28.03.2010
http://www.leparisien.fr/flash-actualite-monde/benoit-xvi-ne-pas-se-laisser-intimider-par-les-jacasseries-28-03-2010-866507.php
Le pape Benoît XVI, éclaboussé par les scandales de pédophilie au sein de l'Eglise catholique, a déclaré dimanche que Dieu donnait "le courage de ne pas se laisser intimider par les jacasseries", sans toutefois évoquer directement les attaques dont il est l'objet.
"Jésus marche devant nous et va vers le haut. Il nous conduit vers ce qui est grand, pur (...), vers le courage qui ne se laisse pas intimider par les jacasseries des opinions dominantes",
a dit le pape dans son homélie du dimanche des Rameaux.
Cette semaine, Benoît XVI a été au coeur d'une polémique de grande ampleur pour s'être refusé à sanctionner, en 1996, un prêtre américain accusé d'avoir commis des viols répétés sur 200 enfants sourds entre 1950 et 1974.
"L?homme peut choisir une voie facile et éviter toute fatigue. Il peut même s'abaisser vers le vulgaire. Il peut sombrer dans les marécages du mensonge et de la malhonnêteté",
a affirmé le pape sans mentionner ces affaires.
Vendredi, l'organe officiel du Vatican, l'Osservatore romano, avait dénoncé "une tentative ignoble d'atteindre à tout prix" le pape, après les révélations faites par le New York Times et reprises dans le monde entier.
Toutefois, le vaticaniste du quotidien italien Il Fatto (gauche) Marco Politi, interrogé par l'AFP, reste très prudent sur l'interprétation des propos du pape.
"Jacasseries est un terme qu'a déjà utilisé à plusieurs reprises Benoît XVI pour désigner les choses futiles, matérialistes",
relève-t-il.
En revanche, souligne M. Politi,
"il n'a jamais parlé de +jacasseries+ à propos des abus sexuels" qu'il a toujours qualifiés au contraire de "crimes abominables".
Pour lui, la véritable réponse du pape aux accusations d'"étouffement" des affaires de pédophilie, en particulier lorsqu'il était préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (de 1981 à 2005), est contenue dans la déclaration de son porte-parole faite samedi.
Le père Federico Lombardi avait affirmé que "l'autorité du pape" n'était "pas affaiblie mais confirmée" par "les récentes attaques médiatiques" qu'il avait plutôt minimisées, tentant de calmer le jeu en estimant qu'elles ne constituaient "pas une surprise".
La manière dont l'Eglise affronte la question des abus sexuels de mineurs "est cruciale pour sa crédibilité morale", avait ajouté le porte-parole.
"Sans indulgence et sans complaisance qui seraient déplacées, il n'est pas possible de ne pas reconnaître toutefois l'effort extraordinaire de prévention qui a été réalisé",
avait-il estimé.
Benoît XVI a prononcé cette homélie pendant la messe du dimanche des Rameaux, qui ouvre la Semaine sainte et commémore, chez les chrétiens, l'entrée du Christ à Jérusalem, accueilli par une foule en liesse brandissant des rameaux d'olivier, à quelques jours de la Pâque juive.
Cette fête coïncide avec la "journée mondiale de la jeunesse" célébrée par les jeunes catholiques du monde entier dans chaque diocèse.
Des dizaines de milliers de jeunes s'étaient d'ailleurs rassemblés sur la place Saint-Pierre à Rome pour écouter la messe et l'Angelus du pape qu'ils ont applaudi avec ferveur et acclamé aux cris de "vive le pape".