et tout à fait moral. Même si de basses raisons politiques lui firent prendre cette sage décision. Et encore une fois, tout à fait philosophique. Il voulait éviter que ses secrets stratégiques soient révélés.
De toute façon, il est normal que l’architecte d’une prison y meure. Malheureusement, ça arrive encore trop peu souvent. On a souvenir de quelques princes anciens qui faisaient murer leur architecte dans les épaisses murailles de pierres de leur donjon sitôt leur travail terminé et pour la même raison.
On peut se dire qu’on n’est pas mort en vain.
Tout ceci est presque aussi beau que le texte de Machiavel qui raconte les aventures de son prince préféré à qui il avait dédicacé son livre, en plus, écrit en son honneur : Le Prince (un truc mnémotechnique pour éviter d’oublier). Il lui donne même des conseils ce qui déplu et son Prince qui était connu pour son mauvais caractère le fit emprisonner et torturer. Il y a aussi une morale pour les lèche-bottes.
Les princes sont des êtres sensibles, on le sait. Bref, dans son beau livre, Machiavel raconte et approuve en tapant des deux mains, en bavant et se masturbant en même temps que ce prince avait des sujets qui lui faisaient des misères. Toujours la même chose : les impôts, les taxes, les pendaisons arbitraires, les yeux crevés pour avoir chassé le lapin sur les terres de l’évêque son cousin. Saleté de pauvres!
Il envoya son général préféré régler ce problème. Il le fit si bien que la paix régna enfin. Mais le peuple survivant se plaignit au Prince de ses malheurs. La paix revenu, le Prince voulant regagner le cœur de ses sujets fit scier en deux (vivant) son ex-général.
Il y a encore un belle morale là-dedans, on a envie de la broder. De toute façon, le général avait terminé sa vie utile et ne lui servait maintenant plus à rien vu que la paix était revenu.
Provisoirement.
Puisque les collègues du Prince lui firent des misères même s’il était (dit-on) fils du Pape (il ne faut pas le lui reprocher, les mœurs du temps étant plus souples que celle de nos jours et il (lui et lui, le Prince et le Pape) couchait avec sa sœur et sa fille et avait, dit-on encore (les mauvaises langues) empoisonnés son prédécesseurs pour prendre sa place et ruiné le pays pour acheter les votes de ses ex-collègues cardinaux. Tout à fait le genre de personne le mieux à même pour diriger l’Église Catholique Romaine et faire brûler un tas de sorcières au nom de Jésus. On l’aime déjà.
Alors quand un obscur évêque-cardinal chose en nappe de dentelle Sud-Américain excommunie la mère et les médecins d’une fillette de 9 ans qui a été violée par son (beau?) père pour crime d’incitation à avortement et avortement réel, il n’y a rien de surprenant. Pas davantage qu’on n’excommunie pas le violeur qui a simplement péché et s’est peut-être ou pas repentie. Lui, il n’a pas pris de vie! Au contraire, il en a donné une de plus au monde et à la fillette qui n’en demandait pas tant. Ça de la part du haut clergé local qui a baisé tout ce qu’il y a de général tortionnaires et assassins dans les dernières générations. Et qui baignent jusqu’à la luette dans le sang.
C’est tout à fait le genre de chose qu’on s’attend de voir. Tiens! L’Église excommunie. Il n’y a pas 200 ans, on aurait dit : Tiens l’Église brûle des sorcières samedi. Je vais acheter un billet.
Et on se plaint que les Talibans et autre musulmaniens excités lapident des femmes. C’est tout à fait normal. On tape sur les femmes depuis les derniers 10,000 ans pourquoi pas une de plus. Et pas pour rien ou de bas motifs de fantasmes sexuels, non pour la grande cause : le salut de son âme. Et la madame est pas contente! Ingrate.
Toutes les Églises l’ont fait quand elles avaient le pouvoir de le faire. Et elles le faisaient parce qu’elles en avaient le pouvoir et que personne ne pouvait les en empêcher. Parce qu’il aurait été le second sur la liste. Elles ne pouvaient tout simplement se retenir.
Et la lapidation, c’est une invention des juifs. On lapide à pleine page dans la Bible. Les Romains crucifiaient. Les Catho, lorsqu’ils ont pris le pouvoir du Romain fin de siècle agonisant ont préféré pendre pour ne pas faire de sacrilège puis brûler vif. Ça se voit de loin. Les Romains brûlaient aussi, on n’a donc rien inventé.
Ça porte un message. Un témoignage. On se sent bien après.
On ne brûle plus, non parce qu’on a découvert la bonté ou le Taoïsme mais parce qu’on n’a plus le pouvoir de le faire. CQFD.
C’est comme lorsqu’on lit le dossier criminel d’un bandit multirécidiviste. Qu’il récidive surprend qui? Peut-être, les assistantes sociales qui le trouvaient à leur goût? C’est un violeur et à chaque fois qu’on le libère pour bonne conduite, il viole une autre femme pour fêter ça. Ubu Roi gagnera toujours.
Bref. Le Prince aurait bien aimé avoir sous la main à ce moment son général. Et, faute de général, il dû s’enfuir en laissant son château et tout son fric. C’est ce qui arrive quand on n’arrive pas à contrôler son mauvais caractère, on scie des généraux et torture Machiavel qui vous fait une réputation pour 500 ans.
Mais tout bien considéré, je trouve qu’on devrait faire pareil avec bien des énergumènes d’architectes modernes. Pas les scier, les professeur Bulle n’aime pas faire souffrir les gens. Ou juste un peu. Il se contenterait de faire habiter pour le restant de leurs jours les architectes dans leur création. Et même pas dans une cellule près de la salle à fournaise. Car je suis bon. Oui, il est bon.
Je reviens à ma machine à habiter. Ce n’est ni une maison, ni un foyer, c’est plus une série de roulottes ou de boites en kit préfabriqués que je fais assembler et coller au fur et à mesure des mes besoins. Au lieu d’avoir une seule grande maison construite une fois pour toutes avec de fausses pierres et des tourelles encombrantes. Dans le genre manoir moderne cheap pour gens cheap qui ont trop d’$ et pas d’éducation ni de goût.
On finit toujours par manquer de place et se sentir à l’étroit car il faut toujours en habiter l’intérieur qui a toujours coûté trop cher et se résigner à endurer la place et l’espace restant pour les diverses pièces avec ce qu’on veut y mettre et nous avec. Et si on en change l’usage, c’est là que ça devient vraiment encore plus compliqué. On est dans la «rénovation» sortez le chéquier!
Il y a toujours des murs ou des planchers que l’on ne peut déplacer. Et une épouse qui décide pour vous. Barbe-Bleue avait une solution idéale pour les épouses.
Je préfère ma méthode, dès que je sens un besoin nouveau ou urgent ou que j’ai une envie de bricolage, j’ajoute une aile au corridor principal.
Le plus difficile n’est pas de construire, c’est de convaincre le conseil municipal local qui a toujours à redire au sujet des innovations. La réincarnation de ceux qui ont condamné Galilée.
Mais comme c’est loin de tout et ne semble pas donner le mauvais exemple dans le quartier touristique du village – la rue principale- ça va. Ils ont déjà assez de misère à faire respecter leur loi qui veut que toutes les maisons soient blanches. Et je n’y suis pour rien.
Je reviens à mon visiteur nocturne. Il était déjà menaçant et comme il est plus grand que moi n’a aucune envie de se priver. Il menace encore. Il veut vraiment me cogner. Juste pour me motiver.
Je suis sûr qu’avec de sages conseils, des spécialistes dévoués, il aurait pu être réhabilité et devenir un actif pour la société. Il aurait fait 1/6 de sa sentence et attaqué une petite vieille pour fêter sa sortie avec le contenu de sa sacoche. On ne le saura jamais.
Il s’est avancé pour me donner un bon coup de tuyau et est passé sur la trappe de la porte d’entrée. La trappe s’est ouverte parce qu’elle est faites pour ça et il est tombé dans le puits. Ce n’est pas vraiment un puits mais plutôt une cuve rectangulaire pleine d’eau qui attend les visiteurs désagréables.
Comme les petits chats dans un seau d’eau.
Son avenir était à peu près prévisible.
Il a peut-être compris ce qui était en train de lui arriver et ce qui lui arriverait inévitablement s’il ne trouvait pas les mots adéquats pour rétablir les paix entre nous. Mais comme à l’école, il a manqué de mots.
Il a plutôt agité les bras et m’a menacé quand il a finalement intellectualisé ce qui lui arrivait. Il fallait que je le sorte de là sinon…
Quand on est dans une cuve en acier de 10 pieds de haut par 4 pieds et 4 pieds de large remplie d’eau, on ne menace pas les gens.
On reste poli.
S’il était resté poli, il ne serait pas tombé dans le puits.
Surtout pas engueuler la seule personne qui sait que vous êtes là et qui peut, pourrait, aurait pu, peut-être, vous sortir de là. Menacer est contre-productif.
Mais le manque de jugement de certaine personne supposément adulte m’a toujours sidéré.
Parfois, ça accompagne inévitablement le manque d’intelligence. Parfois, comme un vice de la Nature, ça poursuite comme une bonne blague la personne intelligente. Ou qui aurait pu l’être si son cerveau avait été au complet.
Comme si la Nature faisait une autre farce : tu vois, je t’ai donné un cerveau hyper performant, ce que je ne fais pas pour tout le monde mais –surprise!- je ne te donnerai pas les instructions pour t’en servir. Content! Le pire, c’est que la personne est la dernière à s’apercevoir de son problème.
J’aurais pu ne rien faire. Il était plus grand et plus jeune que moi. J’aurais pris toute une raclée. Et si j’étais encore à peu près vivant ensuite et que les flics me retrouvent, deux possibilités à étudier. Au procès, j’aurais parlé de mes malheurs. Il aurait décrit les siens. Une enfance malheureuse. Tout le kit. Les malheureux se reproduisent entre eux et personne ne fait rien contre ça. Il aurait été un peu en prison pour payer sa dette à la société. Et j’aurais poussé les roues de ma chaise roulante. Ou contrôlé la chaise à moteur électrique avec un interrupteur buccal. C’est très bien. C’est comme une paille. On peut souffler. Il y en a d’autres que l’on manipule avec le menton.
Le voyou flottait dans le noir. En bas. Mais de moins en moins. Il parlait aussi moins car quand il essayait, il avalait de l’eau et étouffait.
D’en haut, ça donne le vertige. J’ai facilement le vertige. J’ai peut être dit une parole historique mais je ne m’en souviens pas.
La noyade est une des morts les plus douces, dit-on. Je n’ai jamais essayé mais j’ai vu plusieurs noyades. Chez-moi entre autre.
Une des raisons qui me font tant aimer bricoler ma machine à habiter. Je ne pourrais probablement pas faire ça si je vivais en appartement.
Au bout de 3 minutes, comme les autres, il avait cessé de battre l’eau. Mais comme on n’est jamais sûr –j’ai vu de beaux cas qui pouvaient survivre en flottant silencieux en attendant le bon moment. Comme s’ils dormaient entre 2 eaux. Comme si la Nature dans sa permutation génétique constante avait prévu une autre sorte d’être, au cas-où, du genre semi-amphibien. Au cas où les humains devraient retourner à la mer après avoir merdé sur terre comme on dit que certains dinosaures ont fait et sont redevenus loup de mer ou baleine.
Mais au bout d’un certain temps, d’assez de temps, mêmes les grenouilles finissent par se noyer.
J’ai refermé la trappe et attendu le lendemain.
J’ai vidé la cuve, le lendemain et l’ai rempli aussitôt au cas où j’aurais de la visite. Il était bien là comme un poisson mort, échoué sur la plage de béton du sous-sol. J’ai enlevé ses vêtements pour les brûler dans la fournaise. Et j’ai trouvé un plan de l’extérieur de ma machine à habiter. Il faisait le guet depuis quelques jours, avait repéré les meilleurs endroits par où se faufiler et attendait le bon moment. Il pensait sans doute entrer par effraction lorsque je sortirais mais je ne sors jamais. Ou à peu près pas. Ça m’est déjà arrivé, je n’ai pas aimé et ce que j’ai vu m’a déplu et je suis revenu. Et je sors maintenant de moins en moins. Le monde n’a pas besoin de moi ni moi de lui.
Je l’ai mis dans le congélateur avec les autres. On a beau ne vouloir de mal à personne, vivre isolé en savant philosophe, il y a toujours quelqu’un qui vient vous faire chier. Si ce n’était que d’endurer un témoin de Jéhovah vous parler du jugement dernier, ce n’est qu’un ennui passager pour avoir le droit de vivre en société. Il s’en va, tout content de lui. La madame des produits Avon qui a décidé que j’avais besoin de crème hydratante. Elle vient souvent et m’apporte des carrés aux dates.
Non, là-dedans, il y a les vrais spécimens d’ordure. Différentes variétés comme sait si bien faire la société.
Là-dedans, il y a mon avocat, mon courtier, une ex-femme, un voisin désagréable. Quelques voyous et de vrais bandits. Et je ne sais plus qui. À la longue, on oublie. Je suis distrait de nature.
Si on se laisse faire, on se fait bouffer par les parasites, prédateurs et autres vermines. Je tire le premier. Expression classique. Mais qui fut vrai un moment lorsque j’utilisais un pistolet à silencieux. Mais ça manque de poésie.
Quand la vermine se nie je met de la musique. Enya. C’est tout poétique. Il doit être content tout en bas.
Généralement, les gens l’avaient mérité. Mais il m’est arrivé de faire des erreurs. Qui n’en fait pas. Je ne suis pas parfait.
Il y a des gens qui n’auraient pas mérité de mourir mais ils étaient là au mauvais endroit au mauvais moment. Et de toute façon, tout le monde meurt.
Ce n’est qu’une question de temps. Dès la naissance, le tic tac commence. Le mécanisme est remonté, il se démonte, les rouages tournent, les ressorts se détendent ou se déroulent.
On a un certain nombre de jours, pas plus. C’aurait pu être un accident d’auto, un éclair, un empoisonnement alimentaire.
Je sais qu’il est mal vu et même défendu de tuer ici. Même en cas de légitime défense, on en fait tout un concert. Et, imaginez les débats au sujet de la légitime défense préventive.
Comme c’est mignon, on défend l’assassinat mais les mêmes permettent le meurtre en gros à toutes les 2 générations. Et même pas pour se défendre. Pour voler. Violer pour la détente. Et on le sait les salopes n’attendent que ça!
Il suffit de se mettre un uniforme. En rang. Et on peut tout faire ce qui vous aurait conduit à la prison à vie il y a pas 15 jours.
Et on tue ceux qui essaient de garder leurs biens. Et de protéger leur famille.
Quand on a gagné, on remplit tous les musées avec ce qu’on appelle «prise de guerre». C’est même prévu légalement.
Les riches se remplissent les poches. Eux ne se battent plus depuis la fin des Croisades.
Et on tasse les amochés dans un coin. Le programme est terminé, on passe au conte de fée. Oubliez! Oubliez! Il ne s’est rien passé. 10.9.8. Et on oublie. 3.2.1. Ça marche à tous les coups. À zéro, vous rouvrirez les yeux et vous ne vous souviendrez plus de rien. Et vous n’en parlerez à personne. Si vous vous souvenez vaguement, ce sera notre petit secret. Après tout, vous êtes bien chanceux d’être revenu en vie avec tous vos membres et presque la totalité de votre cerveau.
C’est pour ça qu’on recommence. Pourquoi se gêner! Parce qu’on peut le faire. Tout simplement. Comme la lapidation. Et les bûchers de sorcières.
Et il y a 10,000 ans que ça dure.
Alors les fabricants de morale…
Une fois dans le congélateur coffre – c’est le modèle le plus grand chez Sears, on peut y mettre 10 personnes allongées. C’est très pratique. Au moment de l’achat, ils en vendaient 2 pour un. J’en ai donc un pour la visite et l’autre pour les poulets de mon poulailler et autre bétail.
Comme personne ne sait ce qu’on donne comme nourriture aux animaux (et ne veut le savoir) que l’on consomme par la suite, je préfère contrôler moi-même cette opération.
Une fois bien gelé et raide mort, il est très facile de faire disparaître le corps. Une scie au laser de mon invention permet de les découper en tranche mince comme du jambon. Os compris. C’est très hygiénique. Et ça ne fait pas mal. Les morts sont déjà morts.
Je me demande, parfois, s’il y a un ciel ou un enfer. Mais les personnes les plus vieilles et les plus religieuses à qui j’ai ai parlé (de ce problème théologique, non de mon congélateur) m’ont dit qu’au bout de leur longue vie, ils en étaient venu à la conclusion que l’enfer était ici. On n’en parle pas pour en pas décourager les gens qui se découragent si facilement. En vivant longtemps, on ne fait qu’endurer ses misères plus que nécessaire.
Les congelés de mon congélateur ont donc le meilleur des 2 mondes : une mort prématurée. Et sans douleur, Ni angoisse.
Je mélange les tranches avec la nourriture de ma truie Francine. La grosse sorcière bouffe tout. Elle est gloutonne comme une vraie truie. Elle me fait penser à la femme d’un ancien voisin. Peut-être la réincarnation d’une sorcière.
Francine III. Car elle a eu des mères et grands-mères qui ont fini en jambons.
Les protéines, il n’y a que ça ou les hormones qui sont les préférés des producteurs de porcs car ils coutent moins cher. Avec les recettes chimiques. Un bout de temps, ils pouvaient avoir les carcasses d’animaux morts malades incinérés mais la maladie supplémentaire de la vache folle a rendu illégale donc plus coûteuse cette innovation technique.
Qui aurait pensé donner à des herbivores des vaches mortes? Les humains, bien sûr. Il fallait le faire, non?!
On a essayé de faire mieux, toujours dans le noble but de produire plus à moindre coût.
On a aussi essayé les vieux journaux, le bran de scie et même la merde déshydratés de nos égouts. Tout pour diminuer les coûts des intrants. Tandis que le coût d’achat ne fait qu’augmenter. Sans compter les subventions.
La meilleure façon de résoudre le problème de la stupidité humaine et de la cupidité ( à part l’extermination de l’espèce…Selon les spécialistes, la 6e extinction en ligne est en cours de production présentement.) est d’avoir sa propre petite ferme.
Comme Marie-Antoinette mais je ne mets pas de boucle et de ruban à mes moutons.
Il est surprenant comme Francine a un bon appétit, elle vous bouffe un mort congelé en tranches en un mois. Et en redemande. Elle pourrait passer tout le village en un an. Elle grossit donc à vue d’œil.
C’est un cimetière à elle toute seule. La plupart des gens meurent pour rien du tout. Pas vraiment, finalement, ils sont recyclé sous terre et deviennent du gazon. Ça prend du temps. Mais ils ont enfin tout leur temps. L’éternité devant eux. Et ça prend même pas l’éternité.
Alors qu’ici, ils deviennent le temps de le dire de la viande de cochon. Il faudrait écrire les noms que contient le corps de Francine.
Sauf un. Elle a un odorat particulier, particulièrement fin et peut vous détecter une maladie comme le meilleur médecin légiste. Elle n’aime pas ceux qui abusent des médicaments ou des drogues. Ça doit donner un arrière-goût à la viande. Elle qui pourtant bouffe avec appétit autant de la bouette que de la salade. Ou des restes de table. Mon bac à recyclage personnel.
Il a donc fallu que j’améliore mon système. Une torche à plasma peut réduire en cendre n’importe quoi. C’est précisément ce qu’il fallait faire. La nécessité est mère de l’invention. J’ai déposé un brevet.
Une fois terminé ce travail et, après avoir huilé le moteur de ma fournaise, je retourne à ma collection de livres de recettes. J’aime bien les feuilleter, surtout les photos. C’est un peu comme la pornographie. Les articles et les photos. Il y a bien des trucs qu’on n’essayera jamais mais qu’on est content de connaître. L’inventivité humaine n’a pas de limite malgré celles du corps. Mais on fait avec.
Tiens! On sonne à ma porte.