jeudi 3 juin 2010
3754. RÉVÉLATIONS DU 26 MAI 2010
POINT DE PRESSE DE MME PAULINE MAROIS, CHEF DE L'OPPOSITION OFFICIELLE, M. AMIR KHADIR, DÉPUTÉ DE MERCIER, ET DE M. ÉRIC CAIRE, DÉPUTÉ DE LA PELTRIE
Le mercredi 26 mai 2010, 14 h
http://www.assnat.qc.ca/fr/actualites-salle-presse/conferences-points-presse/ConferencePointPresse-5275.html
Parvis de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement
(Quatorze heures)
La Modératrice: Alors, merci à tout le monde d'être présent pour cette conférence de presse. On va procéder à plusieurs courtes déclarations, et la première sera de M. Jean-Guy Dagenais, président de l'association des policiers provinciaux du Québec. M. Dagenais.
M. Dagenais (Jean-Guy): Merci. Alors, vous savez, le message est très clair. Il y a six mois exactement, il y avait création de l'opération Marteau. Nous avons toujours salué l'initiative de Marteau. Cependant, nous avons toujours été convaincus que le travail des policiers se limiterait à faire du travail des policiers et à ne pas aller au-delà de l'attribution, entre autres, de contrats pour la construction et de parler de malversation et de collusion.
Vous comprendrez une chose, les policiers ont un travail à faire, ils vont faire le travail qui est judiciaire. Cependant, nous sommes convaincus, et encore une fois, convaincus, et il n'y a pas de faits nouveaux qui nous portent à croire que nous n'avons pas besoin d'une enquête publique. Alors, l'Association des policières et policiers provinciaux du Québec s'est prononcée il y a six mois évidemment pour avoir une commission d'enquête publique et nous sommes toujours d'avis aujourd'hui qu'il doit y avoir une commission d'enquête publique. Alors, je vous remercie.
La Modératrice: J'inviterais maintenant Mme Claudette Carbonneau, présidente de la CSN, à prendre la parole.
Mme Carbonneau (Claudette): Alors, merci. Je pense que la CSN ne peut pas se tenir en marge d'un vaste mouvement citoyen, alors qu'on sait que 80 % de la population du Québec réclame à cor et à cri une enquête publique.
Et, je vais vous dire, la centrale a pris cette position-là il y a plusieurs mois déjà. Ce qui nous convainc aujourd'hui de la nécessité de le réitérer, c'est précisément que ce gouvernement est en train d'administrer aux Québécoises et aux Québécois une médecine de cheval à travers les recettes éculées qu'il nous a servies à travers son dernier budget. On va couper dans les services publics, on va rompre avec la progressivité du système fiscal, on remet en cause la capacité d'agir de l'État et on tente de faire croire aux citoyens qu'on est prêt à faire le ménage dans l'administration publique. Je regrette, le ménage, il doit d'abord être fait en s'attaquant... en clarifiant des allégations de malversation, qui ont pris des allures absolument systémiques, et nous croyons fondamentalement, à la CSN, que cette enquête doit porter, d'abord et avant tout, sur les octrois de contrat. On n'a pas à stigmatiser en particulier une industrie. Je pense que c'est répandu. Oui, le secteur de la construction, mais les communications, le génie-conseil...
Bref, les Québécoises et les Québécois sont en droit qu'on fasse la lumière sur ces allégations persistantes, d'autant que ce qui est en cause, c'est la confiance des citoyennes et des citoyens en leur État, en notre capacité collective d'agir et de régir la société québécoise. Or, une enquête est impérieuse. Merci.
La Modératrice: J'invite maintenant Mme Lucie Martineau, présidente du Syndicat de la fonction publique du Québec.
Mme Martineau (Lucie): Alors, vous savez, au Syndicat de la fonction publique du Québec, ça fait longtemps qu'on se penche sur l'octroi des contrats, notamment au ministère des Transports, et ça fait longtemps qu'on le dit haut et fort, que les citoyens et citoyennes du Québec paient souvent trop cher, quelquefois même jusqu'au triple, pour faire faire des travaux qui se faisaient avant par les employés de l'État.
Nous avons également fait des sorties publiques à partir du mois d'août... septembre dernier. Nous avons interpellé le Vérificateur général sur des octrois de contrat sans appel d'offres, notamment pour la firme ABC Rive-Nord, et ensuite nous avons piloté un dossier complet, déposé au Vérificateur général du Québec en avril dernier, réclamant l'enquête publique, un dossier qui prouve hors de tout doute que vous payez trop cher, les citoyens au Québec, pour les services rendus par l'État. Alors, nous nous sommes positionnés depuis longtemps. Il y a deux choses, mis à part les membres qu'on représente, il y a deux choses, parce qu'on est tous des citoyennes, on est tous des citoyens et nous payons tous des impôts, deux choses importantes quand on élit un gouvernement. On doit s'attendre, un, d'être écoutés, et, oui, la population du Québec veut une commission d'enquête. Je ne dirai pas c'est quoi, le pourcentage, mais nous le savons, on en veut une. Et la deuxième chose qu'on exige, et c'est une responsabilité gouvernementale, c'est que les deniers de l'État, nos impôts soient gérés de façon responsable, et maintenant, actuellement, ce n'est pas le cas.
Alors, oui, nous espérons que la motion va être adoptée et qu'enfin nous aurons une commission d'enquête au Québec.
La Modératrice: J'invite Me Ryan Hillier, porte-parole du Regroupement Corruption Zéro.
M. Hillier (Ryan): Bonjour. Vous savez, au mois de novembre 2009, j'ai fondé une coalition non partisane formée de jeunes militants de tous les partis politiques parce que je constatais un grave problème dans notre système démocratique.
Depuis plusieurs mois, les Québécois et Québécoises demandent haut et fort la tenue d'une commission d'enquête publique pour faire la lumière sur l'ensemble des allégations de corruption et de collusion dans l'industrie de la construction, et autres. Le 9 décembre dernier, à l'occasion de la Journée internationale contre la corruption, nous avons déposé une série de 25 recommandations devant l'hôtel de ville de Montréal. Nous avons des milliers de supporteurs par l'entremise de notre site Web et nos médias sociaux qui nous ont donné le mandat de servir à titre de courroie de transmission entre eux et l'Assemblée nationale. Alors, nous pensons qu'aujourd'hui ça sert d'étape importante. Et nous espérons une étape ultime avant que le gouvernement arrête de s'entêter et... nous donne ce que la population québécoise demande depuis maintenant très longtemps, une commission d'enquête publique indépendante dont le mandat serait défini par les membres de l'Assemblée nationale et dont l'identité des commissaires serait également déterminée par ces mêmes parlementaires.
Alors, aujourd'hui, on est très fiers de joindre nos voix à celles de ceux qui sont derrière moi et alentour de moi et demander au gouvernement Charest de nous écouter et de laisser place à la justice pour que les voix de tous ceux qui veulent se prononcer soient entendues. Merci.
La Modératrice: Maintenant, M. Éric Caire, député indépendant de La Peltrie.
M. Caire: Alors, merci beaucoup et surtout merci à tous les regroupements, les associations qui se joignent aujourd'hui à nous pour réclamer encore une fois cette commission d'enquête publique parce que, s'il y a quelque chose qui est fondamental et essentiel, pour moi, puis je pense que peux parler aussi au nom de M. Picard, c'est l'aspect non partisan de la démarche. Ce n'est pas un show politique, c'est une demande légitime des citoyens du Québec à travers leurs représentants, à travers leurs élus pour avoir la vérité, pour avoir la justice. Vous savez, comme le disait mon collègue Marc Picard hier dans sa question au gouvernement, quand les rumeurs sont moins dommageables que la vérité, vous savez que vous êtes légitimes d'exiger la vérité. Et c'est ça qu'une commission d'enquête publique va nous apporter: la vérité.
Les citoyens du Québec ont le droit à cette vérité, ils ont le droit à cette commission d'enquête, et nous allons continuer à l'exiger jusqu'à temps que nous l'obtenions.
La Modératrice: M. Amir Khadir, coleader de Québec solidaire et député de Mercier.
M. Khadir: D'abord, merci à tous ceux qui ont pris la parole, qui se sont déplacés au nom de leurs organisations pour être ici, pour témoigner, devant le parlement, devant le peuple, de la nécessité d'une commission d'enquête publique. Merci aussi aux dizaines de citoyens qui ont mis des foulards blancs, qui sont venus nous rejoindre en plein milieu de l'après-midi, d'une journée de travail pour exprimer cette volonté populaire.
Devant cette demande, M. Charest aujourd'hui en Chambre a dit en réponse à une question de M. Deltell, chef de l'ADQ: Le financement que nous faisons, au Parti libéral du Québec, est fait en fonction de la loi et des règlements. On veut bien le croire, mais il faudra quand même que M. Charest nous explique par quelle magie ces collecteurs de fonds réussissent à convaincre, par exemple, la secrétaire d'une firme de génie-conseil ou un technicien à donner au Parti libéral 3 000 $ par année chacun, en 2008, trois fois plus que lui-même, quatre fois plus que la vice-première ministre, presque 10 fois plus que le leader du gouvernement en Chambre. Les gens, les citoyens ordinaires, comme les journalistes, comme nous les députés de l'opposition, on a tout simplement de la difficulté à croire M. Charest parce que c'est tout simplement invraisemblable. Quand la moitié des Québécois met moins de 2 500 $ par année dans ses fonds de REER, comment expliquer que le Parti libéral a réussi à convaincre 64 employés d'une même firme à donner chacun près de 3 000 $ en 2008 à la caisse du parti? Il faut cesser d'insulter l'intelligence de la population. M. Charest, pour cette raison, pour restaurer votre crédibilité, il faut déclencher une commission d'enquête sur le lien entre l'octroi des contrats, l'octroi des permis et le financement des partis politiques... de tous les partis politiques. M. Charest, votre refus alimente malheureusement la perception désagréable que ces collecteurs de fonds, magiciens du Parti libéral, détiennent plus de pouvoir que le chef actuel du gouvernement, parce qu'il ne va pas dans l'intérêt du gouvernement du Québec, de la population du Québec, de son premier ministre, des députés de la partie gouvernementale qu'on entretienne ces allégations, ces affirmations sans une commission d'enquête publique.
En attentant, heureusement, grâce aux journalistes, grâces aux citoyens, par exemple, grâce aux employés de BCIA qui se sont avancés, qui ont témoigné pour que la vérité sur les prête-noms éclate... a permis jusqu'à ce jour qu'une commission d'enquête se déroule sur la place publique. Donc, j'invite les citoyens, j'invite tous ceux qui ont été forcés à jouer le jeu de prête-noms pour n'importe quel parti de faire éclater la vérité, de contacter des journalistes et des députés et de parler. On en a besoin. Merci beaucoup.
La Modératrice: Pour la dernière intervention, j'invite Mme Pauline Marois, chef de l'opposition officielle et députée de Charlevoix. Mme Marois.
Mme Marois:
Merci. Merci. Alors, merci. Très, très brièvement. Je ne veux pas ajouter beaucoup de choses à ce qui a été dit parce que les représentants de la société civile ont été très éloquents. Nous avons réussi, les formations politiques d'opposition à l'Assemblée nationale, presque toutes... à faire cette alliance faisant que nous... Nous ne voulons pas en faire un débat partisan, et la meilleure preuve en est la présence justement des représentants de la société civile, que je remercie encore une fois d'être là.
La motion, elle est très claire, elle exige la tenue d'une enquête publique indépendante sur l'ensemble des allégations liées à l'industrie de la construction, l'octroi de contrats gouvernementaux, de permis ou de subventions ainsi que sur le financement des partis politiques. Et Amir a insisté sur le fait qu'on parle des partis politiques, je crois que ce sont les partis politiques du Québec, mais les partis politiques aussi municipaux. Moi, je fais appel aujourd'hui... et ce sera ma dernière intervention, fais appel aujourd'hui aux députés du Parti libéral pour qu'ils exercent leur droit de vote librement, en toute liberté de conscience, et qu'ils indiquent à M. Charest que la meilleure façon, et pas la meilleure... la seule façon de rétablir la confiance des citoyens et citoyennes du Québec à l'égard de leur premier ministre, à l'égard de l'institution qu'est le gouvernement, qu'est l'Assemblée nationale, c'est de tenir cette commission d'enquête. Alors, nous essaierons, cet après-midi, de les convaincre encore. J'espère que les citoyens et citoyennes du Québec sauront aussi parler à leurs députés.
Évidemment, il reste peu de temps, mais, en même temps, vous savez, j'espère que le vote sera positif pour cette commission d'enquête, je le souhaite. Si ce n'était pas le cas, on verra à se retrouver. Merci.
La Modératrice: Pour la période de questions, je tiens à rappeler que les... seuls les médias peuvent poser des questions et je vous prierais également d'identifier à qui vous adressez votre question. Merci.
Journaliste: Alors, Mme Marois, si vous voulez prendre le micro.
Mme Marois: Oui.
Journaliste: Vous avancez, Mme Marois, vous avez... Est-ce que c'est vous qui avez fait les invitations aux groupes qui sont représentés aujourd'hui, donc les associations, les syndicats? Et avez-vous fait, encore une fois, une demande à l'ADQ. Pourquoi on ne le voit pas...
Mme Marois: Oui, alors à ces deux questions, d'abord, la première, c'est... ce sont les partis d'opposition qui se sont entendus pour souhaiter la venue des partenaires de la société civile qui avaient déjà pris position. Donc, ce n'est pas la chef du Parti québécois ou la chef de l'opposition officielle, mais c'est vraiment avec les députés de l'opposition, M. Caire et son collègue, de même qu'Amir Khadir. L'ADQ s'est dite d'accord avec démarche mais n'a pas souhaité y être associée, sauf que, vous le savez, ils voteront pour la motion aujourd'hui.
Journaliste: M. Dagenais, si vous voulez vous avancer au micro...
M. Dagenais (Jean-Guy):Oui.
Journaliste: M. Dagenais, encore aujourd'hui, quand on posait la question au premier ministre, aux ministres, aux députés, ils nous disent tous: Ce qu'il faut, c'est de l'action, des enquêtes policières, et c'est ce que nous faisons, des enquêtes policières, et c'est beaucoup plus efficace qu'une commission d'enquête publique. Voulez-vous m'expliquer votre présence ici aujourd'hui, M. Dagenais?
M. Dagenais (Jean-Guy): Oui. Certainement. Je n'ai jamais mis en doute l'efficacité des enquêtes policières. Mais vous comprendrez que ce ne sont pas les enquêtes policières qui vont décider qui doit avoir tel ou tel contrat et, entre autres, quand on pense aux milliards qui vont être investis dans le plan quinquennal. Il faut comprendre une chose aussi, les membres de la Sûreté du Québec que je représente travaillent depuis environ six mois sous la loupe... sous le feu des projecteurs. Ils vont faire un excellent travail, mais je ne pense pas que ce soit le rôle de la police d'aller choisir qui doit avoir... ou tel ou tel ou tel contrat. Alors, je pense que ça va au-delà du travail des policiers.
Je suis convaincu que les policiers, policières de Marteau vont faire un excellent travail. Je les ai moi-même rencontrés. Cependant, je dois dire que ça doit être élargi, et on n'a pas le choix, ça prend une commission d'enquête publique. Je l'ai dit il y a six mois, et, aujourd'hui, c'est le même discours. Et, s'il y avait eu des faits nouveaux, je vous dirais, je ne serais pas ici, mais il n'y a pas eu de faits nouveaux, là, depuis six mois. Alors, c'est la raison pour laquelle je suis ici. Ça peut paraître surprenant qu'un représentant de syndicat policier évidemment donne son opinion sur la place publique, mais je peux vous dire que, quand je vois 82 % de la population... Et certaines personnes de la population m'ont appelé pour nous féliciter. Ils ont dit: Pour une fois, les policiers sont du côté de la population. Mais on l'a toujours été, mais évidemment on... Je ne veux pas m'étirer. J'en ai assez dit.
Journaliste: Oui. Bonjour. Ma question est pour Mme Marois, s'il vous plaît. J'imagine, Mme Marois, vous savez compter, vous devez prévoir que la motion sera battue. On arrive à la fin bientôt des travaux parlementaires de la session. Est-ce que vous avez l'impression d'arriver un peu au bout du processus ou si vous avez déjà prévu un plan B et d'autres étapes à la suite d'aujourd'hui?
Mme Marois: Alors, nous n'avons pas prévu de plan B parce que nous avons toujours l'espoir que M. Charest ait suffisamment le sens de l'honneur pour prendre une bonne décision. Nous entendons des bruits actuellement à l'effet que certains députés libéraux sont très mal à l'aise avec l'entêtement de M. Charest à ne pas vouloir tenir cette commission d'enquête. Auront-ils un sursaut? Nous le souhaitons. Mais cependant il est évident que cette commission doit se tenir, doit avoir lieu. Le mandat doit être clair. Les personnes doivent être identifiées, être au-dessus de la mêlée pour assumer cette responsabilité, et, je vous le dis, nous ne lâcherons pas.
M. Chartrand (Yves): Yves Chartrand, de Rue Frontenac. M. Dagenais, j'aimerais ça avoir des exemples. Présentement, les gens, les policiers font des enquêtes, ils ramassent des informations, bon, et ramassent surtout de la preuve pour pouvoir porter... remettre des dossiers à des procureurs qui pourraient porter des accusations. Mais est-ce que vous croyez que les policiers sont liés parce qu'ils ne peuvent pas faire comparaître des gens qui, eux, auraient des choses à dire et qu'ils le feraient dans une commission d'enquête publique? Vous, expliquez-nous comment ça fonctionne, ça.
M. Dagenais (Jean-Guy): Oui, bien, disons, je vais essayer d'être plus bref. Ce n'est pas le rôle du président de l'association de s'immiscer dans les enquêtes policières. Cependant, moi, je peux vous dire une chose, les policiers travaillent librement, si je peux m'exprimer ainsi, ils font leur travail. J'ai toujours dit cependant que les enquêtes policières sont des enquêtes de longue haleine et, quand on a parlé de Marteau, j'avais dit publiquement: Oui, c'est une bonne chose, cependant nous sommes loin de la coupe aux lèvres, et les résultats vont se faire attendre. Et je peux vous dire qu'actuellement, oui, il y a certains dossiers qui sortent. On me dit qu'il y a des petits poissons qui auraient été saisis. Est-ce qu'on est loin des requins blancs? Vous comprendrez, je n'ai pas l'intention d'appeler à Marteau demain matin pour m'immiscer dans les enquêtes.
M. Chartrand (Yves): Donc, donc une commission d'enquête publique enrichirait l'enquête policière, parce qu'ils apprendraient des choses.
M. Dagenais (Jean-Guy): Bien, je vous dirais que non seulement elle va enrichir... mais, si je peux m'exprimer ainsi, c'est qu'elle va toucher un autre créneau que les affaires policières. Les affaires policières, c'est une chose, judiciariser les gens, c'est une chose, mais une commission d'enquête, comme je le disais tantôt... est-ce que ça regarde les policiers de savoir qui... ou telle ou telle compagnie va avoir un contrat et pour quels motifs, qui ne sont pas nécessairement des motifs criminels? Alors ça, je pense que ça ne touche pas le rôle des policiers.
M. Chartrand (Yves): Juste, juste... parce que, là, ce qu'on parle, c'est... on parle d'un système, alors qu'un système en soi, ce n'est pas... ce n'est pas nécessairement illégal, ce que ne peut pas faire... ce que ne peut pas faire une enquête policière. Il peut y avoir, bon, des... on donne des contrats à des amis, ce n'est pas nécessairement illégal, mais ça... le système existe quand même, non?
M. Dagenais (Jean-Guy): Je vous dirais que ça sort du contexte policier. C'est ça qui justifie une commission d'enquête publique. Laissons les policiers faire leur travail. Ils font un excellent travail. Et, ceci étant dit, pour tout ce qui est hors du contexte policier, bien c'est l'enquête publique qui va le résoudre.
Journaliste: M. Dagenais, M. Dagenais, j'ai deux questions pour vous juste pour poursuivre dans la même lignée. Vous avez dit: On prend des petits poissons, on est loin des requins. Est-ce que vous pensez qu'une enquête publique permettra de prendre des requins?
M. Dagenais (Jean-Guy): Bien, écoutez, quand on demande une commission d'enquête publique, on espère des résultats. Vous comprendrez que je ne commencerai à identifier des requins, je ne les connais même pas moi-même. Mais, ceci étant dit, à date, lorsqu'on regarde les enquêtes policières, on comprend que... vous comme moi, vous comprenez que ce sont des petits poissons, alors... Et laissons les policiers faire leur travail, et je le dis, je le répète encore une fois, les enquêtes policières, ce sont des enquêtes de longue haleine. Et, encore là, on loue l'opération Marteau, on dit que c'est une bonne chose, mais, ceci étant dit, de là à l'annoncer, qu'on s'attende à des résultats dans quatre ou cinq mois... Vous savez, il y a des enquêtes policières. Des fois, ça a pris deux, ou trois, ou quatre ans. Et, on verra, peut-être que, dans quatre ans, il y aura des gros requins, mais, encore une fois, je vais le répéter, ce n'est pas le travail des policiers d'aller au-delà du... des enquêtes et de faire ce qui n'est pas nécessairement du criminel, entre guillemets.
Journaliste: Avez-vous l'impression d'avoir le dos large? Parce que, quand on pose des questions, même quand l'opposition pose des questions, le premier ministre, les ministres répondent toujours que... Laissez les policiers faire leur travail, les gens veulent avoir des scellés sur les bureaux, ça va... en fait, ça va passer par les policiers. Est-ce que vous avez eu l'impression d'avoir le dos large?
M. Dagenais (Jean-Guy): Bien, je vous dirais que c'est certain qu'on est sous le feu des projecteurs, on est sous la loupe. J'ai rencontré les gens de Marteau, ils le savent très bien. Bon. Alors, on va faire notre travail, mais je ne vous cacherai pas que, depuis six mois, on est fort populaires et on n'est pas contre ça, mais on aimerait mieux être populaires d'une autre façon.
Journaliste: Est-ce que c'est trop, selon vous? Est-ce que la... Est-ce que les politiciens utilisent la police pour noyer le petit poisson et les requins?
M. Dagenais (Jean-Guy): Oui. Je vous... Je vous dirais que faire de la police n'est pas d'être populaire mais de faire un excellent travail. Alors, c'est certain que... J'ai mentionné dans un média qu'il ne fallait pas que l'opération Marteau serve de parapluie. Je ne pense pas qu'elle le serve, mais, si ça peut répondre à votre question, laissons les policiers faire leur travail. Et vous savez comme moi que c'est sûr qu'on est sous la loupe. Alors, tout le monde attend des résultats, mais des résultats d'enquêtes policières, c'est long.
Journaliste: M. Dagenais...
La Modératrice: Dernière question....
Journaliste: M. Dagenais, on sait que... que ce que le gouvernement va dire, c'est qu'en général les enquêtes publiques ont taquiné la truite mais n'ont pas sorti les gros requins non plus.
M. Dagenais (Jean-Guy): Bien, écoutez, je vais... je vais laisser faire au politique faire le travail du politique. Moi, je suis ici comme représentant des policiers pour vous livrer le message des membres que je représente. On nous a donné un mandat de... d'aller faire du... du criminel, d'arrêter des gens ou de judiciariser des gens ou de faire des enquêtes. Alors, c'est sûr que, vous savez, tout ce qui peut être criminel, que ce soit taquiner la truite... et, si on peu avoir un doré au bout de la langue... au bout de la langue, pardon, au bout de l'hameçon, on va être bien contents. On l'aura au bout de la langue, dans l'assiette, quelques jours après, sûrement. Mais, en quelque part, ce que... ce que je trouve d'inconfortable pour mes membres, c'est qu'actuellement jamais on a été autant sous la loupe, alors que, dans certaines opérations, si je peux prendre l'opération SharQc, qui concernait les motards criminalisés, ça n'a pas été annoncé en grande pompe tant et aussi longtemps qu'on a pas eu les résultats. Alors là, on a fait l'annonce avant les résultats, c'est différent.
Journaliste: Et sur votre présence ici on sait ce que le gouvernement va dire. Il va dire: Vous êtes en négociation actuellement, comme Mme Carbonneau, d'ailleurs, que j'aimerais entendre, ou Mme Martineau. Au fond, vous êtes tous des gens qui avez, en anglais, on dirait, «un agenda parallèle», là, je veux dire, d'autres... d'autres visions, d'autres objectifs qui, là, font votre affaire. Donc, d'être ici alors, sur votre présence ici, est-ce qu'elle n'est pas ambiguë?
M. Dagenais (Jean-Guy): Bien, je vous dirai que, lorsque j'ai fait la déclaration, c'était fin octobre, début novembre, on n'était pas en négociation. Le contrat de l'Association des policières et policiers provinciaux... les policiers de la Sûreté du Québec... se terminait le 31 mars. Alors, il faut faire une distinction. On n'a pas fait... Et, vous savez, on peut faire des déclarations publiques. Peut-être que les gens sont moins habitués à ça, un président de syndicat de policiers qui fait des déclarations publiques, mais, à ce moment-là, on n'était pas en négociation, et je fais une distinction entre la négociation du contrat de travail et évidemment nos interventions qui étaient en novembre, soit six mois quasiment avant la fin du contrat.
Journaliste: Oui. M. Dagenais, on a vu récemment, à Radio-Canada, un reportage où des témoins crédibles affirmaient que des intermédiaires réclamaient des pots-de-vin pour obtenir une aide financière du Fonds de solidarité. Et la question qu'on peut se poser suite à ces témoignages-là, c'est: Comment se fait-il qu'il n'y ait pas encore eu d'accusations portées par les procureurs de la couronne?
Est-ce que c'est parce que certaines enquêtes policières bloquent au niveau de la couronne, pour des raisons qu'on ignore?
M. Dagenais (Jean-Guy): Et je vous dirai la même réponse que j'ai dit à votre collègue tantôt. Mon rôle n'est pas de m'immiscer, de savoir où sont rendues les enquêtes, qu'est-ce qui s'est passé dans l'enquête. Moi, je fais confiance aux enquêteurs qui travaillent le dossier, et, je peux vous dire une chose, à moins qu'on prouve le contraire, à date il n'y a pas eu d'intervention dans les enquêtes policières.
Journaliste: J'ai une autre question pour Mme Marois. Mme Marois, il y a des dizaines de groupes qui se sont... qui ont réclamé une enquête policière... une enquête publique, pardon. On constate ici que ce sont des alliés presque naturels qui sont présents
Mme Marois: Ça dépend quand.
Journaliste: Est-ce que...
Mme Marois: Pas toujours.
Journaliste: J'ai dit: Presque naturels. Mais est-ce que vous avez demandé à d'autres groupes de s'associer à cet événement? Et, si oui, pourquoi ont-ils refusé?
Mme Marois: Bon. D'abord, tous les groupes qui ont pris position jusqu'à maintenant pour la demande d'une enquête sont toujours là, appuient toujours cette demande d'enquête. Certains ne pouvaient pas être là aujourd'hui, mais ils ont été contactés.
Journaliste: Et qui? De qui parle-t-on?
Mme Marois: Je parle de la liste complète, parce qu'on s'est partagé... on a appelé des gens, et ce sont... les personnes qui sont ici aujourd'hui pouvaient se dégager, avaient la possibilité de le faire, mais je peux vous dire qu'il n'y a personne qui nous a dit: On n'est pas d'accord, on n'ira pas parce qu'on n'est pas d'accord. Ça va?
M. Khadir:
Je peux vous en nommer une, une coalition très large de groupes populaires qui ne sont l'allié naturel de personne, en fait qui sont même très rébarbatifs et allergiques à se présenter avec des partis politiques, mais ils ont dit: Sur cette question, on est avec vous. Cette coalition regroupe des dizaines de regroupements nationaux, de groupes populaires. C'est la Coalition contre la hausse des tarifs, qui s'est formée suite au budget. Puis, là-dedans, tu as des alliés naturels de tout le monde, y compris peut-être, dans certains cas, même des libéraux.
M. Hillier (Ryan): Juste pour renchérir sur les propos de Mme Marois puis sur les propos de M. Khadir, moi-même, je suis bien identifié au niveau fédéral avec le Parti libéral du Canada, d'autres membres de notre coalition Corruption Zéro sont bien identifiés dans toutes les formations politiques, que ce soit aux niveaux municipal, provincial, fédéral. Mais, écoutez, il y a un problème, et ce n'est pas seulement les enquêtes policières qui vont venir à bout de ce problème-là, de ce système, ce n'est pas le problème d'un seul parti et c'est pour ça qu'on s'est regroupés avec tous ces autres organismes pour venir dire ici, encore une fois, comme je disais tout à l'heure, haut et fort: Une commission d'enquête publique indépendante est nécessaire. Nous devons d'abord faire la lumière sur ce qui s'est passé dans le passé pour ensuite apporter les modifications qui s'imposent à ce système qui, selon nous, est gravement malade. Alors, voilà.
Journaliste: Alors, ma question est pour Mme Marois, s'il vous plaît. J'aimerais revenir sur ce que vous avez dit à une collègue un peu plus tôt. Vous avez dit que vous n'aviez pas prévu de plan B si la motion est rejetée, mais est-ce qu'il peut y en avoir un, plan B?
Mme Marois: Écoutez, je ne veux pas spéculer aujourd'hui parce que je veux mettre toute notre énergie à convaincre le gouvernement, à convaincre les collègues libéraux de l'Assemblée nationale qu'il en va de notre intérêt collectif, pas seulement de leur intérêt, de l'intérêt de nos institution, de leur intégrité, de la confiance qu'ont les citoyens à l'égard de nos institutions. Il y a un climat actuellement qui est tellement malsain. Alors, je ne veux pas annoncer de plan B, dire que j'ai pensé à un plan B parce que j'espère toujours obtenir que certains députés aient un sursaut et qu'ils votent avec l'opposition sur la motion qui nous est présentée.
Journaliste: Je n'arrive pas à comprendre parce que, tout à l'heure, vous avez dit qu'«on n'a pas prévu de plan B». Donc, c'est parce que vous y aviez pensé, mais que ce n'était pas possible.
Mme Marois: Non, mais parce que, quand on se met à prévoir... Regardez, Tommy, vous le savez, quand on se met à prévoir un plan B, on tire dans toutes sortes de directions. On s'est vraiment concentrés sur la motion que nous avons déposée déjà il y a une semaine, sur le fait qu'il y avait des gens qui se mobilisaient et qu'ils souhaitaient que cette enquête se tienne, qu'il y ait le plus, je dirais, de gens possible qui écoutent, le plus grand nombre de personnes possible qui écoutent ce débat, et c'est ça, notre objectif, et qu'il y ait un sursaut, encore une fois, de la part du premier ministre. Mais j'ai répondu aussi à votre collègue: Soyez conscients cependant que, si ce gouvernement, si cette formation politique ne devaient pas recevoir positivement... voter avec cette motion, c'est évident qu'on ne va pas lâcher.
Journaliste: Est-ce que l'opposition pourrait, par exemple, bloquer l'avancement de projets de loi, faire de l'obstruction un peu systématique pour essayer de faire plier le gouvernement?
Mme Marois: Je ne veux pas parler de stratégies ou de tactiques qui pourraient être utilisées. On verra ça avec les... entre autres, avec les autres collègues de l'opposition.
Journaliste: Donc, c'est possible. C'est une possibilité.
Mme Marois: Non. Je ne veux pas... Je ne veux pas que vous tiriez comme conclusion que c'est possible. Merci.
(Fin à 14 h 31)
Le mercredi 26 mai 2010, 14 h
http://www.assnat.qc.ca/fr/actualites-salle-presse/conferences-points-presse/ConferencePointPresse-5275.html
Parvis de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement
(Quatorze heures)
La Modératrice: Alors, merci à tout le monde d'être présent pour cette conférence de presse. On va procéder à plusieurs courtes déclarations, et la première sera de M. Jean-Guy Dagenais, président de l'association des policiers provinciaux du Québec. M. Dagenais.
M. Dagenais (Jean-Guy): Merci. Alors, vous savez, le message est très clair. Il y a six mois exactement, il y avait création de l'opération Marteau. Nous avons toujours salué l'initiative de Marteau. Cependant, nous avons toujours été convaincus que le travail des policiers se limiterait à faire du travail des policiers et à ne pas aller au-delà de l'attribution, entre autres, de contrats pour la construction et de parler de malversation et de collusion.
Vous comprendrez une chose, les policiers ont un travail à faire, ils vont faire le travail qui est judiciaire. Cependant, nous sommes convaincus, et encore une fois, convaincus, et il n'y a pas de faits nouveaux qui nous portent à croire que nous n'avons pas besoin d'une enquête publique. Alors, l'Association des policières et policiers provinciaux du Québec s'est prononcée il y a six mois évidemment pour avoir une commission d'enquête publique et nous sommes toujours d'avis aujourd'hui qu'il doit y avoir une commission d'enquête publique. Alors, je vous remercie.
La Modératrice: J'inviterais maintenant Mme Claudette Carbonneau, présidente de la CSN, à prendre la parole.
Mme Carbonneau (Claudette): Alors, merci. Je pense que la CSN ne peut pas se tenir en marge d'un vaste mouvement citoyen, alors qu'on sait que 80 % de la population du Québec réclame à cor et à cri une enquête publique.
Et, je vais vous dire, la centrale a pris cette position-là il y a plusieurs mois déjà. Ce qui nous convainc aujourd'hui de la nécessité de le réitérer, c'est précisément que ce gouvernement est en train d'administrer aux Québécoises et aux Québécois une médecine de cheval à travers les recettes éculées qu'il nous a servies à travers son dernier budget. On va couper dans les services publics, on va rompre avec la progressivité du système fiscal, on remet en cause la capacité d'agir de l'État et on tente de faire croire aux citoyens qu'on est prêt à faire le ménage dans l'administration publique. Je regrette, le ménage, il doit d'abord être fait en s'attaquant... en clarifiant des allégations de malversation, qui ont pris des allures absolument systémiques, et nous croyons fondamentalement, à la CSN, que cette enquête doit porter, d'abord et avant tout, sur les octrois de contrat. On n'a pas à stigmatiser en particulier une industrie. Je pense que c'est répandu. Oui, le secteur de la construction, mais les communications, le génie-conseil...
Bref, les Québécoises et les Québécois sont en droit qu'on fasse la lumière sur ces allégations persistantes, d'autant que ce qui est en cause, c'est la confiance des citoyennes et des citoyens en leur État, en notre capacité collective d'agir et de régir la société québécoise. Or, une enquête est impérieuse. Merci.
La Modératrice: J'invite maintenant Mme Lucie Martineau, présidente du Syndicat de la fonction publique du Québec.
Mme Martineau (Lucie): Alors, vous savez, au Syndicat de la fonction publique du Québec, ça fait longtemps qu'on se penche sur l'octroi des contrats, notamment au ministère des Transports, et ça fait longtemps qu'on le dit haut et fort, que les citoyens et citoyennes du Québec paient souvent trop cher, quelquefois même jusqu'au triple, pour faire faire des travaux qui se faisaient avant par les employés de l'État.
Nous avons également fait des sorties publiques à partir du mois d'août... septembre dernier. Nous avons interpellé le Vérificateur général sur des octrois de contrat sans appel d'offres, notamment pour la firme ABC Rive-Nord, et ensuite nous avons piloté un dossier complet, déposé au Vérificateur général du Québec en avril dernier, réclamant l'enquête publique, un dossier qui prouve hors de tout doute que vous payez trop cher, les citoyens au Québec, pour les services rendus par l'État. Alors, nous nous sommes positionnés depuis longtemps. Il y a deux choses, mis à part les membres qu'on représente, il y a deux choses, parce qu'on est tous des citoyennes, on est tous des citoyens et nous payons tous des impôts, deux choses importantes quand on élit un gouvernement. On doit s'attendre, un, d'être écoutés, et, oui, la population du Québec veut une commission d'enquête. Je ne dirai pas c'est quoi, le pourcentage, mais nous le savons, on en veut une. Et la deuxième chose qu'on exige, et c'est une responsabilité gouvernementale, c'est que les deniers de l'État, nos impôts soient gérés de façon responsable, et maintenant, actuellement, ce n'est pas le cas.
Alors, oui, nous espérons que la motion va être adoptée et qu'enfin nous aurons une commission d'enquête au Québec.
La Modératrice: J'invite Me Ryan Hillier, porte-parole du Regroupement Corruption Zéro.
M. Hillier (Ryan): Bonjour. Vous savez, au mois de novembre 2009, j'ai fondé une coalition non partisane formée de jeunes militants de tous les partis politiques parce que je constatais un grave problème dans notre système démocratique.
Depuis plusieurs mois, les Québécois et Québécoises demandent haut et fort la tenue d'une commission d'enquête publique pour faire la lumière sur l'ensemble des allégations de corruption et de collusion dans l'industrie de la construction, et autres. Le 9 décembre dernier, à l'occasion de la Journée internationale contre la corruption, nous avons déposé une série de 25 recommandations devant l'hôtel de ville de Montréal. Nous avons des milliers de supporteurs par l'entremise de notre site Web et nos médias sociaux qui nous ont donné le mandat de servir à titre de courroie de transmission entre eux et l'Assemblée nationale. Alors, nous pensons qu'aujourd'hui ça sert d'étape importante. Et nous espérons une étape ultime avant que le gouvernement arrête de s'entêter et... nous donne ce que la population québécoise demande depuis maintenant très longtemps, une commission d'enquête publique indépendante dont le mandat serait défini par les membres de l'Assemblée nationale et dont l'identité des commissaires serait également déterminée par ces mêmes parlementaires.
Alors, aujourd'hui, on est très fiers de joindre nos voix à celles de ceux qui sont derrière moi et alentour de moi et demander au gouvernement Charest de nous écouter et de laisser place à la justice pour que les voix de tous ceux qui veulent se prononcer soient entendues. Merci.
La Modératrice: Maintenant, M. Éric Caire, député indépendant de La Peltrie.
M. Caire: Alors, merci beaucoup et surtout merci à tous les regroupements, les associations qui se joignent aujourd'hui à nous pour réclamer encore une fois cette commission d'enquête publique parce que, s'il y a quelque chose qui est fondamental et essentiel, pour moi, puis je pense que peux parler aussi au nom de M. Picard, c'est l'aspect non partisan de la démarche. Ce n'est pas un show politique, c'est une demande légitime des citoyens du Québec à travers leurs représentants, à travers leurs élus pour avoir la vérité, pour avoir la justice. Vous savez, comme le disait mon collègue Marc Picard hier dans sa question au gouvernement, quand les rumeurs sont moins dommageables que la vérité, vous savez que vous êtes légitimes d'exiger la vérité. Et c'est ça qu'une commission d'enquête publique va nous apporter: la vérité.
Les citoyens du Québec ont le droit à cette vérité, ils ont le droit à cette commission d'enquête, et nous allons continuer à l'exiger jusqu'à temps que nous l'obtenions.
La Modératrice: M. Amir Khadir, coleader de Québec solidaire et député de Mercier.
M. Khadir: D'abord, merci à tous ceux qui ont pris la parole, qui se sont déplacés au nom de leurs organisations pour être ici, pour témoigner, devant le parlement, devant le peuple, de la nécessité d'une commission d'enquête publique. Merci aussi aux dizaines de citoyens qui ont mis des foulards blancs, qui sont venus nous rejoindre en plein milieu de l'après-midi, d'une journée de travail pour exprimer cette volonté populaire.
Devant cette demande, M. Charest aujourd'hui en Chambre a dit en réponse à une question de M. Deltell, chef de l'ADQ: Le financement que nous faisons, au Parti libéral du Québec, est fait en fonction de la loi et des règlements. On veut bien le croire, mais il faudra quand même que M. Charest nous explique par quelle magie ces collecteurs de fonds réussissent à convaincre, par exemple, la secrétaire d'une firme de génie-conseil ou un technicien à donner au Parti libéral 3 000 $ par année chacun, en 2008, trois fois plus que lui-même, quatre fois plus que la vice-première ministre, presque 10 fois plus que le leader du gouvernement en Chambre. Les gens, les citoyens ordinaires, comme les journalistes, comme nous les députés de l'opposition, on a tout simplement de la difficulté à croire M. Charest parce que c'est tout simplement invraisemblable. Quand la moitié des Québécois met moins de 2 500 $ par année dans ses fonds de REER, comment expliquer que le Parti libéral a réussi à convaincre 64 employés d'une même firme à donner chacun près de 3 000 $ en 2008 à la caisse du parti? Il faut cesser d'insulter l'intelligence de la population. M. Charest, pour cette raison, pour restaurer votre crédibilité, il faut déclencher une commission d'enquête sur le lien entre l'octroi des contrats, l'octroi des permis et le financement des partis politiques... de tous les partis politiques. M. Charest, votre refus alimente malheureusement la perception désagréable que ces collecteurs de fonds, magiciens du Parti libéral, détiennent plus de pouvoir que le chef actuel du gouvernement, parce qu'il ne va pas dans l'intérêt du gouvernement du Québec, de la population du Québec, de son premier ministre, des députés de la partie gouvernementale qu'on entretienne ces allégations, ces affirmations sans une commission d'enquête publique.
En attentant, heureusement, grâce aux journalistes, grâces aux citoyens, par exemple, grâce aux employés de BCIA qui se sont avancés, qui ont témoigné pour que la vérité sur les prête-noms éclate... a permis jusqu'à ce jour qu'une commission d'enquête se déroule sur la place publique. Donc, j'invite les citoyens, j'invite tous ceux qui ont été forcés à jouer le jeu de prête-noms pour n'importe quel parti de faire éclater la vérité, de contacter des journalistes et des députés et de parler. On en a besoin. Merci beaucoup.
La Modératrice: Pour la dernière intervention, j'invite Mme Pauline Marois, chef de l'opposition officielle et députée de Charlevoix. Mme Marois.
Mme Marois:
Merci. Merci. Alors, merci. Très, très brièvement. Je ne veux pas ajouter beaucoup de choses à ce qui a été dit parce que les représentants de la société civile ont été très éloquents. Nous avons réussi, les formations politiques d'opposition à l'Assemblée nationale, presque toutes... à faire cette alliance faisant que nous... Nous ne voulons pas en faire un débat partisan, et la meilleure preuve en est la présence justement des représentants de la société civile, que je remercie encore une fois d'être là.
La motion, elle est très claire, elle exige la tenue d'une enquête publique indépendante sur l'ensemble des allégations liées à l'industrie de la construction, l'octroi de contrats gouvernementaux, de permis ou de subventions ainsi que sur le financement des partis politiques. Et Amir a insisté sur le fait qu'on parle des partis politiques, je crois que ce sont les partis politiques du Québec, mais les partis politiques aussi municipaux. Moi, je fais appel aujourd'hui... et ce sera ma dernière intervention, fais appel aujourd'hui aux députés du Parti libéral pour qu'ils exercent leur droit de vote librement, en toute liberté de conscience, et qu'ils indiquent à M. Charest que la meilleure façon, et pas la meilleure... la seule façon de rétablir la confiance des citoyens et citoyennes du Québec à l'égard de leur premier ministre, à l'égard de l'institution qu'est le gouvernement, qu'est l'Assemblée nationale, c'est de tenir cette commission d'enquête. Alors, nous essaierons, cet après-midi, de les convaincre encore. J'espère que les citoyens et citoyennes du Québec sauront aussi parler à leurs députés.
Évidemment, il reste peu de temps, mais, en même temps, vous savez, j'espère que le vote sera positif pour cette commission d'enquête, je le souhaite. Si ce n'était pas le cas, on verra à se retrouver. Merci.
La Modératrice: Pour la période de questions, je tiens à rappeler que les... seuls les médias peuvent poser des questions et je vous prierais également d'identifier à qui vous adressez votre question. Merci.
Journaliste: Alors, Mme Marois, si vous voulez prendre le micro.
Mme Marois: Oui.
Journaliste: Vous avancez, Mme Marois, vous avez... Est-ce que c'est vous qui avez fait les invitations aux groupes qui sont représentés aujourd'hui, donc les associations, les syndicats? Et avez-vous fait, encore une fois, une demande à l'ADQ. Pourquoi on ne le voit pas...
Mme Marois: Oui, alors à ces deux questions, d'abord, la première, c'est... ce sont les partis d'opposition qui se sont entendus pour souhaiter la venue des partenaires de la société civile qui avaient déjà pris position. Donc, ce n'est pas la chef du Parti québécois ou la chef de l'opposition officielle, mais c'est vraiment avec les députés de l'opposition, M. Caire et son collègue, de même qu'Amir Khadir. L'ADQ s'est dite d'accord avec démarche mais n'a pas souhaité y être associée, sauf que, vous le savez, ils voteront pour la motion aujourd'hui.
Journaliste: M. Dagenais, si vous voulez vous avancer au micro...
M. Dagenais (Jean-Guy):Oui.
Journaliste: M. Dagenais, encore aujourd'hui, quand on posait la question au premier ministre, aux ministres, aux députés, ils nous disent tous: Ce qu'il faut, c'est de l'action, des enquêtes policières, et c'est ce que nous faisons, des enquêtes policières, et c'est beaucoup plus efficace qu'une commission d'enquête publique. Voulez-vous m'expliquer votre présence ici aujourd'hui, M. Dagenais?
M. Dagenais (Jean-Guy): Oui. Certainement. Je n'ai jamais mis en doute l'efficacité des enquêtes policières. Mais vous comprendrez que ce ne sont pas les enquêtes policières qui vont décider qui doit avoir tel ou tel contrat et, entre autres, quand on pense aux milliards qui vont être investis dans le plan quinquennal. Il faut comprendre une chose aussi, les membres de la Sûreté du Québec que je représente travaillent depuis environ six mois sous la loupe... sous le feu des projecteurs. Ils vont faire un excellent travail, mais je ne pense pas que ce soit le rôle de la police d'aller choisir qui doit avoir... ou tel ou tel ou tel contrat. Alors, je pense que ça va au-delà du travail des policiers.
Je suis convaincu que les policiers, policières de Marteau vont faire un excellent travail. Je les ai moi-même rencontrés. Cependant, je dois dire que ça doit être élargi, et on n'a pas le choix, ça prend une commission d'enquête publique. Je l'ai dit il y a six mois, et, aujourd'hui, c'est le même discours. Et, s'il y avait eu des faits nouveaux, je vous dirais, je ne serais pas ici, mais il n'y a pas eu de faits nouveaux, là, depuis six mois. Alors, c'est la raison pour laquelle je suis ici. Ça peut paraître surprenant qu'un représentant de syndicat policier évidemment donne son opinion sur la place publique, mais je peux vous dire que, quand je vois 82 % de la population... Et certaines personnes de la population m'ont appelé pour nous féliciter. Ils ont dit: Pour une fois, les policiers sont du côté de la population. Mais on l'a toujours été, mais évidemment on... Je ne veux pas m'étirer. J'en ai assez dit.
Journaliste: Oui. Bonjour. Ma question est pour Mme Marois, s'il vous plaît. J'imagine, Mme Marois, vous savez compter, vous devez prévoir que la motion sera battue. On arrive à la fin bientôt des travaux parlementaires de la session. Est-ce que vous avez l'impression d'arriver un peu au bout du processus ou si vous avez déjà prévu un plan B et d'autres étapes à la suite d'aujourd'hui?
Mme Marois: Alors, nous n'avons pas prévu de plan B parce que nous avons toujours l'espoir que M. Charest ait suffisamment le sens de l'honneur pour prendre une bonne décision. Nous entendons des bruits actuellement à l'effet que certains députés libéraux sont très mal à l'aise avec l'entêtement de M. Charest à ne pas vouloir tenir cette commission d'enquête. Auront-ils un sursaut? Nous le souhaitons. Mais cependant il est évident que cette commission doit se tenir, doit avoir lieu. Le mandat doit être clair. Les personnes doivent être identifiées, être au-dessus de la mêlée pour assumer cette responsabilité, et, je vous le dis, nous ne lâcherons pas.
M. Chartrand (Yves): Yves Chartrand, de Rue Frontenac. M. Dagenais, j'aimerais ça avoir des exemples. Présentement, les gens, les policiers font des enquêtes, ils ramassent des informations, bon, et ramassent surtout de la preuve pour pouvoir porter... remettre des dossiers à des procureurs qui pourraient porter des accusations. Mais est-ce que vous croyez que les policiers sont liés parce qu'ils ne peuvent pas faire comparaître des gens qui, eux, auraient des choses à dire et qu'ils le feraient dans une commission d'enquête publique? Vous, expliquez-nous comment ça fonctionne, ça.
M. Dagenais (Jean-Guy): Oui, bien, disons, je vais essayer d'être plus bref. Ce n'est pas le rôle du président de l'association de s'immiscer dans les enquêtes policières. Cependant, moi, je peux vous dire une chose, les policiers travaillent librement, si je peux m'exprimer ainsi, ils font leur travail. J'ai toujours dit cependant que les enquêtes policières sont des enquêtes de longue haleine et, quand on a parlé de Marteau, j'avais dit publiquement: Oui, c'est une bonne chose, cependant nous sommes loin de la coupe aux lèvres, et les résultats vont se faire attendre. Et je peux vous dire qu'actuellement, oui, il y a certains dossiers qui sortent. On me dit qu'il y a des petits poissons qui auraient été saisis. Est-ce qu'on est loin des requins blancs? Vous comprendrez, je n'ai pas l'intention d'appeler à Marteau demain matin pour m'immiscer dans les enquêtes.
M. Chartrand (Yves): Donc, donc une commission d'enquête publique enrichirait l'enquête policière, parce qu'ils apprendraient des choses.
M. Dagenais (Jean-Guy): Bien, je vous dirais que non seulement elle va enrichir... mais, si je peux m'exprimer ainsi, c'est qu'elle va toucher un autre créneau que les affaires policières. Les affaires policières, c'est une chose, judiciariser les gens, c'est une chose, mais une commission d'enquête, comme je le disais tantôt... est-ce que ça regarde les policiers de savoir qui... ou telle ou telle compagnie va avoir un contrat et pour quels motifs, qui ne sont pas nécessairement des motifs criminels? Alors ça, je pense que ça ne touche pas le rôle des policiers.
M. Chartrand (Yves): Juste, juste... parce que, là, ce qu'on parle, c'est... on parle d'un système, alors qu'un système en soi, ce n'est pas... ce n'est pas nécessairement illégal, ce que ne peut pas faire... ce que ne peut pas faire une enquête policière. Il peut y avoir, bon, des... on donne des contrats à des amis, ce n'est pas nécessairement illégal, mais ça... le système existe quand même, non?
M. Dagenais (Jean-Guy): Je vous dirais que ça sort du contexte policier. C'est ça qui justifie une commission d'enquête publique. Laissons les policiers faire leur travail. Ils font un excellent travail. Et, ceci étant dit, pour tout ce qui est hors du contexte policier, bien c'est l'enquête publique qui va le résoudre.
Journaliste: M. Dagenais, M. Dagenais, j'ai deux questions pour vous juste pour poursuivre dans la même lignée. Vous avez dit: On prend des petits poissons, on est loin des requins. Est-ce que vous pensez qu'une enquête publique permettra de prendre des requins?
M. Dagenais (Jean-Guy): Bien, écoutez, quand on demande une commission d'enquête publique, on espère des résultats. Vous comprendrez que je ne commencerai à identifier des requins, je ne les connais même pas moi-même. Mais, ceci étant dit, à date, lorsqu'on regarde les enquêtes policières, on comprend que... vous comme moi, vous comprenez que ce sont des petits poissons, alors... Et laissons les policiers faire leur travail, et je le dis, je le répète encore une fois, les enquêtes policières, ce sont des enquêtes de longue haleine. Et, encore là, on loue l'opération Marteau, on dit que c'est une bonne chose, mais, ceci étant dit, de là à l'annoncer, qu'on s'attende à des résultats dans quatre ou cinq mois... Vous savez, il y a des enquêtes policières. Des fois, ça a pris deux, ou trois, ou quatre ans. Et, on verra, peut-être que, dans quatre ans, il y aura des gros requins, mais, encore une fois, je vais le répéter, ce n'est pas le travail des policiers d'aller au-delà du... des enquêtes et de faire ce qui n'est pas nécessairement du criminel, entre guillemets.
Journaliste: Avez-vous l'impression d'avoir le dos large? Parce que, quand on pose des questions, même quand l'opposition pose des questions, le premier ministre, les ministres répondent toujours que... Laissez les policiers faire leur travail, les gens veulent avoir des scellés sur les bureaux, ça va... en fait, ça va passer par les policiers. Est-ce que vous avez eu l'impression d'avoir le dos large?
M. Dagenais (Jean-Guy): Bien, je vous dirais que c'est certain qu'on est sous le feu des projecteurs, on est sous la loupe. J'ai rencontré les gens de Marteau, ils le savent très bien. Bon. Alors, on va faire notre travail, mais je ne vous cacherai pas que, depuis six mois, on est fort populaires et on n'est pas contre ça, mais on aimerait mieux être populaires d'une autre façon.
Journaliste: Est-ce que c'est trop, selon vous? Est-ce que la... Est-ce que les politiciens utilisent la police pour noyer le petit poisson et les requins?
M. Dagenais (Jean-Guy): Oui. Je vous... Je vous dirais que faire de la police n'est pas d'être populaire mais de faire un excellent travail. Alors, c'est certain que... J'ai mentionné dans un média qu'il ne fallait pas que l'opération Marteau serve de parapluie. Je ne pense pas qu'elle le serve, mais, si ça peut répondre à votre question, laissons les policiers faire leur travail. Et vous savez comme moi que c'est sûr qu'on est sous la loupe. Alors, tout le monde attend des résultats, mais des résultats d'enquêtes policières, c'est long.
Journaliste: M. Dagenais...
La Modératrice: Dernière question....
Journaliste: M. Dagenais, on sait que... que ce que le gouvernement va dire, c'est qu'en général les enquêtes publiques ont taquiné la truite mais n'ont pas sorti les gros requins non plus.
M. Dagenais (Jean-Guy): Bien, écoutez, je vais... je vais laisser faire au politique faire le travail du politique. Moi, je suis ici comme représentant des policiers pour vous livrer le message des membres que je représente. On nous a donné un mandat de... d'aller faire du... du criminel, d'arrêter des gens ou de judiciariser des gens ou de faire des enquêtes. Alors, c'est sûr que, vous savez, tout ce qui peut être criminel, que ce soit taquiner la truite... et, si on peu avoir un doré au bout de la langue... au bout de la langue, pardon, au bout de l'hameçon, on va être bien contents. On l'aura au bout de la langue, dans l'assiette, quelques jours après, sûrement. Mais, en quelque part, ce que... ce que je trouve d'inconfortable pour mes membres, c'est qu'actuellement jamais on a été autant sous la loupe, alors que, dans certaines opérations, si je peux prendre l'opération SharQc, qui concernait les motards criminalisés, ça n'a pas été annoncé en grande pompe tant et aussi longtemps qu'on a pas eu les résultats. Alors là, on a fait l'annonce avant les résultats, c'est différent.
Journaliste: Et sur votre présence ici on sait ce que le gouvernement va dire. Il va dire: Vous êtes en négociation actuellement, comme Mme Carbonneau, d'ailleurs, que j'aimerais entendre, ou Mme Martineau. Au fond, vous êtes tous des gens qui avez, en anglais, on dirait, «un agenda parallèle», là, je veux dire, d'autres... d'autres visions, d'autres objectifs qui, là, font votre affaire. Donc, d'être ici alors, sur votre présence ici, est-ce qu'elle n'est pas ambiguë?
M. Dagenais (Jean-Guy): Bien, je vous dirai que, lorsque j'ai fait la déclaration, c'était fin octobre, début novembre, on n'était pas en négociation. Le contrat de l'Association des policières et policiers provinciaux... les policiers de la Sûreté du Québec... se terminait le 31 mars. Alors, il faut faire une distinction. On n'a pas fait... Et, vous savez, on peut faire des déclarations publiques. Peut-être que les gens sont moins habitués à ça, un président de syndicat de policiers qui fait des déclarations publiques, mais, à ce moment-là, on n'était pas en négociation, et je fais une distinction entre la négociation du contrat de travail et évidemment nos interventions qui étaient en novembre, soit six mois quasiment avant la fin du contrat.
Journaliste: Oui. M. Dagenais, on a vu récemment, à Radio-Canada, un reportage où des témoins crédibles affirmaient que des intermédiaires réclamaient des pots-de-vin pour obtenir une aide financière du Fonds de solidarité. Et la question qu'on peut se poser suite à ces témoignages-là, c'est: Comment se fait-il qu'il n'y ait pas encore eu d'accusations portées par les procureurs de la couronne?
Est-ce que c'est parce que certaines enquêtes policières bloquent au niveau de la couronne, pour des raisons qu'on ignore?
M. Dagenais (Jean-Guy): Et je vous dirai la même réponse que j'ai dit à votre collègue tantôt. Mon rôle n'est pas de m'immiscer, de savoir où sont rendues les enquêtes, qu'est-ce qui s'est passé dans l'enquête. Moi, je fais confiance aux enquêteurs qui travaillent le dossier, et, je peux vous dire une chose, à moins qu'on prouve le contraire, à date il n'y a pas eu d'intervention dans les enquêtes policières.
Journaliste: J'ai une autre question pour Mme Marois. Mme Marois, il y a des dizaines de groupes qui se sont... qui ont réclamé une enquête policière... une enquête publique, pardon. On constate ici que ce sont des alliés presque naturels qui sont présents
Mme Marois: Ça dépend quand.
Journaliste: Est-ce que...
Mme Marois: Pas toujours.
Journaliste: J'ai dit: Presque naturels. Mais est-ce que vous avez demandé à d'autres groupes de s'associer à cet événement? Et, si oui, pourquoi ont-ils refusé?
Mme Marois: Bon. D'abord, tous les groupes qui ont pris position jusqu'à maintenant pour la demande d'une enquête sont toujours là, appuient toujours cette demande d'enquête. Certains ne pouvaient pas être là aujourd'hui, mais ils ont été contactés.
Journaliste: Et qui? De qui parle-t-on?
Mme Marois: Je parle de la liste complète, parce qu'on s'est partagé... on a appelé des gens, et ce sont... les personnes qui sont ici aujourd'hui pouvaient se dégager, avaient la possibilité de le faire, mais je peux vous dire qu'il n'y a personne qui nous a dit: On n'est pas d'accord, on n'ira pas parce qu'on n'est pas d'accord. Ça va?
M. Khadir:
Je peux vous en nommer une, une coalition très large de groupes populaires qui ne sont l'allié naturel de personne, en fait qui sont même très rébarbatifs et allergiques à se présenter avec des partis politiques, mais ils ont dit: Sur cette question, on est avec vous. Cette coalition regroupe des dizaines de regroupements nationaux, de groupes populaires. C'est la Coalition contre la hausse des tarifs, qui s'est formée suite au budget. Puis, là-dedans, tu as des alliés naturels de tout le monde, y compris peut-être, dans certains cas, même des libéraux.
M. Hillier (Ryan): Juste pour renchérir sur les propos de Mme Marois puis sur les propos de M. Khadir, moi-même, je suis bien identifié au niveau fédéral avec le Parti libéral du Canada, d'autres membres de notre coalition Corruption Zéro sont bien identifiés dans toutes les formations politiques, que ce soit aux niveaux municipal, provincial, fédéral. Mais, écoutez, il y a un problème, et ce n'est pas seulement les enquêtes policières qui vont venir à bout de ce problème-là, de ce système, ce n'est pas le problème d'un seul parti et c'est pour ça qu'on s'est regroupés avec tous ces autres organismes pour venir dire ici, encore une fois, comme je disais tout à l'heure, haut et fort: Une commission d'enquête publique indépendante est nécessaire. Nous devons d'abord faire la lumière sur ce qui s'est passé dans le passé pour ensuite apporter les modifications qui s'imposent à ce système qui, selon nous, est gravement malade. Alors, voilà.
Journaliste: Alors, ma question est pour Mme Marois, s'il vous plaît. J'aimerais revenir sur ce que vous avez dit à une collègue un peu plus tôt. Vous avez dit que vous n'aviez pas prévu de plan B si la motion est rejetée, mais est-ce qu'il peut y en avoir un, plan B?
Mme Marois: Écoutez, je ne veux pas spéculer aujourd'hui parce que je veux mettre toute notre énergie à convaincre le gouvernement, à convaincre les collègues libéraux de l'Assemblée nationale qu'il en va de notre intérêt collectif, pas seulement de leur intérêt, de l'intérêt de nos institution, de leur intégrité, de la confiance qu'ont les citoyens à l'égard de nos institutions. Il y a un climat actuellement qui est tellement malsain. Alors, je ne veux pas annoncer de plan B, dire que j'ai pensé à un plan B parce que j'espère toujours obtenir que certains députés aient un sursaut et qu'ils votent avec l'opposition sur la motion qui nous est présentée.
Journaliste: Je n'arrive pas à comprendre parce que, tout à l'heure, vous avez dit qu'«on n'a pas prévu de plan B». Donc, c'est parce que vous y aviez pensé, mais que ce n'était pas possible.
Mme Marois: Non, mais parce que, quand on se met à prévoir... Regardez, Tommy, vous le savez, quand on se met à prévoir un plan B, on tire dans toutes sortes de directions. On s'est vraiment concentrés sur la motion que nous avons déposée déjà il y a une semaine, sur le fait qu'il y avait des gens qui se mobilisaient et qu'ils souhaitaient que cette enquête se tienne, qu'il y ait le plus, je dirais, de gens possible qui écoutent, le plus grand nombre de personnes possible qui écoutent ce débat, et c'est ça, notre objectif, et qu'il y ait un sursaut, encore une fois, de la part du premier ministre. Mais j'ai répondu aussi à votre collègue: Soyez conscients cependant que, si ce gouvernement, si cette formation politique ne devaient pas recevoir positivement... voter avec cette motion, c'est évident qu'on ne va pas lâcher.
Journaliste: Est-ce que l'opposition pourrait, par exemple, bloquer l'avancement de projets de loi, faire de l'obstruction un peu systématique pour essayer de faire plier le gouvernement?
Mme Marois: Je ne veux pas parler de stratégies ou de tactiques qui pourraient être utilisées. On verra ça avec les... entre autres, avec les autres collègues de l'opposition.
Journaliste: Donc, c'est possible. C'est une possibilité.
Mme Marois: Non. Je ne veux pas... Je ne veux pas que vous tiriez comme conclusion que c'est possible. Merci.
(Fin à 14 h 31)
DOUTEUR. PROFESSEUR BULLE. HENRY DICKSON
Députées Pauline Marois Amir Khadir Éric Caire