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EFFONDREMENT DU VIADUC DU SOUVENIR

SOUPÇON DE NÉGLIGENCE CRIMINELLE

1 mars 2010
http://www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2010/03/01/008-viaduc-souvenir-negligence.shtml

Dix ans après l'effondrement du viaduc du Souvenir à Laval, le policier qui a eu à superviser l'enquête prétend aujourd'hui qu'il y a eu négligence criminelle, même si personne n'a été accusé dans cette histoire.

C'est ce qu'apprend l'émission Enquête de Radio-Canada.

En juin 2000, une poutre d'une soixantaine de tonnes a littéralement écrasé une voiture, tuant un homme dans la cinquantaine, Gilbert Vinson, et en blessant deux autres, alors qu'ils roulaient sur l'autoroute 15.

Un viaduc en construction avec des poutres trop courtes et désalignées en équilibre précaire et qui s'effondre subitement.

C'était en juin 2000, le premier de deux effondrements de viaducs à Laval.

Personne n'a été tenu responsable de la catastrophe du Souvenir.

Ni l'entrepreneur, Beaver, ni le concepteur et surveillant des travaux, la firme de génie-conseil Dessau, ni le sous-traitant responsable du coffrage, Bercan, non plus le donneur d'ouvrage, Laval, ni aucun ingénieur.

Il y a eu des blâmes et des reproches, mais jamais d'accusations.

Le policier responsable à l'époque de l'enquête estime aujourd'hui que toute la lumière n'a pas été faite sur la tragédie.

« J'ai aucun doute dans mon esprit qu'il y a eu négligence et qu'on pourrait la qualifier de criminelle. Je n'ai aucun doute. Mais évidemment, c'est à qui l'attribuer »,

a confié Marc Demers, ex-lieutenant-détective à la police de Laval.

M. Demers peine encore aujourd'hui à s'expliquer comment pareille tragédie a pu se produire.

« Écoutez, on ne peut pas laisser des poutres de ciment, et de plus de 63 tonnes au-dessus d'une des voies les plus achalandées, dans un état d'équilibre tel que le vent, les vibrations, changement de température va les faire tomber.

C'est impensable », a-t-il souligné.

[Et pourtant, on l'a fait, on l'a vu et on l'a laissé comme ça. Jusque ça tombe. Sans doute n'espérait-on pas qu'elle tombe. Mais qu'elle reste là tranquille à attendre une nouvelle journée de travail. On aurait alors bouché les trous, étiré ce qu'on pouvait étirer, rapiécé ici et là et personne ne s'en serait aperçu puisque tout aurait été caché sous des tonnes de béton.]

Parmi les éléments troublants dans cette histoire,

il y a le fait que l'entrepreneur, Beaver, était au bord de la faillite lors qu'il a obtenu le contrat.

[Qui a accordé la subvention qui se monte à combien!]

Pire, la compagnie n'avait même plus de licence de la Régie du bâtiment du Québec lors de l'effondrement.

[Personne n'a vérifié ce «détail» ou on s'en foutait!]

Mais il y a plus. En fouillant le dossier, l'équipe d'Enquête a découvert qu'au moment où Laval a donné le contrat à Beaver, cette dernière était visée par une enquête de collusion pour des contrats de déneigement.

[À la ville, ils ne sont pas rancuniers, ce qui est très catholiques et bien.]

Plus tard, Beaver a plaidé coupable dans ce dossier.

Le ministère des Tansports participait activement à cette enquête. Pourquoi alors avoir permis à Laval, qui était mandataire du ministère, d'avoir accordé le contrat à une firme faisant l'objet d'une enquête?

Devant ces éléments troublants, la famille de la victime qui parle publiquement pour la première fois exige des excuses publiques.

« Y a personne d'imputable. Y a personne de responsable. Ce n'est pas la Ville. Ce n'est pas l'Ordre des ingénieurs. Ce n'est pas Dessau. Ce n'est personne. Y a personne qui est responsable. C'est toujours l'autre à côté. Mais le résultat est le même »,

explique Luc Vinson, qui déplore que son frère Gilbert Vinson soit

« mort pour rien ».

Aucune des entreprises dont les ingénieurs ont été visés par l'enquête du coroner n'a voulu accorder d'entrevues à la caméra dans cette histoire.

Seule Dessau a fait parvenir à l'équipe d'Enquête une lettre où elle renvoie la balle à Beaver, et se dit désolée pour les victimes.

Pendant ce temps la famille Gilbert Vinson attend toujours des excuses publiques pour pouvoir faire le deuil de sa disparition, 10 ans après l'effondrement.

D'après un reportage d'Alain Gravel