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HOMÉLIE DU VENDREDI SAINT

LE VATICAN DÉFEND SA RÉPUTATION

2 avril 2010
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2010/04/02/009-Eglise_catholique_tourmente.shtml

Les célébrations du Vendredi saint ont lieu cette année dans la tourmente des scandales de pédophilie qui secouent l'Église catholique.

Le pape Benoît XVI, lui-même accusé d'inaction face aux abus sexuels de prêtres sur des mineurs, ne s'est pas exprimé directement sur les accusations dont il fait l'objet lors de la cérémonie traditionnelle du Vendredi saint à la basilique Saint-Pierre de Rome.

Citant un « ami juif » lors de son homélie, le père Raniero Cantalamessa a toutefois affirmé que les attaques contre le pape Benoît XVI et contre l'Église à propos de scandales de pédophilie sont comparables à l'antisémitisme le plus honteux.

Soulignant le fait que la Pâque juive et les Pâques catholiques tombent, cette année, la même semaine, le père Raniero Cantalamessa a établi un lien entre les « violences collectives » dont les juifs ont été victimes tout au long de leur histoire et les récentes attaques contre l'Église.

Selon les extraits de la lettre citée par le père Cantalamessa, l'ami juif affirme que « le recours à des stéréotypes, le glissement de la responsabilité et de la culpabilité personnelles vers une culpabilité collective me rappellent les aspects les plus honteux de l'antisémitisme ».

Rappelons que le Vatican refuse que des cas présumés de pédophilie liés à certains individus de l'Église catholique, révélés au cours des dernières semaines, soit imputés au pape ou à l'ensemble de l'Église.

Le rabbin Gary Greenebaum, directeur aux États-Unis des relations interreligieuses pour le Comité juif américain, a jugé « malheureux » les propos du prédicateur du pape.

« Les violences collectives contre les juifs ont provoqué la mort de six millions de personnes [durant la Seconde Guerre mondiale], alors que celles évoquées ici n'ont pas conduit au meurtre et ni à la destruction », a-t-il déclaré.

Au pays, le cardinal Jean-Claude Turcotte a commenté pour la première fois la crise qui secoue l'Église.

« La campagne qui a été faite contre le pape, en particulier, je pense qu'elle est injuste, et c'est inacceptable », a affirmé Mgr Turcotte.

MESSAGES DE SOUTIEN À BENOÎT XVI

Par ailleurs, le pape Benoît XVI a reçu vendredi une lettre d'intellectuels français appelant les médias à une « éthique de responsabilité ».

Publié par le quotidien du Vatican, l'Osservatore Romano, ce message compte parmi ses signataires Jean-Luc Marion de l'Académie française, Rémi Brague, professeur de philosophie, les écrivains Françoise Taillandier, Denis Tillinac, l'acteur Michael Lonsdale, le pasteur luthérien Alain Joly, le journaliste Henri Tincq ou le dramaturge Fabrice Hadjaji.

Les 70 signataires y expriment leur « horreur » devant les crimes pédophiles et leur « solidarité » aux victimes et « rendent hommage au pape de sa volonté de faire la lumière sur ces cas ».

La lettre mise en ligne sur le web Appel à la vérité comptait plus de 4100 signataires vendredi après-midi.

Les signataires déplorent « l'emphase et l'escalade médiatique qui accompagne ces cas ». « Nous constatons avec tristesse en tant que chrétiens et surtout citoyens, que de nombreux médias traitent ces affaires avec partialité, manque de connaissance ou vive satisfaction », affirment-ils.

Les signataires « invitent les médias à une éthique de responsabilité à travers un traitement plus déontologique de ces cas », estimant que l'image que la presse donne de l'Église « ne correspond pas à ce que vivent les chrétiens ».

L'Osservatore Romano rappelle que l'Église catholique canadienne a exprimé dans une lettre au pape ces jours derniers « son admiration et sa gratitude » pour son action « forte et déterminée » face au « crime odieux des abus sexuels ».

Dans leur message pour Pâques, les évêques canadiens déplorent que « l'attention des médias soit simplement concentrée sur l'Eglise, malgré le fait que ses représentants aient agi de manière sage et responsable ».

D'autres lettres de soutien au pape sont publiées ce vendredi par l'Osservatore Romano, dont celle du Conseil épiscopal latino-américain (Celam) qui dénonce une campagne médiatique « fausse et calomnieuse » contre Benoît XVI.

Radio-Canada.ca avec Agence France Presse et Reuters