Gilbert Lavoie
Le Soleil
29 mai 2010
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/politique/201005/28/01-4284927-pauline-marois-chez-les-arroseurs-arroses.php
(Québec) lle n'a peut-être pas perdu la guerre, mais elle a perdu une bataille.
Après Marc Bellemare, c'est Pauline Marois qui a goûté cette semaine à la médecine qu'elle a servie à Jean Charest tout l'hiver.
Une histoire classique d'arroseurs arrosés.
Après avoir allégué pendant des mois que les libéraux se servent de prête-noms pour le financement de leur parti, voilà que c'est sa famille proche qui a fait l'objet d'allégations de même nature pour le financement de sa campagne à la direction du parti en 2005.
Marc Bellemare a subi le même sort après avoir dénoncé les méthodes de financement des libéraux. Son ancien adjoint au sein de Vision Québec a révélé avoir servi de prête-nom pour un prêt de 10 000 $ au parti. Le Directeur général des élections a ouvert une enquête.
LE CAS DE MME MAROIS EST PARTICULIER
En tout, c'est 17 membres de sa famille ou de celle de son mari qui ont participé au financement de sa campagne, à raison de 3000 $ chacun dans la plupart des cas.
Les contributions étaient légales, mais certaines ont soulevé des doutes parce qu'elles ont été effectuées par des jeunes aux études ou des parents proches qui ne semblaient pas avoir les moyens de faire de tels dons.
D'où vient l'argent?
A-t-on utilisé des prête-noms?
Dans le monde de la politique, où les apparences sont plus importantes que la réalité, [dans le monde des journaux aussi.]
le simple fait de poser cette question crée de la suspicion.
[c'est tout le but de l'article: mettre en parallèle le comportement douteux du régime Charest et de son aréropage - (définition) assemblée de personnes particulièrement compétentes dans leur domaine: ici, l'escroquerie. Et madame Marois qui a sans doute des choses à se reprocher (ou son mari) mais qui dénonce des choses embarrassantes pour toute la classe politique et affairistes. Dans le but de discréditer aussi bien le message que le messager. L'histoire du journal La Presse est éloquente à ce propos. Comme je le dis souvent, le but des médias est 1. de vendre des annonces 2. enrichir son proprio 3. faire de la propagande. Et, s'il y a de l'espace entre 2 annonces, faire un peu d'information. Généralement sur le sort des ovules congelés d'une chanteuse aimée de la nation. On assisite ici à l'utilisation de la rhétorique comme arme de dissuasion massive ou douce. Les personnes peu intelligentes ou peu éclairées sur son utilisation constante ou, même son existence en découvrent un exemple qu'ils peuvent maintenant nommer. Ce mot n'est pas seulement un souvenir obscur d'un cours classique mal digéré à oublier au plus vite. Au contraire, il sert tous les jours. Généralement, au détriment du plus grand nombre. À quoi bon utiliser la matraque ou la menace de la matraque quand quelques mots suffisent...]
L'embarras de Mme Marois est double :
[c'est le but visé par le journal: donner cette impression qui doit remplacer l'impression malsaine ressentie en pensant aux agissements du régime Charest.]
La Presse a révélé cette semaine que des gens associés à des firmes de génie-conseil ont versé les deux tiers des 123 000 $ que la chef du PQ a recueillis au cours de sa campagne de financement de 2007.
[tout le monde est mouillé. Et l'humidité dépend de la durée de la baignade. Ce qui n'empêche pas les informations d'être crédibles. Qu peut le mieux parler de la température de l'eau que le baigneur ou la baigneuse? Il s'agit donc de faire douter du messager pour discréditer le message. Simple.]
Une portion de 25 000 $ provenait des employés de la compagnie Axor, l'une des firmes montrées du doigt par Amir Khadir, le 18 mars dernier, pour sa générosité envers les libéraux.
Le député de Québec solidaire avait laissé entendre que les employés de cette firme avaient servi de prête-noms, ce qui a provoqué une enquête du DGE.
Khadir, qui s'est joint mardi à la coalition de Mme Marois pour obtenir une enquête publique, a changé de discours lorsqu'il a été interrogé sur les contributions à la chef du PQ.
[retenez bien les mots employés]
Au lieu de s'en étonner, il les a défendues, ce qui l'a mis en contradiction avec son raisonnement du 18 mars.
Il avait alors douté de la capacité de la réceptionniste d'Axor de verser 3000 $ aux libéraux, laissant entendre qu'elle avait servi de prête-nom.
1. «Ce qui pourrait être illégal, c'est qu'une secrétaire, une réceptionniste - je ne sais pas à quelle échelle on les paie dans les firmes de génie-conseil, mais je ne pense pas que ce soit des salaires élevés - donne 3000 $ au Parti libéral. On peut se poser des questions.»
2. Or, jeudi, il a dit trouver tout à fait crédible que des étudiants de 18, 19 et 21 ans aient eu les moyens de donner 3000 $ chacun à la campagne de Mme Marois.
[retenez bien le raisonnement. On essaie de comparer une réceptionniste probablement mal payée avec des enfants de millionnaires qui vivent sans doute une vie de Spartiates et de Stoïciens pour les préparer à leur entrée sur le Marché du Travail à la dure comme employés chez Wall Mart! Ils n'ont certainement pas quelques milliers de $ d'$ de poche à donner à leur maman. Et s'ils le font, ils espèrent sans doute des contrats en retour pour asphalter, par exemple, leur entrée de garage. Il va de soi qu'un communiste de stricte observante trouvera injuste le sort d'une fille de pauvre comparée à celui d'une fille de riche. Mais ici, il ne s'agit pas d'attirer l'attention sur le Destin et son sens particulier de l'humour mais de jeter le doute sur le messager pour, par ricochet, faire perdre de la crédibilité au message. Se souvenir que le journal La Presse a été un des artisans du célèbre Coup de la Brinks! On est dans les ligues majeures du décervelage. Notre Pravda locale.]
3. Si c'est normal pour eux, pourquoi était-ce suspect pour la réceptionniste de la compagnie Axor?
4. Le député de Québec solidaire s'est enfargé dans ses contradictions.
[notez la beauté du raisonnement 1. 2. 3. 4. qui tire la conclusion de vos esprits comme si on tire une ficelle qui entrerait dans votre cerveau.]
UNE ENQUÊTE SUR TOUT LE QUÉBEC?
Pauline Marois avait pourtant un beau cheval de bataille l'automne dernier : sa demande d'enquête sur l'industrie de la construction recevait des appuis de tous les côtés.
Pourquoi a-t-il fallu qu'elle en élargisse le mandat de jour en jour, au point d'en faire une entreprise monstrueuse et irréalisable?
[?]
La motion débattue mercredi demandait
«que l'Assemblée nationale du Québec exige la tenue d'une enquête publique et indépendante sur l'ensemble des allégations liées à l'industrie de la construction, à l'octroi de contrats gouvernementaux, de permis ou de subventions ainsi que sur le financement des partis politiques».
Dans son point de presse du matin, Mme Marois avait même acquiescé à la suggestion d'Amir Khadir d'inclure les partis politiques municipaux dans cette enquête.
Par où commence-t-on? Laval [Certainement! La ville aux ponts qui tombent! Et au maire éternel!], Montréal, Longueuil, Gatineau?
[ici, on essaie de montrer «l'irréalisme» de la chose (proposée sans doute par une irresponsable vivant dans un nuage. Non qu'il y ait des gens croches partout et dans toutes les villes nommées - et dans celles qu'on ne nomme pas. On montre simplement l'excès d'irresponsabilité de la personne, encore une fois pour discréditer le message. Anciennement, on aurait dit en élevant les bras au ciel: comment osez-vous douter de nos bonnes élites qui vont à l'église et donnent aux oeuvres? Ici, on se contente de recourir en sous-texte à la légende d'Hercule et des Écuries d'Augias pour susciter la fatigue. Il y aurait tant à faire! On n'a tout simplement pas le temps ni les ressources! On pourrait se contenter de l'industrie de la construction. Mieux, sur la FTQ. Ces syndicats qui nuisent à la productivité et la compétitivité des entreprises sont capables de tout. Oui, il faudrait enquêter partout où il y a un doute. Comment? Par où commercer? Par toute ville qui accorde systématiquement des contrats sans appel d'offre. ]
LA CONSTRUCTION
Revenons à l'essentiel des choses :
une enquête sur la construction est nécessaire parce qu'il est devenu évident, au cours de la dernière année, que le crime organisé s'y est installé à différents niveaux.
Le travail en cours des policiers permettra d'ailleurs de recueillir le matériel et les témoignages nécessaires à la tenue d'une telle enquête publique. [ ici, on reprend l'encyclique Libérale: Laissons faire la police! Mais la police ne fonctionne que sur dénonciaton, témoins, preuves. Et ça lui prend des années pour monter une preuve capables de contenter les tribunaux pour la moindre affaires. Il va de soi que c'est ce qu'on espère. Que ça prenne le plus de temps possible. On sacrifiera bien quelques maladroits ou malchanceux pour préserver tous les heureux bénéficiaires du régime.]
Mais a-t-on véritablement besoin d'enquête publique sur le financement des partis ou sur le processus de nomination des juges dont on connaît déjà les failles?
[OUI!]
Tous les politiciens savent que la Loi sur le financement des partis est contournée depuis des décennies par des entreprises.
Et tout le monde sait que les libéraux, plus près des milieux d'affaires fédéralistes, en ont profité plus que le PQ.
Les contributions de 171 795 $ par 64 dirigeants et employés de CIMA à la caisse du PLQ en 2008, dévoilées jeudi par Québec solidaire, en sont un autre exemple.
Les employés de la même firme ont donné 65 500 $ au PQ la même année.
En principe, les entreprises n'ont pas le droit de contribuer au financement des partis politiques. En pratique, elles le font par l'entremise de leurs dirigeants et employés.
QUE VEUT-ON SAVOIR DE PLUS?
Dans quelle proportion le PLQ a profité de cette situation par rapport au PQ?
Ça ne changerait rien à la réalité : une entorse à la loi est une entorse à la loi, peu importe le montant et la fréquence.
Les élus n'ont pas besoin d'une commission d'enquête pour savoir quelles corrections apporter à la loi pour mettre fin à ces abus.
Faut-il limiter les dons à 500 $ comme le suggère le PQ ou laisser le maximum à 3000 $ comme le désirent les libéraux? Peu importe!
Ce qu'il faut, c'est dissuader les entreprises et les partis qui contournent la loi en utilisant des prête-noms.
[encore une fois, rhétorique en action. De tous les maux possibles, on choisit le moindre et on concentre l'attention dessus. On a dénoncé et découvert bien d'autres maladies et bien plus gravissimes que les contributions illégales. On doit donc les occulter. Et focaliser l'attention sur la main droite qui s'agite.]
Or, le projet de loi actuellement à l'étude aura cet effet. Il donnerait plus de pouvoirs au DGE, et priverait une entreprise coupable d'une infraction de tout contrat public pendant cinq ans.
Voilà une mesure efficace qui fera réfléchir les firmes de génie-conseil ou de construction qui vivent au crochet des différents paliers de gouvernement.
[Sursaut de lucidité. Et erreur dans la démonstration: car on attire de nouveau l'attention du lecteur sur ce qu'on voulait camoufler. Travail d'amateur. Et il y a bien plus que les firmes de contruction ou de génie en cause. Tirons sur le fil de laine du chandail. Tirons.]