mercredi 26 mai 2010
3742
LE MÉPRIS DE KAZEM OUELLET
Patrick Lagacé
17 mai 2010
La Presse
http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/patrick-lagace/201005/16/01-4281007-le-mepris-de-kazem-ouellet.php
Il y a quelques semaines, Kazem Sadighi, imam à Téhéran, a déclaré que les tremblements de terre étaient attribuables aux femmes qui s'habillent de façon indécente. Ben oui...
Marc Ouellet, cardinal de Québec, primat de l'Église canadienne, a déclaré ceci, en marge d'un congrès de militants pro-vie, selon mon collègue Frédéric Denoncourt, du Soleil:
«Je comprends très bien qu'une femme violée vit un drame et qu'elle doit être aidée. Mais elle doit l'être par rapport à la créature qu'elle a dans son sein. Elle n'est pas responsable de ce qui lui arrive. C'est l'agresseur qui est responsable. Mais il y a déjà une victime. Est-ce qu'il faut en faire une autre?»
Et: «Prendre la vie de quelqu'un d'autre, c'est toujours un crime moralement.»
Bref, l'avortement est un meurtre. Qu'importe le contexte. Même après un viol.
Ben oui...
Le lien avec l'imam de Téhéran? Dans les deux cas, il s'agit de religieux fondamentalistes qui attaquent les femmes. Au moins, l'imam de Téhéran les attaque de front. Le cardinal de Québec les attaque sournoisement, par la bande, en feignant de les comprendre.
Il ne les comprend pas du tout. Suggérer qu'une femme violée - cas extrême, convenons-en, mais il est soulevé par ce bon cardinal - est dans l'erreur si elle choisit de se faire avorter, c'est une attaque.
C'est du mépris. C'est l'esprit d'un autre siècle. Le XIXe.
Ce n'est pas la première fois que le cardinal Ouellet fait des sorties péremptoires en totale contradiction avec le XXIe siècle tel qu'il est vécu au Québec. Ses prises de position passéistes pourraient être comiques si, à Ottawa, on ne sentait pas une volonté larvée de rouvrir le débat sur l'avortement.
Il y a quelques semaines, j'ai pondu une chronique sur une très belle église de Montréal, Saint-Pierre-Apôtre. Belle parce que c'est une église ouverte. Aux gais, d'abord. Aux poqués, ensuite. C'est une église qui s'occupe de son prochain sans lui faire la morale. Je ne suis pas un croyant, mais c'est à peu près l'idée que je me fais du Christ.
Les gens qui se dévouent dans cette église sont à des années-lumière du dogmatisme stupide de Kazem Ouellet. Ils sont sur le plancher des vaches.
L'église Saint-Pierre-Apôtre n'est pas la seule à faire du bien dans sa communauté, sans grand prosélytisme, loin d'une lecture rigide de la Bible. Il y en a partout. Et, comme l'a noté récemment un chroniqueur du New York Times, Nicholas Kristof, qui parcourt les coins les plus reculés du monde pour dénoncer le barbarisme, on trouve toujours dans ces zones désespérées des prêtres et des religieuses catholiques héroïques, prêts à tout pour sauver des vies de civils innocents.
C'est à ces prêtres et à ces religieuses, de Montréal ou de Kinshasa, que le cardinal Ouellet plante un couteau dans le dos. C'est le drame de tout ça: les bonnes actions des églises sont constamment sapées par les salopards du Vatican comme Ouellet.
Je refuse de croire que tous les prêtres catholiques du Québec pensent comme le cardinal Ouellet. Or, encore une fois, le seul qui ose se présenter au marbre pour dénoncer publiquement le fondamentaliste de Québec, c'est (encore) Raymond Gravel.
Ils sont où, les autres prêtres?
Et vous, cardinal Turcotte, de Montréal?
Je note que le cardinal de Québec fustige aussi le débat sur l'euthanasie. Culture de mort, encore, dit-il. Eh, misère...
On doit tous mourir. On va tous mourir. Le cardinal Ouellet va mourir, un jour. J'espère qu'il mourra d'une longue et pénible maladie. J'espère qu'il pourra comprendre pourquoi certaines personnes, quand elles n'ont plus que la peau sur les os, quand elles vomissent leurs excréments, aimeraient pouvoir en finir, «légalement».
Oui, le paragraphe que je viens d'écrire est vicieux. Mais Marc Ouellet est un extrémiste. Et dans le débat, tous les coups sont permis avec les extrémistes religieux. La prochaine fois, j'évoque le silence de l'extrémiste de Québec face à son frère pédophile.
Le cardinal est un fondamentaliste. La chose est connue. Dorénavant, quiconque acceptera de partager une tribune avec lui, dans le politique, devrait être traité comme un complice du fanatisme de Kazem Ouellet.
Patrick Lagacé
17 mai 2010
La Presse
http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/patrick-lagace/201005/16/01-4281007-le-mepris-de-kazem-ouellet.php
Il y a quelques semaines, Kazem Sadighi, imam à Téhéran, a déclaré que les tremblements de terre étaient attribuables aux femmes qui s'habillent de façon indécente. Ben oui...
Marc Ouellet, cardinal de Québec, primat de l'Église canadienne, a déclaré ceci, en marge d'un congrès de militants pro-vie, selon mon collègue Frédéric Denoncourt, du Soleil:
«Je comprends très bien qu'une femme violée vit un drame et qu'elle doit être aidée. Mais elle doit l'être par rapport à la créature qu'elle a dans son sein. Elle n'est pas responsable de ce qui lui arrive. C'est l'agresseur qui est responsable. Mais il y a déjà une victime. Est-ce qu'il faut en faire une autre?»
Et: «Prendre la vie de quelqu'un d'autre, c'est toujours un crime moralement.»
Bref, l'avortement est un meurtre. Qu'importe le contexte. Même après un viol.
Ben oui...
Le lien avec l'imam de Téhéran? Dans les deux cas, il s'agit de religieux fondamentalistes qui attaquent les femmes. Au moins, l'imam de Téhéran les attaque de front. Le cardinal de Québec les attaque sournoisement, par la bande, en feignant de les comprendre.
Il ne les comprend pas du tout. Suggérer qu'une femme violée - cas extrême, convenons-en, mais il est soulevé par ce bon cardinal - est dans l'erreur si elle choisit de se faire avorter, c'est une attaque.
C'est du mépris. C'est l'esprit d'un autre siècle. Le XIXe.
Ce n'est pas la première fois que le cardinal Ouellet fait des sorties péremptoires en totale contradiction avec le XXIe siècle tel qu'il est vécu au Québec. Ses prises de position passéistes pourraient être comiques si, à Ottawa, on ne sentait pas une volonté larvée de rouvrir le débat sur l'avortement.
Il y a quelques semaines, j'ai pondu une chronique sur une très belle église de Montréal, Saint-Pierre-Apôtre. Belle parce que c'est une église ouverte. Aux gais, d'abord. Aux poqués, ensuite. C'est une église qui s'occupe de son prochain sans lui faire la morale. Je ne suis pas un croyant, mais c'est à peu près l'idée que je me fais du Christ.
Les gens qui se dévouent dans cette église sont à des années-lumière du dogmatisme stupide de Kazem Ouellet. Ils sont sur le plancher des vaches.
L'église Saint-Pierre-Apôtre n'est pas la seule à faire du bien dans sa communauté, sans grand prosélytisme, loin d'une lecture rigide de la Bible. Il y en a partout. Et, comme l'a noté récemment un chroniqueur du New York Times, Nicholas Kristof, qui parcourt les coins les plus reculés du monde pour dénoncer le barbarisme, on trouve toujours dans ces zones désespérées des prêtres et des religieuses catholiques héroïques, prêts à tout pour sauver des vies de civils innocents.
C'est à ces prêtres et à ces religieuses, de Montréal ou de Kinshasa, que le cardinal Ouellet plante un couteau dans le dos. C'est le drame de tout ça: les bonnes actions des églises sont constamment sapées par les salopards du Vatican comme Ouellet.
Je refuse de croire que tous les prêtres catholiques du Québec pensent comme le cardinal Ouellet. Or, encore une fois, le seul qui ose se présenter au marbre pour dénoncer publiquement le fondamentaliste de Québec, c'est (encore) Raymond Gravel.
Ils sont où, les autres prêtres?
Et vous, cardinal Turcotte, de Montréal?
Je note que le cardinal de Québec fustige aussi le débat sur l'euthanasie. Culture de mort, encore, dit-il. Eh, misère...
On doit tous mourir. On va tous mourir. Le cardinal Ouellet va mourir, un jour. J'espère qu'il mourra d'une longue et pénible maladie. J'espère qu'il pourra comprendre pourquoi certaines personnes, quand elles n'ont plus que la peau sur les os, quand elles vomissent leurs excréments, aimeraient pouvoir en finir, «légalement».
Oui, le paragraphe que je viens d'écrire est vicieux. Mais Marc Ouellet est un extrémiste. Et dans le débat, tous les coups sont permis avec les extrémistes religieux. La prochaine fois, j'évoque le silence de l'extrémiste de Québec face à son frère pédophile.
Le cardinal est un fondamentaliste. La chose est connue. Dorénavant, quiconque acceptera de partager une tribune avec lui, dans le politique, devrait être traité comme un complice du fanatisme de Kazem Ouellet.